Bruxelles, 21 juillet 2009 - AFRICAGORA BELGIUM se dit déçu de l’absence de mesures ambitieuses et concrètes pour la promotion de la diversité ethnique dans les programmes et accords de gouvernement issus de l’élection régionale du 7 juin 2009.
Africagora Belgium, membre du réseau paneuropéen du Club AFRICAGORA, association de cadres et de décideurs engagés dans la promotion sociale et l'intégration professionnelle, économique et politique des Noirs de France et en Europe et trait d’union de la diaspora pour le développement du secteur privé en Afrique, invite , à constater l’absence de traduction de leur expression politique dans les programmes et accords de gouvernement bruxellois, wallon et de la Communauté française de Belgique.
Lors du colloque du 13 septembre 2008, Dogad Dogui, Président du Club Africagora reconnait que « la diversité est une chance pour l’Europe », « Il est en effet de l'intérêt de l’Europe d'aujourd'hui, de la Nouvelle Europe, plurielle et métissée, de porter aux responsabilités des hommes et des femmes qui représentent sa diversité et reflètent le concentré du monde qu'elle compte sur son sol parmi ses concitoyens, tous égaux en droits ».
Au cours des élections législatives de juin 2007, comme lors des élections régionales et européennes du 7 juin 2009, Africagora Belgium a constaté l’engouement des partis politiques pour la présence massive des candidats issus de populations d’origine étrangère dans les listes et affiches de campagne. La question de la diversité ethnique et de la lutte contre le racisme à l’emploi, au logement… semblaient faire l’objet d’un enjeu important. Le résultat est DECEVANT : aucun africain noir parmi les membres du Gouvernement des différentes régions du pays.
Décevant aussi la traduction des engagements de campagne en programmes politiques. On constatera la minoration des mesures destinées à la promotion de la diversité ethnique et de l’emploi des personnes d’origine étrangère. Ceci est le fait d’une absence de consultations et une marginalisation accrue volontaire des populations d’origine étrangère des espaces de délibération et de prise de décisions politiques. Or, comme le rappelle justement le prix Nobel de la Paix Nelson Mandela, parlant du régime d'Apartheid en Afrique du Sud, "Faire pour nous, sans nous, c'est faire contre nous".
Si tout le monde s’accorde sur la richesse de la diversité, les moyens pour y parvenir sont timorés dès lors qu’il s’agit de la diversité ethnique.
Africagora Belgium, partage les visions globales des rédacteurs des programmes de Gouvernement, en particulier, l’accent mis sur l’emploi et l’environnement comme moteurs du développement durable et stratégies de sortie de la crise actuelle. Il trouve cependant que les mesures proposées dans les programmes régionaux pour la promotion de la diversité ethnique, contrairement aux mesures pour la promotion de la diversité des femmes, des handicapés et des gays et lesbiennes, sont timorées, très générales, peu audacieuses, non mesurables/quantifiables et peu contraignantes.
En effet, les analyses sérieuses reconnaissent l’inefficacité de des approches préventives, volontaristes et humanistes qui y sont encore proposées : les résultats de ces approches qui datent de plusieurs années déjà, ne sont pas probants, les actions de sensibilisation/information en matière de racisme à l’emploi des populations d’origine étrangère étant insuffisantes. La jurisprudence française récente dans les affaire de racisme à l’emploi, qui condamne un peu plus sévèrement les entreprises Daytona et Adecco/Garnier (juin et juillet 2009), tracent certainement la voie à suivre pour un changement des mentalités véritables et durables.
Si comme disait le sociologue français Michel Crozier, "on ne gouverne pas la société par décrets », en matière de lutte contre les discriminations, le lois sont un grand vecteur de changement des mentalités, surtout quand elles sont assorties de sanctions dissuasives. Ainsi, par exemple, l’engouement des entreprises françaises actuellement pour les formations en diversité, semble déterminé par la « peur des sanctions » : en effet, l'amende pour le non-respect du quota de travailleurs handicapés va augmenter en 2010 et une nouvelle amende sur l'emploi des seniors va être mise en place... Pourquoi pas de telles mesures en Belgique ?
Mobilisé pour l’expression politique par les urnes des minorités ethniques et des exclus du monde de l’emploi, Africagora Belgium lors de son échange avec les représentants des partis politiques désignés à Bruxelles le 22 mai dernier, a permis de constater que la question de la diversité est encadrée au niveau européen du point de vue législatif, réglementaire et jurisprudentiel. L’Union européenne reconnaît « l’action positive », c'est-à-dire, un éventail de mesures prises en vue de « compenser les désavantages actuels et passés provoqués par la discrimination » ; Mesures visant à assurer “concrètement une pleine égalité” ou une “égalité substantielle” / “réelle”; “effective”.
Les participants à cette rencontre ont également reconnu l’importance de la représentativité/visibilité des cas de réussite des personnes d’origine étrangère : ici, les partis politiques doivent montrer l’exemple, en s’engageant à mieux représenter la société belge dans sa composition plurielle, en particulier, à désigner des personnes d’origine étrangère issues d’Afrique Noire, en particulier au sein de leurs instances dirigeantes. En effet, s’identifier à une personne ou un modèle qui vous ressemble (femmes,, handicapés, noirs…), constitue sans aucun doute un facteur de motivation et d’espoir de promotion sociale. C’est à ce titre que l’absence de NOIRS au sein des exécutifs de l’ensemble des gouvernements belges constitue mauvais un signal en direction de la Communauté noire africaine et afro caribéenne de Belgique, qui fait face à la montée de violences au sein de gangs de jeunes déboussolées.
Africagora Belgium en profite, pour rappeler que dans l’histoire de la Belgique, c’est un parti de droite, le Mouvement réformateur, qui nommera pour la première fois une personne d’origine africaine NOIRE dans un Exécutif, et lequel, l’EXECUTIF FEDERAL. Doit-on donc retenir de cette leçon d’histoire que ce sont ceux qui parlent plus de diversité qui en font moins ? Personne ne nous convaincra de ce que Bertin Mampaka au cdH ou Joëlle Kapompole et Béa Diallo pour le PS, et bien d’autres, avec leur bon score électoral, leur compétence et la qualité de leur travail sur le terrain, ne sont pas à la hauteur ?
Africagora Belgium appelle donc les enfants d'immigrés, les NOIRS, en particulier, à se mobiliser davantage pour conquérir une place dans la cité et dans les instances de décision, afin que leur parole et leur avis puissent réellement compter. Il encourage tout le tissu des associations citoyennes à se joindre à se combat et à travailler en synergie avec le réseau du Club AFRICAGORA, réseau d’acteurs indépendants, non partisans, déterminés à mener un combat acharné contre toutes les formes de racisme à l’emploi, en vue de la promotion des « talents de la diversité » pour une intégration réussie de la jeunesse.
Africagora Belgium est convaincu que seul un dialogue constructif permanent contribuera à la mise en œuvre de politiques de diversité efficaces et équitables. Le Club reste ouvert à toute possibilité de collaboration avec les nouveaux Ministres qui sont en charge de l’égalité des chances et de promotion de la diversité.
Contact : Dr. Maximin EMAGNA,
docteur en science politique,
Délégué national d’Africagora Belgium (GSM : 0489.29.00.42)
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