samedi 18 juillet 2009

Des soldats de l'armée israélienne parlent d'une guerre sans retenue à Gaza

Accusé par Amnesty International, Human Rights Watch et l’Onu d’avoir causé des pertes civiles et des destructions injustifiables en décembre et janvier dans la bande de Gaza, l’Etat d’Israël a toujours rejeté ces mises en cause.

Plusieurs soldats de l’armée israélienne ayant participé à cette opération affirment à présent que leurs chefs militaires les ont incités à tirer d’abord et à se préoccuper ensuite de distinguer les combattants des civils. En conséquence, témoignent-ils, leurs forces se sont ruées dans le territoire enclavé sans retenir leurs tirs.

Selon ces trente soldats, dont les témoignages anonymes ont été recueillis par l’ONG "Breaking the Silence", la priorité de l’armée était de minimiser ses pertes afin de s’assurer du soutien populaire israélien à l’opération.

"Mieux vaut atteindre un innocent qu’hésiter à viser un ennemi" : c’est en ces termes qu’un soldat résume la façon dont il a compris les instructions répétées durant les briefings préliminaires et durant l’intervention, qui a duré 22 jours, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009.

"Dans le doute, tuez. La puissance de feu était insensée. On arrivait et les explosions étaient hallucinantes. Dès l’instant où on arrivait à nos positions, on commençait à tirer sur tout ce qui était suspect", raconte un autre.

L’objectif annoncé de l’opération "Plomb Durci" était de mettre fin aux tirs de roquettes des activistes islamistes du Hamas vers le sud d’Israël. Selon une ONG palestinienne, le bilan des combats côté palestinien s’établit à 1.417 tués, dont 926 civils. L’armée israélienne parle de 1.166 morts dont 295 civils. Côté israélien, dix soldats et trois civils ont péri. Des rues entières de Gaza ont été rasées pour réduire le risque des tireurs embusqués et des pièges explosifs. Selon les Nations unies, les quelque 600.000 tonnes de gravats commencent à peine à être déblayées, six mois après la fin de l’opération.

L’armée israélienne, qui repose essentiellement sur la conscription, interdit formellement à ses soldats de parler aux médias. Le rapport de 112 pages de "Breaking the Silence" contient le témoignage de trente soldats "ayant servi dans tous les services impliqués dans l’intervention".

"La majorité (...) sont encore en service dans leurs unités et, profondément alarmés par la dégradation morale des Forces de défense israéliennes (FDI), se sont tournés vers nous. (Leurs témoignages) suffisent à mettre en doute la crédibilité de la version officielle de l’armée", peut-on lire dans ce document.

Dans un communiqué, l’armée israélienne rejette ces critiques, qu’elle estime "basées sur des on-dit", mais s’engage à enquêter en cas de plainte formelle pour exactions, tout en assurant que ses soldats ont respecté le droit international durant "des combats complexes et difficiles". A l’exception d’un sergent prénommé Amir, l’ensemble des soldats parlent sous anonymat, et leurs visages sont floutés dans les témoignages filmés. La transcription des propos est disponible sur le site breakingthesilence.

L’ONG indique disposer de financements de la part d’associations israéliennes de défense des droits de l’homme ainsi que des gouvernements britannique, néerlandais et espagnol et de l’Union européenne.

Plusieurs soldats décrivent une procédure de fouille de maisons où des civils étaient forcés à entrer dans des bâtiments suspects devant les soldats. Ils citent plusieurs cas dans lesquels des civils devaient s’avancer tandis qu’un militaire, derrière eux, reposait son fusil sur leur épaule.

Le rapport évoque également l’emploi sans discernement de munitions incendiaires au phosphore blanc dans les rues de Gaza - ce que Tsahal dément-, des "destructions massives ne répondant à aucune menace directe" et des règles d’engagement "permissives".

"On ne nous disait pas de tirer sur tout ce qui bouge. Mais la consigne générale était : si vous vous sentez menacés, tirez. Ils n’arrêtaient pas de nous dire que c’était la guerre et qu’à la guerre, on fait feu à volonté", se souvient un soldat.

Pour priver les combattants du Hamas d’abris, des secteurs entiers, comprenant parfois des jardins et des vergers, ont été rasés par bombardements, tirs d’artillerie, explosifs et bulldozers.

"Nous n’avons pas vu une seule maison intacte (...). Les infrastructures, les chemins, les champs, les routes, tout était en ruines. Les (bulldozers) D-9 avaient tout écrasé", raconte un militaire.

Dans le préambule du rapport, "Breaking the Silence" affirme que l’armée israélienne s’efforce de prouver que si des exactions ont été commises à Gaza, elles étaient le fait de "soldats isolés".

Mais ce témoignage suggère que "le coup violent et sans précédent porté aux infrastructures et aux civils de la bande de Gaza est le résultat direct de la politique des FDI".

17.07.09
Source: www.aloufok.net

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