mercredi 10 juin 2009

Une école d’enfer !

C'est l'histoire d'une petite école de quartier. Que l'on ne montre pas. Dont on ne parle pas.

C’est l’histoire d’une petite école de quartier, une école familiale, où il devrait faire bon travailler et étudier : 150 élèves environ, de première et deuxième secondaires, une petite vingtaine de professeurs, deux secrétaires. Le paradis ?

Commençons par l’état des locaux et bâtiments : murs défraîchis, vieilles portes de classes en bois vermoulu aux serrures cassées ou absentes; fenêtres à simple vitrage dont certaines sont cassées et non remplacées pendant des semaines, voire des mois, y compris en plein hiver; absence de rideaux ou tentures et, donc, de possibilité d’occulter la lumière pour assurer une bonne vision des élèves au tableau; absence de lavabos dans toutes les classes, de porte-manteaux, d’armoires de rangement; absence de sonnerie pour marquer les débuts et fins de cours, l’antique cloche, qui devrait servir à sonner le rappel à la fin des récréations, menaçant de tomber sur la tête du malheureux qui voudrait l’agiter. Les toilettes des élèves sont mixtes, sans serrures, sans papier WC, sans eau courante, le plus souvent. Pas de salle d’études en cas d’absence d’un professeur. Une antique photocopieuse et du matériel pédagogique dépassé, en mauvais état, quand matériel il y a. Les locaux ne sont entretenus que rarement et sommairement, et donc sales, jonchés de papiers et détritus divers - la saleté appelant la saleté-; de vieilles toiles d’araignées pendent dans certains couloirs; des rats meurent et pourrissent dans les conduits. Le paradis ?

Passons aux conditions d’étude et de travail. Cette charmante école est située dans le même bâtiment qu’une école primaire qui lui dicte arbitrairement et inhumainement sa loi. Les quelque 400 élèves de primaire ont leurs nombreuses récréations et moments de garderie dans deux cours situées au même niveau que les locaux du secondaire. Etant donné que les horaires des deux écoles sont complètement décalés, ces moments d’intense défoulement pour les "petits" sont censés être des périodes de cours pour les grands.

Facile de se représenter le bruit que peuvent faire deux, trois, quatre enfants. Imaginez-le multiplié par 100 et répété plusieurs fois par jour; ajoutez-y les "bom" des ballons frappant les vitres, les "toc toc" des enfants s’amusant à frapper à votre porte ou à l’ouvrir "pour jouer". Et projetez-vous, à deux pas de ce brouhaha dans une classe sans isolation acoustique (simples vitrages, vieux châssis, vieilles portes), en train de donner ou de recevoir un cours plusieurs heures par jour, 5 jours par semaine. Le paradis ?

Et ce n’est pas tout : chaque année, des cours de français, néerlandais, biologie, informatique, ne sont pas assurés pendant des semaines, voire des mois, faute d’enseignants disponibles. Les professeurs absents ne sont que rarement remplacés.

Il est vrai qu’on ne se bouscule pas au portillon du "paradis". Et que beaucoup de ceux qui y mettent les pieds s’encourent très vite vers d’autres horizons.

Oui mais, pensez-vous, cette école se trouve loin de chez nous, en province, ou dans un pays lointain. Ou alors, cette histoire se passe il y a longtemps. Croyez-vous ?

Cette petite école est laekenoise et son histoire est bien actuelle. Mais elle intéresse peu de monde. Ce n’est "qu’"une petite annexe située dans un quartier défavorisé; son grand frère, l’Institut Paul-Henri Spaak, est installé dans des locaux presque flambants neufs, mais trop exigus pour l’accueillir. Ce grand frère, lui, a droit aux honneurs des visites d’échevins bruxellois. Mais pas la petite école de quartier : on la cache, on la nie. Pas "montrable". Mais néanmoins assez "potable" pour accueillir 150 élèves, une petite vingtaine de professeurs et deux secrétaires. Et tant pis s’ils y perdent leur avenir ou y laissent leur santé. Le paradis ?

L’enfer !

NdlR : Craignant des représailles, l’auteur du témoignage nous a demandé de garder l’anonymat. Après recoupement, nous avons accepté.

Source: lalibre.be
Mis en ligne le 08/06/2009

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