samedi 25 septembre 2010

Réarmement record contre le nouvel ennemi: l'Iran


 
C’est la plus grosse vente particulière d’armes jamais réalisée par les États-Unis: ils fourniront à l’Arabie Saoudite et aux autres États du Golfe des bombardiers, des hélicoptères, des missiles et d’autres armements pour une valeur de 123 milliards de dollars.

 
Boeing vend à l’Arabie Saoudite 85 nouveaux F-15 et en potentialise 70 autres: ce sont des chasseurs de combat multifonctions, en mesure de transporter des armes nucléaires, à une vitesse deux fois et demi supérieure à celle du son, et capables d’éviter les défenses ennemies. Boeing fournit en outre 70 hélicoptères de combat Apache et 36 Little Bird, utilisés par les forces pour les opérations spéciales. A cela s’ajoute plus de 70 hélicoptères de combat Black Hawk de Sikorsky (United Technologies). Le «colis» coûtera à l’Arabie Saoudite 67 milliards de dollars, à quoi s’ajouteront les dépenses pour l’entraînement du personnel, les pièces de rechange et les modernisations.

Aux Emirats Arabes Unis, les USA vendent 35-40 milliards de dollars d’armements, dont un «bouclier» formé de missiles Thaad de Lockheed Martin. Sont en outre potentialisés les missiles Patriot, fournis par Raytheon aux Emirats et aux Koweït. Ce dernier paiera 7 milliards de dollars. A Oman seront fournis 18 nouveaux chasseurs F-16 de Lockheed Martin, tandis que 12 autres seront potentialisés: la dépense se monte à 12 milliards de dollars.

Dans son annonce de la vente de 123 milliards de dollars aux Etats du Golfe, le Financial Times (21 septembre) la définit comme «une énorme impulsion à l’industrie américaine de la défense». Il ajoute ainsi que «l’achat de nouvelles armes états-uniennes survient au moment où de nombreux pays du Moyen-Orient, où se trouvent les deux tiers des réserves pétrolifères mondiales, sont en alarme à cause des ambitions nucléaires de l’Iran». La campagne sur la «menace iranienne» fonctionne donc, et bien.

Les pays du Golfe ne sont pas seuls à avoir intensifié leurs acquisitions de systèmes d’armes états-uniennes, les pays européens aussi se préparent à le faire: le secrétaire général de l’OTAN, Anders Rasmussen, leur a recommandé il y a quelques jours de réaliser avec les Etats-Unis un unique «bouclier» contre la «menace des missiles iraniens». La décision politique devrait venir du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Alliance Atlantique, à Lisbonne, en novembre. Viendra ensuite la phase opérative, avec une toute nouvelle militarisation du territoire européen et italien.

Que préfigure-t-on, dans l’administration Obama, avec cette mega vente d’armes aux pays du Golfe? Son objectif, écrit le Financial Times, va au-delà de la simple promotion de l’industrie militaire états-unienne. Si les alliés de Washington dans le Golfe achètent leurs armes aux USA, ils «sont entraînés sur des plateformes communes, en potentialisant leur capacité de combattre un adversaire commun» avec les forces états-uniennes. Sur cela, ajoute le New York Times, est aussi d’accord Israël, qui jusque là avait considéré avec suspicion toutes fournitures d’armes USA aux pays arabes.
En d’autres termes: en faisant la promotion de cette colossale vente d’armes, non seulement l’administration Obama revigore l’industrie guerrière et donc l’économie états-unienne, dans laquelle celle-ci joue un rôle important. Mais en même temps, l’administration Obama accroît l’influence états-unienne dans la zone stratégique du Golfe, en s’assurant que les armées des pays alliés soient à la totale disposition du Pentagone et bien armées, de façon à pouvoir un jour attaquer l’Iran qui a pris la place de l’Irak comme ennemi numéro un.

Est-ce ainsi que le président Obama est en train de gagner le Prix Nobel pour la paix qui lui a été conféré «pour ses efforts extraordinaires afin de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples»? Quels sens cela a-t-il de commencer le retrait des troupes combattantes en Irak – mais en laissant un presidium de bases et environ 50 mille soldats, et en doublant le nombre des mercenaires – et d’annoncer la probable amorce d’une sortie du bourbier afghan avec une afghanisation plus importante de la guerre sur le terrain, si pendant ce temps on prépare concrètement un nouveau scénario guerrier, bien plus grave?

Il est emblématique que cette administration, tandis qu’elle accuse le gouvernement iranien de violer les principes de la démocratie et les droits de l’homme, soutienne et arme l’Arabie Saoudite, où le souverain détient le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire; où il n’existe pas de Parlement mais seulement un conseil consultatif nommé lui aussi par le souverain; où les partis politiques et les organisations syndicales sont considérées comme illégales, et les femmes exclues de la vie politique et du travail. Sans oublier les nombreux «cas Sakineh» dans les prisons des pays du Golfe. Ces «valeurs» sont défendues et renforcées par les chasseurs bombardiers et les hélicoptères de combat, fournis dans une mesure sans précédents par les Etats-Unis sous une administration démocratique.

Manlio Dinucci & Tommaso Di Francesco
21.09.10
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Source: mondialisation.ca

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