lundi 13 septembre 2010
A l'heure où le débat sur "les retraites" agite la plupart des pays européens...
Ce qui est systématique avec l’Amérique Latine, à chaque fois que le gouvernement français fait une connerie, là haut ils font l’inverse avec une différence de quelques semaines ou mois.
Aujourd’hui en ce temps de sabrage dans les retraites en France où le gouvernement Sarkozy-Medef nous prépare des retraites de misère comparons avec ce qu’il se passe au Venezuela, et en Bolivie.
1è Comparaison
Lors d’un acte de remise des retraites à des pêcheurs le commandant Chávez a fait le point sur ce qu’elles étaient avant la révolution et ce qu’elles sont maintenant:
- en 22 ans seules 390 000 pensions furent accordées en dépensant 26 millions de bolívars.
- maintenant en 11 ans, il y a eu 1 200 000 pensionnés ce qui a coûté 6 175 millions de bolívars.
En 1991 et 1992 la caisse des retraites était au bord de la faillite, il y avait un risque de privatisation et les pensions n’étaient plus payées. Les retraités protestèrent alors, et la bourgeoisie leur envoya la police qui les frappa, ainsi que la baleine (véhicule anti-émeute muni d'un jet d’eau).
A l’époque la retraite était de 3000 bolívars quand le salaire minimum était de 10 000 bolívars. De plus elles étaient gelées. Aujourd’hui les pensions sont à 1 223 bolívars soit 1 200 000 bolívars anciens (la dévaluation ayant retiré trois zéros). De plus elles sont alignées sur le salaire minimum qui augmente tout les ans et est le plus haut d’Amérique Latine.
Le gouvernement a aussi pris comme mesure de compléter le nombre de cotisations nécessaires pour ceux qui n’en n'avaient pas le nombre suffisant pour toucher leur retraite (ce qui arrivait souvent, car les patrons ne payaient pas les cotisations où ne déclaraient pas les travailleurs).
Le but est qu’aucune personne âgée ne soit sans pension.
Chávez a déclaré que ceci était seulement possible dans le socialisme.
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2è Comparaison
A l’heure où, en France, le gouvernement s’apprête à repousser l’âge de départ à la retraite à plus de 60 ans et à augmenter le nombre d’annuités pour bénéficier d’une retraite à taux plein, et cela sans toucher sérieusement aux revenus du capital, en Bolivie, le gouvernement socialiste anti-libéral de Evo Morales s’apprête à faire voter une nouvelle Loi sur les retraites, discutée avec la principale centrale ouvrière du pays (la COB), qui abaisse l’âge de départ à la retraite de 65 à 58 ans, avec les mêmes avantages. Cet âge sera même rabaissé à 56 ans pour les ouvriers du secteur minier, avec possibilité de baisser encore cet âge selon certains travailleurs, avec dans ce cas: un an travaillé à l’intérieur de la mine comptera pour deux années.
Tout cela s’inscrit dans le cadre de la reconstruction du système Bolivien de retraite par répartition mis à sac par des décénnies de libéralisme économique...
Début février 2008, le président Morales avait déja instauré une pension "dignité" destinée aux retraités vivant sous le seuil de pauvreté, dans un pays où deux habitants sur cinq vivent avec moins de 2 dollars par jour... Pour financer cette allocation, le gouvernement de Morales avait instauré une redistribution des richesses liée aux hydrocarbures (gaz et pétrole), mettant ainsi à contribution les riches régions de l’Est Bolivien qui s’étaient arrangées jusque là pour bénéficier de la quasi-totalité de ces revenus.
Refusant de partager le gâteau, l’oligarchie bolivienne avait, avec à la complicité de l’ambassade américaine, tenté de déclencher une guerre civile destinée à renverser le président Morales.
La France n’est évidemment pas la Bolivie, ses niveaux de revenus, de pensions de retraites et de vie sont très éloignés certes, mais n’y a t-il pas là encore, matière à s’inspirer d’un gouvernement progressiste qui élabore et vote des lois qui ne séparent pas l’aspect humain de l’aspect économique.
N’y a t-il pas intérêt à s’inspirer une fois de plus de ces gouvernements progressistes latino-américains qui ont choisi leur camp entre les requins de la finance: les affameurs du FMI et de la Banque Mondiale d’un côté, et le bien-être du peuple de l’autre.
La Bolivie, comme le Venezuela et l’Equateur, ainsi que les pays membres de l’ALBA (Alliance Bolivarienne pour les Amériques) ont décidé depuis quelques années déja de renvoyer les technocrates du FMI dans leurs bureaux new-yorkais, et de gérer eux-mêmes leur pays, leur économie, et leur système de retraites.
Contrairement à nos gouvernements européens, celui de Evo Morales estime que l’humain passe avant les considérations économiques, il estime aussi que ce sont ceux qui ont le plus et qui provoquent les crises financières qui doivent mettre la main à la poche..
Il estime que les ressources de son pays ne doivent plus servir à garnir les comptes des multinationales étrangères et des oligarques locaux, mais au contraire à développer économiquement et socialement une nation désormais libre du diktat des marchés financiers et de ses alliés.
Une belle source d’inspiration que cette Amérique Latine rebelle et progressiste n’est-ce pas? Ne devrait-on pas avoir les yeux rivés sur ces nations et ses peuples qui remettent en cause ce que l’on a commencé à nous faire subir ici: à savoir la dégradation de nos conditions de vie et la destruction de nos acquis sociaux résultant d’années de luttes, tout cela au nom de la course au profit des plus riches et du libre-marché "sacré"..
Sarkozy n’est pas Morales, et nous le regrettons bien!
Frédéric André
09.09.10
Source: le grand soir
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