samedi 9 octobre 2010
Conférence de presse dans l'affaire Ali Aarrass
Compte-rendu de la conférence de presse du 07.10.10 dans l’«affaire Ali Aarrass», donnée dans les locaux de la Ligue des Droits de l’Homme, à Bruxelles.
Luk Vervaet introduit la conférence de presse en remerciant la LDH de l’accueil dans leurs locaux, ainsi que les divers intervenants pour leur présence.
Il rappelle ensuite certains faits, en commençant par pointer les changements intervenus dans le monde, suite aux attentats du 11 septembre 2001. Ces changements sont de deux ordres: d’une part, guerres en Irak et en Afghanistan. Ce 7 octobre est d’ailleurs la date anniversaire du lancement de la guerre contre l’Afghanistan. D’autre part, la stigmatisation de tous les citoyens ainsi que de certains mouvements citoyens dans le monde, qui osent opposer une résistance à ce nouvel ordre mondial voulu et imposé par la nouvelle politique «anti-terroriste» américaine. Cette politique consiste à soupçonner tout individu qui ne se plierait pas à ses diktats. Les dérives sont telles, qu’elles mènent à enfermer des individus non plus sur base de leur culpabilité avérée, mais sur base de «soupçons» éventuels d’appartenance à des mouvements estimés douteux. Elles peuvent entraîner leur incarcération sans jugement, dans des conditions terribles, comme dans les prisons de Guantanamo, Abou Ghraïb (pour les plus connues) ainsi que dans d’autres lieux où la torture est pratiquée. Pire: les pays dits «démocratiques» du Nord, en profitent pour délocaliser certains prisonniers vers des dictatures du Sud afin de les sous-traiter non sur base de leurs actes, mais sur celles de leurs intentions. Pays du Sud qui en profiteront pour museler et écraser toute forme de résistance et d’opposition à leur politique autoritaire.
Dans la foulée, Luk Vervaet informe la salle du lancement de la Campagne de soutien à Ali Aarrass, via le site internet www.freeali.eu
Farida Aarrass, sœur d’Ali, se concentre en quelques mots sur l’historique familial. Farida rappelle que son frère est né à Melilla, enclave espagnole en territoire marocain, et pointe donc le fait qu’à l’origine son frère est de nationalité espagnole, Etat de l’UE. Pour des raisons familiales, Ali Aarrass se retrouvera en Belgique où il obtiendra la nationalité belge. Il mènera des années durant, une existence paisible de libraire sur le territoire belge, où l’ensemble de sa clientèle dira tout le bien qu’elle pense de lui. Puis, après plusieurs années, Ali rejoindra son père resté à Melilla. C’est-là qu’Ali sera arrêté sur base de soupçons, et non sur base de preuves… inexistantes!
Le père d’Ali, Mustapha Aarrass complète en espagnol le portait de son fils, pointant le fait qu’Ali a rempli ses obligations militaires en Belgique. Ainsi, si par malheur, un conflit grave devait surgir entre la Belgique et le Maroc, Ali devrait se battre aux côtés des forces belges, contre les forces marocaines. Il signale également que le gouvernement espagnol a indiqué que la Belgique n’ayant pas bougé dans ce dossier, l’Espagne n’avait aucune porte de sortie pour le faire avancer de manière positive vis-à-vis des autorités marocaines.
Aberrahman Benyahya, président et porte-parole de la CIM (Commission Islamique de Melilla) explique que les différentes constitutions des pays européens donnent pratiquement les mêmes droits à tous les citoyens, sans aucune distinction de race, de genre, d’appartenance religieuse, de culture,… Or, dans le cas précis d’Ali Aarrass, ces droits sont tout simplement ignorés, et par ce fait, les droits de l’Union Européenne également. En principe, un Etat donne des garanties à ses citoyens. Dans ce cas-ci, l’Etat belge dont Ali est citoyen, a abandonné l’un des siens, ce qui illustre in fine que les citoyens ne sont pas tous égaux en fonction de leur origine, religion, etc… La relation entre l’Etat et ses citoyens est donc corrompue. Cette situation est d’autant plus grave qu’elle risque fort à l’avenir, d’ouvrir la voie à une corruption généralisée des relations entre les Etats et leurs citoyens.
Maître Mohamed Ali Nayim, avocat espagnol d’Ali Aarrass poursuit en rappelant que la demande d’extradition d’Ali vers le Maroc est l’une des conséquences des attentats survenus à Casablanca en 2003. Un grave malentendu a surgi suite à des accusations de prisonniers marocains ayant «avoué» la complicité d’Ali, sous la torture pratiquée à leur encontre dans les geôles marocaines. Il soulignera qu’après trois années d’enquête et de procès, et sans la moindre preuve à charge d’Ali, les tribunaux espagnols établiront la totale innocence d’Ali Aarrass dans un quelconque lien supposé à ces attentats, jugement établi par Baltasar Garzon, juge spécialisé dans ce type d’affaires. Maïtre Nayim rappelle qu’il existe une convention entre l’Espagne et le Maroc pour s'empêcher les extraditions respectives de citoyens. Par ailleurs, il informe l’assemblée présente de l’éventualité envisagée par la famille Aarrass d’attaquer l’Etat belge en justice, pour son indifférence et sa passivité dans le traitement de ce dossier.
Maître Dounia Alamat, avocate d’Ali en Belgique, continue en recadrant l’historique des cas et l’analogie de l’affaire avec des dossiers identiques. Elle établit un constat: la Belgique n’a jamais extradé de citoyen belge ou étranger dès lors que les critères pour pouvoir juger un individu dans les pays qui en font la demande apparaissent trop vagues aux yeux des instances belges. S’y ajoutent dans le cas présent, les cas avérés de torture au Maroc, constatés par diverses ONG telles Human Rights Watch, Amnesty International, la Ligue Internationale de Droits de l’Homme, etc… Les juridictions belges ont dès lors toujours refusé les extraditions sur de tels constats accablants. A ce propos, voir: http://www.hrw.org/fr/news/2010/02/12/maroc-d-claration-de-human-rights-watch-sur-l-affaire-dite-belliraj-devant-le-tribun
Enfin, Maître Christophe Marchand, également avocat dans le dossier en Belgique, loue le travail des défenseurs espagnols d’Ali Aarrass. Il ne comprend pas l’attitude du gouvernement belge, pourtant bien informé de la situation des prisonniers marocains et dénonce son manque de réaction. Dans le même temps, il se félicite de la tenue de cette conférence de presse pour alerter l’opinion publique, tout en rappelant que les conventions internationales de par leur caractère contraignant, obligent les Etats à intervenir dans ce type de dossier.
Après quelques questions-réponses avec la salle, Farida Aarrass conclut en rappelant qu’à ce jour il y a près de 3 ans que son frère est incarcéré dans une prison espagnole en attendant son extradition vers le Maroc pour fait de «terrorisme». Le 21 avril 2009, Amnesty International (Espagne) écrivait: «Ali Aarrass fait l’objet d’une information judiciaire ouverte en 2006 par l’Audience nationale espagnole pour des infractions liées au terrorisme mais, le 16 mars 2009, cette juridiction l’a provisoirement close en raison de l’insuffisance des éléments de preuve…» Pourtant, Ali reste en prison, en raison de la demande d’extradition du Maroc. Amnesty International Espagne a lancé l’appel suivant: «Exhortez les autorités à ne pas extrader Ali Aarrass vers le Maroc car il risquerait d’être détenu au secret, de subir des actes de torture et d’autres mauvais traitements, ainsi que d’être victime d’un procès inique». Farida Aarrass insiste sur la situation humaine dramatique de son frère dont la santé a terriblement souffert de ses conditions de détention, au point d’en devenir alarmante.
L’avocat espagnol, Maître Nayim, termine la conférence de presse en rappelant que le représentant du Consulat belge en Espagne lui a déclaré que dès l’instant où ils quittent le territoire il existe deux types de citoyens belges: ceux qui le sont d’origine… et les autres!
Nous en concluons pour notre part, que ÉGALITÉ-sans-guillemets trouve dans ce cas précis, toute sa raison d’être et dénonce avec force cette inacceptable dualité dans le statut des citoyens du pays. Et de constater qu’il y a donc bien deux types de Belges pour certains responsables politiques: ceux de souche et ceux «entre guillemets» selon la triste et lamentable déclaration de Anne-Marie Lizin à l’époque.
Signez la pétition contre l’extradition d’Ali Aarrass: http://lapetition.be/en-ligne/petition-8046.html
Visitez le site créé en soutien à Ali Aarrass et pour sa libération: http://www.freeali.eu/
Pour ÉGALITÉ,
Daniel Vanhove
08.10.10
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Chers Amis,Bonjour,
RépondreSupprimerJe viens de découvrir votre site ainsi que "l'affaire Al Aarrass", mais qu'advient-il de cet homme, car je n'ai pas trouvé d'information récente à son sujet ?
Je ne puis que me réjouir de l'existence en belgique d'un Parti Pour l'Egalité, sans vous connaître, j'essaie depuis des années de créer un tel parti en France !
Très cordialement.
Daniel Milan
http://lejournaldessurvivants.centerblog.net
milan.daniel@yahoo.fr
Bonsoir Daniel,
RépondreSupprimermerci pour votre commentaire.
En ce qui concerne le dossier Ali Aarrass, la suite est donnée au fur et à mesure au fil du blog... avec hélas la décision de l'Espagne d'extrader Ali vers le Maroc, quelques jours avant la fin de l'année. Nous avons tout tenté au niveau du gouvernement belge, et malgré l'appui de plusieurs ONG internationales qui demandaient à l'Espagne d'attendre quelques semaines supplémentaires, Ali Aarrass est depuis près d'un mois maintenant détenu dans les prisons marocaines, avec le traitement que l'on sait...
Actuellement, les avocats qui défendent ce dossier nous ont demandé de garder une certaine discrétion, mais nous n'oublions absolument pas notre ami et attendons de pouvoir réagir à la moindre nouvelle possibilité.