vendredi 24 septembre 2010
Sujet déjà évoqué sur notre blog: le régime doré de certains eurocrates
Le confortable régime des Commissaires européens
Heureux comme un ex-commissaire européen. Bénéficiant au cours de leur mandat de cinq ans d'un revenu mensuel de 20.300 euros, auxquels s'ajoutent quantité d'indemnités - de résidence, à hauteur de 15 % du traitement de base, de représentation (911 euros) -, les membres de la Commission peuvent aussi compter sur un généreux système "d'indemnités transitoires", une indemnité de chômage à faire pâlir d'envie à Pôle Emploi.
Selon le quotidien allemand Financial Times Deutschland, dix-sept anciens commissaires, qui n'ont pas été reconduits dans la deuxième équipe dirigée par José Manuel Barroso en février 2010, continuent de toucher cette indemnité, soit, au maximum, entre 40 % et 65 % de leur ancien salaire, malgré le fait qu'ils occupent actuellement de nouvelles fonctions, rémunérées. Confirmation et explications de Michael Mann, porte-parole de la Commission : "Le système a été mis en place pour faciliter le retour des commissaires sur le marché du travail et maintenir leur indépendance. L'indemnité peut être versée pendant trois ans, même si un ancien commissaire trouve un autre job. Mais, dans ce cas, le cumul des deux revenus ne peut pas excéder le montant de l'ancien salaire. L'indemnité est plafonnée."
Jacques Barrot concerné
Parmi les bénéficiaires du système, on trouve ainsi un chef d'État (Dalia Grybauskaité, actuelle présidente de Lituanie), deux ministres des Affaires étrangères (l'Italien Franco Frattini et le Chypriote Markos Kyprianou), un membre du Conseil constitutionnel (le Français Jacques Barrot) et des eurodéputés (le Belge Louis Michel, la Polonaise Danuta Hubner). Certains se sont reconvertis dans le secteur privé, dans des domaines en relation avec leur ancienne activité. C'est le cas par exemple de Meglena Kuneva. La Bulgare était chargée des droits des consommateurs.
De son poste au conseil d'administration de BNP Paribas, elle défend aujourd'hui les intérêts de la grande banque française. L'ancien commissaire chargé de la Pêche, le Maltais Joe Borg, reconnaît toucher chaque mois 11.000 euros de la Commission. Il a rejoint en juillet une société de lobbying bruxelloise, la Fipra, active notamment dans le domaine maritime. Un autre ancien commissaire est dans le collimateur de plusieurs ONG anticorruption. Autrefois chargé de la politique d'élargissement de l'Union - notamment du délicat dossier turc - puis de l'Industrie, l'Allemand Günter Verheugen a rejoint l'Union des chambres de commerce turques. Puis il a monté une entreprise de conseil spécialisée dans les politiques européennes, The European Experience Company. Contrairement au code de conduite mis en place pour et par les commissaires européens, Gunter Verheugen n'en a informé que tardivement son ancien employeur, lorsque la presse allemande s'est emparée du sujet. La plate-forme d'ONG "Alter-EU" a lancé une pétition en ligne pour réclamer l'interdiction de toute activité de lobbying pour les anciens commissaires.
Alain Franco
Correspondant de Le Point à Bxl
23.09.10
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