samedi 11 septembre 2010
Le temps des rafles est revenu...
Non, les décisions du gouvernement français en matière de renvoi des Roms hors des frontières de l’hexagone ne tiennent pas du fait divers, ni ne sont un épiphénomène. Mais, elles sont l’illustration supplémentaire d’une politique gouvernementale discriminatoire, venant s’ajouter à la longue liste de décisions déjà plus que suspectes en matière d’identité nationale, initiées par un descendant d’immigré hongrois: Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa …
De la création de ce nouveau ministère de «l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire» jusqu’à l’expulsion manu militari de certains Roms après avoir saccagé leurs pathétiques et misérables campements à coups de pelleteuse mécanique, cette lente dérive sous de faux prétextes sécuritaires s’inscrit dans une même logique d’exclusion qui exsude les relents d’une xénophobie de plus en plus difficile à camoufler. En d’autres temps, cela s’appelait des rafles!
Des déclarations franchement racistes du ministre Brice Hortefeux quant au problème causés par les Arabes dès qu’il y en a plus d’un, à celles qui se banalisent sur les ondes à travers les interventions populistes d’un Eric Zemmour qui s’affranchit à mesure d’un applaudimètre en hausse, il faut être autiste pour ne pas voir la discrimination qui s’installe dès lors que du sommet de l’Etat jusqu’aux égouts des médias de tels discours odieux se multiplient… impunément.
Il y a peu, si de tels propos émanant de personnalités de l’extrême-droite n’avaient rien de surprenant, il ne fallait pas attendre bien longtemps pour qu’ils soient fermement condamnés par l’ensemble des partis démocratiques et des citoyens qui s’en réclament. Ces haïssables attaques venaient d’ailleurs nous rappeler que la bête immonde veille et qu’il convient de rester vigilent, car elle est et restera toujours à combattre. Et la leçon à tirer de ces derniers évènements désastreux nous indique qu’il ne faut pas grand-chose pour qu’elle se réveille. Comme par exemple et de manière presque anodine, une crise socio-économique un peu longue, dont l’absence de mesures adéquates et équitables pour la juguler, facilite le détournement de l’attention du peuple en stigmatisant ceux qui «profiteraient» du système social avantageux dans quelque pays européen, et libère alors toutes les frustrations rentrées dont souffrent nombre de citoyens souvent eux-mêmes précarisés. L’autre, l’étranger devenant ainsi une menace fantasmée pour son propre confort. D’ailleurs, ceux-là ne nous volent-ils pas notre travail, notre pain, nos femmes, nos pensions?…
C’est oublier bien vite que l’on est toujours, quelque part, un étranger… pour l’autre! Et qu’ainsi, après les «immigrés» supposés profiter de «notre» système, viendra le tour des chômeurs de longue durée; puis, certains n’hésiteront pas à se pencher sur le cas des grands malades ou des handicapés, déclarant qu’ils coûtent trop cher à la collectivité. Puis viendront les trop vieux dont il sera établi qu’ils sont condamnés à brève échéance; puis les sidéens dont la trithérapie sera déclarée impayable; et ainsi de suite dans un fichier classé «secret d’Etat» que gèrera une cellule discrète d’un ministère obscur, et qui n’est pas sans rappeler les pires dérives dont l’Europe s’est montrée redoutablement capable…
Il semble décidément bien loin le temps où l’idéal de la France était résumé par les trois mots de sa devise nationale qui ont franchi les océans: Liberté, Egalité, Fraternité… et symbolisé la lutte de populations pour se libérer de leur oppression. Comme semble loin aussi le courageux discours à l’ONU du Ministre des Affaires étrangères de l’époque Dominique de Villepin, se dressant face à l’empire américain contre l’illégale invasion de l’Irak début 2003. Entre ce discours magnifiant les qualités humaines de loyauté, de solidarité, de courage, et du respect de sa part d’humanité en chaque individu, et ceux discriminant, dégradant et excluant de l’actuel roitelet de l’Elysée, il y a autant de différence qu’entre la dignité humaine et sa vulgarité la plus tragique.
Face à de telles dérives, j’invite tout un chacun à se questionner vraiment sur le sens de l’exaltation d’une identité nationale à tout crin, en posant cette question simple: faut-il se sentir fier d’être Français, Marocain, Russe, Américain ou Chinois, alors que chacun naît au hasard d’un lieu, d’une époque, d’une culture, d’une famille qu’il n’a pas choisi et qu’il n’y a donc là aucun mérite? Et dans la foulée, faut-il se sentir fier d’être blanc, métisse ou noir, ou encore homosexuel quand là non plus, il ne s'agit ni de choix ni de mérite, mais d'occurence? Et même, faut-il être fier d'être chrétien, juif, musulman ou bouddhiste,quand dans la plupart des cas il ne s'agit pas d'un véritable choix mais d'un héritage culturel qui eût pu être bien différent selon l'endroit de naissance? Un minimum de raison, d'intelligence et un peu de modestie dans ce genre de débat sensible ne serait vraiment pas un luxe...
Devant tant d’arrogance et à vrai dire de bêtise, je voudrais rappeler la note suivante: «J’estime tous les hommes mes compatriotes, et embrasse un Polonais comme un Français, postposant cette liaison nationale à l’universelle et commune». Propos tenus il y a plus de… 400 ans, par Montaigne (1533-1592), écrivain, philosophe, auteur français mondialement reconnu pour ses Essais, et accessoirement homme politique, dont Voltaire (1694-1778) dira qu’il était un savant dans un siècle d’ignorance, et dont nombre d’élus actuels devraient dès lors méditer les propos… d’urgence!
Daniel Vanhove
Observateur civil
Auteur
10.09.10
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