dimanche 28 février 2010

Interview avec Bahar Kimyongur



Eylem Aydemir – De quelle origine êtes-vous ?
Bahar Kimyongur – Mes parents viennent du sud de la Turquie actuelle, d’une province qui fut un Etat plus ou moins indépendant de 1938 à 1939 : la République de Hatay. Ce territoire d’origine syrienne que les historiens appellent le «Sandjak d’Alexandrette», a été annexé par la Turquie en 1939. Le «Liwa Skandaron» comme le nomment les Arabes, a longtemps fait l’objet de discordes entre la Syrie et la Turquie. Mon père est originaire de Samandag tandis que ma mère vient d’un village proche d’Antakya, la fameuse Antioche biblique. A peine 25 km séparent les deux villes. Samandag, qui signifie en turc «montagne de Syméon» en raison de la présence du monastère de Saint-Syméon le Stylite sur le mont qui surplombe la ville, est un bastion de gauche. Elle est même surnommée «la petite Moscou» depuis les années 70. Samandag est actuellement dirigée par un maire du parti ÖDP (Parti de la Liberté et de la Solidarité), une formation réformiste issue d’une organisation révolutionnaire dont la matrice politique est identique à celle de l’actuel DHKP-C. A Samandag, le socialisme révolutionnaire fait partie du folklore local. Les chansons militantes y résonnent partout : dans les tribunes des salles de sport, dans les cafétérias de la plage, dans nos veillées à la belle étoile et même durant les fêtes de mariage.
Cette ville comprend une grande diversité de cultures et de religions : essentiellement des Arabes chrétiens orthodoxes, des Arabes alaouites, des Arméniens et des Turkmènes. A Antakya, il y a même une communauté juive, des Arabes catholiques, des Circassiens, des Ouzbeks afghans et des Kurdes.
Je suis moi-même d’origine arabe alaouite. Les Alaouites appelés également «Nossayris» forment une subdivision de l’Islam d’inspiration chiite mais dont la théologie est moins contraignante et plus libérale. Cette souplesse au niveau culturel et rituel a fait que la population alaouite est considérée comme plus ouverte sur le monde et sur l’autre. On retrouve sur son calendrier liturgique des fêtes reprises par d’autres religions, notamment chrétienne.
Je dois sans doute ma conception progressiste et altruiste de la politique à mes origines multiples et à l’environnement multiculturel et multiconfessionnel dans lequel je baigne depuis mon enfance.

Vu que vous êtes né en Belgique, peut-on affirmer que vous connaissez aussi la culture européenne en plus de vos cultures d’origine ?
En effet, je suis Bruxellois, francophone, parfois néerlandophone quand mes interlocuteurs ne me laissent pas le choix, de culture arabe et turque. Un parfait "zinneke" en somme. Le chocolat, les trappistes, les carbonnades flamandes, les BD et les chansons de Brel ne me laissent pas indifférents. Je suis également fasciné par l’œuvre de Breughel l’Ancien, par celle de Masereel et de Magritte, par le combat des comtes d’Egmont et de Hornes, par celui du prêtre-ouvrier Daens et par celui du communiste Julien Lahaut. En même temps, je ne me sens pas plus Européen qu’Inuit, Papou, Mapuche ou Malgache. Je me revendique de toutes les cultures et de tous les combats qui contribuent au progrès social et à l’enrichissement moral du genre humain.

Avez-vous connu votre région d’origine ?
Je l’ai connue pour m’y être rendu plus de vingt fois, pour m’être imprégné de son histoire, de son identité plurielle et de ses traditions. Dès l’enfance, j’étais dévoré par l'envie de connaître mon passé, mes origines. Je concevais mes voyages dans la région d’Antioche comme des expéditions, des chasses aux trésors. Avec mes amis, on aimait marcher vers l’inconnu, escalader des pentes escarpées, remonter les rivières, s’engouffrer dans les grottes et les forêts tout en fredonnant des chansons révolutionnaires. Il nous arrivait de bivouaquer dans les sanctuaires alaouites, les «ziyaras», perdus dans les montagnes. On recréait le monde en dormant à la belle étoile. C’était une manière ludique et enfantine de prendre le maquis. Parfois, nous nous amusions à creuser la terre et découvrions des tessons de poterie, des ossements humains, des pièces de monnaie, des morceaux de statuettes et des lampes à huile d’époque romaine et byzantine. A 15 ans, j’étais devenu un pilleur de tombes ! Je l’ai amèrement regretté lorsque je sus ce qu’était réellement l’archéologie au cours de mes études universitaires.

Pouvons-nous dire que c’est votre intérêt pour vos origines qui vous a poussé à étudier l’histoire de l’art et l’archéologie ?
Absolument. Mes origines s’érigeaient sur un héritage culturel qui a été successivement amorrite, assyrien, hittite, hellénistique, romain, byzantin, arabe, croisé, mamelouk, seldjoukide et ottoman. A Antioche, il y a l’église de Saint-Pierre qui est la première église du monde. Le mot «chrétien» est d’ailleurs apparu pour la première fois à Antioche. Même la mosquée principale de la ville porte le nom d’un martyr du début de l’ère chrétienne : Habib El-Nejjar, «Habib le charpentier». Et le seul village arménien de toute la Turquie, le village de Vakifli est perché sur les hauteurs de Samandag. Cette richesse culturelle et religieuse m’a incité à en connaître plus sur la région. Non seulement je me suis intéressé à l’histoire antique mais aussi à l’histoire récente de cette région et de ses peuples que le régime d’Ankara tente depuis toujours d’effacer par le nettoyage ethnique et l’assimilation.

Avez-vous été actif dans certains mouvements pendant vos années d’études ?
Oui, bien sûr. J’ai d’abord été actif dans un mouvement étudiant communiste belge lié au Parti du Travail de Belgique. Cet engagement m’a permis de m’investir dans de nombreuses luttes sociales, à l’université mais aussi au sein de la classe ouvrière. Pendant et après mes études, j’ai surtout été marqué par le combat héroïque et digne des travailleurs des Forges de Clabecq. Avant cela, j’ai adhéré pendant mes études secondaires au groupe Amnesty de mon école. On organisait alors des campagnes de soutien aux prisonniers politiques, y compris pour les détenus incarcérés en Chine et en URSS. A vrai dire, j’ai commencé à m’intéresser aux problématiques liées à la démocratie, à la liberté d’expression dès mon plus jeune âge. Mais ce n’est que lors de mes années d’études universitaires que j’ai pu prendre connaissance de la réalité politique en Turquie et m’engager de manière conséquente. Entre-temps, mes amis d’enfance de Samandag avaient massivement adhéré aux mouvements de la gauche révolutionnaire. J’ai retrouvé certains d’entre eux à Izmir. Ils m’emmenèrent à des meetings politiques interdits. J’ai été témoin d’une répression politique bestiale. C’était l’époque où a eu lieu le massacre d’intellectuels à Sivas en 1993 suite à la provocation des mouvements fascistes et islamistes. Tout cela a aussi contribué à ce que je m’intéresse plus à la contestation et donc surtout à la gauche radicale. Dans un premier temps, j’étais intéressé par l’histoire avec un grand «H» et plus tard, avec l’évolution politique de mes amis d’enfance, je me suis intéressé aux mouvements auxquels ils sympathisaient. Il y avait là un phénomène de mimétisme dans le sens positif du terme.

Actuellement, êtes-vous membre, militant ou sympathisant du DHKP-C ?
Je n’en suis pas membre et encore moins militant. Parce que mon mode de vie ne correspond pas à celui d’un révolutionnaire. Pour faire partie du DHKP-C, il faut mener une existence de Spartiate, vivre dans l’ascétisme absolu, la privation, sacrifier quasi chaque instant de sa vie pour la révolution, pour le bonheur des autres. Malgré les apparences, je ne suis qu’un simple sympathisant de ce mouvement. Je n’en nourris pas moins un respect sans faille pour ces militants pétris d’idéaux, immensément généreux et dotés d’un sens moral élevé. Les militants du DHKP-C sont véritablement l’incarnation de «l’homme nouveau» dont parle Che Guevara. Et s’ils sont ainsi, c’est parce que leur combat se dirige avant tout contre eux-mêmes, contre cet «ennemi intérieur» qui habite chacun d’entre nous et qui nous rend égoïste, cupide et mesquin.

Depuis le décès du leader Dursun Karatas, y a-t-il eu des tiraillements au sein du DHKP-C?
Le DHKP-C n’étant pas, à l’instar des partis bourgeois, un parti où l’on peut faire carrière, les militants de ce mouvement n'ont aucune raison de se disputer la place du leader. A mon avis, il n’y a rien de plus ingrat et de plus dangereux que de diriger un tel parti puisqu’on est condamné à vivre dans la clandestinité, on risque à tout moment d’être abattu par des agents de l’Etat turc. Les leaders d’un tel mouvement n’ont pas de hobbies, pas de vacances, pas d’intimité, pas de vie privée, pas de contacts avec leur famille, leurs amis…

Pensez-vous qu’il y a encore beaucoup d’efforts à investir pour qu’une Turquie démocratique voie le jour?
La tâche est extrêmement difficile et je crains que cela passe par des méthodes radicales en raison de la violence des élites militaires d’une part et celle de l’Etat policier qui, aujourd’hui, est aux mains du gouvernement ultralibéral de l’AKP. L’oligarchie militaire nous a en quelque sorte habitués à sa terreur avec les nombreux coups d’Etat qu’elle a à son actif depuis 1960. Mais il ne faut pas sous-estimer le terrorisme d’Etat du gouvernement ultralibéral de l’AKP. Appuyé par la confrérie religieuse tentaculaire des «Nurcu» dont le chef suprême est le prédicateur Fetullah Gülen exilé aux Etats-Unis, l’AKP est parvenu à conquérir de nombreuses institutions et notamment la police qui est sans pitié à l’égard des mouvements progressistes.
Oui, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir surtout en cette période où la population est poussée à prendre part à une querelle de palais dans laquelle elle n’a aucun intérêt. Les deux pôles politiques qui s’affrontent actuellement dans un conflit que l’on présente fallacieusement comme un bras de fer entre des «forces civiles de tendance islamiste» et «des généraux laïques», s’entendent comme larrons en foire quand il s’agit de s’opposer au mouvement social.

Quel a été le fait déclencheur de l’affaire DHKP-C ?
Au départ, il y eut une perquisition dans un appartement à Knokke le 26 septembre 1999. A l’époque, personne n’était vraiment intéressé par cette affaire. Mais un jour, on découvrit que la femme arrêtée durant la perquisition était en fait Fehriye Erdal. L’affaire prit dès lors une dimension nouvelle et un véritable bras de fer s’engagea entre les autorités belges et les turques.

Est-ce qu’on peut dire que l’affaire DHKP-C, c’est l’affaire Sabanci comme le font croire les médias turques?
Pas du tout. Fehriye Erdal est certes l’une des inculpés dans l’affaire DHKP-C en Belgique. Fehriye Erdal est certes citée dans l’affaire Sabanci, c’est-à-dire accusée d’avoir participé à l’attentat du janvier 1996. Mais l’affaire Sabanci n’a rien avoir ici. Ce dossier ne couvre que les délits prétendument commis en Belgique par les 11 inculpés de ce procès. Et contrairement à ce qu’affirment les autorités turques, dans ce dossier, l’Etat belge n’a fait preuve d’aucune clémence. Au contraire, les condamnations pour détention d’armes et de faux papiers ont été extrêmement lourdes puisque les juges ont fait usage de la loi sur les associations de malfaiteurs, accusation que les inculpés récusent parce qu’ils ne se considèrent pas comme tels. Si les condamnations effectives sont légères, c’est en raison de l’acharnement du Parquet fédéral qui a voulu taper fort en gonflant le dossier, en se livrant à un procès politique et en manipulant la constitution des tribunaux, créant de fait des tribunaux d’exception. Au bout de 11 ans, ses manœuvres se sont retournées contre lui. Mais soyez-en sûrs: le Parquet fédéral prépare sa revanche. Il s’apprête en effet à traiter l’affaire Sabanci en Belgique et va tout faire pour condamner lourdement Fehriye Erdal.

Est-ce que les agissements du Procureur ont fait l’objet de contestations en Belgique? Y a-t-il au des gens qui ont perdu confiance en la justice belge, pensant que celle-ci a libéré des prétendus «terroristes» ?
Au sein de l’opinion publique belge, de nombreuses personnalités sont montées au créneau pour dénoncer le coup d’Etat que le Parquet fédéral a tenté de faire dans l’appareil judiciaire à travers le procès DHKP-C. Le Comité pour la liberté d’expression et d’association (CLEA) est né de cette volonté de contrecarrer les desseins liberticides du procureur fédéral. Nous nous souviendrons aussi que de nombreux mouvements associatifs et syndicaux comme la Ligue des droits de l’homme, la FGTB et Greenpeace et autant de professeurs, de journalistes et d’élus politiques ont exprimé leur inquiétude à propos de la loi antiterroriste de 2004 et de son usage dans le cadre de l’affaire DHKP-C.
Mais une autre partie de l’opinion publique, plutôt conservatrice, frileuse et xénophobe, a considéré que la justice a fait preuve de souplesse à l’égard des inculpés. Ceux qui pensent ainsi ignorent que les inculpés de cette affaire ont été victimes de tortures mentales, que certains d’entre eux ont été confinés pendant 20 mois dans un isolement total. Je parle de Musa Asoglu et Kaya Saz. Fehriye Erdal a fait un an de prison et a donc déjà accompli une partie de sa peine puisque du 26 septembre 1999 jusqu’en août 2000 elle était détenue à la prison de Bruges. Ensuite, elle a été assignée à résidence jusqu’au jour où elle a décidé de se soustraire à la justice, ce qui équivaut tout de même à près de 6 ans de vie recluse dans un espace de vie extrêmement réduit. Il n’y a jamais eu la moindre mansuétude de la part des autorités belges à l’égard des inculpés du DHKP-C puisque les inculpés ont payé très cher le prix de leurs idées et de leurs engagements. En revanche, les militants d’extrême droite, Néo-nazis ou Loups Gris turcs, qui sont arrêtés avec des armes sont généralement condamnés à des peines légères et ne sont jamais condamnés en tant que malfaiteurs, criminels ou terroristes. Par exemple, Yalçin Özbey, un des complices de Mehmet Ali Agca, le fasciste qui tira sur le pape Jean-Paul II, vit depuis des années en Belgique et n’a jamais été inculpé alors qu’il est coresponsable de l’assassinat du journaliste Abdi Ipekçi. L’Etat turc n’a d’ailleurs jamais demandé l’extradition d’Özbey. En revanche, Fehriye Erdal est traquée sans relâche, notamment par des tueurs à gage et des maffieux à la solde de l’Etat turc.

Dans le cadre de l’affaire DHKP-C, vous avez été plus médiatisé que les autres inculpés. Est-ce que cette médiatisation vous a gêné ?
J’aurai préféré rester dans l’anonymat. Mais quand on s’oppose à un pouvoir aussi brutal que celui de l’Etat turc, on s’expose fatalement. Il est en effet difficile d’échapper à la machine de propagande calomnieuse et aux appels au lynchage du régime d’Ankara. Avec l’entame du procès, la presse belge s’est penchée sur notre procès et ses enjeux. Hormis quelques exceptions, la presse belge s’est voulue moins vicieuse et plus objective. Dès lors, je puis affirmer que la médiatisation de notre affaire a été nécessaire pour mettre en lumière les manipulations du Parquet fédéral qui se faisaient au nom et à l'insu de la population belge.

Y a-t-il eu des médias belges qui ont fait preuve de malveillance ?
Oui. Je me rappelle que le Standaard avait écrit que mon mariage avait été arrangé par le DHKP-C parce qu’il lui fallait, en cas de besoin, disposer d'un sosie de Fehriye Erdal et que ma femme convenait bien pour ce rôle. Pourtant, ma femme ne ressemble pas du tout à Fehriye. Il y a eu d’autres choses terribles qui ont été dites à l’égard de mes co-inculpés. Mais heureusement, la plupart des journalistes belges n’ont pas mangé de ce pain-là et ont préféré gardé leur intégrité.

Avez-vous déjà connu une pression ou une poursuite de la part des autorités belges ?
Une pression, oui. Je suis resté en prison aux Pays-Bas et j’ai appris après ma libération que cette incarcération était le résultat d’une opération illégale ourdie par le procureur fédéral qui s’occupait également du dossier DHKP-C en Belgique. Comme tout militant de gauche, je savais que j’étais exposé à l’appareil d’Etat et à la police. C’est logique : on se bat contre les agissements antidémocratiques de cet Etat bourgeois en espérant qu’il sera un jour remplacé par un Etat qui protège les travailleurs. J’ignorais cependant que l’Etat belge pousserait le vice jusqu’à tenter de me liquider en me livrant aux autorités turques. Je ne m’attendais pas à tant de lâcheté.

Cette pression continue-t-elle depuis que la justice belge a prononcé votre acquittement ?
Je suis toujours sous surveillance policière. C’est ce qui apparaît notamment dans le dossier de naturalisation de mon épouse. On y trouve des comptes rendus concernant mes déplacements, y compris lorsque je vais voir la famille. Mais je ne me sens pas pour autant soumis à une pression. J’ai appris au fil du temps à vivre avec les micros de Big Brother. Je sais que certaines personnes attendent la moindre occasion pour me faire du tort, notamment via Interpol où je suis encore signalé. Mon épouse vit en Belgique depuis dix ans et en Europe depuis 20 ans. Pourtant elle ne peut toujours pas bénéficier de la nationalité belge. Elle est donc plus en danger que moi car si son nom figure dans les listes d’Interpol, chose que l’on ne peut savoir que lors d’une interpellation policière, elle pourrait être extradée vers la Turquie même à partir de la Belgique.

Avez-vous déjà été menacé ?
Je me suis retrouvé, dans ma vie militante, face à des ennemis politiques qui étaient très dangereux. Mais sérieusement, la plupart des réactions que je reçois sont extrêmement positives. Dans la rue, les gens qui me reconnaissent me félicitent et m’encouragent. Finalement, je puis dire que toute cette affaire aura été extrêmement contreproductive pour l’Etat belge qui s’est véritablement ridiculisé mais dont l’honneur a in fine été sauvé par les juges de la Cour d’appel de Bruxelles.

Vous avez dit que vous étiez fichés sur les listes d’Interpol. Est-ce que cela signifie que vous êtes recherché par les services secrets turcs ?
En fait, lorsqu’une personne est reprise dans la liste d’Interpol, c’est qu’un Etat a émis un mandat d’arrêt contre elle. Dans nom cas, c’est le régime d’Ankara qui a émis un mandat d’arrêt international pour me mettre à disposition de la justice turque. En tant que Belge, je suis protégé par ma nationalité et donc, je ne puis être extradé vers la Turquie tant que je suis sur le territoire belge. Par contre, si je quitte la Belgique, je suis exposé à ce mandat d’arrêt. Pour pouvoir être retiré de cette liste, il faudrait que l’Etat turc cesse ses poursuites. Autant dire que je resterai fiché à vie. Mais ce n’est pas parce qu’on figure sur la liste Interpol que des agents en imperméable attendent dans une voiture banalisée devant chez moi. C’est un simple signalement qui ne peut s’activer que si l’on est soumis à un contrôle policier. C’est souvent par hasard que tel ou tel opposant politique apprend qu’il est recherché par tel ou tel pays.
Cela dit, Interpol est une organisation policière extrêmement opaque. On ignore son mode de fonctionnement. Moi-même, malgré mes multiples démarches, je ne suis jamais parvenu à obtenir des informations concernant mon signalement.

Pour quelles raisons Ankara voudrait vous arrêter ?
C’est essentiellement pour avoir chahuté le ministre des affaires étrangères Ismail Cem en novembre 2000 dans l’enceinte du Parlement européen. C’est aussi en raison de mon activité au sein du bureau d’information du DHKP-C à Bruxelles, pour avoir participé en 1999 à la campagne de libération d’un prisonnier politique turc incarcéré en Allemagne et pour ma présence au procès de Fehriye Erdal en Belgique. Or, si tous ces motifs sont absurdes, le dernier l’est encore plus étant donné que l’Etat turc me reproche d’avoir assisté à un procès dans lequel je suis moi-même inculpé. Mais maintenant que les Pays-Bas m’ont acquitté et que la justice belge m’a innocenté, je vois mal comment un autre Etat européen pourrait répondre favorablement à cette demande d’extradition turque et se rendre complice d’un tel acte terroriste.

Eylem Aydemir (Librenews)
26.02.10

samedi 27 février 2010

Kouchner crée "États sans frontières"



L’exclamation de Bernard Kouchner dans le Journal du dimanche («Un État palestinien, vite!») nous en dit sans doute plus sur le mode de fonctionnement du gouvernement français et de son ministre que sur le sort du conflit israélo-palestinien. Aussitôt prononcé et aussitôt «tempéré» par François Fillon depuis Amman, et ignoré lundi soir par Nicolas Sarkozy, le slogan lancé le jour de l’arrivée de Mahmoud Abbas à Paris suscite l’incrédulité. Entre les murs de ce vieil hôtel second empire du Quai d’Orsay, où l’on est, par tradition, si économe de ses mots, Bernard Kouchner continue de dessiner de grands moulinets avec ses bras et à laisser échapper des flots d’approximations qu’il passe encore plus de temps à démentir qu’à proférer.

Au-delà même de cette personnalité très «a-diplomatique», les «appels» inconséquents à la création d’un État palestinien ont déjà une trop longue histoire pour que nous jouions encore les Candides. Ariel Sharon, George Bush et, plus récemment, Benyamin Netanyahou se sont tous adonnés à des promesses de cette nature, avec la sincérité que l’on sait. Sans parler de l’adhésion quasi métaphysique au «principe» de la création d’un État palestinien à quoi on reconnaît généralement quelques-uns de nos intellectuels les plus inconditionnels de la politique israélienne. Tout le monde, ou presque, est «favorable» à un État palestinien, surtout quand on ignore tout de ses contours, et que la colonisation israélienne peut continuer de galoper. D’ailleurs, dès lundi, Bernard Kouchner semblait avoir oublié sa proposition, dont il ne dit mot dans la tribune qu’il a cosignée dans le Monde avec son homologue espagnol, Miguel Angel Moratinos.

Deux stratégies en deux jours, c’est au moins une de trop ! La seconde, celle qu’il partage avec son alter ego espagnol, nous semble plus sérieuse puisqu’il s’agit d’établir un «calendrier de négociations» sur les questions du statut final de l’État palestinien, c’est-à-dire précisément sur ce que notre ministre renvoyait aux calendes grecques dans son entretien au JDD. Encore faudrait-il que les délais soient très courts et contraignants. Un mot encore sur l’«État sans frontières» de Bernard Kouchner. On s’étonnera qu’il prenne à peu près l’exact contre-pied du plan ébauché par l’émissaire de Barack Obama, George Mitchell, qui, lui, fixait comme préalable le tracé des frontières. Ce qui paraît nettement plus pertinent puisque c’est sur ce point – les frontières, le partage de Jérusalem et la décolonisation – que l’opposition d’Israël est la plus rude. Et c’est là, tout de suite, que la pression internationale doit s’exercer. Hélas, les États-Unis ont eux-mêmes affaibli leur plan en renonçant à garantir que le tracé de frontières serait accompli sous deux ans, comme George Mitchell l’avait initialement indiqué. Ce qui donnait un contenu politique à leur engagement.

Tout au plus, la déclaration de Bernard Kouchner peut-elle être aujourd’hui rapprochée de la stratégie conduite par le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, qui préconise la construction d’un État «dans les faits et sur le terrain» en 2011, c’est-à-dire par la multiplication de projets économiques. Mais lui n’a pas les moyens d’affronter Israël. D’autant moins que le leadership palestinien est toujours divisé. Il est donc dans son rôle quand il prépare la société palestinienne à un avenir, même hypothétique. Toutefois, son pari n’a de sens que si les grandes puissances font «leur job», c’est-à-dire font ce que lui ne peut pas faire : exercer une forte pression sur Israël. L’impératif de cet affrontement diplomatique et économique est incontournable. C’est à cela qu’on jugera de la sincérité des plans.

Hors de cela, aucun n’a plus de vertus intrinsèques. Aujourd’hui, tout le monde semble comprendre que les choses ne peuvent pas durer, mais personne n’est prêt à prendre ses responsabilités. Jamais sans doute l’image d’Israël n’a été aussi dégradée. L’épisode des agents du Mossad épinglés à Dubaï n’ajoute rien à sa gloire. La campagne internationale qui s’amorce en faveur de sanctions à l’initiative des sociétés civiles est redoutée. Mais toutes les grandes capitales regimbent devant l’hypothèse d’une crise. Laisser une fois encore pourrir la situation serait pourtant désastreux. Les Palestiniens, ceux de Gaza surtout, ne peuvent rester dans cet entre-deux. Et il ne faut pas sous-estimer la capacité israélienne à brouiller brusquement les cartes par une nouvelle guerre contre le Hezbollah libanais, une autre offensive contre Gaza, sans parler d’une action militaire contre l’Iran, aux conséquences incalculables. Que de ruses et de tergiversations, décidément, pour obtenir d’un État comme les autres qu’il applique comme les autres les résolutions des Nations unies !

Denis Sieffert
25.02.10

Brésil : La menace américaine



"La menace américaine" : C'est le titre choisi pour l'éditorial du journal O Estado de São Paulo (Brésil) de ce 12 février. Le fait est d'autant plus surprenant que d'ordinaire ce journal de la droite brésilienne ne marchande pas son soutien aux États-Unis.

De quoi s'agit-il ?
Le libre-échange commercial - au cœur de la doctrine de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) - a été invoqué par les pays capitalistes occidentaux tant que cela leur permettait d'imposer l'entrée de leurs marchandises dans les autres pays, au détriment des productions nationales de ces derniers.
Depuis quelques années, l'explosion économique des anciens pays pauvres, comme l'Inde, la Chine ou le Brésil, a modifié la donne : les économies occidentales, durement concurrencées, tendent maintenant à chercher refuge dans le protectionnisme.

C'est ce qui arrive avec le Brésil.
Ce pays, grand producteur de coton, a traduit les Etats-Unis devant l'OMC, ce dernier pays allouant des subventions à ses propres producteurs de coton "en violation des lois commerciales".
Au terme d'un procès, qui a duré sept années et est passé par deux instances juridiques, l'OMC a finalement recommandé l'élimination des subventions américaines.
Mais les Etats-Unis ont superbement ignoré cette recommandation, ce qui - selon la réglementation de l'OMC - autorise le Brésil à user de représailles commerciales pour compenser les dommages causés.

Le montant de cette compensation pourrait atteindre 830 millions de dollars dès cette année. Pour le moment, le gouvernement brésilien envisage d'imposer des augmentations aux taxes d'importation sur certains produits américains à hauteur de 560 millions de dollars. Le restant serait obtenu par la suspension de droits de propriété intellectuelle (blocus des remises de royalties, annulation de patentes) ; le président Lula vient de signer un décret en ce sens.

O Estado note, qu'en général, dans une telle situation, les pays concernés cherchent par la négociation à éviter d'en arriver aux représailles. "Mais le gouvernement américain n'a montré aucune disposition, jusqu'à maintenant, à rechercher un accord avec les autorités brésiliennes", ajoute-t-il.
Plus, le nouvel ambassadeur des États-Unis, à son arrivée au Brésil, a évoqué "la possibilité de contre-représailles". Or, pour le journal brésilien, "l'idée de contre-représailles est incompatible avec la légalité internationale".
Il ajoute : "En rejetant l'élimination des subventions, le gouvernement américain méprise les normes souscrites par tous les pays membres de l'OMC. [...] Maintenant, en lançant des menaces de contre-représailles à l'encontre du pays vainqueur du procès, ce gouvernement déclare préférer, au plan international, le régime de la force à celui de la loi".
"Si [la force] était le régime souhaité pour le commerce international, le meilleur serait d'éliminer l'OMC [...]. Pourquoi instituer et maintenir des règles et tribunaux s'ils ne s'appliquent pas à tous ?", conclut-il.

Quant à Celso Amorim, le ministre des Relations extérieures du Brésil, il a déclaré que, dans cette affaire, son pays "ne peut s'incliner".

-o-o-o-o-o-

Ce qui échappe au journal brésilien c'est que le recours à l'imposition de la force ne se limite pas, pour les États-Unis, au domaine du commerce international. C'est une caractéristique, permanente et générale, de ce pays qui agit toujours en marge de la légalité internationale. "L'Etat américain demeure un Etat violent et sans foi ni loi", écrit Noam Chomsky. [1]

Du blocus de Cuba à l'invasion de l'Irak, en passant par le bombardement de la Serbie, pour prendre quelques exemples, tout cela s'est décidé en dehors de toute instance internationale légitime.

Comment est-ce possible ?
Si la politique de force des États-Unis ne rencontre pas la réprobation qu'elle mériterait, c'est que les grands médias occidentaux - les plus puissants de la planète - se font les relais complaisants de la propagande et de la désinformation systématiques qui précèdent et accompagnent les actions belliqueuses de ce pays.

C'est aussi que les autres gouvernements - tels ceux de l'Union européenne - deviennent muets dès que les manquements à la légalité internationale concernent les États-Unis.

Jean-Pierre Dubois
(depuis le Brésil)
22.02.2010

Notes:
[1] Noam Chomsky, "Un monde complètement suréel - Le contrôle de la pensée publique", Ed. Lux, Quebec, 2003.

Source: http://lepetitblanquiste.hautetfort...

vendredi 26 février 2010

Enfin ! : la justice européenne épingle les colonies israéliennes



Luxembourg - Des marchandises originaires des colonies israéliennes en Cisjordanie ne peuvent bénéficier du régime douanier préférentiel accordé par l'Union européenne à Israël, a estimé jeudi la Cour européenne de justice dans un arrêt politiquement très sensible.

Dans cette affaire appelée à faire jurisprudence, la société allemande Brita contestait le refus des autorités douanières allemandes d'appliquer le régime préférentiel accordé aux marchandises israéliennes au motif qu'elles étaient produites en territoires occupés.

"Les produits originaires de Cisjordanie ne relèvent pas du champ d'application territorial de l'accord" entre l'UE et Israël "et ne sauraient donc bénéficier du régime préférentiel instauré", a tranché la Cour de Luxembourg.

Du fait de sa dimension politique, l'arrêt dépasse largement le simple litige commercial israélo-allemand, puisqu'il porte indirectement sur la question très sensible de la colonisation israélienne, au cœur de l'impasse actuelle des négociations de paix israélo-palestiniennes, et du statut des territoires palestiniens occupés.

Brita voulait importer en Allemagne des gazéificateurs d'eau ainsi que des accessoires et des sirops fabriqués par un fournisseur israélien, Soda-Club, dont le site de production est implanté à Mishor Adumin. Cette colonie compte quelque 35.000 habitants est située en Cisjordanie, à l'Est de Jérusalem.

"Les autorités douanières allemandes pouvaient refuser d'accorder le traitement préférentiel prévu par cet accord (UE-Israël) aux marchandises concernées au motif que celles-ci étaient originaires de Cisjordanie", a estimé la Cour.
Elle a rejeté également l'argument selon lequel ces produits auraient pu bénéficier d'un autre régime douanier préférentiel, celui prévu par l'accord conclu entre l'UE et l'Autorité palestinienne, qui s'applique aux marchandises palestiniennes produites en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
En effet, "des marchandises certifiées par les autorités israéliennes comme étant originaires d'Israël peuvent bénéficier d'un traitement préférentiel uniquement en vertu de l'accord avec Israël, pourvu qu'elles aient été fabriquées en Israël", souligne la Cour.

Dans le cadre de cette affaire qui dure depuis plusieurs années, les douanes allemandes avaient interrogé leurs homologues israéliennes sur l'origine des produits.
Les autorités israéliennes s'étaient bornées à leur confirmer que les marchandises en question étaient originaires d'une zone sous leur responsabilité. Mais elles n'avaient pas répondu à la question de savoir si elles avaient été fabriquées en territoires occupés.
Le pays exportateur étant le mieux à même de procéder aux vérifications légales, c'est son appréciation sur l'origine des produits qui d'ordinaire fait foi.
Mais dans ce cas précis, la Cour estime que les autorités israéliennes ont "manqué à leur obligation" de fournir des renseignements suffisants pour déterminer l'origine réelle des produits. Et que les autorités allemandes n'étaient par conséquent "pas liées" par le certificat israélien.

L'arrêt était attendu tant du côté israélien que du côté palestinien.
Lors d'une visite mardi à Bruxelles, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a demandé aux Européens à "ne pas investir dans les colonies et à boycotter les produits" en provenance des implantations israéliennes en territoires occupés.

Source: AFP
25.02.10

jeudi 25 février 2010

La famille d'une pacifiste américaine tuée intente un procès contre "Israël"




La famille de Rachel Corrie, militante pacifiste américaine écrasée par un bulldozer israélien lors d'une manifestation à Gaza en 2003, a décidé d'intenter un procès à l'entité sioniste, a-t-on appris mercredi auprès de son avocat.

La jeune femme, qui a trouvé la mort à 23 ans, au plus fort de la seconde Intifada, est devenue une figure emblématique du soutien international à la cause palestinienne.

" "Israël" doit assumer la responsabilité de la mort de Rachel Corrie. Nous pensons qu'elle a été provoquée intentionnellement", a affirmé l'avocat de sa famille.

Les témoins de l'incident affirment que Rachel Corrie et d'autres manifestants avaient tenté de former un bouclier humain pour empêcher la destruction par un bulldozer israélien d'une maison à Rafah, près de la frontière entre Gaza et l'Egypte.

Ils assurent que la manifestation s'était prolongée pendant plus de deux heures et que les militants étaient clairement visibles par le conducteur du bulldozer.

"Pendant tout ce temps-là, Corrie et ses amis portaient des vestes fluorescentes et elle utilisait un mégaphone", a souligné l'avocat. La famille de la jeune femme doit venir en "Israël" pour le procès qui débutera le 10 mars.

De son coté, l'armée d'occupation accusé Rachel Corrie et les autres militants de l'International Solidarity Movement (ISM) d'avoir contribué à cette mort "par leur comportement illégal et irresponsable". "Israël" a autorisé quatre militants de l'ISM, présents lors du drame, à venir témoigner.

24.02.10

Source: almanartv

La puissance nucléaire française et l’uranium du Niger




Le Niger exporte suffisamment d’uranium vers la France pour générer 80% de l’électricité de cette dernière, note Khadija Sharife. Mais le Nigérien ordinaire profite peu de cette mainmise française sur des ressources vitales pour ce pays, avec les trois cinquième de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Sans compter les rapports faisant état de la contamination radioactive de l’eau, de l’air et du sol par les opérations d’extraction menées par les multinationales. C’est ce pays qui vient de vivre le énième coup d’Etat de son histoire, avec la destitution de Mamadou Tandja.

Le réseau de routes principales reliant des centres urbains miniers tel Arlit, Agadez et Niamey est connu sous le nom de ‘’l’autoroute de l’uranium’’. Développé entre 1970 et 1980, la route reliant le nord au sud du Niger fait office d’artère principale pour faciliter le transport des ressources liquéfiées d’uranium. Le réseau lui-même fait partie de la route transsaharienne, un ancien système utilisé depuis des temps immémoriaux par les habitants de ‘’Tinariwen’’ ou le Désert des Innombrables, selon le terme sous lequel le Sahara était connu par ses fils, y compris les Hausa et les Touaregs.

Malgré les découpages des territoires par les anciens colonialistes qui ont rassemblé des états/nations à leur convenance (pour mieux diviser, conquérir et exploiter), la route transsaharienne a continué à exister en se jouant astucieusement des frontières fermées. Au milieu de cette route se trouve le Niger enclavé, un pont entre le Nord et l’Afrique subsaharienne, un pays qui avoisine sept autres pays.

Le Sahara, qui englobe 11 pays, recouvre 80% des terres du Niger, un pays qui se caractérise par la pauvreté, la famine, les sècheresses et les dictatures. Plus de 60% de sa population vit dans la ceinture de pauvreté, privée de l’accès à la nourriture, à l’eau, aux installations sanitaires, aux infrastructures et à l’instruction. L’espérance de vie culmine à 43 ans et la plupart de ses citoyens - y compris 71% des femmes - sont analphabètes. Seul 3% du budget de l’Etat sont alloués à l’instruction, alors que plus de 50% des finances de développement vont au service d’une odieuse dette à payer. L’annulation de la dette, après que le Niger ait été jugé éligible par le FMI à l’Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés), a exigé une privatisation massive des entreprises étatiques nigériennes et a fourni une aide partielle. Néanmoins, en 2007, les directeurs du FMI ont estimé que le fardeau de la dette nationale demeurait trop élevé et ce, malgré le ‘’remède’’ des ajustement structurels.

Le Niger, qui exporte 7,7,% de l’uranium mondial, se situe avec constance parmi les cinq premiers exportateurs avec le Canada, l’Australie, le Kazakhstan et sa production est au même niveau que celle de la Russie. La ville d’Arlit, à elle seule, fournit largement les anciens seigneurs coloniaux, la France, en uranium. Un approvisionnement requis pour le programme nucléaire de l’Hexagone et ses centrales nucléaires estimées au nombre de 59.

L’uranium avait initialement été découvert au Niger en 1957 par le Bureau Minier de la France d’Outre Mer, une année avant la création de la République du Niger. Ceci à la suite d’une étude extensive menée par la Commission à l’Energie Atomique (CEA) de la France, qui a commencé en 1956 et a conduit à plusieurs découvertes à la veille de l’indépendance en 1960. La décolonisation réussie de l’Afrique par la France a été réalisée grâce à des accords militaires secrets et des accords concernant les ressources, ainsi que des zones monétaires spéciales. Ces accords imbriquaient les intérêts de la France avec ceux des gouverneurs autochtones soigneusement choisis comme au Gabon et au Togo - Omar Bongo et Gnassingbé Eyadéma - tous deux dirigeants à vie, de la libération sélective à la mort, et Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire. Ainsi, non seulement la France a eu un accès préférentiel aux ressources stratégiques, la présence de bases militaires françaises dans des anciennes colonies étaient légitimées, servant à la fois à soutenir le règne des dictateurs tout en les gardant sous contrôle. A partir de 1969, 27 accords ont été signés par d’anciennes colonies, y compris le Niger.

Les intérêts français ont été servis par le biais de la politique africaine postcoloniale de la France, connue sous le nom de Françafrique, qui a impliqué les échelons politiques et diplomatiques de l’Elysée depuis l’époque du général de Gaulle. Cette politique impliquait les lobby du renseignement et des multinationales intimement connectée avec l’Etat, comme Elf et Areva, des dictateurs de fabrication française et des réseaux de l’ombre désignés sous le nom de personnalité qu’on souhaitait honorer, comme Jacques Foccart, le principal conseiller pour l’Afrique de de Gaulle qui a été rappelé, après avoir pris sa retraite à l’âge de 81 ans, par le président Jacques Chirac, afin qu’il reprenne des activités. Chirac lui-même a déclaré, au début des années 1990, que le continent ‘’ n’était pas prêt pour la démocratie’’. Lorsqu’il lui a été demandé de décrire le rôle de Foccart dans Françafrique, le vice Premier ministre du général de Gaulle, Louis Joxe, a déclaré ‘’ être la nounou des présidents et s’assurer que les fonctionnaires africains seront payés à la fin du mois’’.

Les mines d’uranium découvertes au Congo, au Gabon et au Niger ont permis à la France de contourner les terrains minés menant à l’uranium en Ouzbékistan, au Canada et en Australie, des régions perçues comme ayant des tendances proaméricaines ou étant gérées par les Etats-Unis, rival de la France en Afrique et ailleurs. La Chine, assoiffée de ressources, avec une présence en expansion rapide en Afrique avec plus de 24 milliards de dollars de prêts depuis 2003, principalement garantis par des ressources, est aussi considérée comme une menace aux intérêts français.

Actuellement la France maintient 10 000 soldats spécialisés sur le continent, principalement basés à Libreville au Gabon, aussi connue sous le nom de ‘’Foccartland’’. De 1997 à 2002, la France est intervenue militairement 36 fois. Sur ces incidents, 24 ont eu lieu sans référence aux Nations Unies. La politique de Françafrique se poursuit sous Sarkosy, avec des soldats français intervenant dans des disputes internes.

Depuis le jour de l’indépendance du Niger, Diori Hamani du Niger et son parti politique, le Parti Progressiste nigérien (PPP), indirectement choisi par la France, ont régné sur le pays, aidé dès 1963 ouvertement par diverses interventions ou par des actions clandestines. Grâce à des accords militaires secrets, les soldats français basés à Niamey ont collaboré avec celui-ci afin d’éliminer et d’exiler l’opposition, tel que l’Union Nigérienne Démocratique. Hamani Diori s’est présenté aux élections, sans opposition, en 1965 et en 1970 mais a commis l’erreur fatale de demander le retrait des troupes françaises au début des années 1970. La France l’a fait, puis sans surprise un coup d’Etat militaire a porté au pouvoir le colonel Seyni Kountche au pouvoir. Kountche a été tué en 1987 et le colonel Ali Saibou lui a succédé.

Une avancée rapide de l’autoritarisme électoral du Niger sous la dictature de Tandja Mamadou
Actuellement, les forces armées du Niger, qui comptent 12 000 hommes, sont guidées par 15 conseillers militaires français. Et les Nigériens sont principalement instruits, entraînés et financés par la France. Ils protègent cinq zones cruciales, à savoir les routes géostratégiques et les mines. Les deux plus importantes mines du Niger sont contrôlées par Areva, l’entité dominante en matière de nucléaire, sous l’égide de l’Elysée, au travers de l’actionnaire principal, le CEA, propriété de la France.

Présent dans 43 pays, impliqué dans tous les aspects de la chaîne des matières premières, de l’extraction à l’enrichissement, de la propulsion, au recyclage et au démantèlement, avec un chiffre d’affaire de 16,16 milliards d’euros, la puissante économie mobile d’Areva éclipse celle de nombreux pays en voie de développement. Les mines du Niger, souterraines et à ciel ouvert, sont exploitées par les firmes subsidiaires d’Areva, comme Cominak et Somair, qui rapportent entre 75 et 90% du revenu national. Les réserves d’uranium d’Imoumaren, dont il est attendu qu’elles produisent 5000 tonnes par an, ont fait l’objet d’un contrat signé en janvier 2009 entre Areva et le gouvernement de Mamadou Tandja, et ce pour 40 ans. Il est prévu que la production débute en 2012 après un investissement de 1,2 milliards d’euros.

Cominak et Somair produisent au jour d’aujourd’hui presque 5000 tonnes par an. ‘’ Le thème de l’uranium et des accords qui y sont liés sont de nature hautement stratégiques et se situent au niveau des Etats’’ déclare Idriss Ali, coordinateur national au Niger de Publish what you pay (Publiez ce que vous payez). ‘’Ces accords reproduisent un cadre néocolonial qui ont conduit à la signature des accords miniers et déterminent le fonctionnement de Somair (1968) et de Cominak (1975), qui ne sont rien d’autres que des contrats préférentiels qui mettent l’uranium du Niger à la disposition de la France. Dans ces conditions, le choix se porte sur l’acheteur du produit ; fixer le prix sur le marché international est la prérogative de l’ancienne puissance coloniale’’, déclare-t-il.

Depuis 2007, le gouvernement du Niger, dans une effort de diversification de l’industrie de l’uranium, a octroyé 122 licences d’exploitation à des multinationales françaises en plus des compagnies américaines, sud africaines, chinoises, canadiennes et australiennes. La compagnie étatique chinoise pour l’uranium, Sino-U, investira 300 millions de dollars afin d’exploiter les mines de Somina, près d’Agadez et produira 700 tonnes par an à partir de 2010. Quant à la multinationales américaine Exelon Corporation, elle a signé des accords avec le gouvernement portant sur l’accès à 300 tonnes par an pour une période de dix ans. Mais le gouvernement a encore davantage diversifié le type de matières premières exploitées, y compris le pétrole (l’objet d’un accord de 5milliards de dollars avec la National Petroleum Corporation chinoise) et l’or (d’ores et déjà la troisième plus importante matière première à être exportée, comptant pour 13% dans le revenu des exportations). Mais la France reste la source principale d’investissement et l’élément dominant de contrôle géostratégique et d’exploitation des ressources en uranium du Niger.

Selon Areva, en 2006, la compagnie a atteint le seuil des 100 000 tonnes d’uranium extrait. Le gouvernement du Niger a reçu 300 milliards de CFA sur un total de 2 300 milliards de CFA de revenu des ventes. L’extraction des minerais, dominé par l’uranium, génère entre 2,4,% et 4% du PIB du Niger. Areva reste le principal employeur du pays, suivi par le gouvernement, avec 1850 personnes directement employées et plus de 4000 emplois indirects auprès de sous contractants et des pourvoyeurs de services divers.’’Nos investissements durables dans l’eau et la santé représentent une contribution de plus de 3 millions de CFA annuellement’’, déclare la compagnie.

Et ce sont précisément les prétentions à un investissement environnemental qui ont mené le pays à s’insurger, en particulier sur la question de l’usage par Cominak, pour sa mine souterraine, de l’eau provenant de sources non renouvelables, mais aussi pour les fuites de matières radioactives qui ont contaminé l’eau, l’air et le sol, pour la vente de ferraille mortellement radioactives au marché, ainsi que des minerais radioactive utilisés pour construire des routes et des déchets radioactifs (de la roche d’uranium pulvérisée). ‘’Lorsque nous avons visité le Niger, des fonctionnaires nous ont dit ’’ici au Niger vous êtes en France’’. S'il y a un problème au Niger, celui-ci remonte en France, chez Areva’’, disait Bruno Chareyon, un physicien et gérant du laboratoire d’une ONG française, CRIIRAD (Commission de Recherche Indépendante et d’Information sur la Radioactivité) qui a établi un rapport accablant.

Le rapport de la CRIIRAD a documenté plusieurs trouvailles, y compris les 20 millions de tonnes de roche d’uranium pulvérisé, carcinogène et radioactive, stockées en plein air, du matériel radioactif dont la compagnie s’est débarrassé et qu’elle a vendu sur le marché par le biais de ferrailleur, des émissions de gaz toxiques à partir des mines de Cominak ainsi que l’exploitation d’eau souterraine provenant de sources non renouvelées, sans parler de la contamination des sources d’eau, de la violation des standards internationaux de protection contre les radiations, parmi d’autres. ‘’Lorsque nous avons informé la presse de nos découvertes, Areva a organisé un voyage des médias au Niger, a affrété un avion pour transporter les 30 journalistes mais sans compteur Geiger ni aucun moyen d’évaluer le degré de radiation. Ils (les journalistes) auraient pu se tenir sur de la roche radioactive qui se trouve sur les routes et ne pas le savoir’’, a déclaré Chareyon. Il a aussi révélé qu’un laboratoire avec lequel la multinationale a passé contrat pour mesurer les radiations a rejeté les affirmations de la compagnie. Areva prétend que seul le gouvernement du Niger est responsable pour les systèmes de régulations.

Néanmoins, le gouvernement du Niger semble manifester le même manque de préoccupation que la multinationale. Lors de son inspection, le CRIIAD a jugé indolent le Centre National de Protection contre les Radiations (CNPR), l’institution nationale officielle qui doit surveiller les radiations ionisantes. ‘’Le CNPR ne peut avoir procédé à des analyses en raison du fait que leur seul spectromètre gamma était cassé. Un fil électrique était délogé depuis le jour où la machine leur a été livrée’’, explique Chareyon.

Mais les citoyens du Niger ne sont pas restés les bras croisés. Le Mouvement du Niger pour la Justice, actif depuis 2007 mené par un ancien fonctionnaire des Forces armées du Niger, a demandé une plus grande part des revenus de l’uranium, la protection contre la dégradation de l’environnement et l’accès à des biens comme l’eau, des installations sanitaires, l’instruction et l’électricité qui sont des droits constitutionnels. Le gouvernement a rejeté le mouvement de la société civile comme étant des trafiquant de drogues anti-démocratiques.

Il va sans dire qu'au jour d’aujourd’hui, le Niger n’a pas accès au moindre uranium extrait à l’intérieur de ses frontières : les 100% de l’électricité (225 million de kWh) proviennent d’énergie fossile et est largement importé du Nigeria voisin. Toutefois la France a bien conscience de la situation.’’Jusque à maintenant, il est impossible aux citoyens français et à la société civile d’obtenir le contenu de ‘’ces accords secrets’’ concernant l’accès et le contrôle des ressources. C’est confidentiel’’, déclare Sebastein Alzerreca de l’ONG française Survie. Mais il met en garde : ‘’Si la diplomatie échoue, ils peuvent toujours envoyer l’armée’’ Pas de doute que l’autoroute de l’uranium s’avèrera bien utile.

Khadija Sharife
22.01.10
Journaliste indépendante et écrivain.
Elle est actuellement au Centre for Civil Society comme chercheur invitée et à la Tax Justice Network comme chercheur.

Traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

Source: pambazuka.org

mercredi 24 février 2010

Iran : craintes d’embrasement mondial



C’est officiel depuis hier, statué par une dépêche AFP, en dépit des gesticulations internationales, l’Iran est entré dans le club très fermé des pays capables d’enrichir leur uranium à échelle industrielle (1). En Mars, Téhéran pourrait lancer deux nouveaux sites d’enrichissement, en plus de celui en exploitation actuellement à Natanz, concrétisant le projet de construction de 10 centrales qui avait créé la polémique avec l’AIEA. Ali Akbar Salehi, chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, a indiqué «que l’Iran veut arriver au stade où il sera capable de fabriquer entre 250 et 300 tonnes de combustible par an pour ses futures centrales nucléaires».

C’est l’enrichissement de l’Uranium à 20%, à destination et usage médical, qui a suscité les craintes de la communauté internationale. Les propositions occidentales visant à un échange d’uranium contre du combustible enrichi à 20%, bien qu’acceptées par les deux parties sur son principe, ont traînées sur les formalités de mise en œuvre, ce qui a conduit Téhéran à faire son propre enrichissement, et conduit la Russie, les Etats-Unis et la France a exprimer leurs préoccupations par lettre commune à l’AIEA : «Si l’Iran poursuit cette escalade, cela soulèvera des inquiétudes sur ses intentions nucléaires» (2)

La réelle préoccupation se focalise non pas sur l’enrichissement à 20%, taux très insuffisant pour la création d’une arme nucléaire, mais sur la rapide extension de la capacité à fabriquer de l’uranium hautement enrichi, que permettraient les 2000 centrifugeuses déjà en place, par adjonction d’autres batteries à venir. Selon le Jérusalem Post, 1000 centrifugeuses supplémentaires et 6 mois suffiraient à passer d’un enrichissement de 20% à 90% (3). Des conclusions identiques, avec pourtant des tenants différents, émanent d’une dépêche Reuters, qui elle, n’hésite pas à accuser Téhéran de travailler sur des ogives nucléaires, se basant sur un chiffre très différent – et en régression, par rapport à celui du Jérusalem Post : Ce n’est pas 2000 centrifugeuses qu’auraient l’Iran mais 4000, 3772 pour être précis (4). Une curieuse cacophonie d’annonces sur l’arsenal de centrifugeuses iraniennes, variant du simple au double, mais convergeant vers la même conclusion, l’imminence de l’arme nucléaire.

Quelle crédibilité accorder à ces conclusions identiques, mais issues de données hétéroclites, alors qu’il y a un an, le gouvernement américain disait déjà que l’Iran était en mesure de créer une bombe nucléaire ? (5) Un même refrain servi depuis longtemps, pour lequel une petite rétrospective historique pourra apporter un éclairage qui prêterait à rire s’il n’avait pas la dimension dramatique que prend la tournure de l’actualité (6) :
«24 février 1993 : le directeur de la CIA James Woolsey affirme que l’Iran était à huit ou dix ans d’être capable de produire sa propre bombe nucléaire, mais qu’avec une aide de l’extérieur, elle pourrait devenir une puissance nucléaire plus tôt.»

«Janvier 1995 : le directeur de l’agence américaine pour le contrôle des armements et le désarmement John Holum témoigne que l’Iran pourrait avoir la bombe en 2003.»
«5 janvier 1995 : le secrétaire à la défense William Perry affirme que l’Iran pourrait être à moins de cinq ans de construire une bombe nucléaire, bien que "la rapidité... dépendra comment ils travaillent pour l’acquérir" (‘how soon…depends how they go about getting it.’)»
«29 avril 1996 : le premier ministre israélien Shimon Peres affirme qu’"il croit que d’ici quatre ans, ils (l’Iran) pourraient avoir des armes nucléaires"
«21 octobre 1998 : le général Anthony Zinni, chef de l’US Central Comand affirme que l’Iran pourrait avoir la capacité d’envoyer des bombe nucléaires d’ici cinq ans. "Si j’étais un parieur, je dirais qu’ils seront opérationnels d’ici cinq ans, qu’ils auront les capacités."»
«17 janvier 2000 : Une nouvelle évaluation de la CIA sur les capacités nucléaires de l’Iran affirme que la CIA n’exclut pas la possibilité que l’Iran possède déjà des armes nucléaires. L’évaluation se fonde sur la reconnaissance par la CIA qu’elle n’est pas capable de suivre avec précision les activités nucléaires de l’Iran et ne peut donc exclure la possibilité que l’Iran ait l’arme nucléaire.»

Selon les incontestables conclusions du meilleur service de renseignements au monde, la CIA, ou d’autres experts américains, cela fait déjà entre 7 et 10 ans que l’Iran aurait du posséder l’arme nucléaire. Mais les effets d’annonce étant plus percutants que l’analyse technique objective, c’est le prochain pallier du nucléaire médical iranien qui vient relancer cette antique propagande médiatique qui traversa les périodes clintonienne et bushienne.
Le général Petraeus, chef du commandement central américain, appelle à des pressions (7). Paris «exhorte le monde à agir d’urgence» (8).
Problème : de nombreuses rumeurs d’origines diverses semblent indiquer qu’un point de non retour – une attaque de l’Iran - risque d’être franchi, et de nombreuses voix préviennent du drame que serait cette folie.

C’est l’Iran qui a commencé cette valse de craintes d’un conflit programmé, sans toutefois que l’objet en soit connu, selon une dépêche AFP : «Selon nos informations, ils [les Israéliens] se préparent à déclencher une guerre au printemps ou à l’été» (9)
Selon le général Leonid Ivachov, président de l’Académie des problèmes géopolitiques, «Une frappe contre l’Iran est actuellement à l’ordre du jour, elle sera très probablement portée par les Etats-Unis et Israël […] Si Israël se décide à l’usage d’arme nucléaire, si limité soit-il, il déliera les mains à tous les pays solidaires de l’Iran et condamnant le dictat israélo-américain. Ces pays pourront riposter en recourant aux armes de destruction massive, notamment à l’arme biologique» (10).
Selon le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, une attaque contre l’Iran serait «une catastrophe pour le monde entier […] Rien que la menace d’une opération militaire pourrait avoir les conséquences les plus négatives» (11)
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré hier : «Une attaque d’Israël contre des installations nucléaires en Iran constituerait une "catastrophe pour la région» (12), ajoutant : «Cela aurait des conséquences imprévisibles que je ne souhaite pas même imaginer» (13)
Michel Chossudowski, dans une vidéo, parue sur Russia Today, intitulée «l’Otan va-t-il commencer la troisème guerre mondiale en attaquant l’Iran ?» (14), pense que la guerre contre l’Iran est préparée depuis 2004, et qu’il ne reste à la coalition qu’à conquérir l’opinion publique.

Multipliant les prétextes iraniens, l’Otan a mis en oeuvre une telle politique d’installation de bases de missiles en Europe, la Roumanie dernière en date, que la Russie en est venu a adopté en quelques mois sa nouvelle doctrine militaire, rendant la gâchette nucléaire beaucoup plus sensible. La principale préoccupation de cette nouvelle doctrine étant précisément l’Otan (15) :
“La doctrine détaille 11 menaces militaires externes à la Russie, dont sept venant de l’Ouest. L’expansion vers l’est de l’OTAN et son insistance pour un rôle mondial sont identifiées comme la menace numéro un pour la Russie […] Les U.S.A. sont la source d’autres menaces majeures répertoriées dans la doctrine, même si le pays n’est jamais mentionné dans le document. Celles-ci incluent les tentatives visant à déstabiliser les pays et régions et à saper la stabilité stratégique ….”

Outre pour contrer l’étranglement progressif dont elle fait l’objet - on constatera sur une carte avec quelles lentes mais progressives avancées elle s’est faite encerclée - la Russie s’est réservée quelques belles définitions de «Principales menaces externes de guerre», parmi elles :
-L’objectif qu’a l’OTAN de s’arroger l’exercice de fonctions mondiales en violation du droit international
- Les revendications territoriales à l’encontre de la Russie et de ses alliés et l’ingérence dans leurs affaires intérieures.

L’Iran étant, énergétiquement parlant, un allié important de la Russie. Pourrait-on en douter, puisque Moscou vient de confirmer qu’il livrera bien le système anti-missiles S-300 (16) en dépit des protestations du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, et après avoir annoncé qu’elle reporterait la livraison ? Pourquoi Netanyahu s’inquiète-t-il tant de la performance du système de défense iranien ?

Urgence de fournir l’Iran en S-300 ? Force est de constater que l’Otan se rapproche dangereusement de la frontière iranienne. 15000 soldats envoyés à Marjah dans le Helmand (17), bien à l’ouest de l’Afghanistan, pour officiellement «casser du Taliban», alors que le général de l’armée afghane avoue lui-même «Il n’y a pas de résistance contre nous à Marjah». L’encerclement final de l’Iran ? Qui peut encore croire que l’Otan s’étend en Afghanistan à la recherche du fantôme Ben Laden, ou pour éradiquer la culture du pavot ?

L’Iran a pleinement conscience de son encerclement. Répondant aux rumeurs concernant une éventuelle agression, «M. Ahani, interviewé à l’occasion de son déplacement en Croatie où il a assisté la semaine dernière à l’investiture du nouveau président croate Ivo Josipovic, a mis en garde contre la présence "à presque toutes les frontières" de l’Iran de forces militaires étrangères, dont l’Otan. Les puissances occidentales vendent par ailleurs d’énormes quantités d’armes aux pays voisins et aux pays de l’ensemble de la région. Vu cette situation, je pense que nous avons le droit d’être prêts à réagir à tout moment». (18)

John Lloyds
23.02.10

Notes:
(1) http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hJEYRBblQRgffaK943zffcw6X—Q
(2) http://fr.rian.ru/world/20100216/186070169.html
(3) http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1265631171671&pagename=JFrench%2FJPArticle%2FShowFull
(4) http://www.aerocontact.com/actualite_aeronautique_spatiale/ac-l-aiea-craint-que-l-iran-travaille-sur-une-ogive-nucleaire 09637.html
(5) http://www.america.gov/st/peacesec-french/2009/February/20090223155551liameruoy0.4148065.html
(6) http://blog.mondediplo.net/2006-09-04-Quand-l-Iran-aura-t-il-l-arme-nucleaire
(7) http://fr.rian.ru/world/20100221/186102834.html
(8) http://fr.rian.ru/world/20100219/186093927.html
(9) http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2...
(10) http://fr.rian.ru/onlinenews/20100216/186069418.html
(11) http://fr.rian.ru/world/20100211/186039062.html
(12) http://www.alterinfo.net/Erdogan-Une-attaque-d-Israel-contre-l-Iran-serait-une-catastrophe_a42967.html
(13) http://www.juif.org/diplomatie-moyen-orient/121764,erdogan-met-en-garde-contre-une-attaque-israelienne-sur-l-iran.php
(14) http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=17720
(15) http://rickrozoff.wordpress.com/2010/02/15/expansion-de-lotan-deploiements-de-missiles-et-nouvelle-doctrine-militaire-de-la-russie/
(16) http://www.lexpress.fr/actualites/2/la-russie-livrera-des-missiles-antimissiles-a-l-iran_850128.html
(17) http://www.lexpress.fr/actualites/1/afghanistan-combats-sporadiques-a-marjah-l-operation-progresse-au-6e-jour_849758.html
(18) http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=125664&language=fr

Source: agoravox

mardi 23 février 2010

L'assassinat de Mahmoud Mabhouh... en rappelle un autre



Après l'assassinat de l'un des responsables du Hamas, Mahmoud Mabhouh, à Dubaï, par un commando du Mossad (services secrets israéliens) comment ne pas revenir sur l'assassinat il y a 5 ans, de Rafiq Hariri, alors 1er Ministre du Liban, sans y trouver un lien ?



" (...) les exemples de cette désinformation sont quotidiens, mais ils sont régulièrement mis à jour, adaptés en fonction des évènements et des intérêts poursuivis. Ainsi, de l’assassinat de Rafiq Hariri, l’ancien Premier ministre du Liban. Instantanément (le hasard, vraiment ?), les médias se sont focalisés et donc les regards orientés vers la Syrie. Tant les diplomates israéliens qu’américains, mais aussi européens, se sont entendus pour désigner cette dernière comme directement responsable du complot. Cependant, à bien y regarder, le dernier pays qui pouvait tirer avantage d’un tel attentat était sans aucun doute la Syrie ! Déjà empêtrée dans son retrait forcé du Liban, pourquoi donc ce pays irait-il en plus, se tirer une balle dans le pied, et risquer de la sorte, sa mise au ban par la Communauté internationale dans une région déjà suffisamment déstabilisée !? Cela n’a aucun sens, mais en revanche, illustre de manière évidente, la manipulation médiatique dont nous faisons les frais, à tous les coups ! (...) "


Extrait de La Démocratie Mensonge - Daniel Vanhove - Ed. M. Pietteur - coll. Oser Dire - 2008 -

Cinq ans depuis l'assassinat d'Hariri: la piste du Mossad plus que jamais?

Cinq années après l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafiq Hariri, non seulement les auteurs n'ont toujours pas été dévoilés, mais on doute de plus en plus qu'ils puissent l'être un jour. Plus que jamais, on se trouve loin de la vérité avec un grand V, exigée par les milliers de manifestants qui se rassemblent chaque année en ce 14 février pour l'exiger.

L'enquête menée par les Nations Unies a certes tourné à la mascarade, décrédibilisée entre autre par les changements de commissaires et de juges, par les versions contradictoires sur l'attentat lui-même, par les faux témoins qui se sont succédés, et par les arrestations arbitraires de hauts responsables sécuritaires libanais, suivis de libération faute de preuves contre eux. Sans compter les interventions médiatiques et politiques aux visées louches qui voulaient plus exploiter l'enquête que la faire avancer.
Après cinq années de déboires, il faut croire que la piste des enquêteurs onusiens pour chercher les assassins, (celle de la Syrie), n'a plus aucune raison de tenir encore.
Opérationnellement, la Syrie semble être désinculpée. En témoigne, le réchauffement de ses relations avec la "Communauté internationale", et surtout avec Riad, particulièrement lésée par l'assassinat de celui qu'elle considère être son dauphin.
En revanche, pour approcher la réalité, on ne peut omettre cet acharnement à vouloir accuser la Syrie, (et en parallèle à vouloir exclure la piste israélienne, soupçonnée par les forces de l'opposition libanaise).
Car il pose inéluctablement la question de savoir pour quelles raisons la Syrie qui disposait d'un feu vert américain a été soudainement bannie, au moment même où le Liban voyait un retour en force de l'interventionnisme américaine dans les affaires libanaises, après quelques vingt années d'éloignement, depuis les attentats perpétrés contre les forces et l'ambassade américaines dans ce pays. Signe supplémentaire que les américains ne voyaient plus le rôle syrien au Liban d'un bon œil et se décidaient à prendre les choses en main.

Pour étayer les accusations contre la Syrie, c'est le contexte de crise ostensible entre Damas et l'ex-Premier ministre qui régnait alors sur fond de réélection du président de la république Émile Lahoud qui avait servi d'indice pour l'incriminer. Mais en poussant le contexte encore plus dans l'espace et dans le temps, on peut bien deviner, que Hariri ne pouvait que gêner Israël. Beaucoup moins ostensible .

Temporellement, il faut revenir à la première victoire libanaise contre l'entité sioniste, amorcée par le retrait forcé et humiliant d'Israël du Liban en l'an 2000, après une occupation de près de 20 années. Ayant avorté les tentatives de soutirer aux Libanais des arrangements et des concessions similaires à ceux de l'Égypte et de la Jordanie, cet exploit libanais avait révélé au grand jour la présence d'un nouveau front de résistance contre l'entité sioniste dans la région, comptant entre autre l'Iran, et le Liban (dans la majeure partie de ses factions), et aussi la Syrie.
Dans un cadre plus lié au conflit israélo-palestinien, il était surtout question d'un plan mis au point par l'ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon, et l'ancien président américain Georges Bush, pour clore le conflit en question, aux dépens des Palestiniens bien entendu et des résolutions onusiennes aussi.
Toute forme de résistance devant être éradiquée. Tout comme les Palestiniens, les Libanais étaient concernés.

A relever entre autre que ce n'est pas par hasard que l'assassinat de Hariri soit survenu après celui du leader palestinien Yasser Arafat. Mis à part les similitudes dans l'énigme qui entoure leur mort, voire dans les tentatives occidentales de s'accaparer les investigations qui les concernent, leur parcours politiques présentent une ressemblance frappante, qui pourrait expliquer leur assassinat. Tous deux semblent avoir opérer un virage de taille, contre toute attente.
Car, en principe, Rafic Hariri appartenait au bloc pro-occidental dans la région. Celui qui a fléchi à ses exigences, jusqu'à reconnaître le "droit de l'entité sioniste" à l'existence, se contentant d'accepter l'instauration d'un état palestinien à ses côtés, et renonçant une fois pour tout à la résistance. (Ce fut le cas d'Arafat, lorsqu'il a signé les accords d'Oslo).

Lors de ses premières investitures à la tête de gouvernement libanais, les relations de l'ancien Premier ministre avec le Hezbollah prenaient parfois une tournure orageuse, lorsqu'il manifestait son exaspération quant aux opérations de résistance. Mais les exploits réalisés par cette dernière ont fini par vaincre ses réticences. Depuis, Hariri devenait plus coopérant.
Ceci s'était clairement manifesté en 2002 lorsque Hariri a déployé tous ses efforts pour libérer les résistants libanais du Hezbollah détenus en Jordanie. Sans oublier en 2003, l'accueil national triomphal qu'il avait organisé avec le Hezbollah aux détenus libanais libérés des geôles israéliennes. Finalement, en 2005, quelques jours avant son assassinat, Hariri négociait en secret avec le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah un engagement en vue de préserver l'armement de la résistance jusqu'à la résolution finale du conflit arabo-israélien. Vu que l'engagement amortissait la clause plus qu'essentielle liée à l'armement de la résistance dans la résolution 1559, l'ampleur du virage n'est pas difficile à cerner.
(Ce fut le cas d'Arafat qui, contrairement à ce qui était attendu de sa part, après Oslo, avait lui aussi refusé lors de l'éclatement de la seconde Intifada de réprimer les factions de résistance palestiniennes).

Lorsque Sayed Nasrallah a révélé au grand jour, dans un discours prononcé après l'assassinat de Hariri, l'engagement que ce dernier comptait faire, il voulait entre autre démentir les accusations d'implications de son parti dans l'assassinat, proférées les premiers jours sur fond de soi-disant crise avec l'ancien Premier ministre.
Cinq années après les déboires de l'enquête, cette révélation devrait plus que jamais ouvrir la voie de la piste israélienne. Ou au moins celle d'une autre piste.
Selon le cours des choses, l'assassinat de Hariri, comme celui d'Arafat va s'inscrire dans les mystères de l'histoire de ce Moyen Orient, qui en compte de nombreux.
Ce fut entre autre le cas en 1970, avec l'ex-raïs égyptien, Jamal Abdel Nasser, mort à l'âge de 52 ans, dans des conditions inexpliquées. Puis en 1975, celui du roi saoudien Fayçal, soi-disant tué par un cousin proche malade mental.
Après leur mort, le parcours de leur pays s'en est profondément affecté, prônant la reconnaissance (directe ou indirecte) de l'usurpation de la Palestine et de l'existence de l'entité sioniste. Il faut croire que la même chose aurait dû se passer au Liban

Leila Mazboudi
14.02.10

Source: almanartv

lundi 22 février 2010

« Comme Denis Robert, je suis accusé de journalisme »



Olivier Mukuna, le journaliste belge a assigné la FNAC en justice. Cause de la discorde : la rupture unilatérale d’un contrat qui le liait à l’entreprise, «premier agitateur culturel depuis 1958». Au centre des débats : l’éternel Dieudonné et la liberté d’expression. Interrogé par Agora Vox, soutenu par FO, Olivier Mukuna dresse un tableau sombre de la France et une fois de plus, dénonce une Egalité Zéro. A savoir un traitement médiatique à deux vitesses pour parler de l’humoriste.

- Vous avez réalisé un film sur l’humoriste (Est-il permis de débattre avec Dieudonné ?[1]), documentaire déposé à la FNAC. Et cette dernière n’a pas été correcte avec vous. Que s’est-il passé ? Racontez-nous l’histoire comme si on avait quatre ans !
Je vais tenter d’offrir la chronologie la plus synthétique possible. Le 16 décembre 2009, j’apprends que la demande de diffusion de mon film par l’intermédiaire des magasins Fnac a été acceptée par le Siège de la FNAC SA. Une validation qui implique trois choses :
1) La possibilité pour mon DVD d’être diffusé dans tous les magasins de la FNAC à condition de signer un contrat de dépôt-vente avec chaque responsable concerné de chaque magasin.
2) Dans chaque magasin, le nombre précis d’exemplaires pris en stock est déterminé par le vendeur concerné en fonction du «potentiel de ventes» estimé.
3) Selon le contrat de dépôt-vente - identique pour tous les magasins - la période d’exposition en rayons est de deux mois à partir de la signature du contrat.

Le dimanche 20 décembre, je signe le premier contrat de dépôt-vente avec la Fnac Champs-Elysées qui prend en stock 25 exemplaires. Les 2 jours suivants, mes trois collaborateurs s’apprêtent à faire de même dans 10 autres magasins Fnac de Paris et sa région.
L’objectif étant que le DVD «Est-il permis de débattre avec Dieudonné ?» soit présent dans les rayons de 12 magasins Fnac pour le 23 décembre, soit avant le pic commercial des fêtes de Noël.
Mais le 21 décembre, à la Fnac Forum, une de mes collaboratrices se voit prier de revenir le lendemain au motif que «la responsable est absente». Lorsqu’elle revient, le matin du 22 décembre, avec 30 exemplaires de mon film (souhaité par le vendeur des rayons DVD), la responsable du Département CD et Vidéos de la Fnac Forum, Julie David, refuse catégoriquement l’entrée en dépôt des exemplaires. Celle-ci prétexte une «directive du Siège de la FNAC qui interdit de prendre tout produit Dieudonné».

- Ensuite !
Le 23 décembre, les DVD de la Fnac Champs-Elysées sont retirés des rayons ! Or, après deux jours d’exposition à la vente, 4 exemplaires de mon film y ont été vendus ...
Jusqu’à aujourd’hui, près de deux mois après les faits, la direction de la FNAC garde obstinément le silence malgré les courriers de mes avocats. En outre, la Fnac Champs-Elysées conserve 21 exemplaires DVD dans ses tiroirs et refuse de me les rendre…
Bref : il s’agit d’une flagrante violation de contrat mais aussi d’une censure basée sur un «deux poids deux mesures» évident. En effet, comment expliquer la prétendue «directive d’interdiction» de la FNAC lorsque l’essai d’Anne-Sophie Mercier, intitulé «Dieudonné démasqué» [2], est vendu dans tous les magasins Fnac depuis juin 2009 ? Ou que le DVD du documentaire de Daniel Leconte, intitulé «C’est dur d’être aimé par des cons» [3] - dans lequel Dieudonné débat avec Caroline Fourest - est vendu à la FNAC depuis mars 2009 ?

- Qui a pris la décision de retirer votre DVD des rayons de vente ?
Selon mes informations, l’auteure de la censure n’est autre que Julie David, responsable du Département CD et Vidéos de la Fnac Forum. C’est elle qui a refusé l’entrée en dépôt de mes DVD alors que le vendeur concerné de la Fnac Forum avait commandé 30 exemplaires.
Julie David s’est ensuite empressée de modifier les données informatiques de mon film dans la base de données de la FNAC. Référencé au prix de vente de 16 €, «Est-il permis de débattre avec Dieudonné ?» est passé à … 500 €.

- 500 € ! Pourquoi ?
L’objectif était limpide. Non seulement boycotter l’entrée de mon DVD dans la plus grande Fnac de France. Mais également le rendre inaccessible dans tous les magasins de la FNAC, au cas où celui-ci serait déjà en rayons dans d’autres établissements.
Dès le lendemain, c’est encore Julie David qui a donné l’injonction à son homologue de la Fnac Champs-Elysées de retirer mes DVD de ses rayons… A-t-elle agi seule ou sur injonction de ses supérieurs ? Pour l’instant, je ne peux répondre à cette question de manière définitive. Je l’ai interrogée par téléphone : elle n’a répondu à aucune de mes questions sur le fond. Entre gêne perceptible et tentatives de diversion, elle s’est agrippée à la prétendue «directive d’interdiction» et a gardé le silence face au «deux poids deux mesures» cité plus haut. Néanmoins, le silence de la direction de la FNAC sur cette affaire, depuis plus d’un mois, conduit à soupçonner que Julie David n’a pas agi sans l’assentiment de ses supérieurs.

- On n’est pas parvenu à la joindre non plus. Avez-vous contacté le directeur général ?
Mon avocat belge l’a fait à deux reprises, par courrier recommandé. Aucune réponse…

- A-t-on le droit d’agir de la sorte, je veux dire aussi unilatéralement, au mépris des conventions ? Vos avocats, qu’en pensent-ils ?
La réponse à votre première question est négative. La FNAC a violé ses propres conventions en l’article 4 et l’article 5 du contrat de dépôt-vente.
Ces articles disent expressément ceci : «Le présent contrat qui prend effet à dater du 20/12/09 est conclu pour une durée de deux mois à compter de sa date de signature» (Art. 4) ainsi que «A l’issue du contrat (soit à l’expiration du délai de 2 mois), le dépositaire enverra au déposant un relevé des ventes constituant la reddition des comptes. Dès réception de ce relevé, le déposant adressera obligatoirement au dépositaire une facture à l’attention de ce dernier. En contrepartie du dépôt, le dépositaire percevra, par produit vendu, une commission correspondant à la différence entre le prix de vente public Hors Taxes et le prix Hors Taxe payé au déposant» (Art. 5).

- Traduction pour les profanes ?
Primo : le refus d’exposer à la vente mes DVD à la Fnac Forum et, par extension, à tous les autres magasins Fnac contredit la décision du Siège de la FNAC SA validant la diffusion de mon produit via ses magasins.
Secundo : après 48h d’exposition, mon DVD a été abusivement retiré des rayons et n’a plus été exposé depuis plus d’un mois.
Tertio : après avoir contribué à la violation de son propre contrat, la Fnac Champs-Elysées refuse de me rendre mes 21 DVD et conserve des biens qui ne lui appartiennent pas. J’ignore comment, en France, vous qualifiez ces méthodes, mais en Belgique, ce sont celles des voyous !
Quant à votre seconde question, mes avocats m’ont confirmé qu’en l’espèce, «les principes fondamentaux du droit judiciaire français ont été violés». Je n’ai donc d’autres options que de défendre mes droits devant la Justice française.

- En même temps, Olivier Mukuna, je vais me faire l’avocat du diable. Peut-être que cette employée a estimé que votre DVD ne marchait pas bien. Cela expliquerait alors pourquoi, elle l’a retiré des ventes, non ? Elle tient peut-être à votre carrière… «Qui veut faire la bête, fait l’ange», disait l’autre.
Julie David ne me connaît ni d’Eve ni d’Adam et se fout de mon avenir professionnel comme de sa première couche-culotte ! Je vous concède que c’est réciproque sauf qu’en ce qui me concerne, je n’ai pas saboté son travail. Cette employée poursuit une mission dont les objectifs ne sont absolument pas commerciaux. Puis-je attirer votre attention sur ce fait précis : en l’absence totale de publicité extérieure (télévision, radio, affichage) et de publicité interne à la FNAC, mon DVD s’est vendu à la fréquence de 2 exemplaires par jour en 2 jours. Et ce, à la veille du pic commercial des fêtes de Noël (du 23 au 27 décembre 2009)... Si la FNAC avait respecté son contrat et si cette fréquence de ventes s’était maintenue pendant les 2 mois dans les 12 magasins parisiens visés et 7 autres de province, la FNAC aurait gagné près de 15.000 € de commissions. Chacun l’aura compris : nous sommes, dans cette affaire, à des années-lumière de tout principe commercial pour être englués dans la censure, la bêtise et l’hystérie idéologiques.

- Vous pensez qu’elle a agi selon des motifs précis. Lesquels ?
Toujours les mêmes : la destruction non assumée de la liberté d’expression et du vrai débat contradictoire. Une volonté délibérée d’anéantir toute approche sérieuse, ouverte et critique d’enjeux de société cruciaux. Une peur panique de déplaire ou d’occasionner des représailles dans le chef de personnes puissantes.

- Vous êtes dans la théorie du complot, non ?
Absolument pas. Quel «crime» ai-je précisément commis ? J’ai réalisé un film dans lequel l’humoriste controversé Dieudonné débat avec six personnalités intellectuelles et culturelles de mon pays et tente de faire connaître la meilleure diffusion à ce travail.
Cela est-il désormais interdit en démocratie ? Or, comme l’ensemble de ma production journalistique depuis 13 ans, ce film n’a été ni interdit ni condamné en justice ! La majorité des personnes qui l’ont vu estiment avoir été informées de choses qu’elles ignoraient et m’en remercient. Les 3 projections publiques, à Paris et à Bruxelles, ont toutes été saluées par une salve nourrie d’applaudissements dès le générique de fin. Vous-même qui l’avez vu, pourriez-vous me dire en quoi ce film ne répond pas aux préceptes légaux et déontologiques en matière de journalisme ?

- Là, vous marquez un point !
Restons sérieux et évitons les diversions : je ne suis pas dans le complot mais forcé de constater que le préjudice que nous subissons de la part de la FNAC vise à empêcher une large diffusion d’ «une heure et demie d’intelligence et de maturité», pour reprendre les termes de la journaliste et romancière Joëlle Sambi [4].
Pour les spectateurs potentiels, pour l’honneur des intervenants, celui de mon métier et pour mes intérêts, je ne me laisserai pas faire, c’est tout !

- Quelle conclusion de la société française tirez-vous de cette affaire ? Une société bloquée !?
Je conçois bien sûr que la société française ait d’autres préoccupations que de s’émouvoir de la censure de mon travail par un «agitateur culturel depuis 1958»... Néanmoins, la dégradation socio-économique accélérée de nos conditions de vie est-elle séparable de celle de nos libertés individuelles et professionnelles ? Je ne le pense pas.
Cette énième régression doit faire prendre conscience de la terrible confiscation du débat public et médiatique au profit d’idéologues intégristes. Ces personnes n’ont d’autres objectifs que de défendre le statut quo voire une régression sociétale servant leurs intérêts. Mais cela sert-il les intérêts du plus grand nombre ? Cela sert-il les intérêts des Français d’origine africaine, antillaise et maghrébine ? Cela sert-il encore la liberté d’expression et celle du journalisme critique ?

- Vous mélangez tout : liberté d’expression, multiculturalisme, diversité, représentativité nationale… !
Non, au contraire ! Lorsque je vois la liste impressionnante des personnes qui ont eu à subir, ces dix dernières années, des rétorsions professionnelles ou judiciaires pour s’être exprimées à contre-courant ; lorsque je constate que, depuis plusieurs semaines, Frédéric Taddéi doit se défendre d’attaques débiles et infondées parce qu’il a fait son métier en laissant Matthieu Kassovitz exprimer ses doutes sur la version officielle des attentats du 11 septembre ; quand je vois que l’un de vos plus grands écrivains contemporains, Marc-Edouard Nabe, est contraint d’autoproduire son dernier livre parce que toute l’édition française le boycotte ou en a peur, je suis effectivement très inquiet pour la sauvegarde de la liberté d’expression en France.
La société française n’est pas bloquée, mais tous celles et ceux pour qui cette liberté importe sont sommés de s’unir d’urgence contre ceux qui la confisquent à leur seul profit. Aussi puissants que soient ces derniers, aussi défavorable que soit le rapport de forces. C’est une question de démocratie et de courage…

- Comment cette histoire est-elle vécue en Belgique ? A-t-elle été relayée ? J’ai cru comprendre que votre ex rédac chef boit du petit lait ! Je me trompe ?
Oui, sur un point. Dieu merci : Claude Demelenne n’a jamais été mon rédacteur en chef, mais un «collègue» du temps où je bossais pour l’hebdo belge Le Journal du Mardi. Incapable de mener la moindre enquête, ce polémiste de bas étage apprendra cette affaire en lisant ces lignes. Et vous pouvez compter sur ce charlatan pour ne pas relayer l’info ou la déformer selon les vieux principes du «journalisme par omission» mâtiné de propagande. Surnommé «Clos de mille haines» sur le net, ce sarkozyste belge n’offre aucun lien avec le journalisme ou le débat intellectuel. Il s’agit d’un mercenaire qui spécule sur les peurs et les émotions. Sans avoir vu mon film, il a récemment qualifié une de ses projections à Bruxelles de «racolage à risques»… Vous conviendrez qu’il y a là un contraste détonnant avec les papiers signés par de vrais journalistes qui ont vu le film, tels Joëlle Sambi [5], Mehmet Koksal [6] (en Belgique) et vous-même [7] (en France).

- En effet !
Pour vous répondre sur l’essentiel, la censure du film par la Fnac n’a pas été relayée en Belgique. A l’exception d’un seul quotidien (La Capitale, groupe Sud-Presse), les médias mainstream ont décidé d’ignorer l’existence de ce film sorti depuis plus de 4 mois. Un a priori anti-journalistique qui ne devrait pas les conduire à s’intéresser et à médiatiser la censure de la FNAC. Mais j’espère bien entendu me tromper...
Il y a quelques semaines, j’ai transmis la seule chronique du film à une douzaine de journalistes belges dont j’estime les qualités professionnelles et que je crois attachés à la liberté d’expression dans l’exercice de leur profession. Un seul m’a répondu. Puis, il est venu voir le film lors d’une projection… Il en est sorti partagé, entre la surprise d’avoir appris plusieurs choses, d’en avoir apprécié d’autres et le maintien de certaines critiques envers la démarche atypique de Dieudonné. C’est l’une des forces du film : il pousse au vrai débat de réflexion, à muscler ses neurones et à rationaliser ses critiques.

- La liberté d’expression dans le pays des «droits de l’homme», tarte à la crème de l’establishment, «piège à con» ou un principe que l’on réserve à certains en excluant les autres ?
Un droit démocratique fondamental de plus en plus confisqué dans tous les domaines au profit d’une élite financière, politico-médiatique et culturelle. Il relève de notre responsabilité de défendre ce droit pour toutes et tous. Avec dignité et sans peur.

- En même temps, dans vos livres, votre film, admettez que vous n’épargnez pas la France. Vous dites des «choses horribles» pour certaines oreilles. Vous parlez d’un «journalisme d’omission», «de déshonneur», je vous cite. De «discrimination» non stop, d’une «société clientéliste», soumise à des lobbys divers, spécialisés dans l’art du chantage, du racket et du «communautarisme sélectif». Vous ne pensiez tout de même pas vous en tirer comme ça !?
Je ne vois pas en quels termes j’aurais attaqué ou même critiqué la France dans son ensemble. En revanche, je n’ai effectivement pas épargné une majorité de médias et de journalistes français concernant leur traitement médiatique de «l’affaire Dieudonné».
Mais la question n’est pas de savoir si ce que j’ai écrit et filmé est «horrible», mais de mettre en critique et vérification mes développements, puis d’en établir ou non la pertinence factuelle et analytique. Voilà une approche intellectuelle et journalistique sérieuse, honorable. De ce point de vue, j’attends toujours mes contradicteurs...
J’ajouterais que ce n’est pas moi qui parle de «discrimination non stop», mais votre pays et le mien qui la tolèrent ou l’appliquent au quotidien tout en affirmant la combattre. Cette affaire de censure me concernant le prouve à nouveau ! Que vous faut-il encore ?
Quelles sont les motivations de celles et ceux qui n’hésitent pas à violer la loi française plutôt que d’exercer leur métier de diffuseur culturel ? Pourquoi si peu de journalistes et aucun politique ne s’inquiètent de cette atteinte aux libertés d’expression et de commerce ? Sur le plan culturel toujours, comment se fait-il que ce soit un Gérard Depardieu grimé qui décroche le rôle d’Alexandre Dumas dans «L’autre Dumas», fiction réalisée par Safy Nebbou ?

- Peut-être que Depardieu a des origines antillaises, qui sait ! A moins que vous préfériez Julien Clerc dans ce rôle ?
La France n’aurait aucun comédien métis de talent pour incarner l’écrivain français d’origine haïtienne le plus lu dans le monde ?! Mensonge : la liste d’excellents comédiens d’origine africaine et antillaise est aussi longue que votre bras ! Sur le plan politique et judiciaire, pour quelles raisons plusieurs leaders d’opinion estimables gardent-ils le silence sur le chantage à l’antisémitisme et les menaces multiformes ? Lorsqu’en plein procès, l’avocat Alain Jakubowicz - récemment élu président de la LICRA ! - souffle à Dieudonné : «J’ai l’adresse de tes enfants, on va bien se marrer…», pourquoi aucun média mainstream ne relaye et personne ne s’offusque ?
Allez lire également l’interview du nouveau président du CRIF publié par Le Figaro [8]. Je rappelle que ce lobby ne représente qu’un sixième des Français juifs et qu’il est donc inadmissible d’amalgamer tous les juifs de France aux positions communautaristes et xénophobes du CRIF. Gilles-William Goldnadel, donc, se vante d’être soutenu par Sarkozy et le ministre de la Justice dans son combat contre le boycott français des produits israéliens. Sur fond de chantage à l’antisémitisme, il ironise en qualifiant de «hasard cosmique» le fait qu’Israël soit «le seul (pays) qui fasse aujourd’hui l’objet d’un boycott orga­nisé»...
Une colonisation de plus de soixante ans, le mur de la honte, l’apartheid et les milliers de civils palestiniens bombardés n’expliqueraient pas les motivations de ce boycott ? Quel est le contrepoids face à ce genre de négationniste soutenu au plus niveau de l’Etat français ? J’ignore ce qu’il vous faut encore pour prendre la mesure de la gravité de la situation.

- Attention joker, on va dire que vous êtes antisémite !
Vous faites bien de me rappeler à l’ordre du chantage en vigueur, j’ai tendance à me croire encore en démocratie… Pour les belles âmes dominantes ou celles qui sont aliénées, «négationnisme» signifie nier la réalité du génocide juif commis par les nazis. Stricto sensu. Or, pourquoi la négation d’une réalité historique s’arrêterait-elle à ce génocide précis ?
Pourquoi ceux qui minimisent ou nient ouvertement le génocide de la Traite négrière transatlantique, les génocides congolais sous Léopold II ou sous les dictateurs autochtones soutenus par l’Occident, le génocide herero sous l’Allemand Bismarck, le génocide tutsi sous néo-colonialisme belgo-français, le génocide palestinien sous occupation israélienne et je m’arrêterai là. Pour quelle raison ces personnes ne sont-elles pas, elles aussi, taxées de négationnisme ?
Soutenir que c’est «différent», que «ce n’est pas la même chose», c’est établir une hiérarchie victimaire au dessus de laquelle trône le martyre juif et blanc. En-dessous, c’est de l’infrahumain, ça ne compte pas ou beaucoup moins. Prosaïquement : ces victimes-là étaient des «bougnoules», des «nègres» et des «niakoués» qui avaient le tort de ne pas être comme nous, de ne pas être à notre «niveau», de ne pas être blancs. Cette conception qui postule des morts plus importants que d’autres est une déclinaison du racisme et de l’ethnocentrisme.

- Que faites-vous de la «loi du mort-kilomètre» et du besoin naturel des gens de s’identifier d’abord aux drames qui se sont déroulés chez eux, en Europe ?
J’en fais peu de cas. Ce n’est pas si naturel. Cette apologie de la proximité, de l’uniformité culturelle et de l’individualisme participe d’une certaine éducation et d’un matraquage publicitaire, notamment véhiculé par les médias mainstream. A l’heure d’une citoyenneté interdépendante et multiculturelle, il est temps d’abandonner ces conceptions étroites, hiérarchiques et inégalitaires. Personnellement, je ressens autant de respect et de considération mémorielle pour le génocide juif que pour les autres crimes contre l’humanité. Mais je n’ai pas besoin de savoir qui a commis le crime pour décider si je vais le dénoncer. Je dénonce le colonialisme et le racisme quelles que soient les origines de ceux qui l’ont commis ou le perpétuent. Parce qu’il n’y pas de hiérarchie des souffrances ni de morts qui méritent davantage de sacralité que d’autres ! Gilles-William Goldnadel n’est pas de cet avis ? C’est tout à fait son droit. C’est également le mien d’estimer que nous avons affaire à un négationniste du génocide palestinien perpétré par l’Etat d’Israël et ses alliés.
J’ajouterais enfin qu’il n’y a pas que les génocides en cours qui peuvent faire l’objet d’une minimisation ou d’une négation. Les génocides achevés également.

- Que voulez-vous dire, je ne vous suis plus ?
Le 4 février, Survival, une ONG qui défend les peuples indigènes, a annoncé le décès de Boa Senior à l’âge de 85 ans. Cette femme était la dernière locutrice de la langue Bo, l’une des dix langues de la tribu des Grands Andamanais [9] (Océan Indien). L’info a été reprise par plusieurs médias francophones (TF1, la RTBF, Le Soir, RTL, etc.) sur le ton de la perte tragique et quasi mystique d’une langue. Voyez les titres : «Avec sa mort, un peuple et une langue disparaissent» (TF1) ; «Le monde perd la dernière personne parlant Bo» (RTBF) ; «Une langue est morte» (Le Soir) ; «Une autre langue s’éteint» (Radio-Canada) ; «Dans l’Océan Indien, une langue disparaît» (Rue89.fr).
Au lieu d’omettre l’origine et le contexte de la disparition de cette femme, ces médias auraient pu mettre en évidence le fait qu’en 1858, il y avait 5000 Grands Andamanais et qu’aujourd’hui, il en reste 52. Entre ces deux chiffres : la colonisation britannique ! Survival nous apprend que le peuple andamanais a été exterminé par les colons, a succombé à leurs maladies et a connu un camp de concentration (home andaman) où les enfants andamanais mourraient avant l’âge de deux ans… Des «points de détail» connus de tous, certainement ! Contrairement aux médias francophones, Survival a remis honnêtement le décès de Boa Senior en perspective en titrant : «L’extermination d’une tribu andamanaise s’achève après la disparition de son dernier représentant».
Ce génocide achevé a aussi été évoqué par Stephen Corry, directeur de Survival International, dans son communiqué adressé aux médias : «Les Grands Andamanais ont tout d’abord été massacrés, puis ils ont été détruits par des politiques paternalistes qui les ont exposés à de terribles épidémies, les ont spoliés de leurs terres et privés de leur indépendance».
Une déclaration qui n’a été reprise nulle part. Comme pour le génocide achevé des Tasmaniens ou celui des Amérindiens des Caraïbes, une majorité de dirigeants de médias et de journalistes francophones n’en a rien à foutre de Boa Senior, de la langue Bo ou des Grands Andamanais. Sa vie, sa culture et celles de son peuple n’ont jamais eu d’autre importance que de servir de prétexte à la mise en scène d’une «info exotique»... Je ne supporte pas ce type de journalisme ethnocentriste et racialiste qui maquille les perspectives d’explications ou ment par omission.

- Olivier, qui sème le vent récolte la tempête. On ne peut pas non plus appartenir au «Cercle des Nègres» disparus, vous le concevez ?
Cette question m’évoque une réponse qu’avait donnée le journaliste et écrivain Denis Robert avant une audience du «procès Clearstream». En entrant dans le Palais de justice, un confrère l’apostrophe : «Et vous, Denis Robert, de quoi êtes-vous accusé ?». Réponse : «Je suis accusé de journalisme»... Affirmation que la justice française a confirmée en relaxant Denis Robert de toute poursuite. En ce qui me concerne, je suis totalement solidaire de la réponse de Denis comme de son inestimable boulot d’enquête et de résistance déployé depuis plus de dix ans. C’est lui qui a révélé la véritable affaire Clearstream sur laquelle les médias n’osent pas enquêter, tout en radotant indéfiniment sur le périphérique duel Sarkozy-Villepin. A un niveau plus modeste, je ne pense pas avoir «semé le vent» mais juste fait mon boulot sur la base de 3 principes déontologiques : l’entretien (Dieudonné – Entretien à cœur ouvert), l’analyse (Egalité zéro – Enquête sur le procès médiatique de Dieudonné) et le débat (Est-il permis de débattre avec Dieudonné ?). Si ce travail a pu informer ou être révélateur pour certains, j’aurai atteint mon objectif.
Quant à la «tempête» - émanant surtout de ceux qu’on interroge peu et condamne rarement -, elle s’est déjà levée et nous souffle au visage avec une rare brutalité. Vous comme moi et les millions d’autres sans-grades, on verra comment nous y résisterons…

- Qu’allez-vous faire concrètement ? Après Bye Bye Lénine, Bye Bye Paris, Bye Bye Dieudonné ? Plus sérieusement allez-vous continuer de produire sur l’humoriste car, visiblement, ça ne vous réussit pas ?
Cela dépend de quel point de vue on se place. De celui des anonymes qui me félicitent et me remercient pour ce travail ou de celui des voyous et mercenaires résolus à empêcher sa large diffusion ? Comme disait Bakounine, «ceux qui se sont sagement limités à ce qui leur paraissait possible n’ont jamais avancé d’un pas»... Je vous rassure : ma colonne vertébrale n’est pas atteinte ! Que ce soit sur ce sujet ou sur d’autres, je continuerai à tenter d’exercer le métier auquel je crois.

- Après «Est-il permis de débattre avec Dieudonné ?», est-il permis de faire un film sur l’humoriste ? C’est peut-être le titre de votre prochain bouquin ou DVD ?
Non, quand j’ai le temps, je planche sur d’autres sujets d’écriture.

- Merci Olivier Mukuna d’avoir choisi Agora Vox pour faire le point et tenez-nous informés des suites de l’affaire.

P M
17.02.10

Notes:
[1] Voir : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/interview-d-olivier-mukuna-est-il-65555
[2] http://livre.fnac.com/a2691418/Anne-Sophie-Mercier-La-verite-sur-Dieudonne?Mn=-1&Ra=-1&To=0&from=3Ν=1&Fr=3
[3] http://video.fnac.com/a2606428/C-est-dur-d-etre-aime-par-des-cons-DVD-Zone-2?PID=3
[4] http://www.afromedia.be/node/153
[5] http://www.afromedia.be/node/153
[6] http://parlemento.wordpress.com/2010/01/29/dieudonne-est-un-prenom-qui-fait-peur-aux-gens-de-la-culture/
[7] http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/interview-d-olivier-mukuna-est-il-65555
[8] http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/02/04/01016-20100204ARTFIG00008-goldnadel-sarkozy-a-apaise-la-communaute-juive-.php
[9] http://www.survivalfrance.org/actu/5513