mercredi 23 mars 2011

En France, une nouvelle imposture


La nomination de l’ex-président de Colombie comme professeur de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Metz (ENIM) est un attentat à l’intelligence.


Comment a-t-il pu oublier de les informer que la Colombie vit depuis plus de 50 ans un conflit social, politique et armé dont est victime toute la population civile et que ce conflit est présenté comme un rapport de force entre des guérillas et l’Etat?

Que dans cette guerre civile non déclarée, qui a connu une recrudescence pendant le mandat d’Uribe, le crime d’Etat que constitue la disparition forcée perpétrée par la «démocratie» en Colombie a dépassé les chiffres dramatiques des dictatures des pays du Cône sud et que 250.000 disparus réclament justice? (1)

Il a également omis de mentionner que pendant son mandat Alvaro Uribe a ordonné au Département Administratif de Sécurité (DAS), les services secrets colombiens, d’espionner, de poursuivre, de menacer et de stigmatiser les défenseurs des Droits de l’Homme, les syndicalistes, les opposants politiques, les journalistes, la Cour suprême de justice colombienne et même de surveiller et de discréditer la Commission des Droits de l’Homme du Parlement Européen, le Haut-commissariat aux Droits de l’Homme des Nations-Unies et les ONG engagées dans la défense des Droits de l’Homme.

Face à cette scandaleuse désinformation, il me semble important que la jeunesse, qui forge le futur, connaisse les chiffres déchirants de la tragédie colombienne et la trajectoire de ce néfaste personnage.

Rien qu’au cours des 3 dernières années de son gouvernement, le terrorisme d’Etat a fait disparaître 38.255 personnes (chiffres de février 2010 de la médecine légale et de l’administration fiscale) et commis 173.183 homicides et 1.597 massacres (2).

10 millions d’hectares de terre ont été confisqués aux paysans et offerts aux multinationales, aux grands propriétaires terriens, et aux nouveaux caciques paramilitaires (3). Afin de terroriser la population, dans le but de la réduire au silence, de la rendre docile et de la déplacer, l’outil paramilitaire a eu recours aux viols massifs, aux démembrements à la tronçonneuse, à l’empalement et à d’autres horreurs terrifiantes (4).

Des fours crématoires et des élevages de caïmans font partie de l’outil paramilitaire de l’Etat et des multinationales... que les paramilitaires ont utilisés pour faire disparaître des milliers de personnes (5). La plus grande fosse commue de l’Amérique latine, qui contient plus de 2.000 cadavres, est située derrière le quartier militaire de l’armée dans la région de La Macarena. Une découverte dantesque, qui ne suscite pourtant pas encore le rejet international que mérite le gouvernement colombien (6).

Les violations des Droits de l’Homme s’aggravent dans ce qui est de toute évidence un pays occupé: en Colombie, 7 bases militaires américaines ont été installées, et l’Etat colombien a accordé aux marines une immunité totale pour tous les crimes qu’ils commettront en Colombie (7).

68% de la population de Colombie vit dans la pauvreté et l’indigence. La concentration de la richesse est scandaleuse: la Colombie occupe la 11è place parmi les pays présentant les plus grandes inégalités au monde (selon le coefficient de Gini qui mesure l’inégalité de la répartition des revenus), et c’est le pays le plus inégalitaire du continent américain. Selon les chiffres les plus cléments, il compte 8 millions d’indigents et 20 millions de pauvres (8).

Plus de 20.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de malnutrition aigue (chiffres de l’UNICEF); sur 100 mères enceintes déplacées, 80 décèdent de malnutrition chronique (9).

Le pays compte plus de 7.500 prisonniers politiques, dont nombre d’entre eux sont victimes de montages judiciaires, une pratique courante contre les personnes engagées dans les luttes sociales (10).

Il serait intéressant de connaître les conditions et le montant du contrat conclu entre Uribe et l’école française par l’intermédiaire du SENA (centre de formation colombien), ce qui a valu à l’ex-mandataire le titre d’ingénieur honoris causa et sa nomination au poste de professeur de l’ENIM et à Padilla d’obtenir la nationalité colombienne. (11)

Est-ce cet obscure et macabre personnage qui est imposé aujourd’hui comme professeur à la jeunesse française?

María Piedad Ossaba
Directrice de La Pluma (www.lapluma.net)
Agence Pueblos en Pie, France
20.03.11
Notes:
(1) http://www.rebelion.org/noticia.php...
(2) http://www.telesurtv.net/noticias/s...
(3) : http://www.movimientodevictimas.org...
(4) http://www.telesurtv.net/noticias/s...
(5)http://www.piedadcordoba.net/piedad...
http://www.elespectador.com/noticia...
http://www.kaosenlared.net/noticia/...
(6) http://www.publico.es/internacional... http://www.rebelion.org/noticia.php...
(7) http://www.rebelion.org/noticia.php...
(8) http://www.abpnoticias.com/index.ph...
(9) http://www.elcolombiano.com/BancoCo...
http://www.elcolombiano.com/BancoCo...
http://colombia.indymedia.org/news/...
http://alainet.org/active/33960&#9001 ;=es
(10) http://www.tlaxcala.es/detail_campa... http://www.lapluma.net/fr/index.php...
Traduit par Tania Bustos pour « Le gavroche », 18 mars 2011
Article originale en espagnol : La Pluma, 16 de mars 2011
Source: Le gavroche/LGS

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire