Vendredi 29 avril 2011, le tremblement de terre et le tsunami japonais, les légitimes soulèvements dans les pays arabes et toutes les autres questions essentielles à la vie quotidienne de l’humanité seront cyniquement relégués au second plan pour permettre à 2 milliards de téléspectateurs – chiffre absolument terrifiant pour l’amélioration matérielle et morale de la dite humanité – de jouer à la Barbie et au Ken grandeur nature, en subissant l’incontournable mariage du prince William et de Kate Middleton.
Cette semaine, France-Info est allé jusqu’à affirmer que «ce mariage passionnait les Français»! Mais ont-ils eu le choix, après cet authentique déferlement médiatique, puisque bon nombre de chaînes de télévision du monde entier ont choisi de retransmettre en direct cette union sans aucun intérêt? Les grands media américains, CBS, ABC et NBC diffuseront leur journal télévisé de la fin de journée depuis Londres, comme pour annoncer une nouvelle digne de ce nom. La fin du cauchemar quotidien pour une partie de la planète qui tente de survivre, de manger ou de boire? La création d’un état palestinien assortie d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens?
Rien de tout cela, ce non-événement prétendument planétaire attire beaucoup de badauds et de touristes et commence à lasser les Britanniques, qui n’y voient qu’un seul intérêt, le jour férié décrété par le gouvernement de David Cameron. Cependant on notera, avec une satisfaction toute républicaine, que des voix s’élèvent au Royaume-Uni, désormais chaque jour plus nombreuses, pour souhaiter l’instauration d’une république. Ainsi, dans son numéro d’avril 2011, l’excellent magazine mensuel d’analyse politique et sociale Prospect a mis en ‘une’ une enquête intitulée 'Do we still want the monarchy?' La rédactrice-en-chef, Bronwen Maddox, affirme sans détour: I’m a regretful republican; while enjoying the charm, stability, and sense of history the Crown brings, I’m with Will Self in thinking the monarchy infantilises Britain. Ce qui, donc, signifie: Je suis, à mon regret, républicaine; alors que j’apprécie le charme, la stabilité et le sens de l’histoire que la Couronne apporte, je me joins à Will Self pour considérer que la monarchie infantilise la Grande-Bretagne. Voilà qui est à la fois mesuré, clair, précis et pertinent.
Le romancier Will Self, cité par la rédactrice-en-chef et sollicité par Prospect, va beaucoup plus loin, de manière tranchante: They must go. Support for the monarchy is the result of brainwashing on an Orwellian scale. Lisez: Ils doivent s’en aller. Le soutien apporté à la monarchie est le résultat d’un lavage de cerveau organisé à une échelle orwellienne.
Comment ne pas se réjouir de ces prises de position courageuses? Cependant, pour revenir au titre de ce billet, il convient de dire aux Britanniques: vive la République! Certes, mais la République authentique, synonyme de démocratie, de fraternité et d’égalité, pas la petite république dévoyée des copains, des coquins et des complices, où tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’un seul individu, où l’intérêt particulier prime sur l’intérêt général, où la presse et la justice sont mises sous le joug, où les services publics sont mis au ban de la société et où la recherche du bouc émissaire est érigée en sport national.
Jean-Louis Legalery
29.04.11
Source: mediapart
Cette semaine, France-Info est allé jusqu’à affirmer que «ce mariage passionnait les Français»! Mais ont-ils eu le choix, après cet authentique déferlement médiatique, puisque bon nombre de chaînes de télévision du monde entier ont choisi de retransmettre en direct cette union sans aucun intérêt? Les grands media américains, CBS, ABC et NBC diffuseront leur journal télévisé de la fin de journée depuis Londres, comme pour annoncer une nouvelle digne de ce nom. La fin du cauchemar quotidien pour une partie de la planète qui tente de survivre, de manger ou de boire? La création d’un état palestinien assortie d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens?
Rien de tout cela, ce non-événement prétendument planétaire attire beaucoup de badauds et de touristes et commence à lasser les Britanniques, qui n’y voient qu’un seul intérêt, le jour férié décrété par le gouvernement de David Cameron. Cependant on notera, avec une satisfaction toute républicaine, que des voix s’élèvent au Royaume-Uni, désormais chaque jour plus nombreuses, pour souhaiter l’instauration d’une république. Ainsi, dans son numéro d’avril 2011, l’excellent magazine mensuel d’analyse politique et sociale Prospect a mis en ‘une’ une enquête intitulée 'Do we still want the monarchy?' La rédactrice-en-chef, Bronwen Maddox, affirme sans détour: I’m a regretful republican; while enjoying the charm, stability, and sense of history the Crown brings, I’m with Will Self in thinking the monarchy infantilises Britain. Ce qui, donc, signifie: Je suis, à mon regret, républicaine; alors que j’apprécie le charme, la stabilité et le sens de l’histoire que la Couronne apporte, je me joins à Will Self pour considérer que la monarchie infantilise la Grande-Bretagne. Voilà qui est à la fois mesuré, clair, précis et pertinent.
Le romancier Will Self, cité par la rédactrice-en-chef et sollicité par Prospect, va beaucoup plus loin, de manière tranchante: They must go. Support for the monarchy is the result of brainwashing on an Orwellian scale. Lisez: Ils doivent s’en aller. Le soutien apporté à la monarchie est le résultat d’un lavage de cerveau organisé à une échelle orwellienne.
Comment ne pas se réjouir de ces prises de position courageuses? Cependant, pour revenir au titre de ce billet, il convient de dire aux Britanniques: vive la République! Certes, mais la République authentique, synonyme de démocratie, de fraternité et d’égalité, pas la petite république dévoyée des copains, des coquins et des complices, où tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’un seul individu, où l’intérêt particulier prime sur l’intérêt général, où la presse et la justice sont mises sous le joug, où les services publics sont mis au ban de la société et où la recherche du bouc émissaire est érigée en sport national.
Jean-Louis Legalery
29.04.11
Source: mediapart
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