mardi 7 avril 2009

Voilées ou pas nous exigeons l’égalité… sans guillemets !

Le Conseil d'État a rendu ce 02 avril 2009 deux arrêts importants et identiques dans leurs conclusions, relatifs au port du voile dans les établissements scolaires relevant de la Communauté française de Belgique.

Les règlements l'interdisant sont maintenus. La motivation du Conseil d'État n'est pas anodine.

Le Conseil d'État décide que des règlements scolaires qui interdisent le port du voile contribuent à promouvoir la paix et la fraternité.

Les jeunes filles et les femmes qui portent le foulard ne sont pas des Belges entre guillemets, elles sont d’ici, partie intégrante de notre société. Même si nombre d’entre elles sont doublement exclues : d’abord parce qu’elles sont femmes et ensuite parce qu’elles appartiennent à un groupe social stigmatisé.

On ne compte plus les "vrais-faux" lapsus qui transforment dans la bouche des politiques et des journalistes, des citoyen(ne)s belges en immigré(e)s pour l’éternité.
Si l’on ne peut les convertir a notre universalisme, au moins leur interdira-t-on ainsi l’entrée des écoles, des administrations, des hôpitaux, etc… Ne pouvant les renvoyer "chez eux/elles" puisque ils/elles sont ici chez eux, on peut - on sait y faire ! - les traiter en citoyen(ne)s de seconde zone, en indésirables, en caste inférieure.

Tant que la Belgique refusera de donner aux descendants des peuples qu’elle a colonisés l’égalité promise par sa Constitution, par ses lois internes autant que par ses obligations internationales, la Belgique aura des problèmes. Des foulards, dont l’interdiction exacerbera la visibilité au lieu de la réduire, mais peut-être aussi d’autres réactions d’amertume un peu plus méchantes de la part des groupes discriminés. "Qui sème l’injustice récolte la colère", non ? On ne peut pas constamment mépriser, écraser, exclure, sans provoquer un jour une révolte.

La Belgique ne pourra tenir sa promesse d’égalité tant qu’elle refusera de regarder en face l’inégalité illégale tous les jours perpétrée : la discrimination permanente à tous les niveaux - emplois, école, administration, logement... Il n’y a pas un acte de la vie quotidienne qui soit indemne d’un racisme latent à l’égard de ceux que notre histoire coloniale continue à nous faire considérer comme des sous-êtres.

Pour l’instant, ce pays vit très bien avec ces discriminations - du moins le croit-il - et applique de fait, sinon de droit, le système de la préférence nationale et de la préférence masculine de façon éhontée. Et l’on veut encore ajouter une loi inique et raciste au contentieux ? Comment des juges peuvent-ils soutenir une loi qui aboutit à exclure des jeunes filles de l’école, souvent leur seul lieu d’émancipation ?

Chacun sait que cette loi qu’on nous présente comme une loi pour la laïcité vise en premier lieu le foulard en tant que signe visible d’une religion crainte et fantasmée, celle des "nouvelles classes dangereuses".

Nous manifestons très fermement notre opposition à toute loi stigmatisant l’islam, et les femmes musulmanes en particulier. Nous en appelons à un débat de fond sur toutes ces questions à travers des discussions, contributions, rencontres, débats publics..., et aussi à lutter ensemble, en tant que démocrates et féministes, athées ou pas, voilées ou pas, contre toutes les discriminations et pour l’Egalité…sans guillemets.

Le 07 juin votez pour l’Egalité entre tous les citoyens !

Nordine Saïdi

6 commentaires:

  1. Bonjour, Salam alaikom,
    Merci d'oser vous pencher sur cette injustice que nombreux parties politiques n'osent même pas en parler. Cette loi pour la laicité sois disans, qui interdit les "couvres chefs" mais autorise d'un autre coté les sapins de noël est vraiment Insultante, Discriminatoire, Stigmatise une population innocente,.. Il serait tant que ca change, EGALITE pour tous
    Courage, je vous soutient et j'en parlerai à mes proches
    Bien à vous
    Asmaa

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  2. bonjour, comment pensez-vous arriver à cette égalité? Cela aurait été plus honnête de parler dans un premier temps de "tendre vers l'égalité". Se pencher sur la question n'est pas chose nouvelle et je me pose la question de savoir si le voile n'est pas seulement utilisé à des fins éléctoralistes et que ce sera encore une fois les femmes qui seraient stigmatisées par leur propre communauté? La femme n'est-elle pas une fois de plus utilisée pour permettre à des hommes de siéger? Qu'en est-il des hommes qui sont tout aussi stigmatisés? Ne faut-il pas sortir de l'état de victimisation pour aller plus loin? Et enfin, quels sont les outils que vous mettez en place pour réellement tendre vers l'égalité car il ne s'agit pas ici de nous mentir pour gagner? voilà, le combat pour l'égalité est le cheval de bataille pour énormément de monde, alors la balle est dans votre camp, et SVP nous sommes fatigués des discours, des manipulations, de l'instrumentalisation, de l'exploitation du voile au profit des hommes. Pourquoi, ce n'est pas une femme voilée ou non qui mène votre liste???? Je ne peux adhérer les yeux voilés!!!!
    Vos arguments sont les bienvenus et je ne peux au stade actuel rien promettre, il faudra convaincre!!!!

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  3. Seriez-vous également prêts à défendre le port de la burka dans les écoles ? Où, selon vous, faut-il placer la limite entre la sphère laïque de l'Etat et le domaine religieux ? Si vous choisissez de ne pas mettre de limite à l'invasion du religieux dans l'état, comment dans un pays multiculturel, choisissez-vous la religion ou la philosophie qui impose sa loi?

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  4. @anonyme: tôt ou tard, arrive un moment dans la vie, où il faut placer des limites. Parce que - pour ceux qui peuvent le comprendre - les limites sont les conditions mêmes d’une vraie liberté… Mais c’est là une question philosophique qui déborde sans doute hélas, du cadre de ce blog et mériterait un développement...

    Néanmoins, entre le port du foulard et celui d’une burqa, il me paraît y avoir une sacrée marge. Que je ne franchirais pas. Et le piège de votre question est d’établir, sans l’exprimer explicitement, le lien (presque « naturel ») qu’il y aurait entre l’autorisation de l’un et ensuite de l’autre. Alors qu’à mes yeux, ce lien ne peut être fait. Le port du foulard n’enferme pas la jeune-fille ou la femme qui choisit de le porter, quand le port de la burqa, si. Et cet enfermement est tel qu’il confine même à l’exclusion. En effet, comment établir un premier lien avec quelqu’un qui se camoufle, qui se cache, qui se dérobe à votre regard ? Cela me semble chose impossible. Et comment éduquer et enseigner dans de telles conditions !? C'est tout simplement absurde.

    De plus, la burqa se révèle également, la plupart du temps, un choix des hommes imposant leur dictat aux femmes, considérées en cela comme inférieures. Ce qui me paraît inacceptable. Et ce qui ne semble pas le cas dans le port du foulard, même si cela peut se rencontrer parfois.

    En outre, pour bien cerner la problématique et aller jusqu’au bout de la logique qui l’anime, le port de la burqa imposé par les Taliban risque peu de se rencontrer dans les écoles puisque les Taliban n’autorisent pas l’enseignement des jeunes-filles… C’est dire !

    Pour ma part, je pense qu'il faut éviter de tels amalgames, pcqu’il est hasardeux de jouer avec des nuances qui risquent de semer plus encore de confusion, dans une société qui aurait au contraire, bien besoin de certaines balises claires.

    Par ailleurs, quand vous vous rendez dans un pays musulman où l’accès aux mosquées est strictement règlementé, que faites-vous ? Vous acceptez ces règles ou vous vous insurgez au nom de la liberté d’expression de chacun ?

    DéVé -

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  5. Lorsque je me rends dans un édifice religieux ou autre, quel qu'il soit et où qu'il soit, j'en respecte les règles. Si je vais dans une église je mets un pantalon plutôt qu'un short et dans une synagogue je porte une kipa, par respect pour ceux qui croient.

    L'arrêt du Conseil d'Etat ne fait jamais que clarifier les règles acceptables pour accéder dans les écoles en Belgique.

    En quoi est-il choquant que les écoles demandent de ne pas arborer de signes ostensibles d'appartenance religieuse au sein de l'établissement ? La foi est-elle moins grande sans foulard ? Ou s'agit-il d'afficher une supériorité, souvent perçue comme un mépris, par rapport à ceux qui ne croient pas ou croient autrement ?

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  6. bonjour, cela me semble choquant parce que, pour énormément de femmes et jeunes filles, le port du foulard, n'est pas une manière de se démarquer des autres confessions, mais, un signe de pudeur, parfois aussi, c'est un acte traditionnel qui ne comporte aucune notion d'islamisme. es ce qu'il ne faudrait pas , au sein de ce débat, une étude sociologique sur le port du foulard europe et de manière plus pointue, en belgique afin de comprendre vraiment ce que cet acte représente vraiment pour les musulmanes de ce pays? de même pour le "souvent" que vous employez en parlant de ce que les "autres" perçoivent comment étant du mépris... comment es ce que l'on peut juger de se genre de chose?? et quand bien même les nons musulmans ressentirait du mépris de la part de femmes voilées, ne serais ce pas plus judicieux de la part de la belgique d'éduquer les belges à l'ouverture vers les cultures et les confessions ( en organisant des rencontres, des échanges, en visant à banaliser le port du voile au lieu de le stigmatiser) au lieu d'enfonçer les gens ignorants dans la peur et l'islamophobie?

    Donner la liberté " à ceux qui ne croient pas ou croient autrement" de ne pas être froissé par la différence en supprimant la libérté de musulmanes à vivre leur religion et leur culture, je trouve selon écoeurant, j'aurais presque envie de dire que c'est une libérté à deux niveaux.

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