lundi 7 juin 2010
Les témoignages sur les atrocités des soldats israéliens s’accumulent
Selon les rescapés de retour à Istanbul, le nombre de morts serait plus élevé que celui annoncé officiellement.
Des milliers de personnes ont réservé hier à Istanbul un accueil chaleureux aux 466 passagers (majoritairement de nationalité turque) de trois avions turcs en provenance de Tel-Aviv. Les avions transportaient également les cercueils des neufs humanitaires (huit Turcs et un Américain d’origine turque) tués par balles dans le raid israélien de lundi contre le ferry turc Mavi Marmara. Dix-neuf blessés, tous par balles, également rapatriés à bord de vols médicaux, sont soignés dans un hôpital d’Ankara. «Les patients ont généralement des blessures sérieuses à la poitrine, à l’abdomen et aux membres», a déclaré un médecin de l’hôpital qui les soigne dans la capitale turque. Les cercueils des neuf humanitaires turcs ont été exposés hier sur le parvis de la mosquée Fatih à Istanbul, dans le quartier du même nom, où plus de 20 000 personnes étaient rassemblées pour la prière de «l’absent», et ce, en présence du maire d’Istanbul et du ministre de l’Énergie, Taner Yildiz.
Toutefois, selon les témoignages de nombreux militants qui se trouvaient à bord du Mavi Marmara, le bilan des morts et blessés serait plus élevé. «Les chiffres officiels parlent de neuf morts mais les chiffres que des gens comme nous qui étaient là peuvent donner, de ce que nous avons vu, ce que nos camarades ont rapporté», seraient de 16 à 20 a rapporté Manuel Tapial, un des trois militants espagnols libérés par Israël. «Il y a des gens disparus; nos médecins leur ont remis 38 blessés. (…) En retour, on nous a dit qu’il n’y a que 21 blessés», a accusé de son côté un des responsables de l’ONG turque IHH (Fondation d’assistance humanitaire). «Les soldats ont abattu un médecin qui voulait se rendre et ont jeté son corps sans vie dans la mer», a ajouté Bulent Yidirim le président d’IHH. Un Britannique, Kevin Ovenden, a affirmé avoir vu un homme recevoir une balle en pleine tête après avoir pointé son appareil photo sur les soldats israéliens. Tous les témoignages convergent sur le fait que les Israéliens ont commencé à tirer et jeter des grenades sur le navire par hélicoptère, à partir des vedettes d’assaut, avant même que les commandos ne le prennent d’assaut. «Il y avait déjà deux ou trois morts à cause des tirs depuis les Zodiac», a affirmé Haydée Santamaria, membre de l’ONG Cultura, Paz y Solidaridad. Autre témoignage, celui d’une Belge, Kenza Isnani : «On a vu des choses horribles, des choses qu’on aurait jamais pu penser vivre un moment dans notre vie», a-t-elle déclaré. «Les passagers du bateau avaient une attitude non violente, pacifique. Il n’y avait pas d’armes. Il n’y avait aucune attitude de provocation ou l’intention de se mêler à la violence, pas du tout», a-t-elle ajouté!
Sur le plan diplomatique, le président turc, Abdullah Gül, a déclaré hier qu’«à partir de maintenant, les relations (entre son pays et Israël) ne seront jamais plus les mêmes». Ajoutant qu’«Israël a fait l’une des plus graves erreurs de son histoire». Le gouvernement turc est sous la pression de la rue, révoltée par les images de l’assaut contre le ferry turc que des chaînes de télé passent en boucle. Ankara, qui a rappelé son ambassadeur en Israël, annulé les manœuvres militaires turco-israéliennes en Méditerranée orientale, et qui compte ne pas en rester là, ira-t-il jusqu’à rompre le partenariat militaire conclu avec Israël en 1996? Washington, qui s’emploie, par le biais de Barack Obama, à ce que les rapports entre ses deux alliés restent dans des limites gérables, s’en inquiète. Quoi qu’il en soit, la Turquie, qui a pris la tête de l’offensive diplomatique contre Israël, alors que les pays arabes ont du mal à surmonter leurs divergences dès lors qu’il s’agit d’adopter une position ferme à l’égard d’Israël, accentue sa pression sur Tel-Aviv. Ce dernier, plus que jamais isolé, a été vivement admonesté par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui a qualifié le blocus de Gaza de «contre-productif, intenable et immoral. Il punit des civils innocents. Il doit être levé immédiatement». L’ancien premier ministre britannique, Tony Blair, a également demandé la levée du blocus de Gaza. C’est dans ce contexte de pression internationale croissante que le président Mahmoud Abbas va rencontrer prochainement Barack Obama, quelque peu embarrassé par la posture dans lequel se trouve son allié israélien.
Hassane Zerrouky
05.06.10
Source: bellaciao
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