tag:blogger.com,1999:blog-25102173850493882222024-02-20T09:58:36.670+01:00ÉGALITÉ...ÉGALITÉ, sans guillemets, pour une citoyenneté pleine et entièreÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.comBlogger938125tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-45423218821593007162011-07-12T05:19:00.009+02:002011-07-12T05:19:00.220+02:00Tunisie, acte 2<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://blog.sjbm.fr/wp-content/uploads/2011/01/R%C3%A9volution-tunisienne8-155x155.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://blog.sjbm.fr/wp-content/uploads/2011/01/R%C3%A9volution-tunisienne8-155x155.jpg" /></a></div><strong><span style="color: #cc0000;">Le pouvoir mafieux de Ben Ali balayé, l’union des forces sociales intervenue au cours de la révolution tunisienne se fissure progressivement. C’est normal. Dans tout processus révolutionnaire, la période de transition est en réalité une bataille rangée entre ceux qui veulent aller au bout du changement et ceux qui, pour conserver les situations acquises, veulent s’arrêter. C’est ce qui se passe aujourd’hui à Tunis.</span></strong><strong><span style="color: #cc0000;"> </span></strong><br />
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Le problème institutionnel principal concerne la nature du régime politique qui sera adopté. Il n’y a pas de consensus sur ce point. Les élections pour la Constituante, qui devaient avoir lieu le 24 juillet, ont été retardées pour cette raison. Dans l’épreuve qui s’est engagée entre, d’un côté, le pouvoir de la révolution - incarnée par la Haute instance présidée par Yadh ben Achour et les principaux partis d’opposition, y compris les islamistes - et, d’un autre côté, le gouvernement composé de membres de l’ancien régime et de vieux militants du parti du Néodestour de l’époque de Bourguiba, c’est la légitimité révolutionnaire qui l’a emporté: les élections ont été reportées au 23 octobre 2011.<br />
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L’argument des partisans d’élections rapides était qu’il fallait rapidement mettre un terme à l’absence de légitimité institutionnelle du pouvoir et au chaos économique; l’argument des représentants de la société civile est qu’un pays qui n’a jamais connu de démocratie ne peut pas adopter un modèle institutionnel au pas de course: il faut, au contraire, engager un débat dans la société pour choisir des institutions solides qui soient réellement garantes de l’irréversibilité du processus démocratique. L’Etat de droit ne doit pas se construire dans le dos des citoyens. Cette solution a prévalu.<br />
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Au-delà de cette divergence, il y a deux points conflictuels qui taraudent le champ politique: la question sociale et celle de la sécularité de l’Etat. Ces deux questions sont liées. La première ne peut être résolue sans la mise en place d’une grande politique de développement dans laquelle l’Etat devrait jouer un rôle stratégique. Or les milieux d’affaires qui ont soutenu la dictature voudraient aujourd’hui un redémarrage rapide de l’activité économique sans donner des gages sur les droits sociaux des salariés. Ils plaident pour un libéralisme dur, alors que la révolution est le résultat des désastres économiques et sociaux provoquées par les privatisations sauvages de l’ère Ben Ali et la corruption qui en constituait le cœur. Ils ne veulent pas d’un Etat social, qui leur imposerait une part des sacrifices que tout le monde est disposé à faire. La question sociale divise donc de plus en plus. Et les partis issus de la révolution la chevauchent dans la compétition politique pour les élections.<br />
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Le syndicat UGTT joue le rôle d’un quasi-parti; il est un élément clé de la lutte pour un Etat social. Il se rachète ainsi de ses accommodements passés avec la dictature. Mais rien ne dit qu’il parviendra à conserver son hégémonie sur les salariés. Car l’économie tunisienne est constituée à environ 50% par le secteur informel; les chômeurs non syndiqués sont des centaines de milliers.<br />
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La radicalité religieuse est ici à l’affût. Les islamistes, qui n’ont joué aucun rôle dans la révolution, font assaut de démagogie sociale pour se donner une légitimité. Ils peuvent, par leurs propositions extrêmes, séduire une partie de la population, désorientée par l’absence de changement de sa situation.<br />
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Deuxième question de fond: celle de la sécularité et des libertés individuelles. Une très dure bataille est en cours. Nadia El Fani, cinéaste courageuse, a fait un film intitulé significativement <em>Ni Allah, ni maître</em>. Elle a proclamé à la télévision son athéisme en demandant le respect pour ceux qui pensent comme elle. Les fanatiques islamistes la vouent aux gémonies: attaques contre la salle de cinéma qui projette le film, menaces de mort contre la cinéaste, attitude plus que réservée du gouvernement dans le soutien à la liberté de conscience.<br />
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Par ailleurs, les islamistes «modérés» du parti Ennahdha viennent d’abandonner la Haute instance de la révolution, se préparant probablement à pactiser avec les partisans de l’ancien régime encore au pouvoir… à moins qu’ils ne se croient assez forts pour se séparer, déjà, d’une révolution séculière qui n’est pas la leur. Le message est en tout cas clair pour tous: le deuxième acte de la révolution est commencé. La bataille future tournera inévitablement à l’affrontement idéologique avec les islamistes qui prétendent respecter la liberté d’expression, mais refusent la sécularité de l’Etat. La révolution tunisienne est loin d’être terminée.<br />
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<strong>Sami Naïr </strong><br />
Ancien député européen<br />
Professeur à l’université Pablo de Olavide, Séville<br />
07.07.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: medelu </span>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-50120074096056800132011-07-11T05:15:00.017+02:002011-07-11T05:15:00.468+02:00Le négationisme aussi, à géométrie variable?<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.comiteactionpalestine.org/modules/news/images/stories/nakba03.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="152" src="http://www.comiteactionpalestine.org/modules/news/images/stories/nakba03.jpg" width="200" /></a></div><br />
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<b><span style="color: #cc0000;">La Nakba effacée d’un manuel scolaire français</span></b><br />
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A en croire une dépêche de l’Agence France Presse (AFP) datée du 4 juillet, <i>«des passages de nouveaux manuels d’histoire contemporaine à destination des classes de première générale, contestés par des associations juives, vont être “modifiés” à l’occasion de l’impression des versions définitives, a indiqué lundi l’éditeur Hachette Education».</i><br />
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Ces modifications concerneraient la description du <i>«partage de la Palestine»</i> par les <i>«manuels de premières L, S et ES à la rentrée 2011»</i>. Et l’agence de citer le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), qui dénonce une <i>«présentation du conflit israélo-palestinien tout à fait scandaleuse»</i>. M. Richard Prasquier voit notamment dans l’emploi du terme Nakba («catastrophe», en arabe) une <i>«idéologisation»</i> et s’en prend à des <i>«erreurs factuelles»</i>, sans toutefois, observe l’AFP, <i>«préciser lesquelles»</i>. Pour sa part, note enfin la dépêche, <i>«le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) a reproché aux auteurs du manuel d’“interpréter les faits historiques, de tronquer la vérité, de prendre parti”»</i>.<br />
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A défaut de précisions du Ministère de l’éducation nationale, qui a refusé de commenter ces informations, on se perd en conjectures.<br />
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Responsable, en dernier ressort, du contenu des manuels scolaires destinés aux lycéens français, le Ministère ne tombe-t-il pas dans le communautarisme, si souvent vilipendé par le président de la République et le premier ministre, en acceptant de laisser un éditeur en réviser le contenu à la demande d’associations ou de groupes d’influence représentant (ou prétendant représenter) diverses «communautés»?<br />
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La question se pose d’autant plus que la prise de position du CRIF rejoint la loi récemment votée par l’Assemblée nationale israélienne interdisant la commémoration, sous le nom de Nakba, de l’exode des Palestiniens durant la guerre judéo-palestinienne, puis israélo-arabe de 1947-1949… Ce qui pose une question supplémentaire: le CRIF a-t-il pour objectif de faire appliquer en France la législation israélienne et la République française doit-elle se plier à cette exigence, notamment en matière d’éducation?<br />
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S’agissant enfin de manuels d’histoire, le plus raisonnable ne serait-il pas que le ministère exige de l’éditeur qu’il s’appuie sur les travaux des historiens, en premier lieu des plus concernés: les chercheurs palestiniens et israéliens? Or l’immense majorité d’entre eux affirment (pour les premiers) et reconnaissent (pour les seconds) que la plupart des Palestiniens ayant dû quitter leur foyer à cette époque y ont été contraints, souvent à la suite de massacres.<br />
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Même l’Israélien Benny Morris, qui a justifié en 2004 la politique du gouvernement Sharon, a réaffirmé, sur ce point, les résultats de ses vingt années de plongée dans les archives israéliennes. L’homme qui est allé jusqu’à défendre le «nettoyage ethnique» – <i>«Un Etat Juif n’aurait pas pu être créé sans déraciner 700.000 Palestiniens. Par conséquent, il était nécessaire de les déraciner»</i>, avait-il déclaré dans une interview au quotidien Haaretz le 8 janvier 2004 – serait-il, aux yeux du CRIF, un «antisémite»?<br />
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M. Richard Prasquier, qui prétend parler au nom des Juifs de France (voir Le Monde diplomatique de juillet 2011), est sans doute un bon cardiologue. Cela ne suffit pas, de toute évidence, à faire de lui un bon historien…<br />
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<b>Dominique Vidal</b><br />
07.07.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: le monde diplo</span>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-47813544257571847842011-07-10T05:42:00.015+02:002011-07-10T05:42:00.253+02:00Emploi: le miracle allemand<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://international.blogs.ouest-france.fr/images/europe.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="133" src="http://international.blogs.ouest-france.fr/images/europe.jpg" width="200" /></a></div><strong><span style="color: #cc0000;">L'Allemagne vient d'aligner un 24è mois de baisse continue du chômage, qui s'établit désormais à 7%, confirmant les espoirs de reprise annoncés par sa croissance de 1,5% au premier trimestre de l'année 2011. Quelles sont les recettes de ce miracle économique allemand qui crée des emplois tout en conservant des salaires honorables? Avec quelle contrepartie?</span></strong><br />
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<strong>- Atlantico: La nouvelle baisse du chômage allemand vous surprend-elle?</strong><br />
- Isabelle Bourgeois: Pas du tout, c'est une confirmation que l'Allemagne est bien sortie de la récession. Elle a été l'une des économies les plus rudement affectées par la crise, mais qui avait le potentiel pour en sortir rapidement.<br />
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La reprise de la demande mondiale, et notamment des pays émergents, tire ses exportations et la production industrielle, ce qui favorise les embauches et les investissements des entreprises. La spirale vertueuse est donc enclenchée. D'ailleurs, le gros des embauches est intervenu dans l'industrie et les services liés, qui sont les secteurs les plus ouverts à l'international. La crise avait été importée, le retour à la croissance aussi!<br />
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<strong>- Ce dynamisme est-il attribuable à la politique économique menée par le gouvernement Merkel?</strong><br />
- Il est difficile de mesurer l'impact des mesures de soutien à la conjoncture, en Allemagne comme en France. Ce qui est le plus important, ce sont les mesures adoptées au sein des entreprises ou des branches économiques. Au plus profond de la crise, les patrons ont thésaurisé leurs compétences en misant systématiquement sur tous les outils de flexibilité interne qui avaient été créés conjointement par le patronat et les syndicats, comme par exemple le compte épargne-temps. Ensuite, le gouvernement a soutenu financièrement l'usage massif du chômage partiel, par exemple. Il y a eu une solidarité conjointe entre patronat et salariés pour faire tourner la machine malgré la crise, et cela explique le retour rapide à la prospérité: en plus de maintenir les emplois, la reprise de l'activité a permis de nouvelles embauches.<br />
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Contrairement à ce que l'on croit en France, l'Allemagne ne s'est jamais désindustrialisée. On riait de l'«économie de grand papa» allemande, mais la crise a montré que ce modèle faisait ses preuves pour donner à manger aux gens!<br />
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<strong>- Quels autres facteurs expliquent-ils le miracle de l'emploi allemand?</strong><br />
- Les entreprises allemandes mènent une politique d'innovation systématique: elles ont mis la crise à profit pour innover mieux, en redoublant d'efforts pour améliorer leur productivité. Cela leur a permis de réagir très vite et de sortir par le haut. Ce phénomène n'a été impulsé par aucune action politique: c'est quasiment culturel en Allemagne! Les entreprises, et notamment les PME, ont toujours le regard rivé sur la demande pour améliorer leur position et leur réactivité, et sont aidées par leur travail en réseau.<br />
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Parallèlement, de plus en plus de gens cherchent un petit salaire d'appoint pour mettre du beurre dans les épinards: qu'ils s'agisse de retraités, de femmes au foyer ou d'étudiants, un nombre croissant de personnes vont par exemple distribuer le courrier ou se lancer dans les services à la personne. Ces petits boulots qui se multiplient étaient auparavant impossibles à pourvoir car les syndicats refusaient d'abaisser les planchers salariaux. Mais grâce aux accords des partenaires sociaux, ce segment a pu s'ouvrir, offrant des emplois à des gens qui n'auraient jamais pu travailler.<br />
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Par ailleurs, le chômage des jeunes n'existe pas en Allemagne: cela s'explique essentiellement par l'apprentissage et l'adéquation entre l'offre de formation et la demande du marché.<br />
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Enfin, à très long terme, on peut observer les effets bénéfiques de la modération salariale pratiquée quasiment depuis la réunification, que la France lui a souvent reprochée. Cela a pourtant permis aux entreprises de garder les marges de manœuvre nécessaires pour investir dans l'outil de travail, et donc embaucher.<br />
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<strong>- Cela ne se traduit-il pas par une situation sociale plus difficile pour les travailleurs allemands?</strong><br />
- L'idée selon laquelle les salaires allemands seraient bas est encore un fantasme français. Ils sont extrêmement élevés dans l'industrie! Je gagnerais nettement plus en étant ouvrier dans l'industrie allemande que chercheur en France...<br />
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Pendant la récession, les salariés ont dû faire un effort, mais ils sont maintenant récompensés, notamment par des primes cette année. Les salaires sont régulièrement réajustés, mais ils restent toujours en-deçà de la progression de la productivité: c'est ça le secret du succès allemand!<br />
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<strong>- Quid des inégalités sociales qui s'accroissent ? </strong><br />
- Ce n'est pas lié au modèle allemand, mais aux mutations économiques qui touchent tous les pays européens. Elles ont notamment pour origine la libéralisation d'anciens services publics, l'extension du secteur des services et le boom des prestations qui exigent de faibles qualifications et qui sont rémunérées en conséquence.<br />
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<strong>- Existe-t-il des menaces à l'encontre de la reprise économique allemande?</strong><br />
- Une belle mécanique est toujours fragile! Il y a d'abord le problème de la démographie: l'Allemagne devra amener plus de femmes à l'emploi qualifié, et combler les manques dans certains domaines grâce à la mobilité intra-européenne. Des inquiétudes demeurent également autour de la crise des dettes souveraines, pas seulement en Allemagne, mais aussi chez les autres. Par ailleurs, le risque inflationniste demeure fort, notamment du fait de l'envolée des matières premières.<br />
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Et enfin, de grosses incertitudes entourent la sortie du nucléaire, qui va coûter très cher. Les Allemands sont en train de discuter de la façon de gérer le problème, en espérant en tirer un regain de compétitivité, mais rien n'est moins sûr.<br />
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<strong>Isabelle Bourgeois</strong><br />
Chargée de recherches au Centre d'Information et de Recherche sur l'Allemagne contemporaine (CIRAC) et rédactrice en chef de Regards sur l'économie allemande. Bulletin économique du CIRAC.<br />
Auteur de <em>PME allemandes : les clés de la performance</em> (Cirac, 2010)<br />
07.07.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: atlantico.</span>frÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-81372341663813245902011-07-09T06:12:00.018+02:002011-07-09T09:49:57.366+02:00L’Europe sous les bottes d’Israël<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://t1.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQaGhdLe_x9QhcFk22IHRYQjBBm9eaT7kbRxmOoAm-tTZ4XBTL39u4BblM" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://t1.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQaGhdLe_x9QhcFk22IHRYQjBBm9eaT7kbRxmOoAm-tTZ4XBTL39u4BblM" width="200" /></a></div><br />
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<b><span style="background-color: #cc0000;"><span style="background-color: white;"><span style="color: #cc0000;">Il aura fallu que deux événements arrivent presque en même temps pour enfin mesurer la soumission européenne à l’Etat sioniste d’Israël. </span></span></span></b><br />
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Le premier concerne la Flotille de la Liberté 2 qui a pour mission de briser le blocus illégal et meurtrier contre la bande de Gaza. Ce blocus, considéré comme une honte de l’humanité, maintient une population civile à la merci du bon vouloir d’un Etat colonial, arrogant, raciste et guerrier. Ce blocus a maintes fois été déclaré illégal par plus d’un organisme international ou européen.<br />
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Malgré ces déclarations verbales, l’Union européenne a décidé de se plier à l’Etat sioniste, considérant que la Méditerranée est une mer soumise aux puissances impériales, et aux sionistes en premier lieu. La décision de la Flotille de la Liberté 2 de briser le blocus n’est pas humanitaire, même si la population de Gaza est meurtrie, victime de la sauvagerie sioniste. Les vivres peuvent passer, les médicaments aussi, par le biais de l’Egypte. Mais le blocus est politique. L’Etat sioniste arrogant en a décidé ainsi, et les pays européens, dépourvus désormais de toute volonté, ont accepté le diktat israélien, faisant fi de tout l’humanisme dont ils pensent abreuver le monde, et de tout sentiment de fraternité qu’ils chantent à longueur de journée. Il n’y a pas plus hypocrite que les régimes européens. Mais cela n’est pas nouveau. Juste une nouvelle confirmation.<br />
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La Grèce, jadis pays ami du peuple palestinien, est soumis aux pressions non seulement de l’entité coloniale, mais aussi de l’ONU et des pays européens. Ce pays qui croule économiquement croit pouvoir s’en sortir en vendant son âme à l’injustice la plus criante, à l’Etat dont les crimes dépassent en horreur tout ce qui a pu être commis dans le monde, dès sa création. Mais l’Etat grec n’aurait pas pris cette attitude honteuse et inhumaine, injuste et criminelle, si l’Union européenne n’exerçait pas non plus une pression des plus graves. Au peuple grec de montrer qu’il refuse cette politique criminelle, car ce n’est ni l’aide européenne, ni internationale, ni surtout sioniste qui va pouvoir l’aider à dépasser sa crise économique, au contraire. Toute l’aide qui lui sera accordée la plongera dans une dépendance de plus en plus grave et la placera sous les bottes du diktat américano-sioniste.<br />
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De l’autre côté de l’Europe, la Grande-Bretagne a voulu jouer au «plus malin» en arrêtant sheikh Raed Salah. Les explications britanniques officielles sont aussi ridicules que scandaleuses. Elles font d’abord courir le bruit que Sheikh Raed Salah serait rentré dans le pays par fraude, et qu’il aurait utilisé un faux nom. Alors qu’elles «découvrent» plus tard que ce n’est pas vrai. Il est arrêté par la police chargée de lutter contre l’immigration «clandestine», alors qu’il s’agit d’un acte politique. Les autorités britanniques voulaient humilier Sheikh Raed Salah, sheikh d’Al-Aqsa. Les sionistes avaient essayé de faire pareil, en 2005, lorsqu’ils l’avaient arrêté soi-disant pour «blanchiment d’argent». Ils ont dû le relâcher, faute de preuve, alors que la planète entière sait que Sheikh Raed Salah, sheikh d’Al-Aqsa, fut emprisonné parce qu’il mobilise le peuple palestinien pour sauver al-Aqsa, al-Qods et la Palestine, contre le nettoyage ethnique mené en Palestine occupée.<br />
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L’arrestation de sheikh Raed Salah, au regard de l’embarras de la ministre britannique de l’intérieur, fut clairement une soumission à la propagande et diktat sionistes. C’est l’Etat sioniste qui a dicté cette arrestation, soi-disant parce qu’il aurait eu des paroles «antisémites» (nouvelle version), mais personne en Palestine occupée ne l’avait arrêté pour cela, et même, les occupants sionistes n’auraient pas osé le faire. C’est à la Grande-Bretagne qu’ils délèguent cette provocation. sheikh Raed Salah est un homme avisé. Il a compris ce que les sionistes envisageaient de faire: le faire passer pour un «clandestin» ou pour un «criminel de droit commun». Il refuse son expulsion, quitte à rester en prison, et réclame une audience judiciaire. La Grande-Bretagne, soi-disant Etat de droit, est empêtrée jusqu’au cou. Ce n’est pas sa décision que d’arrêter une personnalité palestinienne de cette importance, mais elle a dû le faire, et même si cela la fait plonger dans une situation juridique intenable. Pourquoi l’avoir arrêté? Personne ne le sait plus. Des responsables britanniques parlent à présent <i>«d’atteinte à l’ordre public»</i> (troisième version).<br />
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Sheikh Raed Salah a réussi, par son attitude ferme et digne, à plonger l’empire britannico-sioniste dans la boue, jusqu’au cou. Les messages de solidarité lui parviennent, du monde arabo-islamique d’abord, mais surtout des peuples libres dans le monde. La Grande-Bretagne, qui a voulu l’humilier, en se plaçant sous les ordres sionistes, n’a pas su à qui elle a affaire.<br />
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Ces deux récents exemples, la Flotille de la Liberté 2 et l’arrestation de sheikh Raed Salah, confirment que les pays européens sont sous les bottes de l’Etat colonial d’Israël. Anciennes puissances impériales et coloniales pour la plupart, elles ne sont plus que des pays soumis. Les peuples européens vont-ils enfin secouer le joug sioniste ou bien accepter de supporter toute cette arrogance coloniale, et céder au chantage de l’accusation d’antisémitisme, jusqu’à la dernière goutte de leur dignité?<br />
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<b>Rim al-Khatib</b><br />
07.07.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: ism-france</span>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-29209263012536521032011-07-08T06:22:00.000+02:002011-07-08T08:42:23.974+02:00Yémen: La révolution inachevée<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://4.images.theweek.com/img/dir_0058/29266_article_main.jpg?42" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://4.images.theweek.com/img/dir_0058/29266_article_main.jpg?42" width="160" /></a></div><b><span style="color: #cc0000;">Lancée par la jeunesse urbaine comme un mouvement pacifique, la contestation au Yémen est aujourd’hui récupérée par des forces politiques traditionnelles et armées. Face à ce soulèvement, le régime du président Saleh garde de véritables atouts et une capacité manœuvrière, d’autant que les partenaires internationaux du pays jouent un jeu ambigu.</span></b><br />
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Dans un contexte régional marqué par les révolutions tunisienne et égyptienne, le Yémen connait depuis fin janvier 2011 un soulèvement populaire inédit. La diversité sociologique de celles et ceux qui, depuis maintenant plus de trois mois, réclament dans la rue le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis juillet 1978, a surpris diplomates, journalistes et chercheurs. Plus encore, la persistance du caractère exclusivement pacifique de la mobilisation, y compris face à la répression, et l’émergence de répertoires d’action originaux (sit-in, poésie, théâtre, rôle des militantes, etc.) continuent à susciter l’enthousiasme et l’étonnement.<br />
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A la jeunesse urbaine souvent indépendante des partis politiques qui a initié la révolte s’est progressivement joint l’opposition partisane, tout particulièrement les socialistes et les Frères musulmans rassemblés depuis le milieu des années 2000 dans le Forum commun (al-Liqa al-mushtarak). Au départ pourtant, cette frange institutionnelle de l’opposition s’était montré quelque peu réticente et avait semblé se satisfaire des réformes politiques promises par le président immédiatement après les premières manifestations. Au fil des mois de mars et d’avril, l’adoption du slogan, radical mais pacifique, «dégage (irhal)» par tous, y compris par certaines tribus des hauts plateaux du nord, par les partisans de la rébellion dite «houthiste» se revendiquant de l’identité zaydite chiite et par les sécessionnistes de l’ex-Yémen du Sud (unique république socialiste du monde arabe jusqu’à son unification avec le Nord en mai 1990), laissait entrevoir la possibilité de convergences entre des mouvements qui s’ignoraient largement, voire se combattaient.<br />
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Suite au massacre de 52 manifestants à Sanaa le 18 mars, le pouvoir se trouvait fragilisé par d’importantes défections, notamment au sein de l’armée. Un proche du président, le général Ali Muhsin, responsable des basses œuvres du régime et honnis par les manifestants rejoignait même leurs rangs et promettait de les protéger. Les défections comme l’alignement des différentes oppositions (possédant par ailleurs une réelle «puissance de feu» et de l’armement) sur les demandes de la jeunesse révolutionnaire (shabab al-thawra) témoignent toutefois d’une reprise en main potentiellement inquiétante. En effet, cette jeunesse qui a initié le mouvement se voit aujourd’hui supplantée et rétrogradée au second plan. La création d’un équilibre de la puissance entre régime et opposants, et la militarisation effective de la contestation mettent en effet en péril le caractère pacifique de cette dernière. Un tel processus laisse par ailleurs craindre une captation et un encadrement de la révolution par les forces politiques traditionnelles (partis, rébellions, tribus et bureaucraties), permettant à ces dernières de préserver certains avantages clientélistes acquis ou les ressources que leur opposition leur a permis d’engranger, parfois au niveau local.<br />
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Tout enthousiasmant et légitime qu’est le mouvement engagé par la jeunesse, il ne peut faire oublier les ressources du régime, même affaibli. Sur le plan armé d’abord, en dépit des défections de militaires et de chefs de tribus, les partisans d’Ali Abdallah Saleh conservent la main sur de nombreux organes de sécurité. Ensuite, les partenaires internationaux et régionaux du Yémen, Etats-Unis et Arabie Saoudite en tête, continuent à jouer un rôle ambigu. L’obsession sécuritaire qu’ils partagent et la coopération anti-terroriste engagée avec le régime d’Ali Abdallah Saleh contre al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) amènent de nombreux acteurs à faire le pari de la continuité. Si le départ de Saleh semble maintenant souhaité par les acteurs internationaux, la révolution pourrait ne se faire qu’à minima, au risque alors de provoquer la frustration des manifestants et de maintenir un système politique générateur de conflits et incapable de répondre aux défis socio-économiques qui se posent. Pour ce qui concerne la «menace al-Qaida», il semble même que le maintien du régime, avec ou sans Saleh, soit potentiellement vecteur de davantage de violence qu’une réforme politique, certes vraisemblablement désordonnée mais néanmoins profonde, qui serait à même de saper la légitimité du discours jihadiste.<br />
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Une médiation quelque peu chaotique des pays du Golfe a donné lieu mi-avril à une proposition de règlement de la crise politique: un calendrier impose le départ du président, garantit son immunité ainsi que celle de ses proches et prévoie des élections générales à brève échéance. Bien qu’irréaliste car négligeant la phase de transition (réduite à deux mois pour organiser des élections qui depuis quatre ans sont sans cesse repoussées) et manquant de garantie (notamment pour l’observation du processus électoral), un tel calendrier a reçu le soutien du Forum commun mais a été rejeté par une frange importante des manifestants qui réclament le départ immédiat de Saleh. Le 24 avril, le président faisait mine d’accepter l’initiative portée par les pays du Golfe, puis s’en détournait implicitement dans ses discours laissant entendre qu’il ne serait défait que dans les urnes. En continuant à souffler le chaud et le froid, Ali Abdallah Saleh est parvenu à diviser de nouveau ses opposants et à maintenir l’incertitude sur son sort ainsi que sur celui du pays tout entier.<br />
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Au-delà même de la dimension répressive, la reprise en main du mouvement par les acteurs traditionnels, témoigne d’une certaine inertie des systèmes politiques autoritaires qui tentent de se recycler ou de capter la contestation, avant et même après la chute du dictateur. Face à ces nombreux détours et soubresauts, le cas yéménite illustre combien la temporalité révolutionnaire, nécessairement longue, se distingue de la temporalité médiatique. Cette révolution yéménite encore inachevée laisse par là entrevoir la diversité des fortunes à venir des révolutions arabes de l’année 2011 et ne peut qu’inviter à la patience.<br />
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<b>Laurent Bonnefoy</b><br />
30.06.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: cetri</span>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-42265886037692337142011-07-07T06:15:00.000+02:002011-07-07T08:36:38.592+02:00«Le libre-échange, c’est la dictature des entreprises»<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://s1.e-monsite.com/2010/06/03/08/resize_550_550//vandana-shiva.gif" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://s1.e-monsite.com/2010/06/03/08/resize_550_550//vandana-shiva.gif" width="168" /></a></div><b><span style="color: #cc0000;">Écrivain, physicienne, prix Nobel alternatif, la militante écologiste indienne Vandana Shiva est une résistante infatigable contre les entreprises qui pillent son pays, comme Monsanto. Elle pose un regard lucide sur les enjeux de la période: crise écologique, financière, protectionnisme, risque nucléaire, OGM... Quelle civilisation sommes-nous en train de construire? Comment redonner du pouvoir aux citoyens face aux multinationales? Comment construire de réelles alternatives globales? Entretien.</span></b><br />
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- <b>Basta!: Les combats que vous menez sont liés à la souveraineté – alimentaire, sur les terres, l’eau, les semences. Qu’est-ce que la souveraineté? En quoi est-ce un enjeu majeur du 21è siècle?</b><br />
Vandana Shiva: La redéfinition de la notion de «souveraineté» sera le grand défi de l’ère post-globalisation. La mondialisation était fondée sur l’ancienne notion de souveraineté, celle des États-nations héritée de la souveraineté des monarques et des rois. La nouvelle notion de souveraineté est le fondement de la résistance à la mondialisation. Cette résistance se traduit par le slogan: <i>«Le monde n’est pas une marchandise.»</i> Actuellement, les Grecs disent: <i>«Notre terre n’est pas à vendre, nos biens ne sont pas à vendre, nos vies ne sont pas à vendre.»</i> Qui parle? Les peuples. Revendiquer la souveraineté des peuples est la première étape de la souveraineté alimentaire, de l’eau ou des semences. Mais il y a une seconde partie: les peuples revendiquent le droit de protéger la Terre, et non celui d’abuser d’elle comme d’autres la maltraitent. Ainsi la souveraineté des terres, des semences, des rivières rejoint la souveraineté des peuples. Avec la responsabilité de protéger ce cadeau de la Terre et de le partager équitablement.<br />
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<b>- </b><b>Pour garantir cette souveraineté, faut-il fermer davantage les frontières?</b><br />
Aucune frontière n’est jamais totalement fermée. C’est comme la frontière de notre peau, qui nous protège de l’invasion de toute infection: des ouvertures permettent à la transpiration de sortir, pour maintenir notre équilibre, préserver notre santé. Toutes les frontières sont poreuses. Un corps souverain sait comment réguler ces entrées et sorties. Il sait quand trop de chaleur entre dans le corps. Il sait comment s’opposer aux virus. Quand un corps perd cette autonomie, cette souveraineté, il devient malade. C’est la même chose pour un pays, gouverné par un peuple souverain et autonome. Ce peuple peut dire: <i>«Notre lait est vendu 14 roupies/litre, votre lait européen qui débarque à 8 roupies/litre va détruire l’économie laitière en Inde, donc j’ai le droit de réguler ce qui entre.»</i> La régulation est vitale pour tout système vivant. La dérégulation, c’est l’appel de la mort. Un corps dérégulé meurt. De même, une nation, une économie dérégulée meurt.<br />
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Nous ne disons pas <i>«non au commerce»</i>, mais <i>«non au commerce dérégulé»</i>. Non à un marché dérégulé où les conditions des échanges sont déterminées par l’avidité des entreprises, qui s’approprient nos impôts, créent des prix artificiels, entraînant dumping social et destruction de la souveraineté alimentaire. Ce système nuit aux paysans d’Inde. Et il nuit aux paysans d’Europe qui ne peuvent pas gagner leur vie, car les coûts de production sont supérieurs aux prix de vente du lait. L’agrobusiness et ses profits sont au centre de cette équation. Elle a pour conséquence le dumping, l’accaparement, le meurtre de nos paysans, le massacre de nos terres, et tous ces gens qu’on tue avec une alimentation empoisonnée.<br />
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<b>- Le protectionnisme peut-il être une solution face à cette exploitation du vivant, en empêchant les multinationales d’avoir accès à ces ressources qu’elles exploitent?</b><br />
Tout comme nous devons redéfinir la notion de souveraineté, nous devons repenser la notion de protectionnisme. Un protectionnisme lié à la protection des écosystèmes, à l’écologie, est un impératif. Nous devons dire stop à la dévastation de nos rivières, stop aux déchets toxiques, stop au dumping des OGM par la manipulation des politiques mondiales par une multinationale. Cette protection est un devoir. Le cycle de Doha [1] n’a entraîné aucun progrès depuis une décennie à cause d’un seul facteur: le problème de la subsistance des paysans. En 1993, nous avons organisé un rassemblement d’un demi-million de personnes pour faire pression sur le gouvernement indien: «Si vous signez les accords du GATT, nos paysans vont mourir.» Résultat: les accords du GATT ont été signés, et 250.000 paysans indiens se sont suicidés, notamment à cause de leurs dettes!<br />
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Cet endettement des paysans est lié à une décision politique particulière: la dérégulation du marché des semences, qui a permis à Monsanto de devenir par exemple l’unique vendeur de semences sur le marché du coton. La multinationale contrôle 95% de ce marché et dicte les prix. Une équipe de scientifiques indiens vient de montrer que les OGM ne fonctionnent pas. Dans les champs, c’est manifeste: les paysans doivent utiliser 13 fois plus de pesticides avec les OGM. Ce qui est formidable pour Monsanto qui les commercialise. Mais une cause d’endettement pour les paysans, et donc une cause de suicides.<br />
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La protection de nos paysans est un «protectionnisme vital». Le protectionnisme est vu comme un «péché», car la dérégulation a été érigée en norme. Interférer dans la corruption, les manipulations et l’avidité des multinationales, c’est du protectionnisme. Et donc, pour certains, c’est mauvais. Non! C’est un devoir social, c’est un devoir écologique. Et la cupidité des multinationales n’est pas un droit! Elles écrivent à l’OMC, rédigent des accords et disent: <i>«Maintenant nous avons des droits et personne ne peut les changer.»</i> Nous les changerons.<br />
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<b>- Vous écrivez que <i>«le libre-échange est un protectionnisme pour les puissants»</i>. Doit-on construire un protectionnisme pour les plus <i>«faibles»</i>?</b><br />
Le libre-échange, dans la manière dont il a été façonné, n’est pas du tout libre. Il n’est pas démocratique. Cinq entreprises se rencontrent, écrivent un accord sur les droits de la propriété intellectuelle et cela donne à Monsanto le droit de considérer des semences comme sa «propriété intellectuelle»! Cela permet à des entreprises comme Novartis de voler les médicaments aux plus pauvres et de les faire payer 10 fois plus cher. Un mois de traitement contre le cancer, avec les médicaments génériques disponibles en Inde, coûte 10.000 roupies. Et Novartis veut faire payer 175.000 roupies par mois. Quand le tribunal juge qu’il n’est pas possible de déposer un brevet, car ces médicaments existent déjà et que ce n’est pas une «invention», Novartis défie les lois indiennes. La plupart des Indiens ne pourront pas payer le prix demandé par la multinationale. Novartis répond: <i>«Seuls 15% de Indiens nous importent.»</i> Cinq entreprises ont écrit une loi sur la propriété intellectuelle, et affirment ensuite que 85% des gens peuvent mourir du manque de médicaments! C’est un système criminel.<br />
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Quand cinq géants commerciaux, comme Cargill (multinationale états-unienne de l’agroalimentaire), rédigent l’accord sur l’agriculture, ils définissent l’alimentation non comme le droit de chaque humain à se nourrir, mais comme une marchandise qu’ils veulent contrôler. Ce n’est pas la liberté, ce n’est pas le libre-échange. C’est du commerce monopolistique, c’est du commerce coercitif. Cela revient à tuer des gens, car un milliard de personnes souffrent aujourd’hui de la faim dans le monde, à cause de ce système. Le libre-échange actuel, c’est la dictature des entreprises. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une réelle liberté, pour chaque personne, chaque enfant, chaque femme, chaque espèce sur Terre. Une réelle liberté, liée à la vie.<br />
<b><br />
- Vous étiez récemment aux États-Unis dans le Wisconsin pour soutenir les manifestants qui se battent pour défendre leurs droits et les services publics. Les services publics sont-ils aussi un bien commun à protéger?</b><br />
Il y a deux types de biens communs. Les ressources vitales – eau, terre, semences, air, océans – données par la nature et modifiées par les humains. Et les services liés aux besoins essentiels: l’éducation, la santé, la façon de gérer nos villes, comme les services de lutte contre les incendies... Ce sont des services publics vitaux. Ce qui compte, c’est <i>«l’esprit de service»</i> : quand un pompier lutte contre le feu, quand il aide les gens, il ne regarde pas le danger. Et quand ces services sont privatisés, les coûts augmentent. Un tiers des emprunts en Inde sont liés à l’achat de médicaments. La principale raison pour laquelle les gens vendent leurs maisons aujourd’hui, c’est pour se soigner. La privatisation des services publics prive la société de ses droits. Nous devons les défendre comme des biens communs.<br />
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<b>- Pensez-vous que le mouvement altermondialiste puisse apporter des solutions aux crises globales: environnementale, économique, financière?</b><br />
Le mouvement altermondialiste a extrêmement bien réussi: nous avons rendu l’Organisation mondiale du commerce caduque. L’OMC ne s’est jamais relevé après les mobilisations lors du Sommet de Seattle, en 1999. On avait imaginé que 5.000 personnes viendraient à Seattle, et nous étions 30.000! On ne s’attendait pas à voir les syndicats. Ni les étudiants, qui étaient pourtant majoritaires. Le sommet de Doha en 2001 a ensuite été marqué par les événements du 11 septembre, avec une grande pression militaire. J’y étais. Certains ont dit aux gouvernements que s’ils ne signaient pas les accords de Doha, ils seraient traités comme des membres d’Al-Qaïda: <i>«Vous êtes avec nous ou contre nous.»</i> Résultat: rien n’a bougé à Doha, à cause de cette pression sur les gouvernements!<br />
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Des mouvements plus ciblés ont aussi été très fructueux. Nous avons par exemple mis la question de la «souveraineté» sur l’agenda politique. Personne ne peut plus aujourd’hui ignorer cette question. Nous avons mis en avant la défense de l’eau comme un bien public. Et regardez le référendum en Italie! 95% des Italiens ont dit non à la privatisation de l’eau. Idem dans le domaine des semences: je vais bientôt publier un rapport sur Monsanto, sur ses mensonges, sur la situation de monopole qu’ils ont créée et l’échec des technologies OGM à accroître les rendements. Le mouvement pour une alimentation sans OGM est très bien organisé.<br />
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Le mouvement altermondialiste a besoin de franchir une nouvelle étape. Quand on parle de la Banque mondiale, du FMI et des plans d’ajustement structurels, la plupart des gens se focalisent sur les pays du Sud, sur le <i>«monde en développement»</i>. Mais aujourd’hui le FMI est en Europe! En Grèce, en Irlande… Des pays en crise, non du fait d’une mauvaise gestion, mais à cause des banques de Wall Street, à cause d’un système financier corrompu qui a provoqué cette crise totale. Nous devons maintenant faire trois connections vitales. La première est la question Nord-Sud. Aujourd’hui tout le monde est <i>«au Sud»</i>. Le Nord? Ce sont les multinationales et les gouvernements. Nous devons tous nous considérer comme le <i>«monde du Sud»</i> et nous organiser en fonction de cela. La seconde connexion nécessaire, c’est de dépasser le fossé entre économie et écologie. Dans nos esprits, mais aussi dans nos organisations. 45% des jeunes sont au chômage en Espagne, nous devons nous tourner vers l’écologie pour créer de nouvelles opportunités d’emploi, car ce ne sont pas les banques ou Wall Street qui les fourniront. La troisième connexion, c’est entre démocratie économique et démocratie politique. La démocratie a été réduite au droit de vote. Les responsables de la crise ont mis l’Espagne dans un tel état que José Zapatero est obligé d’agir contre ceux qui ont voté pour lui, et il perdra peut-être les prochaines élections. Si les politiques sont bons, ils ont les mains liées, et s’ils sont mauvais, ils sont une part du problème. Nous devons aller vers une démocratie profonde où les gens ont vraiment la possibilité de prendre des décisions.<br />
<b><br />
- Vous voulez un mouvement qui permette de sortir de la culture dominante de violence et de destruction. Mais face à la violence du système économique, des acteurs économiques, comment rester non-violents? </b><br />
Personne n’a mieux parlé du pouvoir de la non-violence que Gandhi. <i>«Nous ne pouvons pas démanteler la maison du maître avec les outils du maître»</i>, a dit la poétesse américaine Audre Lorde [2]. Nous avons besoin d’outils différents. Ils doivent être non-violents, parce que la non-violence est plus soutenable, et qu’elle efface vos peurs. Ceux qui luttent de manière violente doivent se cacher tout le temps. Je préfère me tenir droite face aux multinationales pour leur dire ce que je pense d’elles. Agir <i>«sans peur»</i> est notre plus puissante arme. Et la non-violence crée également un soutien plus large. Et nous vivons à une époque où une poignée de personnes ne peut pas mener les batailles pour toute la société. C’est toute la société qui doit être engagée. Les actions non-violentes sont une invitation à toute la société à participer au combat.<br />
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<b>- Vous dites que dans la civilisation industrielle prédomine en permanence le vocabulaire de la guerre. Notre civilisation est-elle en état de guerre?</b><br />
Le paradigme dominant de la civilisation industrielle est définitivement un paradigme de guerre. Des scientifiques comme Newton ou Descartes ont créé ce cadre: tous enseignent la guerre de l’humanité contre la nature. Tout est défini à partir de cela. Les outils eux-mêmes sont liés à la conquête sur la nature. Regardez les noms des pesticides: Round Up, Scepto, Machete. Il est toujours question de <i>«tuer»</i>. Mais on ne peut pas gérer la vie à travers le meurtre. Un élément crucial du mouvement émergent est de faire la paix avec la Terre et la paix dans nos esprits. Et ce qui est beau, c’est qu’alors tout devient possible. Quand vous réalisez que tout est en relation, de nouvelles communautés peuvent être créées. Quand vous réalisez que nous sommes partie prenante de la Terre, de nouvelles opportunités de travail peuvent être créées. Si vous pensez que vous êtes en guerre, vous passez tout votre temps à la conquête violente. Cela demande beaucoup d’énergie, et détruit beaucoup. Et ça ne laisse pas de place pour l’humanité, et pour les autres espèces.<br />
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<b>- L’énergie nucléaire est-elle une dimension de cette guerre de l’homme contre la Terre et contre lui-même?</b><br />
Aux débuts de l’utilisation de l’atome, il y a la Seconde Guerre mondiale. Même quand il n’est pas question d’armes nucléaires, la technologie nucléaire est toujours guerrière. La fission de l’atome, c’est déjà une guerre. Utiliser la fission de l’atome pour faire bouillir de l’eau est d’ailleurs une stupidité. Et que dire de cette énorme quantité de déchets qui vont perdurer pendant 250.000 années! Nous avons besoin de plus en plus d’énergie, pour maintenir la sécurité énergétique. C’est une guerre permanente. Le nucléaire est une guerre injustifiée et infondée contre la Terre et l’humanité. Fukushima a été un réveil. Cette catastrophe nous montre que nous ne sommes pas plus puissants que la nature.<br />
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La plus grande centrale nucléaire du monde est construite en ce moment en Inde, à Jaitapur, par Areva. Tout ce projet repose sur des subventions, y compris l’accaparement de terres fertiles. Et quand les habitants osent dire non, par des manifestations contre cette centrale, ils se font tuer. Personne ne peut protester. Les gens ne sont pas autorisés à se réunir. Tous les élus locaux ont démissionné, affirmant qu’ils n’ont plus aucune raison d’être s’ils ne peuvent pas se réunir pour prendre des décisions. Si vous allez à Jaitapur, vous verrez une zone de guerre. J’espère que les Français rejoindront les habitants de Jaitapur pour demander à Areva de se retirer de ce projet. Et nous pourrons alors vivre en paix.<br />
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<b>- Peut-on «réformer» notre civilisation?</b><br />
Tout d’abord, y aura-t-il une civilisation? Nous avons deux options: soit continuer dans la voie actuelle et nous enfoncer dans une impasse. Une impasse économique, comme avec la Grèce; politique, comme ce qui a mené au printemps arabe; écologique, comme nous le voyons partout, quand les ressources naturelles sont volées aux peuples pour alimenter l’économie mondiale. La seconde voie que l’on peut suivre, c’est celle de la paix. Une paix qui n’est pas un signe de faiblesse, mais un signe de force. Ceux qui sont exclus aujourd’hui, ceux qui ne sont pas partie prenante de la guerre de conquête, joueront alors un rôle de leadership: les communautés indigènes, les jeunes, les femmes...<br />
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La construction de cette paix façonnera la nouvelle prospérité. Nous avons été fous de penser que plus il y aurait d’argent dans le monde, et dans les poches des banques, des grosses entreprises et des nouveaux oligarques, meilleure serait la société. La crise grecque est causée par des banques. Et les gens disent: <i>«Basta! Plus jamais ça! Nous ne donnerons pas plus.»</i> La réelle prospérité, c’est la santé de la nature et des humains. C’est une communauté forte où chacun peut prendre soin des uns et des autres. La civilisation que nous devons construire est une civilisation de larges réseaux de communautés souveraines, organisées de manière autonome, et non dominées par un pouvoir centralisé, politique ou économique.<br />
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<b>- Voyez-vous des signes d’espoir aujourd’hui?</b><br />
Je vois des signes d’espoir partout où il y a une résistance. Chaque communauté en Inde qui se bat contre l’accaparement des terres, qui participe à notre mouvement Navdanya pour que les semences restent un bien public, tous ceux qui tournent le dos à l’économie suicidaire de Monsanto ou pratiquent l’agriculture biologique. Toute communauté qui se bat contre la privatisation de l’eau. Tout ce qui se passe dans les rues de Madrid, en Irlande, en Islande, en Grèce. Les résultats du référendum en Italie sur le nucléaire ou la privatisation de l’eau. Ce sont d’incroyables signes d’espoir. Ce qu’il faut maintenant, c’est une nouvelle convergence mondiale, de tous les combats. Et un déchaînement de notre imagination: il n’y a pas de limites à ce que nous pouvons construire.<br />
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<b>Agnès Rousseaux, </b> <b>Nadia Djabali</b> <br />
04.07.11<br />
<u><span style="font-size: x-small;">Notes:</span></u><br />
<span style="font-size: x-small;">[1] Placé en 2001 sous l’égide de l’OMC était constitué d’une série de négociations portant principalement sur l’agriculture et l’accès des pays en développement au marché des prix agricoles. Aucun accord n’est survenu.</span><br />
<span style="font-size: x-small;">[2] «The master’s tools will never dismantle the master’s house»</span><br />
<span style="font-size: x-small;">Source: bastamag</span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-66490495505662787602011-07-06T05:49:00.023+02:002011-07-06T05:49:00.046+02:00L’Atlas accouche d’un grain de sable<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.alterinfo.net/photo/art/default/3101330-4428963.jpg?v=1309563156" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="166" src="http://www.alterinfo.net/photo/art/default/3101330-4428963.jpg?v=1309563156" width="200" /></a></div><strong><span style="color: #cc0000;">Le Maroc a organisé un referendum sur une nouvelle constitution ce vendredi 1er juillet 2011. Malgré une stabilité de façade que le royaume veut faire passer pour une exceptionnalité hors norme, le pays n’échappe point aux remous populaires agissant le monde arabe en ce moment. </span></strong><br />
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A ce titre, la proposition royale d’édulcorer, à nouveau, la constitution ne relève point du hasard. Bien plus qu’une simple coïncidence, cette concession de forme s’inscrit naturellement dans la logique des événements en cours. C’est, à n’en pas douter, la conséquence directe des soubresauts contestataires que vit la région depuis l’immolation de Mohamed Bouazizi. Tout à fait conscient de l’effet de contagion en ce sens, le Makhzen choisit, comme d’habitude, d’accompagner subtilement la vague au lieu de braver de force le courant.<br />
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En allant, ainsi, au devant de la scène, le monarque chérifien espère pouvoir contrôler l’élan du mouvement. Ce faisant, il escompte réduire, au minium, l’impact sur le trône de l’onde de choc du Printemps Arabe. D’où, donc, sa décision de nommer, très vite, un conseil d’experts pour la confection d’un nouveau projet de constitution à soumettre à un référendum populaire. La tâche est rendue d’autant plus aisée que, outre l’essoufflement du mouvement de révolte après la tragédie libyenne et le drame syrien, la classe politique du pays, dans sa quasi-totalité, lui est d’avance fidèlement acquise. En fait, la sclérose des partis d’opposition au Maroc n’a d’égale que la docilité de l’establishment politique pro-royal que cristallise si bien la flagornerie légendaire de la nomenclature du sérail. Aucune des demandes formulées par les manifestants du Mouvement du 20 février ne figurait pourtant jusqu’ici à l’ordre du jour des programmes des principaux partis politique d’opposition. D’où le contraste entre le dynamisme du mouvement social de la jeunesse contestataire et la passivité compromettante des partis politiques traditionnels. Un hiatus qui illustre un décalage générationnel de taille: l’aspiration d’une nouvelle génération, sans complexe, résolument tournée vers le futur, et l’immobilisme d’une classe politique dépassée par les événements, plus que jamais hantée par le spectre de son passé macabre.<br />
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En effet, hormis des groupuscules radicaux de gauche et quelques mouvements islamistes ou des personnalités indépendantes de la société civile, l’opposition politique organisée au Maroc n’est plus, depuis longtemps, que l’ombre de son passé. Les années de braise d’Hassan II ont, assurément, porté un coup de semonce fatal à la contestation politique partisane au royaume. La répression systématique des militants politiques a fini par décimer une véritable tradition de la contestation qui remonte aussi loin que l’époque du protectorat, c’est à dire vielle de plusieurs décennies!<br />
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La gauche marocaine qui osait braver les interdits en contestant la mainmise totale du Palais sur la vie publique en paya, hélas, le prix le plus cher. Le lâche assassinat de Mehdi Ben Barka, figure emblématique du tiers-mondisme en son temps et leader politique arabe hors pair, marqua un tournant historique dans l’évolution de la trajectoire politique du royaume. La longue nuit noire des détenus de Tazmamart symbolisé par le calvaire du célèbre militant, Abraham Serfaty, marqua l’acmé d’une période de lutte et d’engagement, sans précédent, sous la dynastie alaouite. Toutefois, le séjour infernal dans les bagnes de l’époque réduisit à néant l’ardeur de plus d’un militant. Au fil des ans, grâce une oppression sans limite, conjugué à un travail d’endoctrinement minutieux, la démission et la peur ont progressivement intégré l’Inconscient collectif des Marocains et fini par conditionner leurs comportements. D’où le désillusionnement de l’opposition politique traditionnelle. D’où la méfiance et l’aversion du commun des citoyens à l’égard de la politique.<br />
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La psyché marocaine porte encore les cicatrices béantes de cette période de torture et de souffrance. La phobie des commissariats, la culture de la délation, l’obsession du Makhzen, le reflexe de soumission, une certaine révérence pour les emblèmes officiels: autant d’anomalies propres à une société forgée par la propagande d’un type particulier de despotisme absolu: la tyrannie du Seigneur Sacré. En effet, dans l’imaginaire élevé du monarque chérifien, tous les sujets du royaume sont d’eternels cadets sociaux; la rigidité du protocole royal participe de cette mentalité hautement paternaliste et féodale. Le rituel de prosternation en masse et du baiser obligatoire de l’Auguste Main sanctifie, ici, la distinction de rang et de naissance. Du fait de l’onction de droit divin qui l’enveloppe, le statut du pouvoir royal est ainsi accepté, dans l’obéissance, comme par résignation; c’est, là, l’effet d’admission fataliste du peuple croyant, nous dirait-on!<br />
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Indispensable outil de légitimation politique, la religion demeure, donc, une source d’inspiration et un référent essentiel pour le trône. Cependant, ce statut spirituel du roi ne l’empêche pas d’assumer d’autres rôles plus profanes et peu compatibles avec la sacralité supposée de son rang. D’où cet étonnant dédoublement de fonction en vigueur aujourd’hui: le Commandeur des Croyants est aussi un homme d’affaires prospère. Le sens aigu de l’affairisme que Mohamed VI cultive depuis son accession au trône est devenu somme toute la marque de trait principale de son règne. Ce Commandeur des Croyants alaouite, à la tête d’un état millénaire, est aussi le CEO et actionnaire principal de la holding capitaliste: Maroc Inc. En dix ans de règne, le «Roi des Pauvres» a accumulé une fortune privée estimée par le magazine Forbes à près de 2 milliards d’euros. Et ce grâce aux revenus tirés de l’exportation d’une richesse nationale: les phosphates. La société en charge de l’exploitation de ce minerai est une propriété royale personnelle par excellence. En fait, ce groupe contrôle maintenant, au travers de ses innombrables succursales des pans entiers de l’économie du pays. De l’agrobusiness à l’énergie, de la finance aux télécoms, la voracité de l’ONA-SNI n’a de limite que l’avidité du Palais.<br />
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Pour les millions de Marocains qui peinent à joindre les deux bouts cette situation de monopole économique est un obstacle de trop. Ici comme ailleurs la domination économique est d’autant plus difficile qu’elle complique les perspectives de démocratisation et d’ouverture politique du système. Car pour assurer la loyauté de certains, le Palais a besoin d’argent. Pour acheter les consciences indispensables à la garantie de la stabilité, il emprunte les prébendes nécessaires pour cela à la bourse du Makhzen. D’où la culture de la gabegie au sein de l’administration et le règne de l’incurie au sommet de l’état.<br />
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D’où surtout l’impossibilité de reformes de fond étant donné le degré élevé d’imbrication de l’argent et du pouvoir. Dans ces conditions, un rafistolage constitutionnel de plus est de la poudrière aux yeux pour les millions de Marocains aspirant à un changement institutionnel d’envergure de nature à améliorer leur sort. La preuve: au lieu d’amoindrir les pouvoirs du roi, la nouvelle constitution entérine ses prérogatives les plus exorbitantes tout en donnant l’impression d’étendre, par des améliorations d’ordre protocolaire, le pouvoir du premier ministre qui devient, dans la nouvelle constitution, le chef du gouvernement. Un chef de gouvernement habilité désormais à proposer à la nomination des ministres, des ambassadeurs, des hauts fonctionnaires, des gouverneurs de province, et même doué de la compétence de dissoudre le parlement, mais à la condition expresse d’obtenir l’aval du conseil des ministres présidé, lui, par l’incontournable roi.<br />
<br />
Au-delà de la rhétorique sémantique du texte, il s’agit là d’un ajustement formel tout au plus. En effet, le roi demeure, jusqu'à preuve du contraire, le chef suprême des forces armées seul habilité à nommer les grands officiers de corps, le chef suprême du judicaire (il nomme 6 membres du conseil constitutionnel), le chef du haut conseil de la sécurité nationale, le guide spirituel de la nation. Mieux, il est encore, et plus que jamais, constitutionnellement en mesure de gouverner par simple dahir (décret royal) non susceptibles de recours. En d’autres termes, il peut déclencher une guerre de manière unilatérale sans consulter personne. Et si dans la nouvelle constitution sa personne n’est plus nominalement sacrée, elle n’en demeure pas moins éminemment inviolable.<br />
<br />
Voilà, en substance, le changement proposé aux Marocains. Un plébiscite majoritaire pour le oui est d’autant plus garanti que l’aval des élites corrompues n’a d’égal que la prédisposition à la manipulation des masses politiquement inconscientes et illettrées en grand nombre. Aujourd’hui près de la moitié, par exemple, des Marocaines ne savent ni lire ni écrire. Un nombre incalculable d’entre elles travaillent comme domestiques, souvent mineures, sans protection légale ni couverture sociale. La jeunesse du pays, y compris celle diplômée, n’aspire, dans son écrasante majorité, qu’à une chose: l’émigration vers l’Europe. Aller brouter des miettes dans les dépotoirs de l’Occident postindustriel, voilà le rêve ultime des jeunes Marocains d’aujourd’hui.<br />
<br />
La responsabilité de ce fiasco social est imputable en premier lieu au système politique très verrouillé du pays. Sans possibilité d’élire librement, ou rendre comptable de leurs actes leurs dirigeants, les Marocains n’ont pas droit de cité dans la manière dont ils sont gouvernés ou dans la façon dont leur avenir est planifié. Ils ne participent, donc, pas effectivement dans le processus de décision ayant trait à la gestion de leur pays. Autant dire que l’autodétermination politique demeure, après plus d’un demi-siècle d’indépendance, toujours un vœu pieux au pays du soleil couchant!<br />
<br />
Mohamed VI n’est, certes, pas le pire des rois. Loin s’en faut! Mais dans le monde d’aujourd’hui une monarchie d’essence autre que démocratique et parlementaire n’a simplement pas sa place dans le concert de nations civilisées. Les monarques arabes ont un choix: ou ils reforment leurs systèmes politiques archaïques, de fond en comble, pour les mettre au diapason des aspirations légitimes de leurs citoyens, ou ils se préparent à rejoindre dans la poubelle de l’histoire une litanie de despotes républicains déchus de force par la volonté de la vox populi.<br />
<br />
<strong>Mohamed El Mokhtar Sidi Haiba</strong><br />
Universitaire<strong> </strong><br />
02.07.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: alter-info</span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-82800244501996574132011-07-05T05:35:00.002+02:002011-07-05T05:35:00.216+02:00Le mariage grec très lucratif de Netanyahu<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.ism-france.org/photos/netanyahu-papandreou0207.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="123" src="http://www.ism-france.org/photos/netanyahu-papandreou0207.jpg" width="200" /></a></div><br />
<span style="color: #cc0000;"><strong>Le Premier ministre Benjamin Netanyahu semble souvent trop arrogant et sûr de lui. Cependant, contrairement à d'autres occasions, il y a ce week-end quelques justifications à sa morgue.</strong></span><br />
<br />
<br />
L'investissement personnel de Netanyahu dans sa relation avec le Premier ministre grec George Papandreou, depuis un an et demi, au cours duquel il a multiplié les liens diplomatiques avec la nation européenne en stagnation semble avoir planté le clou final dans le cercueil de la Flottille pour Gaza.<br />
<br />
Dans son discours de jeudi soir lors de la cérémonie de remise de diplômes de l'école des pilotes de l'armée de l'air israélienne, Netanyahu a évoqué les efforts diplomatiques déployés pour empêcher la Flottille de Gaza de prendre la mer. Le seul dirigeant dont Netanyahu a mentionné le nom dans son discours fut celui de George Papandreou.<br />
<br />
La veille, le premier ministre s'était entretenu avec son homologue grec, l'implorant d'émettre une ordonnance empêchant les bateaux d'appareiller de Grèce vers la Bande de Gaza. Contrairement au passé, Papandreou a répondu positivement, et un responsable israélien ayant participé aux pourparlers entre le premier ministre grec et Netanyahu a dit qu'Israël savait dès jeudi après-midi que la Grèce bloquerait les bateaux dans ses ports.<br />
<br />
La romance entre Netanyahu et Papandreou a commencé en février 2010, lorsqu'ils se sont rencontrés par hasard dans le restaurant Pouchkine à Moscou. Netanyahu a profité de l'occasion pour discuter avec le premier ministre grec de l’extrémisme turc contre Israël et ils sont vite devenus amis. Les deux dirigeants israélien et grec ont eu des contacts au moins une fois par semaine depuis leur rencontre à Moscou.<br />
<br />
La Flottille turc pour Gaza de mai 2010 a provoqué de vives inquiétudes dans les rangs des services secrets et militaires en Grèce, qui ont commencé à faire pression sur le gouvernement pour qu'il renforce ses liens diplomatiques avec Israël. Il n'a pas fallu beaucoup pour convaincre Papandreou.<br />
<br />
En juillet 2010, il est arrivé à Jérusalem, la première visite officielle d'un premier ministre grec en Israël depuis 30 ans. Quelques semaines après, Netanyahu est allé à Athènes, et il a passé une journée entière avec Papandreou et d'autres responsables sur une île voisine.<br />
<br />
Les diplomates israéliens peuvent témoigner que l'amitié naissante entre les deux pays au cours de l'année et demie passée a été tout simplement spectaculaire. Les communications du renseignement se sont accrues, les armées de l'air israélienne et grecque ont conduit plusieurs exercices communs et Netanyahu a demandé l'aide de Papandreou pour faire passer plusieurs messages au Président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. <br />
<br />
La plupart des discussions entre Netanyahu et Papandreou, ces derniers mois, ont tourné autour de la grave crise financière que subit actuellement la Grèce. Netanyahu a récemment décidé de venir en aide à son nouvel ami lors d'une réunion des ministres des affaires étrangères et des dirigeants européens, les implorant de fournir à la Grèce une aide financière.<br />
<em> </em><br />
<em>"Netanyahu est devenu le lobbyiste de la Grèce auprès de l'Union européenne",</em> a déclaré un diplomate israélien.<br />
<br />
Ces dernières semaines, alors que les efforts pour empêcher le départ imminent de la Flottille pro-palestinienne pour Gaza devenaient urgents, Netanyahu a récolté les fruits de son investissement dans les liens Israël-Grèce et son pari sur le pays européen a payé.<br />
<br />
Il a pu créer une alternative viable aux relations avec la Turquie à plusieurs égards, montrant à Erdogan qu'Israël n'hésitera pas à se rapprocher de son pire ennemi en Occident. Et quand le moment de vérité est arrivé, la Grèce a suivi et a ordonné le blocage de tous les départs de ses ports pour Gaza (1). La décision de la Grèce, avec l'annonce de la Fondation d'aide humanitaire turque IHH qu'elle n'enverrait pas le Mavi Marmara, et la déclaration du Président de Chypre interdisant aux bateaux d'appareiller pour Gaza ont scellé le sort de la Flottille presque entièrement.<br />
<br />
<em>"Les organisateurs de la Flottille n'ont pas tenu compte du fait que la Grèce de juillet 2011 n'est pas la Grèce de mai 2010,"</em> a dit un responsable israélien qui a travaillé intensivement, ces derniers mois, pour empêcher la mission de la Flottille pour Gaza d'avoir lieu.<br />
<br />
<em>"Aujourd'hui, il y a une Grèce différente lorsqu'il s'agit d'Israël"</em>, a-t-il ajouté. <em>"Les organisateurs de la Flottille ne l'ont pas compris, et aujourd'hui ils en paient le prix."</em><br />
<br />
<strong> Barak Ravid</strong><br />
02.07.11<br />
<u><span style="font-size: x-small;">Note:</span></u><span style="font-size: x-small;"> </span><br />
<span style="font-size: x-small;">(1) Lire la traduction en français de la décision ministérielle grecque sur le site Un Bateau français pour Gaza: <a href="http://www.unbateaupourgaza.fr/index.php/La-Campagne/La-decision-du-ministere-grec-d-interdire-le-depart-de-la-Flottille">http://www.unbateaupourgaza.fr/index.php/La-Campagne/La-decision-du-ministere-grec-d-interdire-le-depart-de-la-Flottille </a></span><br />
<span style="font-size: x-small;">Traduction: MR pour ISM </span><span style="font-size: x-small;"><br />
</span><span style="font-size: x-small;">Source: ism-france</span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-72260443879883730892011-07-04T05:45:00.010+02:002011-07-04T05:45:00.285+02:00Le dilemme politique de Barack Obama<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.gazetadeluanda.com/wp-content/uploads/2011/04/Obama-2012.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="146" src="http://www.gazetadeluanda.com/wp-content/uploads/2011/04/Obama-2012.jpg" width="200" /></a></div><strong><span style="color: #cc0000;">Le président des Etats-Unis est tenu pour être la personne la plus puissante du monde moderne. Ce que Barack Obama découvre à son vif regret, c’est qu’il dispose toujours d’un énorme pouvoir pour faire du mal. Mais il ne dispose pratiquement plus de pouvoir pour faire le bien. Je pense qu’il s’en rend compte et qu’il ne sait pas comment y remédier. Le fait est qu’il ne peut pas y faire grand chose.</span></strong><br />
<br />
Prenons par exemple son plus gros dossier du moment, la deuxième révolte arabe: ce n’est pas lui qu’il l’a lancée; elle l’a pris par surprise, comme presque tout le monde; sa réponse immédiate fut de penser, à juste titre, qu’elle mettait grandement en péril l’ordre géopolitique déjà instable de la région. Les Etats-Unis cherchèrent autant qu’ils le purent à limiter les dégâts, à maintenir leur propre position et à rétablir l’«ordre». On ne peut pas dire qu’ils y aient vraiment réussi. Chaque jour qui passe démontre de toutes les façons possibles que la situation devient plus désordonnée et échappe à leur contrôle.<br />
<br />
Barack Obama est par conviction et par caractère le centriste par excellence. Il recherche le dialogue et le compromis entre les «extrêmes». Il agit après mûre réflexion et ne prend ses grandes décisions qu’avec prudence. Il est favorable à un changement lent et ordonné, un changement qui ne menace pas les fondements d’un système dont il fait non seulement partie mais dont il est la figure centrale consacrée et l’acteur individuel le plus puissant.<br />
<br />
On le pousse de toutes parts à sortir de ce rôle. Il continue néanmoins à vouloir le jouer. Il se dit évidemment en son for intérieur: que puis-je faire d’autre? Le résultat est que d’autres acteurs (y compris ceux qui furent jadis ses alliés obéissants) le défient ouvertement, sans vergogne et sans risquer de sanction, diminuant ce faisant encore son pouvoir.<br />
<br />
Nétanyahu s’adresse au Congrès américain et celui-ci applaudit à tout rompre aux absurdités dangereuses et intéressées du Premier ministre israélien comme s’il était George Washington réincarné. Obama a reçu une gifle en pleine figure même si, de fait, en s’adressant auparavant devant le Comité américain pour les affaires publiques d’Israël (AIPAC), il avait déjà retiré de la table sa timide proposition de retenir les frontières israélo-palestiniennes de 1967 comme base d’une solution.<br />
<br />
Le gouvernement saoudien a fait très clairement comprendre qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour défendre les régimes en place dans le monde arabe. Il est très remonté contre les concessions qu’Obama fait occasionnellement à la rhétorique des «droits de l’homme». Le gouvernement pakistanais dit très clairement à Obama que si d’aventure ce dernier décidait de durcir sa position, le Pakistan trouverait un ami plus solide en Chine. Les gouvernements russe, chinois et sud-africain ont tous fait savoir très clairement à Obama que si d’aventure les Etats-Unis cherchait à obtenir une action du Conseil de sécurité contre la Syrie, ils ne pourraient compter sur leur soutien ni sans doute même obtenir une majorité simple, écho à l’échec de Bush en 2003 sur la seconde résolution sur l’Irak. En Afghanistan, Karzaï appelle l’OTAN à cesser les attaques lancées par ses drones. Et le Pentagone est mis sous pression pour qu’il se retire d’Afghanistan au motif que cette présence coûte trop cher.<br />
<br />
Pour qui craindrait que cet affaiblissement ne concerne que le Moyen-Orient, qu’il se tourne vers le Honduras. Les Etats-Unis avaient quasiment avalisé le coup d’Etat contre l’ancien président Manuel Zelaya. A cause du putsch, le Honduras fut suspendu de l’Organisation des Etats américains (OEA). Les Etats-Unis se démenèrent pour que ce pays retrouve la pleine jouissance de ses droits dans cette organisation au motif qu’un nouveau président avait été officiellement élu. Les gouvernements latino-américains résistèrent à cette idée, Zelaya n’ayant pas été autorisé à revenir et les accusations bidon n’ayant pas été abandonnées.<br />
<br />
Que s’est-il ensuite passé? La Colombie, censée être le meilleur ami des Etats-Unis en Amérique latine, et le Venezuela, réputé être leur bête noire dans la région, se sont rapprochés et ont convenu avec le gouvernement hondurien au pouvoir un retour de Zelaya aux conditions de Zelaya. La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a eu un sourire blême devant cette rebuffade de fait pour la diplomatie américaine.<br />
<br />
Pour terminer, Obama connaît des soucis avec le Congrès américain sur la guerre en Libye. Selon les dispositions de la loi sur les «pouvoirs de guerre» (War Powers Act), Obama était censé pouvoir engager, sans aval explicite du Congrès, des troupes en Libye pour soixante jours seulement. Les soixante jours sont maintenant passés et il n’y a toujours pas eu de décision du Congrès. La poursuite de l’engagement en Libye est donc clairement illégale mais Obama est incapable d’obtenir l’aval du Congrès. Et pourtant, Obama reste engagé en Libye. Et l’engagement américain pourrait connaître une escalade. Preuve qu’Obama peut faire du mal mais pas le bien.<br />
<br />
Pendant ce temps-là, Barack Obama se concentre sur sa réélection. Il a de bonnes chances d’y parvenir. Les Républicains dérivent de plus en plus à droite et, politiquement, il ne fait plus guère de doute qu’ils vont trop loin. Mais une fois réélu, le président des Etats-Unis aura encore moins de pouvoir qu’aujourd’hui. Le monde avance d’un pas rapide. Dans un monde caractérisé par autant d’incertitudes et d’acteurs imprévisibles, l’«élément incontrôlable» («loose gun»] le plus dangereux se révèle être les Etats-Unis.<br />
<br />
<strong>Immanuel Wallerstein </strong><br />
Sociologue au Centre Fernand Braudel à l’Université de Birmigham, chercheur au département de sociologie de l’université de Yale<br />
14.06.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: medelu </span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-63831589116492190092011-07-03T06:04:00.028+02:002011-07-03T06:04:00.207+02:00Le Sénégal au bord de l’embrasement<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.bastamag.net/local/cache-vignettes/L333xH500/arton1632-9cf4c.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://www.bastamag.net/local/cache-vignettes/L333xH500/arton1632-9cf4c.jpg" width="133" /></a></div><br />
<br />
<strong><span style="color: #cc0000;">Suite aux émeutes du 23 juin, le collectif «Y’en a marre» a appelé au calme et demandé aux autorités de respecter la Constitution. Malgré ce discours d’apaisement, de nouveaux troubles agitent la région de Dakar, soumise aux coupures d’électricité pendant que l’armée se déploie dans les rues.</span></strong><br />
<br />
<br />
<em>«Le 23 juin 2011, notre peuple s’est levé, uni et déterminé, pour briser les chaînes du fatalisme et protéger son choix: la République et la Démocratie!»</em> C’est sur ces mots, prononcés juste après l’hymne national, que le Collectif Y’en a marre débute sa «déclaration du 27 juin». Depuis sa création en janvier 2011 par des rappeurs [1], le collectif a fédéré l’énergie de tous ceux qui <em>«ne supportent plus la gestion calamiteuse du pays»</em>. Dans une rafale verbale dont les rappeurs ont le secret, le collectif brocarde <em>«les violations des libertés démocratiques, les coupures quotidiennes d’électricité, les hausses incessantes du coût de la vie, les campagnes agricoles chaotiques, la crise scolaire chronique, l’impasse de la santé et de la justice…»</em><br />
<br />
<em>«Nous sommes un mouvement citoyen de veille républicaine, nous sommes des sentinelles de la démocratie et souhaitons remettre le Sénégalais au cœur de la politique de son pays»</em>, explique le journaliste Cheikh Fadel Barro, porte-parole du groupe. Les membres de Y’en a marre se définissent comme <em>«des esprits contestataires, des messagers anonymes qui vont de porte en porte pour inciter les Sénégalais à assumer leur responsabilité et à prendre leur carte d’électeur»</em>.<br />
<br />
<strong>«Touche pas à ma Constitution»</strong><br />
Le 23 juin, les Sénégalais étaient descendus dans la rue pour s’opposer au projet du Président Wade de modifier la Constitution sénégalaise afin d’instituer <em>«une majorité absolue à 25%»,</em> permettant à un candidat d’accéder dès le premier tour au poste de Président s’il obtenait le quart des suffrages exprimés. Après le retrait complet du projet, la nouvelle bataille du collectif est la reconnaissance de <em>«l’inconstitutionnalité de la candidature de M. Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle de 2012»</em>.<br />
<br />
Abdoulaye Wade, officiellement 85 ans, a accompli deux mandats consécutifs. Il avait annoncé dès 2009 sa volonté de briguer à nouveau la présidence, en contradiction avec la Constitution limitant à deux les mandats présidentiels. L’opposition le suspecte de vouloir imposer par la suite son fils, Karim Wade. <em>«Les membres du Conseil constitutionnel doivent prendre leur responsabilité et demander au Président Wade de respecter la constitution en retirant sa candidature»</em>, tonnent les rappeurs durant la conférence de presse télévisée de ce 27 juin.<br />
<br />
<strong>«Le changement par les urnes, pas le feu!»</strong><br />
Extraordinairement posés et calmes, dans ce contexte de surchauffe générale, les porte-paroles du groupe ne souhaitent pas <em>«embraser le pays comme en Tunisie»</em>, et rappellent que les échéances électorales de 2012 sont <em>«une opportunité pour les jeunes de se réapproprier leurs institutions démocratiques en allant s’inscrire sur les listes électorales».</em> Un combat stratégique de première importance lorsque l’on sait qu’en 2010 seulement 12% des 18-22 ans étaient enregistrés sur les listes, soit une réserve de plus d’un million de voix d’après un audit international (le Sénégal compte 14 millions d’habitants dont la moitié a moins de 18 ans).<br />
<br />
Les membres féminins du collectif mènent également une campagne stratégique dans la région de Pikine pour inciter les femmes <em>«à ne plus vendre leur vote pour un sac de riz ou des cadeaux de pacotille. Les femmes doivent se réapproprier leur destin et retrouver leur fierté de Sénégalaises!»</em>, s’exclame Fatou, animatrice de rue. Refusant d’être assimilés à un quelconque parti de l’opposition, les membres du collectif n’excluent pas pour autant de <em>«jouer un rôle éclairant sur les futurs candidats, de commenter leurs programmes ou de dénoncer ceux qui cherchent à tromper la jeunesse»</em>, avertit Cheikh Fadel Barro à la tribune.<br />
<br />
<strong>Risque du survoltage face au black-out</strong><br />
Face à l’exaspération de la population, ce discours républicain et responsable pourrait atteindre ses limites. Quelques heures après la conférence de presse, de violentes émeutes spontanées ont eu lieu dans plusieurs villes de la banlieue dakaroise suite aux coupures d’électricité prolongées de ces derniers jours. Plusieurs sièges de la Sénélec, la compagnie sénégalaise d’énergie, ont été saccagés dans la nuit. Les maisons de plusieurs ministres ont également fait l’objet d’attaques ciblées, entraînant dans la nuit le déploiement de l’armée pour riposter aux émeutiers. Par ailleurs, les étudiants protestent contre le retard du paiement des bourses universitaires, phénomène qui touche également les salaires de certains fonctionnaires. Le collectif Y’en a marre met <em>«en garde les autorités contre les intimidations et la violence»</em> en appelant les forces de l’ordre <em>«à maîtriser les bavures individuelles»</em> dans ses rangs afin d’éviter <em>«une dérive aux conséquences incalculables»</em>. Dans cette ambiance survoltée, le Président Wade saura-t-il réagir raisonnablement pour éviter l’embrasement général qui menace le Sénégal?<br />
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<strong>Benjamin Sourice</strong><br />
28.06.11<br />
<span style="font-size: x-small;"><u>Notes:</u></span><br />
<span style="font-size: x-small;">[1] </span><span style="font-size: x-small;"> Le groupe Keur Gui appuyé par Fou Malade et Simon</span><br />
<span style="font-size: x-small;">Source: bastamag </span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-86183052404083545092011-07-02T05:53:00.000+02:002011-07-02T05:53:00.738+02:00Le Caire dans l’œil du cyclone<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.clakzundgo.com/dev1/img/00-photos/004aspach/404egypteRevolte.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="130" src="http://www.clakzundgo.com/dev1/img/00-photos/004aspach/404egypteRevolte.jpg" width="200" /></a></div><b> <span style="color: #cc0000;"> </span></b><br />
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<b><span style="color: #cc0000;">Quelques impressions et observations d’un séjour au Caire entre le 17 et le 22 juin 2011</span></b><br />
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Le Caire, juin 2011. Quatre mois après la «révolution» de janvier, la capitale égyptienne reste égale à elle-même et à sa réputation: embouteillages permanents, concert ininterrompu de klaxons, rugissements de moteurs, radios poussées à fond et invectives colorées de conducteurs stressés; dans ce maelström, traverser la rue est toujours synonyme de risque sérieux. Au coucher du soleil et jusque tard dans la nuit les Cairotes sortent se promener pour profiter d’une fraicheur relative particulièrement agréable après une longue journée caniculaire. Les rôtisseurs, Chawarma et Koufta, et les glaciers sur la rue Talaat Harb sont comme partout pris d’assaut par des jeunes, des moins jeunes, des femmes en hidjab ou sans foulard et des nuées d’enfants. La foule est détendue et les sourires ne sont pas rares. Les conditions restent difficiles, mais les Egyptiens vivent le nouveau cours de leur histoire dans la décontraction et la bonne humeur. Cette même rue Talaat Harb avait pourtant vu des scènes de grande violence lors des journées de janvier fatidiques au vieux dictateur Hosni Mubarak, au pouvoir depuis trente ans.<br />
<br />
Peu de stigmates visibles des événements qui ont abouti à la chute du clan Mubarak. Seul témoignage de ces journées intenses: le siège incendié du parti au pouvoir, le PND, qui surplombe le Musée des antiquités égyptiennes, place Tahrir. En ce vendredi de juin, la célèbre agora est quasiment vide. Une poignée de manifestants scandent des slogans anti-régime sous l’œil débonnaire de jeunes policiers en uniformes blancs. La ville semble avoir retrouvé son rythme habituel. Les apparences de normalité ne trompent pourtant pas les Cairotes. Ils savent que la transition est incertaine. Le gouvernement dirigé par Essam Charaf, chargé des affaires courantes et surtout de la préparation des élections législatives prévues en septembre 2011, se livre à un délicat numéro d’équilibrisme: gérer les puissantes revendications sociopolitiques de la population tout en veillant, selon la volonté clairement perceptible des décideurs militaires et de la grande bourgeoisie, à maintenir autant que possible le système en l’état.<br />
<br />
<b>Une scène politique en reconstruction</b><br />
Pronostiquer la composition du prochain Parlement relève de la gageure. On s’accorde néanmoins sur l’influence des mouvements islamistes, avec à leur tête le nouveau parti Liberté et Justice, lancé par les Frères musulmans, qui se réfère au modèle turc de l’AKP. L’organisation des Frères musulmans, mouvement de droite derrière une façade religieuse, est animée par la grande bourgeoisie d’affaires et des dignitaires religieux particulièrement prospères. L’islam politique qu’ils promeuvent aussi sous d’autres formes, dans leur déclinaison «modérée» du Hizb el Wassat – certains le qualifient plutôt sommairement de «post-islamiste» – ou nettement plus radicale, comme le salafiste Hizb En-Nour, occupe une place centrale sur la scène politique égyptienne, même s’il a peu, et tardivement, participé aux manifestations de la place Tahrir.<br />
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Le paysage politique égyptien est une jungle de sigles et de partis plus ou moins structurés, reconnus ou en attente d’agrément. La droite non religieuse n’est pas – pas encore? – réellement organisée. Elle est surtout incarnée par quelques personnalités très médiatiques, au premier rang desquelles le docteur Mohamed El Baradeï, l’ancien directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et l’avocat Ayman Nour. Les grandes fortunes n’apparaissent pas au premier rang des partis libéraux, à l’exception d’un parti des «Egyptiens libres» créé en mars dernier par le milliardaire Naguib Sawiris, notoire propriétaire du groupe Orascom.<br />
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Face à ce courant conservateur majoritairement religieux, qui bénéficie du soutien actif d’Al-Azhar, véritable institution ecclésiastique en Égypte, la faiblesse relative des forces de gauche est visible. Ces groupes et partis, dont le Parti communiste, les Socialistes révolutionnaires, le Parti socialiste populaire, le Parti de l’Alliance populaire démocratique, le Parti socialiste d’Égypte, le Parti démocratique des travailleurs, des nassériens et marxistes de diverses obédiences, sont faiblement implantés et sans réel leadership. Ces formations, parfois groupusculaires, ont tenté un rapprochement en mai 2011 pour constituer un «Front des forces socialistes». Au-delà des positionnements idéologiques, une des pierres d’achoppement entre ces courants est la différence d’analyse et de posture vis-à-vis des politiques néolibérales mises en œuvre sous l’égide du FMI et de la Banque mondiale. Les forces de gauche peinent à s’organiser dans le cadre légal mis en place pour permettre l’émergence de nouvelles forces politiques organisées. Les enjeux sont pourtant considérables pour les très larges couches de la population qui ne tirent aucun bénéfice d’une économie rentière dominée par les exportations d’hydrocarbures, les revenus du canal de Suez et du tourisme, ainsi que les transferts des travailleurs à l’étranger.<br />
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<b>Les forces de progrès en ordre dispersé</b><br />
Sur cet échiquier en construction, le nouveau Parti socialiste d’Égypte, altermondialiste et antilibéral, prend clairement position. Il a tenu son congrès constitutif le 18 juin 2011 et prône la rupture avec l’économie de rente en défendant un modèle de développement fondé sur la relance de la production industrielle et l’élévation du niveau de vie des exclus et des catégories les plus fragiles. Pour autant, le PSE, qui revendique un millier de militants, n’a pas la moindre chance d’obtenir l’agrément du ministère de l’Intérieur, qui exige en préalable un minimum de 5.000 adhérents dûment recensés. Les animateurs de ce nouveau parti, des intellectuels et des syndicalistes, ne se font d’ailleurs pas d’illusions: la participation aux élections n’est pas leur objectif premier. La construction d’un parti de progrès sur des bases claires et la consolidation de la démocratie dans un contexte mouvant constituent les priorités stratégiques du parti présidé par l’ingénieur Ahmed Baha’edine Chaabane.<br />
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Les forces de gauche émergent d’une longue période de clandestinité, où elles étaient en butte à une répression très brutale. Ces forces se reconstituent dans une société politique vibrante, mais encore largement embryonnaire. Les progressistes sont confrontés directement au défi lancé par l’armée et les Frères musulmans, qui cherchent à relooker le régime sans en changer les structures. Selon Mamdouh Al Habashi, chargé des relations internationales du parti, le PSE appuie les jeunes militants qui ont conduit le mouvement de la place Tahrir, très circonspects devant les manœuvres entre Frères musulmans et haut commandement militaire. Tous ceux qui exigent plus de libertés et une démocratisation effective entendent faire à nouveau entendre leur voix lors d’une grande manifestation prévue pour le 8 juillet 2011, qui devrait rassembler un million d’Egyptiens selon ses organisateurs.<br />
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Outre une réelle ouverture de la vie politique et l’instauration d’un État de droit, la priorité pour les Egyptiens est d’abord une amélioration de leurs conditions d’existence. La croissance de l’économie égyptienne ces dernières années est pour beaucoup un leurre. La dynamisation de l’activité n’a profité qu’à une infime minorité d’une population qui dépasse aujourd’hui 80 millions d’habitants. De fait, la politique néolibérale mise en œuvre depuis les premières années de l’Infitah il y a plus de quarante ans a permis l’émergence d’une classe d’affairistes en symbiose avec le pouvoir, appauvrissant les classes moyennes et aggravant terriblement la situation des classes populaires. Selon la Banque mondiale, plus de 18 % de la population vit avec moins de deux dollars par jour. En réalité, selon des journalistes et des économistes, plus de 40 % de la population – 30 millions de personnes – survivent en dessous du seuil de pauvreté.<br />
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<b>Inégalités, pauvreté, injustice</b><br />
La misère et la faim sont la réalité quotidienne de trop nombreux citoyens Egyptiens. Nul besoin pour les voir de se rendre dans quelque banlieue «informelle» souvent cachée derrières de hauts murs, où vivent dans des conditions infrahumaines 12 millions d’Egyptiens, ou dans la tristement célèbre ville-cimetière du Caire, dont les tombes abritent 1,5 million de déshérités bien vivants. Il suffit de déambuler dans les rues de la capitale aux 20 millions de résidents qui n’habitent pas tous, loin de là, les quartiers chics de Garden City ou de Zamalek et qui ne fréquentent pas les hôtels internationaux ou les clubs huppés des berges du Nil…<br />
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Au Caire, comme dans les autres centres urbains et les zones touristiques, les turbulences politiques ont, bien entendu, davantage affecté les plus pauvres, ceux qui tirent quelques guinées des services aux touristes et de la vente d’objets artisanaux. Il suffit de visiter les hauts lieux du tourisme cairote, Pyramides de Guizeh, Musée des antiquités ou le marché Khan El Khalili, pour constater de visu la chute du tourisme. Les échoppes sont peu fréquentées et tous déplorent la raréfaction des visiteurs. Le nombre d’étrangers ayant visité l’Égypte en avril 2011 a connu une baisse de 36% par rapport à la même période en 2010; et les analystes estiment que sur l’ensemble de l’année, le nombre de touristes devrait diminuer de 25%. Les revenus du secteur devraient malgré tout atteindre 10 milliards de dollars en 2011 contre 12,5 en 2010.<br />
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Le même mouvement est observé pour les investissements étrangers. Cela dans un contexte marqué par une forte poussée inflationniste – le chiffre officiel est de 13%, mais selon des économistes Egyptiens, il se situerait plutôt au-dessus de 20% – et la hausse du chômage, qui dépasse de très loin les 12% admis par l’administration. Les recettes du canal de Suez ayant également pâti des événements de janvier, la croissance du produit intérieur brut (PIB) en volume devrait en conséquence avoisiner 1,5% en 2011, contre un peu plus de 5% en 2010.<br />
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Au cours des trois derniers mois, le coût de la vie a connu une hausse brutale, attribuée à la spéculation et à la volonté de faire payer – au sens littéral – au peuple une révolution ayant fait vaciller sur ses bases hautement sécuritaires l’édifice politico-administratif de corruption et de prédation qui constitue la seule vérité du régime. Les mouvements sociaux et les revendications syndicales d’un salaire mensuel minimum de 1.200 livres (autour de 150 euros) dans la fonction publique ont eu pour effet d’amener le Conseil militaire suprême à interdire les grèves. Le gouvernement a proposé que le salaire minimal soit porté à 700 livres (moins de 90 euros) pour atteindre 1.200 livres sur une période de cinq années. Il convient de préciser que le secteur privé n’est pas du tout concerné par un quelconque salaire minimum: dans la plupart des cas, les patrons égyptiens fonctionnent de manière informelle sans déclarations ni contrôles. Un autre indicateur de la nature du régime est la fiscalité: pour l’essentiel, la pression fiscale est supportée par les populations les plus pauvres, par le biais des taxes sur les produits de large consommation. L’impôt sur le revenu, qui concerne les mieux lotis, avait été ramené par l’administration Mubarak de 40% à 20% et vient d’être porté à 25%, une hausse jugée dérisoire par un syndicaliste égyptien qui confie avec un sourire complice: <i>«5% de plus… Serait-ce le prix de la révolution?»</i><br />
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<b><i>«Les pauvres d’abord, fils de chien!»</i></b><br />
Les inégalités, une redistribution extrêmement injuste et des choix économiques opérés au détriment du plus grand nombre ont considérablement contribué à l’écœurement d’une population considérée comme un fardeau par le régime. Les Egyptiens sont légitimement très fiers de ce qu’ils ont déjà réussi à obtenir. La chute du clan Mubarak n’a pas été une partie facile, son coût humain a été substantiel, mais ils ont redressé la tête et effacé des décennies d’humiliation. Cette fierté, partagée par tous, femmes et hommes à travers le monde qui luttent pour la dignité, les libertés et de meilleures conditions d’existence, est exprimée dans un langage très imagé par quelques amis Egyptiens réunis dans un petit restaurant populaire près de la mosquée El-Hussein.<br />
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Un journaliste du site Web progressiste Al-Badil et un syndicaliste discutent à bâtons rompus autour d’un pigeon farci, plat emblématique et spécialité du restaurant Ferhat. Ce qui fait grand bruit et anime la discussion est l’article d’un jeune (23 ans) blogueur d’Al-Badil, Mohamed Abou El-Gheit, intitulé: <i>«Les pauvres d’abord, fils de chien!»</i> Publié le 17 juin (<a href="http://elbadil.net/">http://elbadil.net/</a>) et disponible sur sa page facebook ce papier, illustré de photos émouvantes de jeunes martyrs de la révolution, est un véhément rappel aux réalités. L’auteur y exprime avec force et conviction l’opinion de nombreux jeunes égyptiens saturés par les discours idéologiques et les interminables controverses sur la laïcité et la religion qui dominent les débats publics. Il s’insurge contre la représentation médiatique d’une révolution qui aurait été le fait de jeunes issus des classes moyennes et revendique un traitement plus objectif pour tous ceux issus des milieux les plus défavorisés qui se sont sacrifiés pour la liberté et la justice.<br />
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Le blogueur Abou El-Gheit rappelle le courage et la détermination des jeunes des quartiers «informels» qui ont affronté les très brutales forces antiémeutes et fait reculer les blindés de la police à coups de cocktails Molotov. Il salue ces jeunes, pauvres parmi les pauvres, qui ont protégé les manifestants de la police et repoussé les baltadjias, voyous au service du régime: <i>«Ces jeunes ne sont pas sortis pour réclamer une Constitution – avant ou après les élections – ni des élections. Ils ne sont pas sortis pour un État laïc ou religieux… Ils sont sortis pour des raisons ayant trait à leur vie quotidienne: les prix des produits alimentaires, des vêtements, du logement. Ils sont sortis contre le policier qui arrête le minibus du frère pour lui extorquer 50 livres, contre l’officier qui l’a arrêté et torturé pendant des jours, pour la sœur qu’ils n’arrivent pas à marier, pour l’oncle qui a perdu son travail parce que l’usine a été privatisée, et pour la tante morte d’un cancer parce qu’on ne lui a pas trouvé de lit dans l’hôpital public…»</i><br />
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Pour tous les exclus qui ont constitué le gros des troupes lors des manifestations, les débats autour de la Constitution et des élections ne sont que vains bavardages. <i>«Ce qui n’a pas l’air d’être le souci des partis en conflit. Le résultat en est qu’une grande partie des gens insulte la révolution et les révolutionnaires et les politiciens suite à la hausse des prix ces derniers jours… Nous n’avons entendu personne parmi les élites s’élever contre la hausse des prix. Ceux qui ont bruyamment protesté après l’agression d’une activiste ne sont pas venus au secours des habitants de la ville d’Al-Salam qui ont vécu cinq jours à la belle étoile pour protester contre leur sort, et dont l’un a été renversé par une voiture et un autre s’est noyé. Ces gens n’avaient qu’à rester dans leurs trous jusqu’à ce que soient réglées nos controverses politiques bien plus importantes que leurs sottises!»</i><br />
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La conclusion de l’article est impitoyable: <i>«Dans les années 1990, [en Turquie], Erdogan participait à une conférence d’organisations islamiques. Plutôt que de proclamer son intention d’appliquer la charia, il avait déclaré qu’il s’attacherait à régler le problème des égouts d’Istanbul, ce qui avait provoqué la colère de l’assistance. […] Nous n’avons malheureusement pas aujourd’hui d’Erdogan égyptien, seulement de vieux élitistes uniformément ennuyeux, immergés dans des débats laïc/islamique, Constitution/élections. À tous ceux-là, je dis: les pauvres d’abord, fils de chien!»</i><br />
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<b>La transition et le contexte régional</b><br />
Un rappel aux réalités salutaire qui remet quelques pendules à l’heure dans une situation où derrière le calme apparent et les interminables «débats de société» se dissimulent de réelles inquiétudes: <i>«La période est trouble, on ne sait pas distinguer l’ami de l’ennemi, affirme un vieux Cairote. On veut nous faire croire que l’alternative est entre théocratie et État laïque. Les gens s’en fichent, ils veulent la vraie dignité: celle du travail, du pain et de la justice.»</i> Les Egyptiens, dont beaucoup semblent vivre une histoire d’amour avec leur armée – elle n’a pas tiré sur le peuple – ne sont pas tous dupes de la neutralité affichée des militaires. Le haut commandement, très proche des milieux d’affaires et de la grande bourgeoisie, négocie avec les Frères musulmans dans le but de stabiliser la situation politique au profit de la classe dominante. L’armée, étroitement liée aux États-Unis pour son équipement et l’aide annuelle d’un milliard et demi de dollars qu’elle reçoit de Washington, gère une transition qu’elle souhaite voir déboucher sur la continuité du système, avec quelques aménagements et le maintien en l’état de ses alliances internationales.<br />
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Mais pour nombre de citoyens de toutes les classes, la dignité, au premier rang des revendications du peuple égyptien, ne sera reconquise que lorsque les relations avec Israël se fonderont sur l’égalité et le respect des droits du peuple palestinien. Pour la majorité des Egyptiens, la soumission de Hosni Mubarak aux États-Unis et à Israël était une atteinte à l’honneur national. De ce fait, la solidarité avec les Palestiniens et l’hostilité à l’égard d’Israël s’expriment avec force. L’impressionnant déploiement de forces chargées de la protection de l’ambassade israélienne au Caire est une illustration éloquente de la perception des rapports avec Israël.<br />
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L’ouverture du terminal de Rafah avec la ville martyre de Gaza, le 28 mai dernier, est le moins que pouvaient faire les nouvelles autorités égyptiennes, soumises à une pression très vive. Pour la majorité des Egyptiens, la solidarité avec les Palestiniens est une exigence absolue et la normalisation avec un voisin spoliateur et arrogant n’est pas à l’ordre du jour. Depuis mai 2008, l’Égypte fournit du gaz à des prix subventionnés à Israël en vertu d’un contrat à long terme. Le comble est que, pour pouvoir fournir les quantités contractuelles, Le Caire importe du gaz du Qatar aux prix mondiaux. Si le peuple égyptien perd beaucoup dans le contrat, ce n’était pas le cas semble-t-il du clan Mubarak, qui aurait reçu d’importants dessous de table pour «faciliter» la transaction.<br />
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Ce contrat scandaleux n’est pas le seul du genre. Beaucoup souhaitent l’abrogation de l’accord textile signé en décembre 2004 avec Israël, sous la supervision des États-Unis. Cet accord dispose que la production de produits textiles de sept zones industrielles qualifiées (ZIQ), notamment dans les régions du Caire, d’Alexandrie et du Canal de Suez, pourrait être exportée vers le marché américain sans quota ni droits de douane. Condition préalable: ces produits devront être constitués d’au moins 11,7% de composants israéliens… L’exploitation des ressources d’eau souterraines du Sinaï est bloquée par Israël, qui ne s’interdit pourtant pas de pomper abondamment la même nappe de son côté de la frontière.<br />
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Le ressentiment à l’endroit d’Israël n’est donc pas seulement politique et les Egyptiens vivent très mal ce rapport inégal consenti par Sadate et généralisé par Mubarak. Les Israéliens ont donc bien raison de regretter Mubarak, qui était, selon la formule d’un diplomate de Tel-Aviv, <i>«un allié d’une valeur inestimable».</i><br />
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Les Egyptiens observent également avec inquiétude les développements de la situation en Libye, même si ce pays voisin paraît bien lointain vu du Caire. Si le consensus est rapidement trouvé autour de la dénonciation de Mouammar Kadhafi, les avis divergent sur les bombardements de l’OTAN. À droite, sans le dire trop haut, l’affaire est entendue: tous les moyens sont bons pour renverser le dictateur. À gauche, de manière bien plus inattendue, des cadres soutiennent l’intervention occidentale et acceptent avec une réticence marquée les critiques sur la guerre «humanitaire» de l’organisation atlantique.<br />
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Selon un avocat égyptien, le soutien à l’intervention occidentale est largement dû à l’influence des médias satellitaires arabes, qui avaient positivement couvert les manifestations de janvier. Al-Jazira a ainsi gagné la sympathie de tous les Egyptiens et le soutien actif de la chaîne à l’ingérence en Libye a été immédiatement intériorisé par une opinion qui exècre le «Guide» de la Jamahiriya. Une certaine inquiétude est néanmoins perceptible, car la déstabilisation de la Libye pourrait avoir des conséquences en Égypte, où circulent des rumeurs sur l’introduction d’armes en provenance de Cyrénaïque.<br />
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<b>Réformes ou approfondissement de la crise: le risque d’une issue «paskistanaise»</b><br />
Le calme relatif qui règne en Égypte en juin 2011 ne doit pas faire illusion. Les insupportables inégalités socioéconomiques, l’absence de perspectives pour une jeunesse avide de changement, l’humiliation permanente et la soumission à l’ordre américain sont le carburant de futures explosions sociales. Le mal-être est alimenté par l’injustice et la brutalité d’un système où coexistent deux populations distinctes. Sur les rives du Nil, le fossé qui sépare les nantis et les pauvres est un abîme.<br />
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Combler ce fossé au moyen d’un surcroît de religion constitue aux yeux de ceux qui tirent avantage du système un palliatif commode. Soutenus par les Saoudiens et les Américains, les militaires qui contrôlent le pouvoir sont visiblement tentés par une approche «paskistanaise»: ils continueraient ainsi à tenir les commandes tout en confiant la gestion de la société aux partis religieux. Il reste à savoir si ce «deal» fonctionnera dans un pays caractérisé par une profonde religiosité, mais dont la jeunesse a montré un degré élevé de maturité politique. Et qui, tous le soulignent, ne s’est pas révoltée sur la base de slogans religieux, mais bien sûr des revendications politiques et sociales. Il est admis par tous que les Egyptiens ont brisé le tabou de la peur et ont osé contester un ordre établi sur la corruption et la répression. Un retour aux vieilles méthodes répressives pourrait donc se révéler très coûteux.<br />
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Après la phase très active de janvier 2011, l’Égypte est entrée dans l’œil du cyclone. La réserve légendaire de patience des Egyptiens paraît épuisée. Ils ne veulent pas que leur révolution soit détournée par les milliardaires qui forment l’ossature invisible du système de pouvoir. Pour de nombreux militants, une authentique restructuration de la scène politique et la mise en œuvre de réformes économiques constituent l’unique voie pour une issue apaisée à une crise profonde et complexe. L’ampleur des déséquilibres socio-économiques est telle que si des mesures significatives ne sont pas rapidement mises en œuvre d’autres déflagrations paraissent inévitables. En Égypte, pour paraphraser Gramsci, le «vieux qui se meurt» dispose, en raison notamment des intérêts géostratégiques américains, des ressources pour se perpétuer à travers une alliance nouvelle entre militaires et Frères musulmans. La nouveauté est bien l’émergence d’une société politique qui refuse la soumission et revendique la justice et les libertés. Il reste à cette société à trouver le plus tôt possible ses modalités d’organisation.<br />
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<b> Omar Benderra </b><br />
25.06.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Omar Benderra. Fondation Frantz Fanon. 25 juin 2011</span><br />
<span style="font-size: x-small;">http://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com/</span><br />
<span style="font-size: x-small;">Source: mediapart</span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-72998625533173984082011-07-01T05:36:00.000+02:002011-07-01T05:36:00.210+02:00Afghanistan: le mirage des négociations avec les talibans<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.samaa.tv/sendbinary.aspx?path=F:%5CWebsites%5CSAMAA%5CNewsPictures%5C20116795155.jpg&width=161&height=208&interpolation=1" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://www.samaa.tv/sendbinary.aspx?path=F:%5CWebsites%5CSAMAA%5CNewsPictures%5C20116795155.jpg&width=161&height=208&interpolation=1" width="154" /></a></div><b><span style="color: #cc0000;">L'annonce officielle du retrait de l'armée américaine a été faite par le président Obama le mercredi 22 juin.</span></b><br />
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<span style="color: #cc0000;">Mais le printemps afghan 2011 avait déjà été ponctué par quatre événements majeurs:<br />
- une augmentation sans précédent des violences des talibans contre l'appareil d'État (attentat dans l'enceinte du ministère de la Défense, assassinats de chefs politiques tadjiks dans le Nord et hazaras dans le Centre, p. ex.);<br />
- des pourparlers entre les gouvernements afghan et américain pour la construction d'une base militaire américaine permanente en Afghanistan;<br />
- la confirmation des contacts directs établis entre les Américains et les talibans (annonce faite par Hamid Karzaï le samedi 18 juin et par le Secrétaire d'État à la Défense américain Robert Gates le 19 juin);<br />
- l'ouverture prochaine d'une représentation diplomatique des talibans dans le Golfe persique (cf. Sara Daniel in 'Le Nouvel Observateur' du 19 mai).</span><br />
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Les négociations secrètes avec les talibans sont menées par le gouvernement afghan d'une part et par les Américains et l'ONU d'autre part, ce qui provoque des situations ubuesques comme l'ouverture de cette représentation des talibans négociée avec les branches les plus radicales de ceux-ci, le Mollah Omar, Hekmatyar et Haquani. Or, contrairement à ce que l'on peut imaginer, le but ultime de ces trois factions rebelles, comme celui des talibans d'origine afghane dont les nom figurent sur la liste noire de l'ONU (1), n'est pas uniquement de prendre le pouvoir mais de s'accaparer l'aide internationale et poursuivre le nationalisme pashtoune.<br />
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La négociation avec les talibans est le résultat du changement de la stratégie américaine depuis l'arrivée de Barack Obama au pouvoir et l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan. En 2009, on pensait qu'il suffisait de sécuriser le pays et que négocier avec les talibans mènerait à la paix. L'expérience nous montre que les efforts de sécurisation et de développement ne mènent à rien, au contraire, cela développe la corruption et retarde la reconstruction.<br />
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Les experts se trompent: comme d'habitude, ils s'enferment dans des analyses ethnologiques au lieu de regarder l'évolution socio-politique de l'Afghanistan à la lumière de 30 années de guerre et, pour sortir du bourbier, ils préconisent des recettes anciennes utilisées par les Soviétiques pour construire la paix en Afghanistan. Faut-il rappeler qu'au XIXè siècle déjà, l'Afghanistan était l'enjeu des intérêts géopolitiques des Russes et des Britanniques... À cette époque, les Britanniques s'alliaient sans peine avec les rois et les princes d'ethnie pashtoune pour atteindre leurs objectifs. Dans ce contexte-là, l'afghanisation avait un sens.<br />
<br />
Aujourd'hui, dans ce pays, s'affrontent les intérêts des Américains, des Britanniques, des Russes, des Chinois, des Iraniens, des Indiens, des Pakistanais et des Turcs. Aucun de ces pays n'a en face de lui un pouvoir central crédible avec un projet solide pour le pays. Cette situation plonge l'Afghanistan dans une crise politique et économique indescriptible. Alors que les talibans font tout pour discréditer le pouvoir mis en place à Kaboul, le retrait des armées américaines fait courir le risque de plonger les finances de la société afghane dans une crise grave.<br />
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D'après la Banque mondiale, 97% des dépenses de la communauté internationale ont servi depuis 2001 à mettre en place une armée et une police. Au risque de me répéter, qui va payer les salaires des militaires dans un pays où la reconstruction n'est pas achevée, où la famine menace et où l'Etat n'est pas en mesure d'assurer ses fonctions régaliennes? Dérouler le tapis rouge aux talibans dans l'espoir d'amener la paix, c'est raviver le nationalisme pashtoune qui risque d'entraîner à nouveau l'humiliation des autres ethnies. C'est une erreur fatale. C'est un cadeau pour le Pakistan qui possède l'arme atomique et qui utilise un double langage pour obtenir l'aide américaine moyennant de faux efforts pour éradiquer Al Qaida.<br />
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Le seul moyen de sortir du bourbier afghan, c'est d'abandonner l'approche ethnique, qui est une manière de regarder en arrière et qui enferme l'Afghanistan dans un cloisonnement tribal dépendant de l'aide extérieure. Alors que, si on abandonnait cette approche ethnique au profit d'une approche socio-économique en accordant de plus en plus d'importance aux forces dynamiques du pays, on se rendrait compte que la société afghane est une société agraire et que dans cette société-là, depuis la nuit des temps, la paix sociale est la résultante de la complémentarité entre nomades et paysans. Pour atteindre cet objectif, il faut réviser la stratégie de reconstruction. C'est en «afghanisant» l'économie qu'on réalisera le projet de paix et l'afghanisation politique de l'Afghanistan.<br />
<br />
Faut-il rappeler que, tout au long de son histoire, à chaque époque où il y avait des problèmes de famine, les chefs faisaient la guerre soit pour éliminer quelques bouches à nourrir, soit pour étendre leurs territoires et piller les ennemis. Cette pratique ne peut plus avoir cours aujourd'hui. Par contre, reconstruire les institutions pour amener des réformes afin que les nomades dans les déserts et les paysans dans les vallées puissent vivre est un projet d'avenir. Il est temps que l'afghanisation passe par l'économie et la création de la suffisance alimentaire en Afghanistan. Si le paysan ne travaille pas la terre, si le nomade n'exploite pas les ressources rares du désert, le pays tombe dans la dépendance économique et la gratuité. <br />
<br />
Le côté pervers de l'aide internationale n'est pas uniquement que l'individu devient consommateur d'une aide gratuite mais aussi que le chef devient également un prédateur de l'aide au lieu d'être un gestionnaire d'un projet politique. <br />
Dès qu'on parle d'aide, les experts utilisent la facilité de l'urgence et l'injection de millions de dollars pour résoudre les problèmes immédiats. C'est une pratique perverse. Il faut avoir l'audace de critiquer cette aide qui fait des Afghans des consommateurs d'école, d'électricité, d'aide à l'agriculture, de santé...<br />
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<b>Ce sont les ONG qui font le travail de l'État.</b><br />
Jusqu'à quand les ONG et les institutions internationales vont-elle vacciner une population qui n'a pas d'état civil en se contentant de marquer à la chaux sur le mur en torchis d'un village le signalement de leur passage? Quelle plume faut-il avoir pour pouvoir écrire l'inutilité d'un vote qu'un électeur glisse dans une urne au nom de la démocratie en mettant son doigt dans une encre indélébile alors qu'il n'a pas de carte d'identité?<br />
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La reconstruction de la paix comme de l'économie a besoin de rationalisation, d'audace, d'invention de nouvelles méthodes, de neutralisation des chefs de guerre. Si la communauté internationale qui finance, qui arme, qui donne à manger à la population n'est pas en mesure d'expliquer aux chefs que la poursuite de l'aide dépendra de la manière dont ils s'occupent de la population et de son indépendance politique et économique, à quoi a servi la présence d'armées internationales et la mort de jeunes gens dans ce pays?<br />
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Négocier avec les talibans avant qu'ils soient vaincus est un acte politique porteur du germe de guerre civile dans le pays.<br />
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<b> Habib Haider </b><br />
24.06.11<br />
<span style="font-size: x-small;"><u>Notes:</u></span><br />
<span style="font-size: x-small;">(1) Liste noire dont des noms disparaissent d'ailleurs au gré des négociations...</span><br />
<span style="font-size: x-small;">Source: mediapart </span> <span style="font-size: x-small;"> </span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-41937188464057411212011-06-30T06:07:00.000+02:002011-06-30T06:07:00.432+02:00La constitution du Maroc et le Cèdre de l'Atlas<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.itsforyoutours.com/library/images/Circuits/Trek/Toubkal/GTM_22j/Agouti_Its4youtours_agadir_Maroc.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="150" src="http://www.itsforyoutours.com/library/images/Circuits/Trek/Toubkal/GTM_22j/Agouti_Its4youtours_agadir_Maroc.jpeg" width="200" /></a></div><strong><span style="color: #cc0000;">De robustes fougères s’agrippent et enserrent des roches fendues, suintantes et revêtues de mousse aux couleurs de feu. Cistes et lauriers abondent et n’exhalent que peu à cette heure où le chemin escarpé s’escalade à la première aube. Thym, asphodèles et flouve odorante accompagnent le buis puis s’épuisent à l’entrée de la futaie. Immenses, majestueux et solitaires. À leurs pieds, leurs épines. À la population des cèdres du Moyen Atlas, entre Azrou, Ain Leuh et les sources de l’Oum Al Rabii, seul convient un hommage silencieux.</span></strong><br />
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Une colonie de singes magots peut venir quémander ou chaparder avec insolence puis détaler non sans lancer quelques cris railleurs. Ici la forêt est moins dense, ses augustes personnages peuvent avoir un port de 50 mètres et se contemplent en léger retrait. Puis une trouée et une vaste clairière. Des rondins de bois solidement assemblés de main d’homme constituent une plateforme. Lieu d’où les invités de la chasse royale à l’abri et parvenus jusques là dans des jeeps de l’armée tiraient le sanglier rabattu en amont et piégé par un découvert sans issue.<br />
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Ici était reçu Shimon Pérès, actuel Président de l’entité sioniste par le roi Hassan II. Ici se sont préparées les étapes qui ont conduit à la signature de paix de Camp David entre Anouar Sadate et Menahim Begin.<br />
Hassan II aura été l’initiateur de l’idée auprès des États arabes d’une paix juste et globale au Moyen Orient incluant l’OLP présidée par Arafat et l’occupant sioniste et son infatigable militant. Son philosémitisme très appuyé, il le devait à une croyance profonde. Une protection estampillée par Israël lui épargnerait une nouvelle tentative de renversement. Les essais avortés de 1971 puis de 1972 avaient eu la validation de la CIA incarnée (déjà) dans le personnel de l’ambassade US à Rabat. <br />
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La chasse royale est désertée depuis des décennies. Les boulevards gravillonnés taillés dans la cédraie qui conduisaient les hôtes de marque depuis la route goudronnée au site même d’un exercice sans risque de rater la cible restent les cicatrices toujours déshabitées de cette époque.<br />
<br />
<strong>Époque révolue ?</strong><br />
En mars 2009, la rupture diplomatique décidée par le Maroc avec l’Iran a été une mesure disproportionnée avec les motifs allégués. Le prétendu prosélytisme chiite auprès de la communauté marocaine à l’étranger et sur le sol national est une fiction élaborée dans une piètre officine. Les sectes évangélistes étasuniennes très actives depuis une bonne décennie abondent et prospèrent dans les médinas, habitent chez l’habitant, ne semblent pas gêner pas les autorités religieuses du pays. Il est vrai qu’elles ne séduisent pas les Marocains. Même démunis, ils tiennent à leur foi. L’usage qu’ils ont des prénoms Hassan ou Nasrallah pour leurs enfants vient en gratitude pour la victoire de 2006 du Hezbollah sur la désormais non invincible armée d’occupation.<br />
<br />
En mars 2009, Tzipi Livni a dû annuler un séjour au Royaume-Uni pour échapper à un mandat d’arrêt émis à son encontre par un juge britannique. Elle faisait partie du gouvernement qui avait commis la nouvelle expédition punitive meurtrière sur le million et demi d’assiégés de Gaza décembre 2008-janvier 2009. En novembre de la même année, elle est reçue en grandes pompes par le fils du ministre des Affaires Étrangères du Maroc, président d’un Institut de coopération Amadeus créé dans le sillage du projet mort-né de l’Union pour la Méditerranée et soutenu financièrement par celle-ci même. <br />
<br />
Le Maroc ne s’offusque guère quand des militants sionistes nantis travaillent ouvertement depuis son territoire pour leur cause et ne trouve rien à objecter qu’un homme d’affaire veuille faire admettre à la justice marocaine l’équation de l’Anti-Defamation League qui fait passer la lutte contre le sionisme (voler un territoire et en chasser les occupants) pour un racisme. (1)<br />
Il tolère, plein de clémence.<br />
<br />
La mention dans le discours royal du 17 juin 2011 (2) annonçant le référendum pour la Nouvelle Constitution d’une langue hébraïque comme composante historique de la culture marocaine a pu dans un premier temps évoquer une bévue, de la hauteur de celle du Président de la République de France qui a porté à la connaissance de son auditoire l’existence d’une langue et d’une culture koufiques. La religion juive fait partie du patrimoine de toute la zone méditerranéenne, elle est l’un des sédiments multiples de la terre marocaine. Mais les juifs marocains ont parlé amazigh puis arabe mais jamais l’hébreu. Qu’il n’y ait nulle trace relevable de cette langue parmi les anciennes tribus juives du Tafilalet aux traditions étroitement conservées affermit la thèse reprise par l’auteur de <em>L’invention du peuple juif</em>, Shlomo Sand. Il n’y a pas eu d’exode significatif depuis la Palestine à aucun moment de l’histoire. L’expansion de la religion juive, limitée puis contrariée par celle du christianisme, est liée à des conversions obtenues par des éléments qui pratiquaient un prosélytisme fervent.<br />
<br />
Comment passer outre cette erreur nourrie de l’inculture diffusée par le discours ambiant puisqu’elle converge vers le projet politique sioniste qui revendiquera bientôt non seulement l’aire entre le Nil et l’Euphrate mais bientôt jusqu’à l’Atlantique?<br />
<br />
L’erreur devient une faute grave, elle est réitérée dans le Préambule du projet de Constitution du Maroc et on l’y retrouve dès le troisième paragraphe: <em>«Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen.»</em> (3)<br />
<br />
La Constitution soumise au peuple marocain comporte une autre complaisance grave aux inventions discursives occidentales. Dans son article Premier, il est énoncé que la nation s’appuie sur la religion musulmane modérée pour réaliser son unité. Le dogme de cette religion est simple, il est admis ou non, et il n’y a pas d’intensité pour lui marquer son adhésion. Il existe des interprétations des textes sacrés certes, ayant donné lieu à des écoles d’exégèse multiples tout au long des 1400 ans de son existence, mais pas d’échelle établie de zéro à cent ou dix pour les qualifier.<br />
<br />
Dans l’attente d’une définition de l’Islam modéré exigible auprès des rédacteurs de ce texte, fournie sans doute dans le kit des penseurs à poitrail dénudé et chevelure artistiquement décoiffée (4), il est à souhaiter que le peuple ne lui réserve ni acquiescement ni même refus. Ses approximations, incorrections, inexactitudes pointées dès ses premières lignes corroborent l’idée qu’il a été conçu selon des compétences très modestes d’abord en français (5), langue semi-officielle, avant d’être traduit pour la consommation locale.<br />
<br />
Laquelle Constitution, adoptée ou non, ne réglera en rien les problèmes du devenir économique et des immenses disparités sociales qui fragmentent le pays. Le problème se pose d’abord dans les termes d’une sous-économie de services ancillaires et de braderie touristique dominée et précaire dans le contexte de la globalisation. Les constructeurs d’un Maroc vrai et non halluciné doivent se mobiliser contre la mutation financière d’une économie largement mondialisée depuis le 19è siècle. Il n’est aucune vertu thérapeutique magique à l’incantation des mots droits politiques inscrits et démocratie. Comme ses augustes cèdres, d’un bois imputrescible, le Maroc fera glisser entre ses ramures ce vent mauvais.<br />
<br />
Nul besoin d’aller plus avant, Préambule et Article I se ressentent des effets Foxman et BHL. Le fondement est falsifié, les deux perles de l’islam modéré et de l’hébraïté marocaine suffisent à disqualifier ce montage grossier de copié-collé.<br />
<br />
Les tribus magots se raréfient en lisière, se marginalisent. Leur vivacité et vélocité sont la partition touffue et blonde qui anime d’un trait espiègle et vif le peuple solennel des cèdres. Ils signifieraient tout justement à l’inopportun Shimon Pérès que la langue hébraïque n’a jamais élu domicile (6) dans le pays barré de ce géant Atlas. Il n’est pas le bienvenu. Lui qui reconnaît un terme (7) à l’aventure criminellement utopique de l’effacement d’un peuple et d’une réalité au profit d’un viol et d’un piètre rafistolage de l’histoire.<br />
Israël ne se sauvera pas lui-même de lui-même.<br />
Un procureur de la République de France n’a pas requis de peine (8) contre un mouvement qui revendique le boycott du régime de Tel Aviv.<br />
Les citoyens du monde mettent au ban une aberration co-substancielle à la déstabilisation de toute la zone et bien au-delà où elle a voulu s’implanter.<br />
<br />
<strong> Badia Benjelloun </strong><br />
26.06.11<br />
<u><span style="font-size: x-small;">Notes:</span></u><span style="font-size: x-small;"> </span><br />
<span style="font-size: x-small;">1) "A la demande d'un homme d'affaires israélien résidant à Essaouira, la justice marocaine sommée d'assimiler l'antisionisme à l'antisémitisme", Ibn Kafka, 15 août 2010. </span><br />
<span style="font-size: x-small;">2) "Le roi Mohammed VI annonce un référendum populaire pour le 1er juillet sur le projet de nouvelle constitution", Atlas Info, 18 juin 2011. </span><br />
<span style="font-size: x-small;">3) Constitution marocaine, Bladi.net </span><br />
<span style="font-size: x-small;">4) BHL dispose d’une résidence à Marrakech. À Tanger également. </span><br />
<span style="font-size: x-small;">5) "La constitution a été écrite en arabe puis traduite en français", Bladi.net, 20 juin 2011 </span><br />
<span style="font-size: x-small;">6) L'Université Al-Karaouine, fondée à Fes en 859, la plus ancienne du monde toujours en activité.</span><span style="font-size: x-small;"><br />
</span><span style="font-size: x-small;">http://www.kcgrupp.ee/maroko/?content=135>ici </span><br />
<span style="font-size: x-small;">7) "Israël menacé dans son existence, mais par lui-même", De Defensa.org, 20 juin 2011 </span><br />
<span style="font-size: x-small;">8) "Au procès d'Olivia Zémor : la procureure refuse de requérir la condamnation", Capjpo-Europalestine, 20 juin 2011</span><br />
<span style="font-size: x-small;">Source: ism-france </span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-60090365662628289742011-06-29T06:05:00.000+02:002011-06-29T06:05:00.194+02:00Maroc: pour ou contre la nouvelle Constitution?<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://files.bladi.org/IMG/arton31617.jpg?1308361172" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="150" src="http://files.bladi.org/IMG/arton31617.jpg?1308361172" width="200" /></a></div><br />
<br />
<b><span style="color: #cc0000;">Depuis le début des révoltes, révolutions et mouvements sociaux qui ont cours dans les pays arabes, les Marocains vont être les premiers à se prononcer sur une nouvelle Constitution.</span></b><br />
<br />
En effet, la commission ad hoc, composée de manière discrétionnaire par le roi Mohammed VI à l’issue de son discours du 9 mars dernier, a rendu son projet de révision de la Constitution (lire le texte intégral ici [1]) qui a été validé par le Palais. Le monarque a par ailleurs annoncé, dans son discours du 17 juin, que ce projet sera soumis à référendum le 1er juillet, soit tout juste deux semaines après avoir été rendu public. Il a appelé les Marocains à voter favorablement au texte proposé et a invité les partis politiques à s’engager pour appeler à voter pour ce projet. Mais en fait qu’en est-il sur le fond?<br />
<br />
La plupart des responsables politiques marocains, répétant ce que le roi a autoproclamé d’<i>«historique»</i>, qualifient ce projet d’<i>«historique»</i>, présentant des avancées très importantes. Au-delà de ces commentaires, attardons-nous sérieusement sur le contenu du texte.<br />
<br />
<b>Le contexte de la nouvelle Constitution soumise à référendum</b><br />
Tout d’abord, rappelons que ce projet de Constitution n’est pas une initiative spontanée du roi, mais une concession de ce dernier face à la pression de la rue et des premières manifestations du 20 février. En effet, il suffit de constater que Mohamed VI est roi depuis juillet 1999 et qu’il n’a jamais initié, avant le 9 mars 2011, la moindre révision constitutionnelle. Il a donc cédé à la pression et il ne faudrait pas que la monarchie récupère ou s’attribue cette «avancée», alors qu’elle l’a essentiellement subie. Par ailleurs, rappelons que la voie retenue par le roi pour réviser la Constitution n’est pas un modèle de processus démocratique: Mohammed VI a en effet écarté la voie de l’élection d’une Assemblée constituante au suffrage universel pour lui préférer un mécanisme lui permettant de contrôler étroitement le processus de révision de la Constitution. Il a préféré créer une commission ad hoc restreinte, dont il a choisi de façon discrétionnaire tous les membres, et dont il a fixé la feuille de route. Plus lente mais plus légitime, l’élection d’une Assemblée constituante aurait été préférable.<br />
<br />
<b>Des avancées réelles en matière d’énonciation des droits de l’homme</b><br />
Le texte consacre plus de vingt articles à la question. Les principales avancées portent sur l’interdiction tacite de la peine de mort puisque le texte consacre le <i>«droit à la vie»</i> comme étant <i>«le premier droit de tout être humain»</i> et que <i>«la loi protège ce droit»</i>, la prohibition formelle de la torture et des traitements dégradants et portant atteinte à la dignité, les droits fondamentaux en matière d’arrestation et de détention, avec le droit de connaître les motifs de l’arrestation et de la détention, le droit de recours de chacun, dans le cadre d’un procès, devant la Cour constitutionnelle pour faire annuler une loi qui <i>«porte atteinte aux droits et libertés garantis par le Constitution»</i>, les droits de la défense dans le cadre d’un <i>«procès équitable»</i> qui doit se dérouler dans un <i>«délai raisonnable»</i>.<br />
<br />
Le texte organise également des institutions et des mécanismes pour promouvoir et veiller au respect des droits de l’Homme en instituant un Conseil national des droits de l’Homme et un Médiateur. Si l’énonciation et l’affirmation de ces droits est certainement une avancée importante, il faut cependant rester vigilant quant aux lois qui devront assurer leur mise en œuvre. En effet, la tentation sera certainement grande, chez certains, de faire en sorte que les lois de mise en œuvre de ces droits prévoient des mécanismes ou des conditions d’exercice de ces droits tels qu’ils ne seront pas effectifs!<br />
<br />
Il sera en effet difficile de faire cesser les réflexes autoritaires et arbitraires de la police et du makhzen, de faire cesser les passe-droits dont ils font régulièrement usage, et de leur faire renoncer à la torture, aux arrestations et détentions arbitraires, aux écoutes illégales, etc. Comment ceux qui ont été les commanditaires et les auteurs de violences, d’arbitraires, de délits d’initié, d’actes de corruption - qu’ils soient en haut de la pyramide ou en bas de celle-ci - vont, du jour au lendemain, devenir des personnes respectueuses des droits de l’Homme? La simple énonciation des droits de l’Homme dans la Constitution ne permettra pas de garantir des comportements vertueux.<br />
<br />
Le projet de nouvelle Constitution apporte par ailleurs trois autres avancées positives:<br />
1. la reconnaissance du berbère comme langue officielle, bien que cela n’ira pas sans difficulté de mise en œuvre (obligation de traduire toutes les lois dans cette langue avec le risque de différences d’interprétation d’un même texte, jugements rendus également dans cette langue, ensemble des actes administratifs en deux langues etc. );<br />
2. l’affirmation de l’égalité homme-femme, bien que le discours du roi du 17 juin laisse planer une ambigüité en affirmant que cette égalité se fait <i>«dans le respect des dispositions de la Constitution, ainsi que des lois inspirées de la religion musulmane»</i> (l’égalité homme-femme butera-t-elle sur la règle religieuse prévoyant qu’en matière de succession, une femme hérite de la moitié de ce qu’hérite un homme?);<br />
3. et enfin, l’ouverture à des mécanismes de démocratie participative (droit des citoyens de faire des propositions de loi pouvant être reprises par les partis politiques ou les groupes parlementaires et droit de pétition).<br />
<br />
<b>Un texte qui ne propose pas un régime politique démocratique</b><br />
Le progrès certain qu’offre ce projet en matière d’énonciation des droits de l’Homme ne doit pas cacher les insuffisances majeures en matière d’institutions et de fonctionnement politiques démocratiques.<br />
<br />
<b>Un roi qui continue de gouverner et de disposer de pouvoirs exécutifs exorbitants </b><br />
Au terme du projet proposé, le roi règne, mais gouverne aussi, tout en bénéficiant d’une immunité totale puisque sa personne <i>«est inviolable, et respect Lui est dû»</i>. Ainsi, manifestement, le roi a droit à un respect supérieur à celui auquel ont droit les autres Marocains. Certes, auparavant sa personne était en plus <i>«sacrée»</i>, faisant de lui un monarque de droit divin!<br />
<br />
Le pouvoir du roi s’étend sur le gouvernement: s’il ne dispose plus de la liberté totale de choisir son chef, puisqu’il doit le choisir au sein du parti politique arrivé en tête aux élections législatives, il nomme les ministres qui lui sont proposés par le chef du gouvernement. Ce qui obligera ce dernier à négocier avec le roi le choix des ministres. Cela sera particulièrement vrai des ministres de la défense, du culte, de l’intérieur, de la justice, des affaires étrangères et de l’économie.<br />
<br />
Cet ascendant du roi sur le gouvernement est d’autant plus réel qu’il peut de façon discrétionnaire révoquer chacun des ministres sans l’accord du chef du gouvernement. Dès lors, une fois nommés, les ministres verront dans le roi leur chef véritable puisque leur maintien en fonction dépendra de ce dernier, étant précisé que le chef du gouvernement ne pourra révoquer ses ministres sans l’accord du roi.<br />
<br />
Par ailleurs, le roi dispose du pouvoir exclusif en matière religieuse et en matière militaire puisque non seulement il <i>«est chef suprême des forces armées royales»</i> mais en plus il <i>«nomme (seul) aux emplois militaires»</i>. Le pouvoir de nomination du roi s’étend aux autres domaines: sur proposition du chef du gouvernement, il nomme les walis et gouverneurs (préfets), les directeurs d’administrations chargées de la sécurité intérieure (c’est-à-dire la police, les renseignements généraux, la gendarmerie etc.), les ambassadeurs (étant précisé que c’est lui qui signe les traités internationaux et qui accrédite les ambassadeurs), le directeur de la banque centrale, mais aussi les <i>«responsables des établissements et entreprises stratégiques»</i> (ce qui vise, concrètement, la Caisse des dépôts marocaine puisqu’il s’agit d’un établissement stratégique.<br />
<br />
C’est aussi lui qui nomme les dirigeants des grandes entreprises marocaines telle que l’OCP, la RAM, ou encore les directeurs des établissements de mise en œuvre de la politique du tourisme puisque ce secteur est, au Maroc, stratégique etc. De plus, en présidant le conseil des ministres, le roi aura son mot à dire notamment sur la loi de finance annuelle puisque, avant d’être soumise au Parlement, elle devra être délibérée d’abord en conseil des ministres. Par ailleurs, en matière de justice, la nomination des magistrats ne peut se faire sans son approbation: il préside le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et dispose, de manière discrétionnaire, du droit de grâce.<br />
<br />
En substance, sont de son ressort exclusif ou quasi-exclusif, l’armée, la police, le champ religieux et les affaires étrangères. Il a par ailleurs la haute main sur la magistrature, ainsi qu’un droit de regard certain sur le champ économique! En revanche, le projet proposé est muet sur la limitation de l’intervention du roi et de la famille royale dans l’économie. Prévoir un encadrement de cet interventionnisme serait de bon aloi.<br />
<br />
Au-delà du gouvernement et de l’administration, le roi va pouvoir également exercer son ascendant sur le Parlement par deux leviers: il dispose de la faculté discrétionnaire de dissoudre le Parlement et il peut, avant sa promulgation, demander la relecture d’une loi votée. Rappelons que les parlementaires ne peuvent émettre une opinion qui <i>«met en cause la forme monarchique de l’Etat, la religion musulmane ou qui constitue une atteinte au respect dû au roi».</i><br />
<br />
<b>Un exécutif et un gouvernement encore trop faibles</b><br />
Face à un roi qui demeure puissant, le chef du gouvernement apparait faible et dépendant. Il est dépendant de la confiance que doit lui donner le Parlement, mais surtout il doit son maintien au roi, puisque ce dernier peut le révoquer ou révoquer un ou plusieurs ministres individuellement. Le pouvoir de nomination du gouvernement est restreint puisqu’il dépend, dans de nombreux domaines, du roi! Par ailleurs, son pouvoir de créer une norme juridique a été restreint car, le champ des questions qui relèvent de la loi a été étendu.<br />
<br />
Le conseil de gouvernement, présidé par le chef du gouvernement, est une nouvelle instance qui a une double fonction: d’une part, préparer les questions qui relèvent du conseil des ministres présidé par le roi, et, d’autre part, traiter les questions qui relèvent du gouvernement, c’est-à-dire les nominations dont le roi ne veut pas connaître, les décrets d’application des lois, et les projets de lois à soumettre au Parlement (sous réserve que certains doivent d’abord être validés par le conseil des ministres), décliner en politiques sectorielles la politique générale et stratégique définie en conseil des ministres, puis enfin, prendre position sur des questions d’actualité notamment en matière de droit de l’Homme. Enfin, si le projet de Constitution lui donne le pouvoir de <i>«superviser l’action des entreprises et des établissements publics»</i> ,il aura du mal à exercer ce pouvoir sur les administrations, établissements et entreprises publics dont les directeurs seront nommés par le roi!<br />
<br />
<b>Un Parlement dominé</b><br />
Si le domaine de la loi est étendu, ce qui renforce a priori le rôle du Parlement, d’autres dispositions du projet viennent en partie annuler cette extension. Bien que, concrètement, la menace soit rare, il peut être dissout par le roi. Par ailleurs, la souveraineté du peuple qu’il représente pourra constamment être discutée par le roi qui pourra demander la relecture (comprendre la révision) de toute loi votée par lui. De même, il n’est pas maître de son ordre du jour qui lui est imposé par le gouvernement. Certes, il dispose de la faculté de censurer le gouvernement par la voie d’une motion de censure. Enfin, on peut regretter que le texte ne prévoie aucun contrôle du Parlement sur les nominations du roi ou du gouvernement.<br />
<br />
<b>Une justice pas vraiment indépendante</b><br />
Les dispositions relatives à la justice ne permettent pas de dire que celle-ci est véritablement indépendante. S’il est affirmé que <i>«le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif»</i>, qu’<i>«est proscrite toute intervention dans les affaires de la justice»</i> et que, <i>«dans sa fonction judiciaire, le juge ne saurait recevoir d’injonction ou d’instruction, ni être soumis à une quelconque pression»</i>, d’autres dispositions relativisent ces déclarations. En effet, il est indiqué que <i>«les magistrats du parquet (..) doivent se conformer aux instructions écrites émanant de l’autorité hiérarchique»</i>, c’est-à-dire du gouvernement et du roi, puisque ce dernier approuve les nominations des magistrats et préside le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, lequel nomme les magistrats, gère <i>«leur avancement, leur mise à la retraite et leur discipline»</i>, étant précisé qu’au moins la moitié des membres de ce Conseil devront leur place au roi. Ainsi, un procureur sera tenu d’ouvrir une information ou de la clore s’il en reçoit l’instruction du gouvernement ou du roi.<br />
<br />
<b>Une liberté de pensée, d’expression et de la presse incertaine</b><br />
Certes, le projet affirme que l’opposition parlementaire dispose de «la liberté d’opinion, d’expression et de réunion», que <i>«sont garanties les libertés de pensée, d’opinion et d’expression sous toutes ses formes»</i>, que <i>«la liberté de la presse ne peut être limitée par aucune forme de censure préalable»</i> et que <i>«tous ont le droit d’exprimer et de diffuser librement et dans les seules limites expressément prévues par la loi, les informations, les idées et les opinions»</i>. Il n’en demeure pas moins que la loi peut limiter le droit à l’information, qu’il n’est pas possible d’émettre une opinion qui <i>«remet en cause la forme monarchique de l’Etat, la religion musulmane ou qui constitue une atteinte au respect dû au roi»</i> et qu’il conviendra de réformer le Code de la presse qui prévoit des peines de prison lourdes concernant des délits de presse mineur.<br />
<br />
En outre, le texte ne garantit pas la protection des sources des journalistes. Ainsi, cette liberté d’expression et de la presse reste à confirmer. Peut-on, par exemple, dire dorénavant, sans craindre la répression, qu’il n’est pas normal que le roi et la monarchie détiennent des sociétés qui interviennent massivement dans l’économie du pays? Peut-on, sans craindre des poursuites affirmer son désaccord sur les nominations de certaines personnalités par le roi? Peut-on écrire et dire qu’il faut réviser la Constitution pour restreindre les pouvoirs du roi?<br />
<br />
<b>Conclusion</b><br />
Sans nier certaines avancées non négligeables, notamment dans l’exposé des droits de l’Homme, il n’en demeure pas moins que, compte tenu des pouvoirs dont il dispose, le roi règne mais gouverne aussi, mais sans avoir à rendre de comptes, ce qui est contradictoire avec une démocratie où, par nature, celui qui dispose du pouvoir doit rendre compte de son pouvoir et doit être soumis à la critique et au contrôle. On est loin du modèle espagnol.<br />
<br />
Le problème que pose donc ce texte est le suivant: est-ce qu’une Constitution qui énonce et veut promouvoir les droits de l’Homme (sous réserve qu’ils soient effectivement mis en œuvre), mais qui n’offre pas des institutions et un fonctionnement politique démocratiques et qui n’offre pas une garantie absolue des droits de la presse et des médias, est véritablement une Constitution démocratique? Peut-on se contenter de ces avancées et remettre à plus tard, on ne sait pas quand, les réformes nécessaires pour enfin instaurer des institutions démocratiques?<br />
<br />
Dire <i>«non»</i> au texte proposé et prévoir l’établissement d’une constituante pour élaborer un nouveau texte d’ici la fin de l’automne est possible. Nous ne sommes pas à trois mois près! La Tunisie est sur cette voie. Pour conclure, une dernière interrogation: pourquoi organiser un référendum aussi vite après la publication du projet (15 jours) si ce n’est pour éviter au maximum, tout débat sur le texte soumis au vote!? Le processus <i>"démocratique"</i> commence mal!<br />
<br />
<b>Jad Siri </b><br />
Avocat marocain, juriste<br />
24.06.11<br />
<u><span style="font-size: x-small;">Notes:</span></u><br />
<span style="font-size: x-small;">[1] <a href="http://www.sidislimanecity.com/index.php/actualites/non-categorise/2117-texte-integral-de-la-nouvelle-constitution-marocaine-.html">http://www.sidislimanecity.com/index.php/actualites/non-categorise/2117-texte-integral-de-la-nouvelle-constitution-marocaine-.html</a> </span><br />
<span style="font-size: x-small;">Source: medelu</span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-14872097647694589612011-06-28T05:35:00.000+02:002011-06-28T05:35:00.157+02:00Peuples indignés partout autour du globe<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.cadtm.org/local/cache-vignettes/L500xH375/IMG_5347-2fac9.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="150" src="http://www.cadtm.org/local/cache-vignettes/L500xH375/IMG_5347-2fac9.jpg" width="200" /></a></div><b><span style="color: #cc0000;">Il faut le reconnaître, 2011 est une année riche en surprises et en événements particulièrement stimulants pour qui veut la construction d’un monde plus juste et plus équilibré écologiquement.</span></b><br />
<br />
<br />
Les révoltes populaires qui secouent la planète en sont indéniablement un exemple fort. Ce qui se déroule dans les rues européennes est sans nul doute une réponse appropriée aux besoins de changements ressentis par nombre de populations. Les manifestations de masse, les camps d’«indignad@s», les luttes syndicales contre des plans d’austérité imposés avec violence par des institutions non démocratiques (Commission européenne, FMI, BCE) et les banques privées se multiplient et gagnent en fréquentation. Un demi-million de personnes ont manifesté début juin à Athènes contre l’austérité avec aux lèvres des mots d’ordres bien précis: <i>«Dégagez»</i> et <i>«Ras-le-bol du FMI»</i> en tête. Ensuite, entre 100.000 et 250.000 personnes sont descendues dans les rues des plus grandes villes d’Espagne pour la manifestation internationale des indignés du 19 juin. Là encore les slogans ne laissaient planer aucun doute sur les revendications: <i>«Prenons la rue! Non au Pacte euro-plus! Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiques et des banquiers!»</i><br />
<br />
Cette manifestation internationale a pris place (parfois dans plusieurs villes simultanément) dans pas moins de 35 pays autour du globe: Argentine, Allemagne, Angleterre, Autriche, Belgique, Brésil, Canada, Colombie, Costa Rica, Danemark, Équateur, Espagne, États-Unis, France, Grèce, Irlande, Islande, Italie, Japon, Luxembourg, Mexique, Nicaragua, Norvège, Panama, Pays-Bas, Pérou, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Serbie, Slovaquie, Suède, Suisse, Turquie.<br />
<br />
C’est indiscutablement le début d’une période de luttes sociales de haute intensité. D’un côté une caste de privilégiés qui méprisent la démocratie et abusent d’un arsenal d’artéfacts financiers, politiques et juridiques pour imposer au monde leurs agendas (austérité, guerres, nucléaire, privatisation, capitalisme vert, etc. la liste est longue) et en face, les populations qui ne veulent plus être considérées comme de vulgaires consommateurs incapables de prendre des décisions justes, lucides et circonstanciées concernant les grands enjeux de notre époque et qui revendiquent une participation active à la prise des décisions qui concernent directement leur (sur)vie. Début d’une période où l’individu collectivise intensément ses avis et connaissances grâce à la toile. Avec l’avènement de l’Internet est née la possibilité, en constante augmentation, de pouvoir s’exprimer, appréhender de nouveaux savoirs, débattre en ligne. Ces nouvelles pratiques ne sont plus en adéquation avec l’acte de vote tous les quatre ou cinq ans de la démocratie représentative.<br />
<br />
C’est aussi le coup de fouet insufflé par les révolutions arabes qui participe à galvaniser les luttes en Europe. La théorie néoconservatrice de la guerre des civilisations post-11/9 a volé en éclat, pour le plus grand bien de l’humanité, lorsque les populations occidentales ont compris que les revendications au sud de la Méditerranée étaient les même qu’au nord de celle-ci: Dé-mo-cra-tie (réelle, maintenant!), autrement dit, le juste retour du pouvoir au peuple à qui la souveraineté a été dérobée durant des "décennies perdues" par la mainmise de ces mêmes institutions non démocratiques.<br />
<br />
La non-violence du mouvement ainsi que ses modes d’organisation autogérés, les assemblées populaires décentralisées par quartiers, l’horizontalité des discussions montrent une maturité dans les luttes aujourd’hui et engendrent l’espoir de grandes avancées émancipatrices pouvant conduire à une réelle amélioration des conditions de la vie sur terre. Parce qu’il semble que dans le train fou dans lequel le capitalisme, mais aussi les tenants du pouvoir, nous ont embarqués, les luttes en cours ressemblent furieusement aux toutes dernières stations avant le précipice.<br />
<br />
Le CADTM participe à ces luttes internationales, ses solutions radicales gagnent en popularité. En effet, l’audit des dettes publiques des États européens, idée considérée encore il y a peu comme une hérésie économique, est reprise par un nombre croissant d’organisations et de militant(e)s. Et c’est tant mieux car il est impossible de se sortir dignement de l’ouragan d’austérité qui balaye actuellement l’Europe sans remettre en cause la légitimité des dettes publiques et de répudier sans conditionnalités la part illégitime de celles-ci.<br />
<br />
Contre la dictature des marchés, pour une démocratie réelle maintenant, nous ferons plus que nous indigner, nous lutterons ensemble!<br />
<br />
<b>CADTM</b><br />
(Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers-Monde)<br />
22.06.11</div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-29264643035891809882011-06-27T05:12:00.018+02:002011-06-27T05:12:00.269+02:00Urgence pédagogique à l'attention des médias français<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.france-palestine.org/IMG/jpg/salah-2.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://www.france-palestine.org/IMG/jpg/salah-2.jpg" width="145" /></a></div><br />
<br />
<b><span style="color: #cc0000;">Face à l’indigeste tarte à la crème qui nous a été proposée ces derniers jours par l’ensemble des médias français, célébrant le <i>«triste anniversaire des 5 ans de détention du jeune soldat franco-israélien Gilad Shalit»</i>, il me paraît urgent de rappeler certains faits:</span></b><br />
<br />
<br />
<br />
- le prisonnier en question est un soldat. Capturé par la résistance palestinienne lors d’opérations dans la Bande de Gaza où il n’avait rien à y faire, sinon exercer comme ses compères, ses exactions à l’encontre de populations occupées;<br />
- rappel: qu’est-ce qu’un soldat? C’est un individu qui accepte une formation au combat et à la guerre. En d’autres mots, son apprentissage a pour objectif de tuer;<br />
- tout individu peut refuser d’effectuer son service militaire, en devenant objecteur de conscience, c’est donc le strict choix de ce soldat de le prester ou non, et donc, d’en subir les risques éventuels en connaissance de cause;<br />
- en-dehors de faire l’apologie du service militaire et de celles et ceux qui s’y soumettent, je ne vois pas très bien le but de ces relais médiatiques, sauf à penser que l’Etat français et les médias qu’il contrôle, sont singulièrement complices de soutien à l’apartheid contenu, mis en place et vérifié chaque jour dans l’idéologie sioniste.<br />
<br />
D’autre part et dans le même ordre, pourquoi donc ces mêmes médias ignorent-ils le sort réservé à un autre jeune, Salah Hamouri, franco-palestinien? Celui-ci a été capturé par les forces armées israéliennes pour motif qu’il contestait l’occupation de son pays, appartenait au FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine), et <i>«aurait eu le projet d’un attentat»</i>. Pour plus de détails, voir: <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Salah_Hamouri">http://fr.wikipedia.org/wiki/Salah_Hamouri</a><br />
<br />
Loin d’être un soldat, ce civil croupit depuis mars 2005 dans les geôles israéliennes et y purge une peine de 14 ans ramenée à 7 ans, mais là, aucun média ne s’en fait le relais. Encore et toujours, nous pouvons constater le deux poids, deux mesures dans le traitement de l’information et par ricochet, dans celui de la justice…<br />
<br />
Par ailleurs, faut-il rappeler la réalité des prisons israéliennes où croupissent depuis des années près de 10.000 prisonniers palestiniens? Faut-il rappeler que s’y trouvent des femmes qui y ont accouché de leur bébé dans des conditions infra-humaines; que s’y trouvent de nombreux mineurs; ainsi que des mandataires politiques arrêtés pour le simple fait d’appartenir au parti Hamas; et qu'il s'y pratique la torture? Et qu’en disent nos médias si prompts à ériger en icône l’effigie d’un soldat ? Rien.<br />
<br />
Ainsi, le très sioniste maire de Paris qui a refusé de nommer Salah Hamouri en tant que citoyen d’honneur de la ville de Paris à l’instar du soldat Shalit, peut bien afficher en long et en large la photo du soldat fait prisonnier par la résistance palestinienne, je n’oublie ni ne confonds jamais les plans et sais me rappeler qui occupe brutalement l’autre depuis plus de 63 ans.<br />
<br />
Dès lors, excusez-moi du peu, mais je me fous que la détention de ce soldat se poursuive encore quelques années supplémentaires. Il a choisi de participer à la machine de guerre israélienne et d’occupation de terres palestiniennes, il contrevient d’ailleurs ainsi aux différentes résolutions de l’ONU, qu’il en assume les conséquences. Et que les médias franco-sionistes revoient donc leur copie !<br />
<br />
<b>Daniel Vanhove</b><br />
Observateur civil<br />
Auteur<br />
26.06.11</div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-90050794297248312932011-06-26T05:56:00.047+02:002011-06-26T05:56:00.446+02:00L'économie mondiale s'enfonce dans la dépression<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.decideurstv.com/wp-content/uploads/2008/11/fleche-baisse4.png" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://www.decideurstv.com/wp-content/uploads/2008/11/fleche-baisse4.png" width="200" /></a></div><span style="color: #cc0000;"><strong>2 ans et demi après le crash financier de 2008 et 2 ans après la fin officielle de la récession américaine, aucun des problèmes fondamentaux qui ont plongé l'économie mondiale dans la pire dépression depuis les années '30 n'a été résolu. Au contraire, la reprise économique anémique a des ratés, les taux de croissance ralentissent dans la plupart des pays, et le système financier oscille à nouveau au bord du gouffre. </strong></span><br />
<span style="color: #cc0000;"><strong> </strong></span><br />
<br />
La reprise de la montée du chômage aux États-Unis, accompagnée par une nouvelle baisse du prix des logements et des ventes, ainsi que d'une réduction de la production, est l'expression la plus aiguisée d'une tendance mondiale. Le dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales de la Banque mondiale, publié le 7 juin, prévoit une croissance économique plus lente pour toutes les régions du monde à l'exception de l'Afrique sub-saharienne pour cette année et la suivante. La Banque estime que l'économie mondiale va croître de seulement 3,2% cette année, ce qui est remarquablement inférieur au taux déjà modeste de 3,8% de 2010.<br />
<br />
L'économie américaine est censée croître à un taux bien maigre de 2,6% cette année et restera sous les 3% jusqu'en 2013 au moins. Cette barre à 3% est celle qu'il faudrait dépasser pour avoir un effet notable sur le taux de chômage officiel des États-Unis, lequel approche des 10%.<br />
<br />
Encore plus inquiétant, la Banque croit que le taux de croissance des pays en voie de développement – la Chine, l'Inde, le Brésil, etc. – tombera à 6,3% durant l'année 2013, soit un pour cent en dessous du taux de 2010. Ce sont ces pays qui ont largement contribué à la croissance mondiale depuis la débâcle financière des pays développés.<br />
<br />
Ces sombres projections ne prennent pas en compte les données de mai qui indiquent une décélération marquée de la croissance aux États-Unis, en Europe, au Japon, en Chine et en Inde. <br />
<br />
Les jours derniers ont vu la prolifération des avertissements de la part des économistes bourgeois sur le danger d'un retour à la croissance négative – ce que l'on appelle une <em>"récession à double creux"</em>. Laurence Summer, qui fut directeur du Conseil économique national d'Obama jusque fin 2010, a publié un article le 13 juin dans le Washington Post et le Financial Times dans lequel il mettait en garde ses lecteurs sur le fait que les États-Unis <em>«sont maintenant à mi-chemin de perdre les bénéfices des dix dernières années»</em>. Il a noté qu'entre 2006 et 2011, la croissance économique américaine s'établissait à moins de 1% par an, autant que le Japon <em>«à l'époque où sa bulle a éclaté».</em><br />
<br />
Le professeur Nouriel Roubini de l'Université de New York a prévenu cette semaine de l'arrivée d'une <em>«tempête parfaite»</em> incluant un déficit budgétaire aux États-Unis, un ralentissement en Chine, des défauts de paiement de la dette en Europe et une stagnation au Japon. La Chine pourrait être confrontée à un <em>«atterrissage brutal»</em> après 2013, selon lui, en raison d'une surcapacité des investissements fixes est des faillites de banques.<br />
<br />
La crise économique a été précipitée par une orgie de spéculation, dans laquelle les limites entre l'activité financière normale et la criminalité consciente ont été largement effacées. Pourtant, le souci premier des politiques gouvernementales dès le départ a été de protéger la richesse de l'aristocratie financière. À cette fin, les trésoreries nationales ont été pillées pour couvrir les dettes de jeu des banquiers. <br />
<br />
Les renflouements à plusieurs milliers de milliards de dollars ont inauguré le plus grand transfert de richesses du bas de la société vers le haut dans toute l'histoire humaine. Cela a immensément aiguisé les tensions sociales et enclenché une nouvelle période de troubles révolutionnaires. <br />
<br />
Les premiers d'entre eux ont déjà été observés cette année dans les soulèvements révolutionnaires en Tunisie et en Égypte, l'intensification de la résistance de la classe ouvrière en Grèce et dans d'autres pays européens, et les manifestations de masse des ouvriers au Wisconsin. La bourgeoisie n'a été capable de piller la trésorerie publique qu'en vertu du rôle traître des syndicats et de leurs alliés dans la "gauche" pseudo-socialiste afin de saper et d'étrangler l'opposition de la classe ouvrière. <br />
<br />
L'augmentation rapide de l'endettement des Etats résultant des renflouements n'a fait que saper encore plus la solvabilité à long terme des banques, puisqu'elles se retrouvent avec des dizaines de milliards de dollars en emprunts étatiques dont la valeur s'est effondrée. <br />
<br />
La réaction universelle de la bourgeoisie et de ses gouvernements de toutes sortes – qu'ils soient conservateurs, libéraux ou "socialistes" – est de faire peser le coût total de la crise sur le dos de la classe ouvrière. Leur objectif n'est rien de moins qu'une contre-révolution sociale – l'effacement de tous les acquis sociaux obtenus au cours du dernier siècle et la réduction de la classe ouvrière à l'état de pauvreté et de désespoir. <br />
<br />
Mais loin de résoudre la crise financière, tous leurs efforts n'ont fait que l'approfondir. Un an après avoir reçu un prêt de 110 milliards d'euros lié à des mesures d'austérité brutales, la Grèce est plongée dans une profonde récession, qui a sapé les rentrées d'argent de l'Etat et intensifié la crise de la dette. Maintenant, en échange d'un nouveau prêt, le gouvernement social-démocrate impose des coupes encore plus profondes ainsi qu'une liquidation des biens publics. <br />
<br />
Ce cercle vicieux, qui est reproduit en Irlande, au Portugal, en Espagne et dans d'autres pays très endettés, entraîne inévitablement des défauts de paiement et une nouvelle crise financière. <br />
<br />
Aucun banquier important n'a été poursuivi devant les tribunaux pour cet énorme montage pyramidal qui a été créé sur la base de prêts immobiliers de deuxième choix et d'autres garanties douteuses. Les grandes banques n'ont pas seulement échappé à la nationalisation et au partage judiciaire, elles ont eu le droit d'augmenter leur pouvoir monopolistique. Aucune réforme sérieuse n'a été instituée, ce qui a permis à ces banques de reprendre leur spéculation sans fin et d'engranger des profits records, tout en accordant à leurs dirigeants de bonus plus élevés que jamais. <br />
<br />
Le marché déréglementé des produits dérivés, qui a joué un rôle central dans la débâcle financière, opère toujours de plus belle. Des millions sont engrangés sur un marché en effervescence sur les permutations de l'impayé [credit default swaps en anglais ou CDS], c'est-à-dire en pariant sur la probabilité qu'un Etat ne puisse pas rembourser ses dettes.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div>Se prononçant contre toute restructuration de la dette grecque, Mario Draghi, ex-gouverneur de la Banque d'Italie, qui devrait être le prochain président de la Banque centrale, a déclaré au Parlement européen la semaine dernière: <em>«Qui sont les détenteurs de permutations de l'impayé? Qui a assuré les autres contre une cessation de paiement du pays? Nous pourrions avoir une réaction en chaîne»</em>.<br />
<br />
Le déclin du niveau de vie de la classe ouvrière et la concentration accrue de la richesse en haut de la société, sont résumés dans un graphique édifiant publié par le ministère du travail des États-Unis qui montre que la part du revenu national du pays allant aux travailleurs a atteint un record vers le bas. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.wsws.org/francais/images/2011/berl-j22-001.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="177" src="http://www.wsws.org/francais/images/2011/berl-j22-001.jpg" width="320" /></a><a href="http://www.wsws.org/francais/images/2011/berl-j22-001.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"> </a></div><br />
<br />
<br />
<br />
<span style="color: #cc0000;"><span style="font-size: x-small;">Part du travail dans le revenu national des États-Unis<br />
Source: ministère du travail, bureau des statistiques.</span></span><br />
<br />
<br />
Ce graphique montre que ce déclin – une tendance générale qui remonte aux années 1980 – s'est remarquablement accéléré à partir de 2000. Ce qui est le plus significatif est le fait que la part des travailleurs dans le revenu national est tombée encore plus vite durant la prétendue "reprise" qui a commencé en juin 2009 que durant la récession officielle.<br />
<br />
Qu'est-ce que cela révèle? Cela nous démontre que la crise est exploitée systématiquement et délibérément par la bourgeoisie américaine et le gouvernement d'Obama pour mener une inversion historique et permanente des conditions de vie de la classe ouvrière.<br />
<br />
Les événements des 33 derniers mois ont réfuté toutes les affirmations des gouvernements, des politiciens, des ténors des médias, des représentants syndicaux et des universitaires qui prétendaient qu'une solution viable à la crise pouvait être trouvée dans le cadre du capitalisme. Comme le Parti de l'égalité socialiste et le World Socialist Web Site l'ont expliqué dès le début, la crise actuelle n'est pas simplement une mauvaise passe conjoncturelle, c'est une crise systémique du système capitaliste mondial. Au centre de cette crise, il y a le déclin prolongé et profond de la position mondiale des États-Unis. <br />
<br />
Le PES écrivait en janvier 2009, <em>«un rééquilibrage de l'économie mondiale – c'est-à-dire l'établissement d'un nouvel équilibre économique mondial sur une base capitaliste – ne peut être réalisé que par une destruction massive des forces productives existantes, un abaissement catastrophique du niveau de vie de la classe ouvrière dans tous les pays, et, pour réaliser cela, l'annihilation d'une section substantielle de la population mondiale. Ainsi, le véritable choix qui s'oppose à la désintégration capitaliste est la réorganisation rationnelle de l'économie mondiale sur une base socialiste».</em><br />
<br />
Cette perspective – qui constitue un avertissement – a été confirmée par les événements; tout comme l'a été un autre passage de ce document sur les processus interdépendants de la crise capitaliste et du développement d'un militantisme social et politique de la classe ouvrière et de nouvelles formes de conscience révolutionnaire. <em>«La question décisive est de savoir lequel de ces processus prendra l'avantage sur l'autre»</em>, affirme ce document.<br />
<br />
Les expressions initiales d'une nouvelle étape de la lutte des classes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, en Europe et en Amérique ont souligné le rôle réactionnaire des syndicats, des partis de la "gauche" officielle et des diverses organisations des classes moyennes qui oeuvrent à garder la classe ouvrière pieds et poings liés à ces forces contre-révolutionnaires. <br />
<br />
Ils ont mis en lumière le problème politique complexe qui se pose à la classe ouvrière qui entre dans une nouvelle période de luttes révolutionnaires et ont montré tout l"intérêt de la question centrale: la crise d'une direction et d'une perspective dans la classe ouvrière. La détérioration de l'économie mondiale va inévitablement alimenter de nouvelles luttes sociales plus larges, donnant de nombreuses occasions au mouvement révolutionnaire de lutter pour prendre la direction de ces luttes et de s'armer d'une perspective socialiste et internationaliste.<br />
<br />
[Le Parti de l'égalité socialiste et le Comité international de la Quatrième Internationale sont les seuls à même de fournir cette direction. Tous ceux qui voient la nécessité d'une alternative socialiste à la pauvreté, à la dictature et à la guerre devraient prendre la décision de le rejoindre et de construire notre mouvement dans chaque pays.]<br />
<br />
<strong>Barry Grey</strong><br />
23.06.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: alter-info</span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-21128709523048379882011-06-25T06:13:00.004+02:002011-06-25T06:13:00.208+02:00Les dix erreurs de l'Otan en Libye<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWDtbmwTebDxpoWCSIuFhrWqkNnP0OSSvMCMreEHmCdWRlspT6clWkXBEkWSC9UUQvBUP0I-QIWxnpILRiqwZRGKm3Lgu7bxiwugUWt6bZJ6twfzVoGnYA_ws4N1fps-n13bn3h4kATQc/s1600/lybie3.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="165" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWDtbmwTebDxpoWCSIuFhrWqkNnP0OSSvMCMreEHmCdWRlspT6clWkXBEkWSC9UUQvBUP0I-QIWxnpILRiqwZRGKm3Lgu7bxiwugUWt6bZJ6twfzVoGnYA_ws4N1fps-n13bn3h4kATQc/s200/lybie3.jpg" width="200" /></a></div><b><span style="color: #cc0000;">Du mythe du sauvetage de Benghazi à la sous-estimation de la capacité de mobilisation de Kadhafi en passant par des choix militaires inadaptés, Patrick Haimzadeh, ancien diplomate français à Tripoli, analyse la façon dont la «coalition» se fourvoie.</span></b> <br />
<br />
<br />
Pour qui aurait manqué les mensonges qualifiant l'armée irakienne de «quatrième armée du monde» en 1991 et ceux des armes de destruction massive de Saddam Hussein en 2003, l'année 2011, avec la guerre de l'Otan en Libye, aura offert une belle séance de rattrapage.<br />
<br />
Ayant vécu et travaillé de nombreuses années dans des pays arabes dotés de régimes autoritaires, je me suis bien sûr réjoui des mouvements d'émancipation des peuples arabes de ce début d'année 2011. Etre critique à l'égard de la guerre de l'Otan en Libye ne signifie nullement que j'éprouve une quelconque sympathie pour le régime du dictateur libyen qui a toujours fait preuve d'une grande violence à l'encontre de sa population, ni que je préfère le statu quo ante à la promotion des valeurs universelles de dignité et de liberté auxquelles aspire légitimement le peuple libyen. <br />
<br />
L'analyse des dix mensonges, contrevérités et erreurs sur cette guerre en Libye, relayés par les principaux médias français depuis plus de trois mois, s'appuie autant sur une expérience de terrain en Libye que sur une expertise d'ancien officier de l'armée de l'Air française.<br />
<br />
<b>1. Insurrection ou guerre civile?</b><br />
Le 19 mars 2011, date du début des bombardements de la «coalition», il ne s'agissait plus d'une insurrection populaire mais déjà d'une guerre civile.<br />
<br />
L'insurrection populaire qui a débuté en Cyrénaïque et dans deux régions de Tripolitaine (Misrata et la montagne de l'Ouest, dite djebel Nefoussa) n'a duré qu'une dizaine de jours. Elle a laissé la place, dès lors, à une guerre civile entre deux entités politiques déjà en place au moment du vote de la résolution 1973. D'un côté, le régime de Kadhafi, condamné à terme, et de l'autre le Conseil national de transition (CNT) représentant principalement les populations insurgées de Cyrénaïque et de Misrata, et qui est aujourd'hui reconnu par une quinzaine de pays comme autorité légitime du peuple libyen. Selon ses dires, le CNT comprendrait également des représentants des zones toujours sous la coupe du colonel Kadhafi (soit environ deux tiers de la population libyenne) mais leurs identités sont tenues secrètes. On peut douter cependant de leur représentativité, leurs régions d'appartenance étant toujours sous le strict contrôle du régime de Kadhafi. <br />
Que la propagande du CNT cherche à faire passer tous les combattants de Kadhafi pour des mercenaires africains est naturel. On peut comprendre en effet que les insurgés soient enclins à dissimuler le fait que ce sont d'autres Libyens qui se battent pour le soutien du régime, et cherchent ainsi à nier l'existence d'une guerre civile. <br />
<br />
Rien n'illustre pourtant mieux cette idée de guerre civile que l'exemple de cet ami libyen, appartenant à la grande tribu arabe des montagnes de l'ouest, qui se bat contre Kadhafi. Son ex-femme et mère de ses enfants appartient à une tribu majoritairement fidèle à Kadhafi. Son fils aîné, qui vivait avec sa mère au moment de l'insurrection, se bat désormais dans les rangs des fidèles de Kadhafi et leur père n'a qu'une angoisse: se retrouver un jour confronté dans les combats à son propre fils!<br />
<br />
Le schéma binaire du bien contre le mal et du peuple en armes contre le dictateur isolé est donc une belle image de philosophe parisien qui malheureusement ne correspond pas aux réalités du terrain.<br />
<br />
<b>2. Le mythe du «sauvetage de Benghazi» (1)</b><br />
Les forces de Kadhafi (moins d'un millier d'hommes accompagnés au maximum d'une vingtaine de chars sans logistique) n'avaient pas les moyens de commettre un «bain de sang» à Benghazi, ville de plus de 30km de long et de 800.000 habitants, et encore moins de «reprendre» toute la Cyrénaïque libérée dont les habitants disposaient des armes récupérées dès les premiers jours de l'insurrection.<br />
<br />
L'exemple de Misrata, dont les habitants ont repoussé héroïquement les forces de Kadhafi, démontre que les insurgés sont capables de se battre brillamment pour défendre leur territoire. C'est ainsi que la belle histoire des chars détruits in extremis (en réalité au nombre de quatre!) par l'armée de l'air française, sauvant ainsi Benghazi du carnage et la Cyrénaïque du bain de sang annoncé, est devenu un des mythes fondateurs et justificateurs de cette guerre. Cette belle histoire à laquelle nous avions tous envie de croire, racontée par un écrivain à succès et un président en mal de popularité, n'en constitue pas moins une opération de propagande, consciencieusement relayée sans analyse critique par la quasi-totalité des politiques et médias français.<br />
<br />
<b>3. Des buts de guerre confus et évolutifs, une lecture «extensible» du mandat fixé par la résolution 1973</b><br />
Le but de guerre affiché initialement, qui découlait du mandat fixé par la résolution 1973, était la protection des populations civiles. Dès lors que l'insurrection avait déjà laissé la place à une guerre civile, comme nous l'avons vu précédemment, ce but de guerre pouvait prêter à confusion puisque les insurgés n'étaient plus alors des civils désarmés mais des combattants. Ces combattants ont d'ailleurs fait la preuve de leur héroïsme et de leurs capacités tactiques à Misrata et dans le djebel Nefoussa. Le but de guerre, initialement implicite, du départ ou de la mort de Kadhafi est devenu progressivement explicite. Il constitue désormais la condition posée par l'Otan à l'arrêt des bombardements, ce qui représente une lecture largement extensible de la résolution 1973, voire une violation du cadre de cette résolution au regard du droit international.<br />
<br />
Enfin, les bombardements d'objectifs situés dans des zones habitées de Tripoli, loin de protéger les civils, en ont déjà tué un certain nombre qui entrent pour l'Otan dans la catégorie des «victimes collatérales». Si la précision des bombardements, le vocabulaire utilisé pour les qualifier - «frappes ciblées» - et l'absence d'images des destructions et des victimes peuvent le faire oublier, ces victimes sont là pour rappeler qu'il n'y a pas de guerre ni de bombardement humanitaire.<br />
<br />
<b>4. L'absence de «plan B» face à l'escalade ou à l'enlisement</b><br />
<i>«La guerre mène au paroxysme de la violence.»</i> Cette phrase de Clausewitz, le célèbre théoricien prussien de la guerre, trouve toute son illustration dans l'escalade militaire observée depuis trois mois. Après nous avoir expliqué que les bombardements de l'aviation permettraient aux insurgés de l'emporter rapidement, puis qu'ils provoqueraient la chute du régime par <i>«délitement»</i>, on nous a vanté l'action des drônes américains, puis des hélicoptères censés provoquer une <i>«rupture tactique»</i>.<br />
<br />
Cette escalade a aujourd'hui atteint ses limites du fait de la nécessité de minimiser les «victimes civiles collatérales» qui auraient évidemment un impact négatif sur les opinions publiques des pays de l'Otan, et parce que la résolution 1973 exclut l'envoi de troupes au sol. <br />
<br />
En l'absence de «plan B» de sortie, l'Otan est donc condamnée à gagner son pari de chute du régime ou à s'enliser dans ce conflit. La propagande quotidienne de l'Otan affirmant que les jours de Kadhafi sont comptés cache mal l'impasse de l'option militaire.<br />
<br />
<b>5. La surestimation de la capacité militaire des insurgés, notamment à porter la guerre hors de leurs territoires d'origine</b><br />
Les insurgés de Cyrénaïque, de Misrata et du djebel Nefoussa ont fait la preuve de leur capacité à défendre héroïquement, voire à reprendre leur ville, leur village ou leur montagne. Ils sont en revanche beaucoup plus réticents à aller porter le combat sur des territoires qui ne sont pas les leurs. Ils savent en outre que toute incursion de combattants armés en provenance d'une autre région serait mal perçue par les locaux qui risquent fort de ne pas les accueillir en libérateurs, à plus forte raison si ces locaux appartiennent à des tribus ou des clans restés fidèles ou sympathisants à Kadhafi.<br />
<br />
Imaginer que les Libyens originaires de Cyrénaïque ou de Misrata puissent «libérer» la Tripolitaine encore sous le joug de Kadhafi est une grave erreur. Chaque région libyenne devra se soulever par elle-même et c'est au niveau local que tout se jouera (ou non...)<br />
<br />
<b>6. La sous-estimation de la volonté de résistance de Kadhafi</b><br />
Le colonel Kadhafi s'est construit, psychologiquement et politiquement, dans la lutte contre toute forme de colonialisme et d'impérialisme. Ainsi cite t-il toujours l'expédition franco-britannique de Suez, en 1956, comme l'événement qui a fait naître sa conscience politique. Ironie de l'Histoire, ce sont ces deux mêmes pays qui sont aujourd'hui à la tête de la guerre menée contre lui.<br />
<br />
Contrairement au dictateur déchu Ben Ali et à l'autocrate Mubarak, Kadhafi est porté par une idéologie et un goût pour la confrontation et le combat et il a pour modèles Che Guevara et Fidel Castro. Il ira donc jusqu'au bout de son combat et on voit mal comment il pourrait accepter de quitter ce pouvoir qui est toute sa vie depuis 42 ans pour aller finir ses jours comme un simple retraité dans une résidence africaine. Conditionner l'arrêt des bombardements à son départ de Libye est donc un but de guerre irréaliste qui méconnaît la personnalité du dictateur.<br />
<br />
<b>7. La sous-estimation de la capacité de mobilisation de Kadhafi</b><br />
Cette erreur d'analyse s'explique en partie par l'enthousiasme suscité par les succès des insurrections en Tunisie et en Egypte, qui ne sont pourtant absolument pas transposables au cas libyen. Portés par la propagande d'Al-Jazeera et par la confusion entre leurs désirs et les réalités du terrain, nombre de commentateurs n'ont pas voulu voir qu'une fois passé le choc initial, Kadhafi avait repris la situation en mains dans la capitale et dans une grande partie de la plaine côtière où réside plus de la majorité de la population de Tripolitaine. Sans compter le grand sud (Fezzan), dont on a oublié qu'il ne s'est pratiquement pas soulevé.<br />
<br />
S'il est dérangeant de penser qu'un régime dictatorial dispose d'une certaine base sociale, nier cette réalité ou la négliger conduit à de graves erreurs d'analyse. Là aussi, tout laisse à penser que la décision d'entrer en guerre a été prise sans connaissance ni analyse un peu sérieuse et objective des réalités du pouvoir et de la société libyenne.<br />
<br />
<b>8. Des modes d'actions militaires inadaptés au cas libyen</b><br />
Au plan tactique (soutien direct des insurgés) comme au plan stratégique (bombardement direct de Kadhafi, incitation à la défection de son cercle de fidèles ou délitement du régime), force est de constater que les effets des quelque 4000 missions de bombardement réalisées par l'Otan depuis plus de 3 mois sont peu probants. L'Otan annonce bien évidemment que l'attrition (érosion, ndlr) des forces de Kadhafi est sérieuse et s'accroît de jour en jour. A supposer que l'Otan soit en mesure d'évaluer précisément ces taux d'attrition, ce genre de déclaration ne peut néanmoins constituer une base sérieuse pour l'analyse, compte tenu de la propagande et de la guerre psychologique pratiquées par toute force ou tout Etat engagé dans un conflit.<br />
<br />
Certains responsables et experts militaires ont par ailleurs évoqué depuis le début de cette guerre la notion de «point d'inflexion stratégique» qui, selon les théories américaines de la guerre aérienne moderne, élaborées dans les années 1980 et 1990, correspond à l'effet de seuil systémique (ou de transition de phase) au-delà duquel survient immanquablement le délitement de l'ensemble de l'appareil d'Etat. Ces théories, conçues pour s'appliquer dans le cadre de campagnes de bombardements de haute intensité 24 heures sur 24 contre des pays disposant d'un appareil d'Etat, d'un complexe militaro-industriel et d'une armée constituée, sont inadaptées à la Libye qui n'a rien de tout cela. Au lieu de se déliter, le régime s'adapte et se recompose en permanence.<br />
<br />
L'Otan peut continuer à bombarder chaque jour des entrepôts vides, des casernes désaffectées, des états-majors et des ministères fantômes et des centres de commandement qui ne commandent rien: cela n'aura qu'une incidence marginale sur la chute du régime. La seule courbe avérée dans ce domaine est celle du temps qui passe; à savoir que chaque jour qui passe verra Kadhafi plus vieux d'un jour...<br />
<br />
<b>9. L'irruption d'un acteur étranger dans une guerre civile, loin de régler les problèmes, tend à en créer de nouveaux</b><br />
La France et les autres pays de l'Otan impliqués dans les bombardements de la Libye sont les acteurs militaires directs d'un conflit intérieur libyen. Quelle que soit l'évolution de la guerre en Libye, la poursuite des opérations militaires de l'Otan au-delà de l'objectif initial de protection des populations civiles contribue chaque jour à confisquer la révolte libyenne au peuple libyen. Si tant est que cette guerre apporte la victoire à terme de l'insurrection, pour une partie de la population libyenne elle apparaîtra comme un sous-produit d'une nouvelle intervention militaire occidentale dans un pays arabe. Et ce n'est pas la participation symbolique des Emirats arabes unis, dont on sait qu'ils abritent depuis peu une importante base militaire française, et du Qatar qui a soutenu dès le départ l'insurrection libyenne par la voix de sa chaîne Al-Jeezira (tout en se gardant de dénoncer l'intervention militaire saoudienne pour mater le début d'insurrection populaire au Bahreïn), qui changeront cette perception.<br />
<br />
Enfin, les bombardements qui frappent tous les jours Tripoli depuis trois mois et qui font – quoi qu'on en dise – des victimes civiles, ainsi que l'embargo et l'isolement international dont les populations civiles de Tripolitaine sont les premières à souffrir, contribuent à entretenir le ressentiment d'une majorité d'habitants de cette région, tant à l'égard des Occidentaux que des habitants de Cyrénaïque, accusés à juste titre d'avoir appelé à l'intervention militaire directe de puissances étrangères contre d'autres Libyens. <br />
<br />
En ce sens, la poursuite de l'intervention militaire directe de l'Otan dans cette guerre pose plus de problèmes à long terme pour la Libye qu'elle n'en résout. A fortiori quand les buts de guerre de l'Otan n'ont plus qu'un rapport lointain avec l'objectif initial affiché de «protection des populations civiles».<br />
<br />
<b>10. Le préalable du départ de Khadafi à l'ouverture de négociations prolonge la guerre civile et installe le pays dans la violence</b><br />
Alors qu'aucune issue militaire ne se dessine sur le terrain (sauf coup direct très hasardeux d'une bombe sur Kadhafi), la probabilité est forte que la guerre civile se prolonge longtemps. Les trois zones «libérées» peuvent continuer avec des succès divers, et selon des modalités qui leur sont propres, à s'installer dans une économie de guerre civile dont les ressorts sont bien connus. Les réseaux d'économie informelle sont déjà en place. Chaque jour qui passe contribue à renforcer l'addiction psychologique aux combats et la violence mimétique des acteurs, phénomène bien connu des observateurs des guerres civiles.<br />
<br />
Si le radicalisme des cadres du CNT et de certains combattants insurgés qui luttent depuis plus de trois mois pour se libérer est compréhensible, il est loin d'être avéré que l'ensemble de la population libyenne souhaite voir perdurer cette guerre civile et la partition de facto du pays. En renforçant les extrémistes du CNT dans l'idée que la victoire militaire est possible grâce aux bombardements et qu'aucune solution négociée n'est acceptable, les responsables des pays de l'Otan (principalement la France et la Grande-Bretagne) portent une part de responsabilité dans la poursuite de cette guerre. <br />
<br />
Le refus de la France, la Grande-Bretagne et des Etats-Unis (qui n'ont pourtant toujours pas reconnu officiellement le CNT) d'explorer la voie d'une transition progressive vers une Libye post-Kadhafi qui ne passerait pas par le préalable indispensable du départ de Kadhafi du pays est donc contraire à l'objectif affiché de protection des populations civiles. <br />
<br />
Il y a urgence à trouver une solution négociée dans le double but de sauver des vies et garantir la préservation d'un «vivre ensemble» libyen à plus long terme.<br />
<br />
<b>Patrick Haimzadeh </b><br />
Deuxième conseiller près l'ambassade de France à Tripoli de 2001 à 2004<br />
Il vient de publier «Au cœur de la Libye de Kadhafi», aux Editions J.C Lattès.<br />
23.06.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: mediapart</span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-53388958987468976842011-06-24T05:55:00.035+02:002011-06-24T05:55:00.216+02:00La crise alimentaire frappe à nouveau<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.alterinfo.net/photo/art/default/910855-1124921.jpg?v=1290018768" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="142" src="http://www.alterinfo.net/photo/art/default/910855-1124921.jpg?v=1290018768" width="200" /><span style="color: #cc0000;"></span></a></div><b><span style="color: #cc0000;">La menace d’une nouvelle crise alimentaire est déjà une réalité. Selon l’indice des prix des produits alimentaires de la FAO (février 2011) qui surveille l’évolution mensuelle des prix à l’échelle mondiale d’un panier de denrées alimentaires composé de céréales, d’oléagineux, de produits laitiers, de viande et de sucre, le prix des aliments n’a cessé de grimper au cours des huit derniers mois, atteignant des chiffres record. C’est le plus haut niveau jamais atteint depuis que l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a commencé à mesurer les prix alimentaires en 1990.</span></b><br />
<br />
Cette hausse du coût des aliments, particulièrement des céréales de base, a de graves conséquences pour les pays du Sud à bas revenus et dépendants de l’importation d’aliments, et pour les millions de familles dans ces pays qui consacrent 50 à 60% de leurs revenus à l’achat de nourriture, jusqu’à 80% dans les pays les plus pauvres. La hausse du prix des produits alimentaires les rend dès lors inaccessibles.<br />
<br />
Aujourd’hui, près d’un milliard de personnes – une personne sur sept à travers le monde – n’a pas accès à la nourriture. Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, affirmait lui-même clairement que 44 millions de personnes supplémentaires souffraient de faim chronique du fait de la crise alimentaire actuelle. En 2009, ce chiffre a déjà été dépassé – le nombre de personnes sous-alimentées atteignant alors 1.023 millions à travers la planète –, il a légèrement baissé en 2010, mais sans retomber aux niveaux antérieurs à la crise alimentaire de 2008 et 2009.<br />
<br />
La crise actuelle a éclaté dans un contexte d’abondance de nourriture. La production de denrées alimentaires a été multipliée par trois depuis les années 1960, tandis que la population mondiale a seulement doublé. De la nourriture, il y en a. Dès lors, il ne s’agit pas d’un problème de production mais d’un problème d’accès aux aliments, contrairement à ce qu’avancent les institutions internationales (FAO, BM, OMC) qui poussent à augmenter la production par le biais d’une nouvelle révolution verte qui ne ferait qu’aggraver la crise alimentaire, sociale et écologique que nous traversons.<br />
<br />
<b>Révoltes populaires</b><br />
La hausse du prix des denrées alimentaires figure parmi les multiples détonateurs des révoltes populaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. En décembre 2010 à Tunis, les couches les plus pauvres de la population étaient en première ligne du conflit et exigeaient, entre autres, l’accès à la nourriture. En janvier 2011, de jeunes manifestants en Algérie bloquaient des routes, brûlaient des commerces et attaquaient des postes de police pour protester contre l’augmentation du prix des produits alimentaires de base. Des situations similaires ont traversé la Jordanie, le Soudan et le Yémen. Mentionnons que l’Égypte est le premier importateur de blé de la planète, dépendant de l’importation alimentaire.<br />
<br />
Au coût des aliments, il faut ajouter les taux élevés de chômage, les restrictions des libertés démocratiques, la corruption, la pénurie de logements et de services de bases, etc., qui constituèrent les raisons essentielles des révoltes. Quoi qu’il en soit, la hausse des prix des aliments fut parmi les premiers détonateurs.<br />
<br />
<b>Une cause centrale</b><br />
Quelles ont été les causes de cette nouvelle hausse du coût de la nourriture? Bien que les institutions internationales et des experts en la matière ont signalé plusieurs éléments tels que les phénomènes météorologiques qui auraient affecté les récoltes dans les pays producteurs, l’augmentation de la demande des pays émergents, la spéculation financière, la production croissante d’agrocombustibles, entre autres, plusieurs indices pointent la spéculation financière sur les matières premières alimentaires comme l’une des raisons principales de la hausse du prix des aliments.<br />
<br />
En 2007 et 2008, nous avons déjà traversé une crise alimentaire profonde, avec une hausse du prix des céréales telles que le blé, le soja et le riz de 130%, 87% et 74% respectivement. Comme aujourd’hui, on a pointé plusieurs causes, particulièrement l’augmentation de la production d’agro-combustibles et les investissements spéculatifs croissants sur les marchés alimentaires à terme. Cette hausse du prix de la nourriture a stagné en 2009, en partie, probablement, du fait de la crise économique et de la diminution de la spéculation financière. Mi-2010, avec des marchés financiers internationaux apaisés et suite à l’injection de sommes d’argent public considérables au secteur bancaire privé, la spéculation alimentaire a repris et le prix des aliments est reparti à la hausse. Après l’éclatement de la crise financière de 2008-2009, pour <i>«sauver les banques»</i>, on estime que les gouvernements des pays riches ont apporté un total de 20.000 milliards de dollars pour renflouer le système bancaire et rabaisser les taux d’intérêt.<br />
<br />
Cette entrée d’argent a incité les spéculateurs à contracter de nouveaux prêts et à acheter des marchandises qui, selon les prévisions, s’apprécieraient rapidement. Profitant de marchés mondialisés profondément dérégulés, les banques, les hedge funds, etc., à l’origine de la crise des crédits subprime, sont aujourd’hui responsables de la spéculation sur les matières premières et de la hausse du prix de la nourriture.<br />
<br />
La crise alimentaire est intimement liée à la crise économique et à la logique d’un système qui promeut, entre autres exemples, des plans de sauvetage en Grèce et en Irlande qui soumettent la souveraineté de ces pays aux institutions internationales, de la même manière que la souveraineté alimentaire des peuples est soumise aux intérêts du marché.<br />
<br />
<b>Garantie ou commerce</b><br />
On a toujours spéculé, dans une certaine mesure, sur le prix des denrées alimentaires. Cette logique gouverne les marchés à terme, qui, tels que nous les connaissons aujourd’hui, remontent à la moitié du XIXè siècle, quand ils ont commencé à fonctionner aux États-Unis. Ces marchés, régis par des accords légaux standardisés qui visent à effectuer des transactions sur des marchandises physiques à un moment ultérieur défini au préalable, ont fourni aux producteurs un mécanisme de garantie de prix minimum face aux fluctuations du marché. En résumé, le paysan vend la production à un commerçant avant la récolte pour se prémunir contre des intempéries par exemple, et avoir l’assurance d’un prix à terme. Le commerçant, lui aussi, en profite: quand la récolte annuelle est mauvaise, le paysan obtient de bons revenus, et quand la récolte est excellente, le commerçant en sort d’autant plus gagnant.<br />
<br />
Les spéculateurs usent actuellement de ce mécanisme pour s’enrichir en profitant de la dérégulation des marchés des matières premières, impulsée aux États-Unis et en Grande-Bretagne au cours des années 1990 par des banques, des politiques partisans du libre-échange et des hedge funds dans le cadre du processus de dérégulation de l’économie mondiale. Les contrats de vente et d’achat de denrées alimentaires se sont convertis en «dérivés» commercialisables indépendamment des transactions agricoles réelles. Dès lors, un nouveau commerce est né: la spéculation alimentaire.<br />
<br />
Les spéculateurs détiennent aujourd’hui le poids le plus important sur les marchés à terme, bien que leurs transactions d’achat et de vente n’aient rien à voir avec l’offre et la demande réelles. Selon Mike Masters, directeur de Masters Capital Management, l’investissement financier à caractère spéculatif dans le secteur agricole est passé de 25% en 1998 à près de 75% aujourd’hui. Ces transactions sont effectuées dans des Bourses des valeurs, la plus importante d’entre elles au niveau mondial étant la Bourse de commerce de Chicago, tandis qu’en Europe les aliments et les matières premières sont commercialisés dans les Bourses de Londres, Paris, Amsterdam et Francfort.<br />
<br />
<b>Un dépôt «100 % naturel»</b><br />
En 2006-2007, après l’effondrement du marché des crédits hypothécaires à risque aux États-Unis, les investisseurs institutionnels (banques, compagnies d’assurances, fonds d’investissements, etc.), entre autres, ont cherché des investissements plus sûrs et plus rentables, comme les matières premières et les aliments, pour placer leurs capitaux. Dans la mesure où les prix alimentaires montaient, ils les ont orientés vers les marchés alimentaires à terme, poussant leurs prix vers le haut et aggravant encore l’inflation de ce secteur.<br />
<br />
En Allemagne, la Deutsche Bank annonçait des profits faciles en investissant dans les produits agricoles en plein essor. Une autre des principales banques européennes, BNP Paribas, proposait des investissements similaires. Mais rien ne sert d’aller si loin pour trouver des exemples concrets. En janvier dernier, Catalunya Caixa, ex Caixa Catalunya, encourageait ses clients à investir dans les matières premières sous la bannière <i>«dépôt 100% naturel»</i>. Qu’offrait-elle? Une garantie de 100% du capital avec la possibilité d’obtenir une rentabilité de près de 7% par an. Comment? Comme l’indiquait sa publicité, en fonction de <i>«l’évolution du rendement de trois matières premières alimentaires: le sucre, le café et le maïs».</i> Pour garantir une haute rentabilité, la publicité n’hésitait pas à mentionner que le cours en bourse de ces trois produits avait augmenté, au cours des derniers mois, de 61%, 34% et 38% respectivement, du fait de <i>«la demande qui croît plus vite que la production»</i>, de <i>«l’augmentation de la population mondiale»</i> et de <i>«leur conversion en agrocombustibles»</i>. Une information importante fait pourtant défaut: la spéculation alimentaire, qui offre une rentabilité économique substantielle, augmente le prix des aliments, les rend inaccessibles à une grande partie de la population dans les pays du Sud et réduit à la faim, à la misère et à la mort des milliers de personnes dans ces pays.<br />
<br />
<b>Dépendance au pétrole</b><br />
La forte dépendance au pétrole de l’actuel modèle de production et de distribution des aliments est un autre élément qui accentue la crise alimentaire. La hausse du prix du pétrole se répercute directement en une hausse similaire du coût des aliments de base. En 2007 et 2008, les prix du pétrole et des aliments ont atteint des chiffres record. Selon l’indice de la FAO sur les prix des aliments, entre juillet 2007 et juin 2008, le pétrole brut est passé de 75 à 140 dollars le baril, et le prix des aliments de base de 160 à 225 dollars.<br />
<br />
L’agriculture et l’alimentation sont chaque jour plus «pétro-dépendantes». Après la deuxième guerre mondiale, dans les années 1960 et 70, avec la révolution verte et afin d’augmenter la production, on a misé sur un modèle d’agriculture industrielle et intensive. Le système agricole et alimentaire actuel, avec des aliments qui parcourent des milliers de kilomètres avant d’arriver dans nos assiettes, avec l’utilisation intensive de machines agricoles, de produits chimiques, de pesticides, herbicides et fertilisants artificiels, ne subsistera pas sans le pétrole.<br />
<br />
La hausse du prix du pétrole et la stratégie de différents gouvernements pour lutter contre le changement climatique ont également conduit à un investissement croissant dans la production de combustibles alternatifs, les agrocombustibles, comme l’agrodiesel et l’agroéthanol, élaborés à partir du sucre, du maïs ou autre. Cette production, qui entre en concurrence directe avec la production d’aliments pour la consommation, compte également parmi les causes de l’augmentation du prix des aliments. La Banque mondiale a elle-même reconnu que lorsque le prix du pétrole dépasse 50 dollars le baril, une hausse de 1% de son prix induit une augmentation de 0,9% de celui du maïs, car <i>«pour chaque dollar de hausse du prix du pétrole, la rentabilité de l’éthanol augmente et, par conséquent, la demande de maïs nécessaire à son élaboration croît également»</i>. Depuis 2004, les 2/3 de l’augmentation de la production mondiale de maïs ont été destinés à satisfaire la demande états-unienne en agrocombustibles. En 2010, 35% de la récolte de maïs aux États-Unis – soit 14% de la production mondiale de maïs – ont été utilisés pour produire de l’éthanol. Et cette tendance évolue à la hausse.<br />
<br />
Au-delà d’une série de causes comme la spéculation alimentaire et la hausse du prix du pétrole, qui se traduit en un investissement croissant en agrocombustibles et provoque une concurrence entre la production de céréales pour la consommation ou pour l’automobile, nous nous trouvons face à un système agroalimentaire profondément vulnérable, aux mains du marché. La libéralisation croissante du secteur au cours des dernières décennies, la privatisation des biens naturels (eau, terre, semences), l’imposition d’un modèle de commerce international au service des intérêts privés, etc., nous ont conduits à cette situation.<br />
<br />
Tant que l’agriculture et l’alimentation continuent à être considérées comme des marchandises aux mains du plus offrant et que les intérêts commerciaux prévaudront sur les nécessités alimentaires et les limites de la planète, notre sécurité alimentaire et le bien-être de la terre ne seront pas garantis.<br />
<br />
<b> Esther Vivas </b><br />
22.06.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: cadtm </span><br />
<span style="font-size: x-small;">Traduit par Cécile Lamarque</span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-76019602780954549662011-06-23T05:25:00.006+02:002011-06-23T05:25:00.210+02:00"Ne comptez pas sur la loi pour récupérer les biens des Ben Ali en Suisse"<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.rfi.fr/actufr/images/112/credit200x250_suisse_banque_suisse.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://www.rfi.fr/actufr/images/112/credit200x250_suisse_banque_suisse.jpg" width="160" /></a></div><span style="color: #cc0000;"><strong>Pourrait-on juger les prédateurs de la finance pour crime contre l’humanité?<br />
Peut-être, mais pas en Suisse, estime Jean Ziegler, sociologue suisse réputé pour dénoncer les abus des <em>«seigneurs de la guerre économique qui ont mis la planète en coupe réglée».</em></strong></span><br />
<span style="color: #cc0000;"><strong> </strong></span><br />
<br />
En 2005, Jean Ziegler publiait son ouvrage «L’empire de la honte». Aujourd’hui, il parle en Tunisie du pouvoir de la honte. <em>«Si vous voulez récupérer votre argent, ce n’est certainement pas en suivant des procédures légales à ne pas en finir mais en militant, en vous exprimant par tous les moyens pour faire honte à ces Etats occidentaux qui attaquent le pouvoir normatif des Etats, contestent la souveraineté populaire, subvertissent la démocratie, ravagent la nature et détruisent les hommes et leurs libertés… La dette et la faim sont les deux armes de destruction massive utilisées par les maîtres du monde pour asservir les peuples, leur force de travail, leurs matières premières, leurs rêves. Sartre disait que “pour aimer les hommes, il faut détester fortement ce qui les opprime“»</em>.<br />
<br />
C’est ainsi que s’est exprimé Jean Ziegler lors de la conférence organisée par l’Association tunisienne de la Transparence financière qu’il a présentée samedi 11 juin à Tunis.<br />
<br />
Le 19 janvier 2011, le gouvernement fédéral suisse a gelé les avoirs de 48 personnes de nationalité tunisienne. L’opération consiste à envoyer via un message électronique à Berne aux banques suisses un message disant <em>«Si vous avez des comptes au nom de Ben Ali et des personnes qui se trouvent sur cette liste, toute transaction de retrait ou de transfert est interdite à partir de demain 12h»</em>. C’est une saisie qui n’a aucun impact sur le plan judiciaire, elle est une ordonnance constitutionnelle. Donc, les mesures effectives ne pourraient être prises que si les intérêts de la Confédération (suisse) sont menacés à l’international. L’Etat qui veut rapatrier ses avoirs doit user d’une loi appelée loi sur l’enquête judiciaire. Il n’est pas dit, non plus, que cette procédure sera efficace car les banques suisses sont libres d’indiquer l’existence de comptes ou de ne pas le faire. Des clients comme Ben Ali sont par ailleurs très appréciés par la nomenclature bancaire suisse très concurrentielle car elle peut leur imposer des intérêts très bas puisque la provenance de capitaux n’est pas des plus transparentes.<br />
<br />
Et même si le gouvernement suisse avait communiqué au gouvernement tunisien avoir gelé et saisi les avoirs de 70 noms soit un montant de 60 millions d’€ (une somme insignifiante), on ne peut arriver à cerner l’étendue des fonds déposés dans les banques suisses et autres. Les racketteurs à l’échelle de l’Etat peuvent user de mille et un subterfuges pour camoufler leurs malversations et principalement à travers les sociétés off shore et la diversification des lieux et des paradis fiscaux. Le président de l’Union des banques suisses a d’ailleurs protesté violemment contre la saisie et le gel précoces des biens des biens des Ben Ali et alliés.<br />
<br />
Pour récupérer les biens spoliés à la Tunisie et déposés en Suisse, il faudrait que les législations des deux pays en matière de malversations bancaires et financières soient conformes, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il faudrait aussi prouver le rapport entre ces fonds et leurs provenances par des pratiques mafieuses ou dans le cadre du blanchiment d’argent, ce qui n’est pas évident.<br />
<br />
<strong>La Suisse, les capitaux spoliés sont chez moi, ils y restent. Vive le secret bancaire!</strong><br />
Le secret bancaire est sacré en Suisse, ceux qui le violent sont passibles de lourdes peines de prisons pouvant aller jusqu’à cinq ans. C’est en 1934 et suite à la mise à mort par Hitler de trois Allemands pour cause de compte en Suisse, que l’Etat helvète a convenu définitivement de la nécessité d’une loi stricte réglementant le secret bancaire afin de permettre aux clients de ses banques de bénéficier de la protection du code pénal. Et bien qu’en 2009 le Conseil fédéral suisse ait voté une loi permettant la levée du secret fiscal couvrant les évadés fiscaux étrangers, il n’est pas dit que la tâche pour la récupération des capitaux déposés dans ses institutions bancaires soit aisée. Berne n’aurait rien lâché sur ce qui constitue l’essence du secret bancaire suisse, c’est-à-dire la sauvegarde de la sphère privée pour toute personne «honnête».<br />
<br />
Comment prouver que les fonds déposés dans les banques helvètes sont mal acquis? Et combien de temps cela prendrait? Dieu seul le sait.<br />
<br />
En attendant, les Sani Abacha (Nigeria), Mobutu (ex-Zaïre), Jean-Claude Duvalier (Haïti), Marcos (Philippines), Ben Ali, Trabelsi et autres continueront à déposer en toute confiance le produit de leurs spoliations en Suisse. La Suisse, qui n’a aucune richesse naturelle, a un PNB de l’ordre de 550 milliards de $, celui de la Tunisie, par contre, est de l’ordre de 44 milliards. 27% des fonds off shore de par le monde se trouvent en Suisse.<br />
<br />
<em>«Je vous laisse imaginer comment la Suisse est devenue aussi riche»</em>, a déclaré sur un ton moqueur Jean Ziegler. En fait, la loi helvétique sur le secret bancaire est d’une telle complexité que très peu de gouvernements ont une chance quelconque de récupérer plus que quelques miettes des fortunes de leurs tyrans déchus. Et il ne s’agit pas que de Tyrans, nombre de riches ressortissants européens (Français, Espagnols ou Italiens), pratiquent l’évasion fiscale en se réfugiant en Suisse.<br />
<br />
Dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, il est stipulé que tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes… peuvent disposer librement de leurs richesses et qu’en aucun cas, un peuple ne pourra être privé de ses propres moyens de subsistance. Dans l’article 14 de cette convention, il est dit que les États Parties envisagent de mettre en œuvre des mesures réalisables de détection et de surveillance du mouvement transfrontière d’espèces et de titres négociables ainsi que des mesures visant à prévenir le blanchiment d’argent et instituer un régime de contrôle des banques afin de décourager et de détecter toutes formes de blanchiment d’argent. Ce régime met l’accent sur les exigences en matière d’identification des clients et, s’il y a lieu, des ayants-droit économiques, les États Parties s’accordent mutuellement l’entraide judiciaire la plus large possible lors des procédures judiciaires concernant les infractions visées par la Convention à identifier, geler et localiser le produit du crime.<br />
<br />
Il n’est pas dit que la Tunisie arrive à récupérer les capitaux placés dans les banques suisses. La tâche ne sera certainement pas aisée et c’est pour cela que pour Ziegler, il faut faire de la pression par le biais de la société civile, des médias et des dénonciations. <em>«Il faudrait que les Etats qui abritent les biens volés aux peuples aient honte, il faudrait qu’ils sachent qu’ils s’exposent à une honte internationale»</em>, crie-t-il en terminant sur une belle citation de Pablo Neruda : <em>«Nos ennemis peuvent couper toutes les fleurs mais jamais ils ne seront maîtres du printemps».</em><br />
<br />
<strong>Amel Belhadj Ali</strong><br />
19.06.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: cadtm</span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-53118317071956490822011-06-22T05:16:00.018+02:002011-06-22T05:16:00.445+02:00«L’ouverture» de la frontière à Gaza: juste des mots?<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.info-palestine.net/IMG/jpg/A1-701.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="140" src="http://www.info-palestine.net/IMG/jpg/A1-701.jpg" width="200" /></a><a href="http://www.info-palestine.net/IMG/jpg/A1-701.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><br />
</a></div><br />
<strong><span style="color: #cc0000;"> </span></strong><strong><span style="color: #cc0000;"> </span></strong><br />
<strong><span style="color: #cc0000;">Pour les Palestiniens, quitter la bande de Gaza pour aller en Egypte est un affaire aussi exaspérante que de vouloir y entrer. </span></strong><br />
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Guidés par des raisons politiques ou culturelles, la plupart des responsables palestiniens et personnalités publiques s’abstiennent de critiquer la façon dont sont traités les Palestiniens à la frontière de Rafah. Mais ce n’est vraiment pas un langage diplomatique qui permettra de décrire la relation entre les Palestiniens désespérés - certains se battant littéralement pour sauver leur vie - et les responsables égyptiens au point de passage qui sépare Gaza de l’Égypte.<br />
<br />
<em>«Les Gazaouis sont traités comme des animaux à la frontière»</em>, m’avait dit une de mes amies. Elle avait peur que son fiancé ne soit pas autorisé à quitter Gaza, bien que ses papiers soient en règle.<br />
Après avoir moi-même traversé la frontière il y a juste quelques jours, je ne pouvais qu’approuver ses dires.<br />
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Le New York Times daté du 8 juin écrit: <em>«Après des jours d’acrimonie entre le Hamas et l’Egypte concernant les limitations sur ce qui pourrait passer par le poste frontière de Rafah entre Gaza et l’Egypte, le Hamas a déclaré que l’Egypte avait accepté de permettre à 550 personnes par jour de quitter la bande de Gaza, et d’étendre les heures d’ouverture du poste frontalier.»</em><br />
<br />
Et la saga continue.<br />
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Quelques semaines après l’annonce officielle égyptienne d’une ouverture «permanente» de la frontière - tendant ainsi une bouée de sauvetage aux Palestiniens piégés dans Gaza sous blocus - la frontière de Rafah a été ouverte pour deux jours, sous conditions, à la fin du mois de mai, puis fermée à nouveau durant quatre jours.<br />
Maintenant elle a une fois de plus été «réouverte».<br />
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Toutes ces annonces s’avèrent n’être rien de plus que de la rhétorique. La dernière réouverture «permanente» a ses propres conditions et limitations, impliquant des paramètres comme le sexe, l’âge, le but de la visite et ainsi de suite.<br />
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<em>«Chacun a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays»</em>, déclare l’article 13 (alinéa 2) de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.<br />
Ce principe universel, toutefois, continue d’être refusé à la majorité des Palestiniens de Gaza.<br />
<br />
J’ai été l’un des tous premiers Palestiniens à me trouver à Rafah après l’annonce d’une ouverture «permanente». Notre bus a attendu à la porte pendant un très long moment. J’ai regardé un père tenter à plusieurs reprises de rassurer son enfant de 6 ans, en pleurs et qui montrait les signes évidents d’une terrible maladie des os. <em>«Sortez les enfants ou ils vont mourir»</em>, criait un vieux passager tandis que lui-même haletait pour respirer. La chaleur dans le bus, combinée avec l’odeur de sueur des gens enfermés était insupportable. Les passagers ont décidé d’eux-mêmes de quitter le bus et de se tenir dehors, sous les regards désapprobateurs des officiers égyptiens.<br />
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Notre problème suivant a été de trouver de l’eau propre et un endroit ombragé dans la zone aride qui sépare les côtés égyptien et palestinien. Il n’y avait pas de toilettes.<br />
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Un sentiment tangible de désespoir et d’humiliation pouvait se lire sur les visages des passagers de Gaza. Personne ne semblait être d’humeur à parler de la révolution égyptienne, un des sujets de conversation préférés parmi la plupart des Palestiniens.<br />
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Cette zone est régie par une étrange relation, qui remonte à plusieurs années - en 2006, l’Egypte sous Hosni Mubarak, a décidé de fermer la frontière afin d’aider à la liquidation politique du Hamas.<br />
La question n’a effectivement rien à voir avec le sexe, l’âge ou des questions de logistique.<br />
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Tous les Palestiniens sont traités extrêmement mal au passage de Rafah et ils continuent à souffrir, même après la chute de Mubarak et de sa famille et la dissolution d’un appareil de sécurité corrompu. La révolution égyptienne n’a pas encore atteint la bande de Gaza.<br />
<br />
Quand le bus a été finalement autorisé à avancer quelques cinq heures plus tard, les Palestiniens se sont précipités vers la porte, espérant désespérément se trouver parmi les chanceux autorisés à traverser. L’anxiété des voyageurs les rend généralement vulnérables face aux employés à la frontière qui promettent de les aider en échange d’argent. Tout cela est réellement une escroquerie, la décision étant prise par un seul homme appelé al-Mukhabarat, «l’officier de renseignement».<br />
<br />
Certains sont renvoyés tandis que d’autres sont autorisés à passer. Tout le monde est obligé d’attendre pendant plusieurs heures - parfois même des jours - sans aucune explication claire quant à ce qu’ils doivent attendre ou du pourquoi ils sont renvoyés.<br />
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Le petit enfant très malade âgé de six ans s’accrochait à la veste de son père alors qu’ils allaient, essayant désespérément de remplir toutes les obligations. Tous deux semblaient être sur le point de s’effondrer.<br />
<br />
Le Mukhabarat décida que trois étudiants de Gaza en route pour leurs universités en Russie devaient être renvoyés. Rien que pour arriver jusqu’ici, ils avaient déjà franchi tellement d’obstacles. Leurs coeurs se sont brisés quand ils ont entendu le verdict. J’ai protesté en leur nom et la décision a été renversée aussi arbitrairement qu’elle avait été initialement prise.<br />
<br />
Ceux qui sont renvoyés à Gaza sont escortés par des agents antipathiques au même endroit à l’extérieur pour y attendre le même bus décrépit.<br />
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Certains de ceux qui sont autorisés à entrer en Egypte sont escortés par des agents de sécurité à travers le désert du Sinaï, faisant toute la route jusqu’à l’aéroport international du Caire pour être «expulsés» vers leurs destinations finales. Ils sont tous traités comme des criminels de droit commun.<br />
<br />
<em>«Je ne peux pas voir mon fils mourir devant mes yeux»</em>, a crié le père de Saleh Mohammed Ali, âgé de 11 ans, a rapporté Mohammed Omer de l’agence IPS. Il s’adressait ce jour-là aux troupes égyptiennes alors que la frontière était censée être définitivement rouverte - pour la deuxième fois en moins d’une semaine.<br />
<br />
Ces nécessités impérieuses de traitement médical, d’éducation et de liberté des Palestiniens ramènent les Palestiniens en arrière. Le siège israélien de Gaza a étouffé ses habitants jusqu’à la limite de l’étranglement mortel. L’Egypte est le seul espoir de Gaza. <em>«Je vous prie d’ouvrir le passage ... Vous frères d’Egypte, vous nous avez humiliés pendant si longtemps. N’est-il pas temps que l’on nous rende notre dignité?» </em>a déclaré Naziha al-Sebakhi, âgé de 63 ans, l’un des nombreux visages en détresse vus par Omer à la frontière de Rafah.<br />
<br />
Alors qu’ils traversaient la frontière vers l’Egypte, certains des passagers semblaient euphoriques. Les trois étudiants russes et moi-même avons partagé un taxi pour aller au Caire. Un enregistrement d’Oum Kalsoum, Amal Hyati [espoir de ma vie] passait en boucle. Malgré tout ce qu’ils ont subi, les jeunes gens ne semblaient avoir aucun ressentiment envers l’Egypte. <em>«J’adore tout simplement l’Egypte. Je ne sais pas pourquoi»</em>, a dit Majid, pensif, avant de s’endormir d’épuisement.<br />
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J’ai pensé à l’enfant de six ans et à son père. Je m’inquiète de savoir s’ils sont arrivés à l’hôpital à temps.<br />
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<strong>Ramzy Baroud</strong><br />
Journaliste international et directeur du site PalestineChronicle.com.<br />
Son dernier livre, "Mon père était un combattant de la liberté: L’histoire vraie de Gaza" (Pluto Press, London)<br />
19.06.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: info-palestine</span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-85906420638680809672011-06-21T05:44:00.023+02:002011-06-21T05:44:00.856+02:00Maroc: attention aux enthousiasmes hâtifs<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.letelegramme.com/images/2011/06/19/1341492_9936786-maroc-20110619-t103a.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://www.letelegramme.com/images/2011/06/19/1341492_9936786-maroc-20110619-t103a.jpg" width="129" /></a></div><span style="color: #cc0000;"><strong>Gare à l'optimiste naïf, prévient Jean Zaganiaris, enseignant-chercheur au Centre de recherche sur l'Afrique et la Méditerranée à Rabat: des <em>«évolutions institutionnelles majeures»</em> pour Nicolas Sarkozy; un <em>«discours historique»</em> pour Rachida Dati. Et la presse française à l'unisson. La révision constitutionnelle de Mohamed VI n'est pas forcément la révolution douce qu'attend la France.</strong></span><br />
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Le Maroc est en train de vivre des heures importantes de son histoire. La réforme constitutionnelle annoncée par les deux discours royaux des 9 mars et 17 juin 2011 est désormais sur le point de déboucher sur le référendum du 1er juillet. La commission chargée de remettre un rapport au roi Mohamed VI a respecté les délais. Depuis quelques mois, un enthousiasme bon teint s’affiche dans certains médias. Les uns titrent <em>«Le Maroc rentre dans la modernité»</em>. Les autres parlent <em>«d’une limitation des pouvoirs du monarque»</em> et d’un <em>«renforcement de la démocratie».</em><br />
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Dans le journal Le Monde, Jean-Noël Ferrié, chercheur CNRS et en poste au Centre Jacques Berque de Rabat depuis la rentrée 2010, s’enthousiasme en parlant d’une constitution marocaine qui s’annonce <em>«libérale et démocratique»</em> et qui pourrait même reconnaître <em>«la liberté de conscience»</em>. Ces discours euphoriques oublient deux choses importantes: le contexte politique dans lequel a eu lieu cette révision de la constitution marocaine et les usages sociaux qui en découleront.<br />
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La révision constitutionnelle est inséparable du <em>«printemps arabe»</em> qui a eu lieu au Maroc depuis février 2011. Si certaines manifestations, notamment celles du 20 mars, ont eu lieu dans un esprit pacifique, celles du 13 mars ou bien celles de la fin du mois de mai ont montré des violences policières pour le moins inquiétantes.<br />
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De nombreux journaux marocains, parfois ignorés par leurs confrères européens, ont attiré l’attention sur ces actes de violence inacceptables au sein d’un pays qui prétend se démocratiser. Ils ont montré les rues de Casa ou de Rabat, le visage en sang de Oussama El Khlifi ainsi que la répression des manifestants devant la DST de Temara. Les propos publics de l’AMDH tiennent informés sur ce qui se passe dans les provinces du Maroc, notamment dans la commune de Safi où un manifestant est mort.<br />
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Les réseaux sociaux ou bien le journal en ligne Lakome.com ont évoqué les menaces dont Omar Radi, journaliste et membre du 20 février, a fait l’objet après avoir été pris à parti par des policiers. Ce dernier vient d’écrire à l’instant sur son mur facebook qu’il a été victime de violence dans la rue. Des blogueurs de l’AMDH ont publié hier leur indignation suite à l’arrestation de Seddik Kabouri et Mahjboub Chenou (information reprise sur le site du Nouveau Parti Anticapitaliste). <br />
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Il est regrettable que les <em>«experts»</em> du monde arabe n’aient pas réagi sur le contexte de cette révision constitutionnelle. Il ne s’agit pas de tordre le bâton dans l’autre sens et d’être dans le déni, le rejet, la critique. La simple dénonciation du retour à l’ordre sécuritaire n’est pas non plus une solution. D’ailleurs, comme le montrent les discours d’une Zineb El Rhazoui, membre virulente du mouvement du 20 février qui s’est rendue récemment à Bruxelles, ou bien d’autres membres du 20 février, qui parviennent à accéder à l’espace public, il existe des marges d’expression au Maroc dont les acteurs savent tirer profit.<br />
<br />
L’Ecole de Gouvernance et d’Economie de Rabat a mis en place des ateliers au sein desquels des étudiants marocains ont pu s’exprimer sans aucune censure sur la constitution et faire des propositions, accompagnées parfois de remarques critiques. Ces dernières ont été reprises dans un document remis en juin à la Commission de révision. Notre propos n’entend nullement verser dans un pessimisme passif et résigné. Au contraire, nous espérons de tout notre cœur que le processus de démocratisation va se poursuivre, malgré les contraintes structurelles et les obstacles que certains fondamentalismes ou traditionnalistes mettent sur son chemin.<br />
<br />
Le pluralisme, les débats sociaux et les démarches participatives de toutes sortes que nous avons vu jaillir à l’état pur au sein de la société marocaine représentent sans doute déjà une victoire politique importante, dont les partis politiques doivent tirer des leçons.<br />
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Le deuxième point a trait aux usages sociaux du droit. «Le langage du droit» peut être parfois très éloigné des pratiques sociales. Comme l’a montré Mohamed Mouaqit dans son livre sur la réforme du code de la famille en 2004, l’instauration de nouvelles lois ne s’est pas forcément accompagnée de nouvelles pratiques sociales.<br />
<br />
Ce n’est pas parce que la femme a le droit juridiquement de se marier sans la tutelle de son père qu’elle est disposée socialement à le faire. Il en est de même de la constitutionnalisation de <em>«tous les Droits de l’Homme»</em> ou de <em>«l’égalité entre l’homme et la femme, dans tous les droits politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux»</em>. Certes, ces mesures sont salutaires et reflètent le combat militant des associations marocaines. Mais quelle sera leur effectivité dans un contexte où les inégalités de richesse entre Marocains sont énormes, où la domination patriarcale et les violences de toutes sortes restent des réalités à éradiquer au plus vite de l’espace public?<br />
<br />
Si l’optimisme politique est en effet une des forces du pays, il ne peut en aucun être dissocié des réalités contextuelles marocaines. Comme le rappelait Tocqueville, derrière les ruptures visibles et les changements de régimes, il faut être capable de percevoir les inévitables continuités avec lesquelles il faut composer pour démocratiser la vie politique du Royaume …<br />
<br />
<strong>Jean Zaganiaris</strong><br />
Politologue, enseignant-chercheur au CERAM<br />
(Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique et la Méditerranée)<br />
Ecole de Gouvernance et d’Economie de Rabat<br />
19.06.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: mediapart</span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-16496459268279254332011-06-20T05:49:00.016+02:002011-06-20T05:49:00.340+02:00Le monde arabe est entré les mains nues dans son avenir<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.islamenfrance.fr/wp-content/uploads/2011/03/Les-r%C3%A9voltes-arabes-pourraient-r%C3%A9ussir-%C3%A0-condition-que....jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="133" src="http://www.islamenfrance.fr/wp-content/uploads/2011/03/Les-r%C3%A9voltes-arabes-pourraient-r%C3%A9ussir-%C3%A0-condition-que....jpg" width="200" /></a></div><span style="color: #cc0000;"><strong>Avec la révolution tunisienne, le monde arabe est entré en mouvement. L'heure n'est plus aux aventures populistes d'origine militaire mais à l'intervention non-violente de peuples enchaînés sur l'arène politique.</strong></span><br />
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<br />
Dans chaque pays et à l'écoute des voisins, les masses découvrent ce qu'elles ont en commun, se mobilisent et, les mains nues, affirment pacifiquement leur volonté d'exercer leur influence sur la vie publique.<br />
<br />
Cette situation a mûri dans le cadre d'Etats répressifs ou dictatoriaux, y règnent les milices, les polices politiques et toutes sortes d'organismes extra-légaux qui torturent, tuent en toute impunité, et dans les périodes de crises aigüe, n'hésitent pas à recourir aux massacres.<br />
<br />
L'existence de nouveaux moyens de communication qui ont atteint les zones les plus reculées ont éveillé une conscience grandissante que la vie politique nationale ne peut être l'affaire d'un roi, d'une dynastie, d'une tribu ou de chefs cooptés par des élites auto-proclamées, mais l'affaire de tous. Le nombre de candidats à la citoyenneté, de personnes désireuses de participer au processus d'élaboration des décisions nationales s'élargit de plus en plus, notamment dans les générations qui n'ont eu à affronter que l'arbitraire de leurs compatriotes. Ces générations retrouvent les élans des défenseurs de la liberté bâillonnés et embastillés. Elles se soulèvent pour le pain, pour la dignité, l'égalité des droits et des devoirs, l'alternance au pouvoir, le pluralisme politique et préparent le terrain à la révolution sociale.<br />
<br />
Pour elle, le cliché de la démocratie importée d'Occident est envoie de dépérissement. Elles ont compris que dans le droit fil de l'esprit colonial, les nouvelles classes dominantes s'arrogent le droit de définir la manière dont les peuples doivent se voir et interpréter le monde, gouverner en faisant de la religion, de la xénophobie et de la prébende, des ressources politiques.<br />
<br />
La situation créée par la révolution tunisienne, et ses prolongements au Maghreb et au Moyen-Orient, érode les préjugés cultivés à l'égard de la démocratie.<br />
<br />
Le mythe nationaliste, utilisé à tort et à travers, n'opère plus.<br />
<br />
Contestés par les masses exclues de la modernité tout en payant les frais, les Etats le sont également par tous les groupes marginalisés(Chiites au Bahreïn et en Arabie Saoudite, tribus du Sud-Yémen, Kurdes enSyrie, Coptes en Egypte, etc.).<br />
<br />
L'extension des soulèvements à la Libye s'est heurtée à la menace d'un massacre de populations par le pouvoir du colonel Kadhafi. Faute de faire droit aux revendications légitimes de son peuple, la dictature Kadhafi porte la responsabilité d'avoir réintroduit avec la caution des Nations-unies les puissances capitalistes occidentales comme acteurs de premier plan au Maghreb et de faire de ses opposants leurs obligés.<br />
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A l'ombre de la percée démocratique, la pression sociale du monde ouvrier s'est manifestée avec vigueur notamment en Tunisie, en Egypte et même en Algérie. L'étatisation des syndicats apparaît à tous comme un verrou destiné à brider l'action du prolétariat. Les espoirs des opposants à Kadhafi, dont les orientations en la faveur de la démocratie ne semblent pas évidentes, en sont d'autant fragilisés.<br />
<br />
Face aux prétentions néo-impériales des pays de l'OTAN, il est indispensable de garder à l'esprit que leurs interventions visent toujours à sauvegarder leurs intérêts, qu'il s'agisse du pétrole ou de leur influence en Méditerranée. Leur passivité à l'égard de l'intervention saoudienne au Bahreïn est assez éloquente.<br />
<br />
Que faire? Une chose est sûre. Nous ne pouvons avoir aucune indulgence à l'égard de Kadhafi sans apporter pour autant une caution à la guerre menée par l'OTAN.<br />
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Notre solidarité va au peuple libyen, dont nous défendons l'unité dans sa lutte pour la démocratie et pour un changement politique,conduit et contrôlé par les forces populaires aux fins d'ouvrir la voie à leur droit de gérer leurs affaires elles-mêmes.<br />
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<strong>Mohammed Harbi </strong> <br />
31.05.11<br />
<span style="font-size: x-small;">M. Harbi participa activement à la révolution algérienne, il soutint le gouvernement de A. Ben Bella qui suivit, avant d'être mis en prison à partir du coup d'Etat de H.Boumédienne. Il finit par s'en échapper sept ans plus tard, arriva en France et fit oeuvre ensuite d'histoire, afin d'assurer la mémoire sur ces décennies. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire algérienne.</span><br />
<span style="font-size: x-small;">Source: medelu </span> </div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-56668688306024609542011-06-19T06:16:00.029+02:002011-06-19T09:18:43.678+02:00Après l'Autriche, la Suisse, l'Allemagne, et sans doute l'Italie, qu'attend la Belgique?<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://img.gentside.com/nucl%C3%A9aire/un-parc-d-attractions-installee-dans-une-centrale-nucleaire-a-l-abandon_45665_w250.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://img.gentside.com/nucl%C3%A9aire/un-parc-d-attractions-installee-dans-une-centrale-nucleaire-a-l-abandon_45665_w250.jpg" width="177" /></a></div><b><span style="color: #cc0000;">Combien coûte la sortie du nucléaire: l’exemple allemand. </span></b><span style="color: #cc0000;">Le gouvernement allemand a présenté ce 6 juin son projet de loi pour sortir de l’énergie nucléaire en 2022. Après un recul l’automne dernier, la chancelière Angela Merkel veut finalement avancer la transition énergétique du pays. Combien coûtera cette transition? Rendra-t-elle l’Allemagne dépendante du charbon ou des importations d’électricité? Combien d’emplois l’essor des énergies renouvelables va-t-il créer? Réponses à quelques lieux communs véhiculés sur la sortie du nucléaire.</span><br />
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Avec sa décision d’une sortie du nucléaire en 2022, la chancelière allemande revient au calendrier adopté il y a 10 ans par le gouvernement SPD-Verts de Gerhard Schröder. Angela Merkel avait fait machine arrière à l’automne 2010 et choisi de prolonger la durée d’exploitation des centrales du pays de 12 ans en moyenne (8 ans pour les plus anciennes, 14 pour les plus récentes), ce qui repoussait la fin de l’énergie atomique en Allemagne à 2036. Mais Fukushima a radicalement changé la donne.<br />
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<b>De graves défauts de sécurité</b><br />
Le nouveau projet de loi, présenté le 6 juin, passera devant le Bundestag le 8 juillet. Le texte s’appuie sur le rapport de la commission éthique installée en mars[1]. La première étape du plan est immédiate: le pays ne va pas relancer les 8 réacteurs mis à l’arrêt en mars suite à la catastrophe japonaise. L’un d’entre eux pourrait toutefois être maintenu en veille jusqu’en 2013, pour faire face à de possibles pics de consommation, particulièrement dans le sud du pays.<br />
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L’Allemagne possède aujourd’hui 17 réacteurs nucléaires, dont 11 à eau pressurisée, 6 à eau bouillante. Le plus ancien, Biblis A, en Hesse, est entré en fonction en 1975. Le plus récent en 1989, en Bade. Tous se trouvent dans l’Ouest du pays. Les quelques réacteurs est-allemands ont fermé juste après la Réunification, dans l’effroi de Tchernobyl. Mais l’état des centrales ouest-allemandes laisse aussi à désirer. Certaines sont d’ailleurs au repos forcé depuis plusieurs années déjà, comme les deux réacteurs de Biblis. L’ONG environnementale BUND a encore pointé dans une étude publié en mars les failles de deux réacteurs anciens de Bade-Wurtemberg, Neckarwestheim 1 et Philippsburg 1<br />
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<b>Les énergies renouvelables déjà au-delà du nucléaire</b><br />
La filière nucléaire allemande a produit un peu plus de 22% de l’électricité du pays en 2010. Loin, très loin, des plus de 80% de l’électricité française. 43% de l’électricité allemande provient encore du charbon (de la lignite, énergie locale; et de la houille, importée aux trois quarts). Et 13% vient du gaz naturel. Une fois retirée la contribution des 8 réacteurs arrêtés depuis mars, soit 8,5 gigawatts (GW), sur les 20 GW fournis par l’atome, la part de l’électricité nucléaire tombe déjà sous celle des énergies renouvelables. 17% de l’électricité allemande provient aujourd’hui des énergies vertes (environ 6% de l’éolien, 3% de l’hydraulique, 5,5% de la biomasse, 2% du photovoltaïque) [2].<br />
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La filière renouvelable, qui représentait seulement 6% en 2000, est en pleine croissance. Elle emploie plus de 300.000 personnes, quatre fois plus qu’en 1998. Angela Merkel prévoit d’augmenter la part des renouvelables à 35% en 2020, 80% en 2050. Et sans importations d’énergie française. A l’heure actuelle, l’Allemagne exporte plus vers la France que le contraire [3].<br />
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Outre le développement des énergies renouvelables, le plan allemand s’appuie sur la maîtrise de la consommation d’électricité. La chancelière prévoit une baisse de 10% d’ici 2020. Autre pilier de la transition énergétique: des réseaux électriques plus performants et de meilleures capacités de stockage de l’énergie.<br />
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<b>La fin du charbon d’ici 2040</b><br />
Pour de nombreux experts, le gaz naturel doit également jouer un rôle clé. <i>«Le gaz se combine facilement avec les énergies renouvelables</i>, explique Claudia Kemfert, directrice du département énergie et environnement à l’Institut d’étude économique DIW. <i>Les centrales à gaz sont beaucoup plus flexibles que les nucléaires. </i><i>On peut les mettre en marche ou à l’arrêt rapidement selon les besoins.» «Et elles peuvent se construire en seulement deux ans»</i>, souligne Lutz Mez, du centre de recherche sur l’environnement de l’Université libre de Berlin.<br />
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Tous ces éléments pourraient même permettre à l’Allemagne de sortir du nucléaire bien avant 2022. En 2017, affirment les Verts. Ou 2014 selon le parti de gauche Die Linke, et 2015 d’après un plan de Greenpeace. L’ONG préconise de construire 16 centrales à gaz, d’ajouter 5.000 éoliennes aux 21.000 existantes, dont 1.200 offshore, et d’installer 600.000 nouveaux panneaux solaires. Pour Greenpeace, il est possible d’aller encore plus loin: sortir du charbon en Allemagne dès 2040. Pour cela, plus de 4.000 nouvelles éoliennes, un demi-million de panneaux solaires et plusieurs centaines d’installations géothermiques seront nécessaires. Et le pays pourrait même, une fois la transition vers les renouvelables effectuée, se passer du gaz naturel à l’horizon 2050. A cette date, la filière des énergies renouvelables emploierait un million de personnes.<br />
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<b>Coût de la sortie du nucléaire: 25 € par an par foyer</b><br />
La transition représente une véritable chance économique. <i>«Une sortie avancée du nucléaire pousserait les groupes énergétiques à construire plus vite des centrales plus performantes, notamment pour le gaz</i>, explique Sascha Samadi, co-auteur d’une étude sur le prix de la transition énergétique réalisée en mai par l’institut Wuppertal [4]. <i>La transition favoriserait aussi la concurrence sur le marché de l’énergie, alors qu’aujourd’hui quatre grands groupes [E.ON, RWE, Vattenfall et ENBW] concentrent 80% de la production d’électricité. Compte tenu de ces facteurs, on peut penser qu’une sortie rapide du nucléaire facilitera la stabilisation, voire, sur le long terme, la baisse des prix de l’électricité.»</i><br />
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Selon les chercheurs de l’Institut Wuppertal, une sortie rapide du nucléaire aura un effet limité sur l’augmentation des prix de l’électricité. Elle entraînerait une hausse maximum de 25€ par foyer, sur la facture annuelle. <i>«Les prix devraient de toute façon augmenter, sous l’effet, par exemple, de l’amélioration des réseaux électriques, indispensable, et de la hausse attendue des prix du charbon, du gaz et des certificats d’émission de CO2</i>, poursuit Sascha Samadi. <i>Mais l’effet de la seule sortie du nucléaire pourrait être déjà amorti quelques années seulement après l’arrêt de la dernière centrale.»</i><br />
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Car l’énergie atomique coûte plus cher qu’il n’y paraît. Selon une étude du Fös (Forum pour une économie de marché écologique et sociale) publiée en avril, la filière nucléaire allemande a reçu 186 milliards d’euros de subvention depuis 1970, contre seulement 28 milliards pour les énergies renouvelables. Ce qui équivaut à plus de 4 centimes par KWh pour le nucléaire, contre 2,2 centimes aux énergies vertes. Et ce calcul ne prend pas en compte les frais de stockage des déchets radioactifs. L’Allemagne est d’ailleurs encore à la recherche d’un site approprié. Celui de Gorleben, en Basse-Saxe, est toujours provisoire. Le gouvernement envisage aujourd’hui d’autres lieux d’enfouissement. En première ligne: la jolie Bavière.<br />
<br />
<b>Rachel Knaebel</b><br />
06.06.11<b> </b><br />
<u><span style="font-size: x-small;">Notes:</span></u><span style="font-size: x-small;"><br />
</span><span style="font-size: x-small;">[1] présidée par Klaus Töpfler, ancien ministre (CDU) de l’environnement</span><br />
<span style="font-size: x-small;">[2] Source : Erneubaren Energien in Zahlen 2010, mars 2011</span><br />
<span style="font-size: x-small;">[3] 16 Terawattheures (TWh) livrés en 2010 de Berlin vers Paris, contre 9 TWh dans le sens inverse, selon le bilan de RTE</span><br />
<span style="font-size: x-small;">[4] Institut Wuppertal de recherche sur le climat et l’énergie, étude menée pour le gouvernement de Rhénanie du Nord-Westphalie</span><br />
<span style="font-size: x-small;">Source: bastamag </span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2510217385049388222.post-91081088766947425812011-06-18T05:26:00.046+02:002011-06-18T05:26:00.115+02:00Pourquoi la Syrie explose à son tour<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://www.montrealarabic.com/wp/wp-content/uploads/2011/03/manifestation_syrie-150x150.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="http://www.montrealarabic.com/wp/wp-content/uploads/2011/03/manifestation_syrie-150x150.jpg" width="200" /></a></div><strong><span style="color: #cc0000;">La Syrie s’enfonce chaque jour davantage dans la violence. Un dirigeant - Bachar El Assad - décevant, une mosaïque de communautés, les fruits d’une modernisation économique confisqués par le pouvoir: tout est en place pour l’explosion.</span></strong><br />
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En Syrie, on <em>«entre dans le dur»</em>, estiment les observateurs. Dans les deux camps - celui du pouvoir et celui de la rue - les plus radicaux prennent la main et un point de non-retour semble avoir été franchi. Mais on n’a peut-être encore rien vu: <em>«Jusqu’ici, la répression s’est montrée plus impressionnante qu’efficace! Or les moyens du pouvoir syrien sont extrêmement efficaces»</em>, rappelle Elizabeth Picard, directrice de recherche émérite au CNRS (Iremam d’Aix-en-Provence). Ils peuvent même être féroces. Qu’on s’en souvienne: le soulèvement d’Hama en 1982, à l’instigation des Frères musulmans, s’est terminé dans un bain de sang jamais égalé dans la région. Il a fait environ 20.000 morts. Comme hier, l’enjeu est aujourd’hui de taille pour le régime syrien: le clan alaouite minoritaire des Assad garde depuis quarante ans une main de fer sur un pays devenu avec Bachar une simple possession dynastique. Il est complexe, aussi, tant s’entremêlent pouvoir, argent, histoire, communautés et relations internationales. Il mérite quelques clefs pour le comprendre.<br />
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<strong>Bachar ou le pouvoir partagé</strong><br />
Inconscient, impuissant ou cynique? Roi du discours immédiatement suivi d’un contre-discours, adepte du <em>«oui-mais»</em> perpétuel et spécialiste des promesses sans résultats, le jeune ophtalmologue rapatrié en urgence de Londres pour succéder à son père, Hafez, en 2000, n’a fait, depuis onze ans, que décevoir les attentes réformatrices syriennes ou étrangères. Bachar el-Assad ne semble jamais avoir dominé sa fonction et imposé son pouvoir. On l’a souvent excusé en le présentant comme un <em>«réformiste empêché ou contraint»</em>, <em>«engoncé dans une structure»</em>, car entouré par la vieille garde de son père et les proches de son clan. Et par beaucoup de <em>«durs»</em>. Mais il a lui-même consciencieusement recentré le pouvoir dans les mains de sa famille et fortement resserré la base de son régime, explique-t-on, pour former à l’arrivée un <em>«système néo-patrimonial»</em> témoignant d’une grande <em>«tribalisation du pouvoir»</em>, affirme Caroline Donati, auteur de «L’Exception syrienne» (Editions La Découverte). Son frère Maher est à la tête de la garde républicaine, son beau-frère Assaf Shawkat était jusqu’à il y a peu chef des services secrets, et son cousin germain Rami Makhlouf a la haute main sur le monde des affaires. <em>«Il y a eu chez lui un souci de modernisation, sur le plan économique notamment, mais pas de volonté de réforme du système»</em>, ajoute Elizabeth Picard. Qui est vraiment Bachar? <em>«On n’en est plus là aujourd’hui!»</em>, proteste le politologue libanais Joseph Bahout, professeur à Sciences po Paris: <em>«Le problème est le système dont il est le produit et le représentant, car il est là pour faire fonctionner un système qu’il n’a pas construit. Même s’il sait à quel point de délabrement en est arrivé la Syrie, il ne peut pas aller au-delà.»</em> En passant de Hafez à Bachar, la Syrie serait toutefois bien passée de l’autoritaire à l’arbitraire. Officiellement, le parti Baas gouverne le pays, mais pour la majorité des Syriens ce sont tout simplement les services de renseignement. Il y en aurait 17 différents et ces «moukhabarat» contrôlent tout: vie publique comme vie privée.<br />
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<strong> Un mille-feuille ethnique et religieux</strong><br />
<em>«La Syrie est dans la situation du Liban en 1975 et de l’Irak en 2003: c’est une mosaïque de communautés tenue par un ciment autoritaire et sous la domination d’un groupe»</em>, explique un sociologue à Damas, <em>«le problème, c’est que ces deux pays ont déjà fait l’expérience de guerres sectaires!»</em>. Le terrain est donc miné. Témoins du creuset de civilisation que fut la région, une grande majorité de sunnites (près des trois quarts de la population), chrétiens (10%), Kurdes (6%), druzes, ismaéliens, Tcherkesses, juifs, constituent la société syrienne, le tout sous la domination des alaouites, une minorité chiite très déclassée (dont étaient historiquement issus les personnels de maison) comptant pour seulement 10% de la population du pays. Sans compter 1,5 million de réfugiés irakiens. Une situation potentiellement explosive dont le pouvoir syrien ne se prive pas de jouer. <em>«Le pouvoir confessionnalise à outrance pour attiser les craintes et diviser»</em>, souligne-t-on à Damas, et il récupère laïcs ou petites communautés: <em>«La minorité chrétienne est très heureuse du régime baasiste qui les protège»</em>, souligne Denis Bauchard, conseiller Moyen-Orient à l’IFRI. <em>«Vu les exemples libanais et irakien, la société syrienne est très soucieuse de stabilité et elle vit dans l’acceptation de l’autorité pour l’obtenir»</em>, rappelle Joseph Bahout. Cette société aux ressorts très identitaires sait pourtant se montrer plurale, ouverte aux compromis - la grande bourgeoisie sunnite de Damas soutient le régime -, sa classe moyenne laïque est éduquée et autonome, et elle fait au total preuve d’une grande sophistication, relèvent les experts. Jusqu’ici, les affrontements ethniques ou religieux ne font pas partie du paysage syrien. Pour combien de temps?<br />
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<strong>Opposition laminée</strong><br />
Mais où est l’opposition syrienne? Sans surprise, cette société si peu homogène peut difficilement se rassembler autour de revendications communes. Comment le ferait-elle, d’ailleurs? <em>«Le prix de toute activité politique exercée en-dehors du cadre fixé ou tacite est la prison, l’exil, ou la mort»</em>, rappelle Caroline Donati. <em>«Il n’y a pas de structure alternative crédible»</em>, affirme Denis Bauchard. <em>«Il n’y a même pas en Syrie une petite dizaine de personnalités correspondant au Conseil de transition libyen. Le pays est politiquement désertifié depuis des décennies»</em>, poursuit Joseph Bahout. <em>«Il y a des élites, dans l’Etat, l’administration ou l’économie, mais elles vivent sous la chape de plomb des services de sécurité. L’opposition est un point aveugle de cette révolution multi-locale: il est difficile de voir apparaître des leaders moraux, politiques, religieux ou intellectuels, et qui se mettent en réseau, car le pouvoir frappe immédiatement»</em>, insiste Elizabeth Picard. Pour la chercheuse, <em>«les Frères musulmans sont la structure la plus solide qui puisse quadriller une société à 75% sunnite et être au cœur d’un projet politique»</em>. Toute la Syrie, d’ailleurs, n’est pas dans la rue... Quelques points positifs surnagent tout de même. D’abord parce qu’<em>«il y a dans toute classe politique de grandes capacités de reconversion. Voyez l’Egypte! Plusieurs centres de pouvoir existent en Syrie et les démissions qui se multiplient en son sein montrent que le parti Baas n’est pas homogène»</em>, avance Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève. Ensuite, parce que des mobilisations démocratiques (comme la «Déclaration des 99», en 2000, ou la «Déclaration de Damas», en 2005) <em>«ont prouvé l’existence de traces de mouvements supra-confessionnels. Et on trouve aujourd’hui dans la rue des protestations politiques unitaires»</em>, affirme-t-on à Damas.<br />
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<strong>Une économie dynamisée mais «privatisée»</strong><br />
Peu de pays peuvent se targuer d’avoir plus que doublé leur PIB en cinq ans. La Syrie l’a fait entre 2003 et 2008. Sur le papier, les «années Bachar» correspondent bien à une véritable embellie de l’économie dont témoigne une forme de «gentryfication» de Damas et des grandes villes syriennes. Longtemps réputée comme une des plus fermées et centralisées de la région, et alors que la production pétrolière s’asséchait, elle s’est ouverte à marche forcée à partir de 2004, avec l’irruption de banques privées et des investissements étrangers sur le marché, des privatisations, la libéralisation commerciale extérieure et l’abandon progressif des prix administrés. Par habitant, le revenu reste toutefois très inférieur à la moyenne du Proche-Orient, l’économie est toujours «en développement», l’Etat-providence a disparu, la pauvreté touche un tiers de la population et la Syrie a encore reculé dans le dernier classement «Doing Business» de la Banque mondiale (au 144è rang, sur 183 pays). Extrêmement tertiarisée, cette économie ne crée pas assez d’emplois. A la chinoise, <em>«on a assisté à une ouverture économique avec maintien d’une fermeture sur le plan politique et sécuritaire. Mais si cette ouverture a généré beaucoup de richesses, l’absence de partage a créé beaucoup de frustrations»</em>, constate Barah Mikaïl, directeur de recherche à la Fride, thinkthank européen basé à Madrid. Destinée à calmer la rue, elle n’a de fait profité qu’à une minorité de privilégiés et creusé le fossé entre riches et pauvres. Autour de Rami Makhlouf, propriétaire de l’opérateur téléphonique Syriatel, le cercle restreint de la famille Assad, du clan et des services sécuritaires concentre les acteurs de cette nouvelle économie. <em>«Ce ne sont pas les Trabelsi de Tunisie, mais quand même...»</em>, s’amuse une haute figure diplomatique de la région. <em>«Leurs aînés pillaient le service public, la génération de Bachar monopolise le secteur privé, s’emparant des principaux leviers de la puissance économique»</em>, résume Caroline Donati.<br />
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<strong>Un «pion» essentiel du Proche-Orient</strong><br />
Le moins que l’on puisse dire est que la Communauté internationale se montre très prudente vis-à-vis d’une Syrie explosive. Une intervention militaire sur le mode libyen <em>«ne va pas se produire, parce que je ne pense pas que nous sachions exactement ce qui se passerait, ce que cela déclencherait»</em>, estimait ainsi Hillary Clinton, fin mars. Car si tant de capitales l’approchent avec des précautions de démineurs, c’est que ce berceau du nationalisme arabe, apôtre de la «résistance» à l’Occident, constitue le principal allié de l’Iran, le soutien du Hezbollah au Liban et du Hamas à Gaza, et le perpétuel «meilleur ennemi» d’Israël, tous deux en guerre depuis l’occupation israélienne du Golan en 1974. Sa capacité de nuisance - directe ou indirecte - reste importante et y toucher est l’assurance de provoquer des réactions en chaîne peu contrôlables, sait-on partout. La stabilité s’impose donc... D’autant qu’au moment où s’annoncent des échéances importantes sur la question palestinienne et le conflit israélo-arabe, l’engagement de la Syrie, depuis toujours partisan d’une approche globale, apparaît comme une nécessité stratégique. Signe de cette urgence: en février dernier, Washington a nommé un ambassadeur à Damas. Le poste était vacant... depuis 2005.<br />
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<strong>Daniel Bastien , Elizabeth Picard</strong><br />
16.06.11<br />
<span style="font-size: x-small;">Source: cetri</span></div>ÉGALITÉ... sans guillemetshttp://www.blogger.com/profile/07152549394718688986noreply@blogger.com0