samedi 30 janvier 2010

A voir ce soir : ARTE Reportage : "Retour sur une séparation"



A voir ce samedi 30 janvier 2010 - 19h 15 :

un reportage d’Hubert Dubois et Elsa Kleinschmager


Le mur érigé par Isarël est davantage un dispositif de colonisation que de protection

À quoi sert la barrière construite par Israël en Cisjordanie? À protéger Israël et ses habitants des infiltrations de terroristes palestiniens, comme l’affirme le gouvernement israélien ? À annexer, de fait, une partie de la Cisjordanie? - là où se trouvent la plupart des colons israéliens - à Israël, comme le soupçonnent les Palestiniens? Le reportage d’Hubert Dubois et Elsa Kleinschmager apporte un début de réponse documenté et convaincant à ces questions. À travers le désarroi de la famille Rifaï, coupée en deux et coupée de ses terres agricoles, il rappelle un détail capital, trop souvent négligé par les commentateurs en chambre : la barrière sépare autant les Israéliens des Palestiniens que les Palestiniens entre eux. Pourquoi ?

Parce que cette séparation qui aurait dû suivre le tracé de la ligne d’armistice de 1949 entre la Cisjordanie et Israël - la «ligne verte, longue de 325 kilomètres» - si elle avait réellement pour but de protéger Israël des infiltrations de terroristes, mesurera en fait, plus de 700 kilomètres lorsqu’elle sera achevée. Pour une raison simple, clairement illustrée dans le reportage : les militaires israéliens qui l’ont tracée ne l’ont pas conçue comme une protection mais comme un dispositif permettant d’annexer à Israël la majeure partie des blocs de colonisation israéliens. Lorsqu’elle sera achevée, la majorité des 500.000 colons israéliens de Cisjordanie - Jérusalem-Est comprise - seront placés à l’ouest des méandres de la barrière, donc, de fait dans des territoires annexés par Israël.

En attendant de remplir officiellement cette fonction inavouable, la séparation joue déjà son rôle en disloquant impitoyablement les communautés palestiniennes qui vivent à son voisinage. Complétée par un dispositif règlementaire aussi arbitraire que tatillon, elle oblige les villageois dont les terres sont situées de l’autre côté du grillage à demander des permissions - révocables à tout instant - pour prendre soin de leurs oliviers ou de leurs serres.

Elle empêche les réunions de famille, les solidarités villageoises et claniques. Elle n’a pas permis à Nasreen et à Hannan, deux sœurs qui vivent de part et d’autre, près de Salem, au nord de la Cisjordanie, de se voir plus de trois fois en sept ans. Elle a provoqué l’effondrement de l’économie de la Cisjordanie et, comme le constate, désespéré et malade, Nidal Rifaï, «la mort lente des Palestiniens». Et cela, tout en demeurant perméable aux clandestins. C’est-à-dire éventuellement aussi aux terroristes.

René Backmann
Auteur d’«Un mur en Palestine», coll. Folio actuel, Gallimard.
30.01.10

Source: teleobs.nouvelobs.com

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