lundi 10 mai 2010

Pour un monde sans la bombe




Jusqu’au 28 mai, 198 États discutent des orientations à donner au traité de non-prolifération nucléaire. L’Iran cristallise les craintes des pays occidentaux dans un Moyen-Orient où seul Israël possède la bombe. Les milliers de manifestants pacifistes présents ont reçu le soutien de Ban Ki-moon, le patron de l’ONU.



Dans l’Homme à la colombe, Fosco Sinibaldi, alias Romain Gary, raillait l’institution onusienne, dépeinte comme une gigantesque machine à fabriquer du vide. C’était en 1958, et l’écrivain-diplomate avait déjà saisi la difficulté d’imposer une «conscience du monde» à une galaxie de pays aux intérêts foncièrement divergents. On peut reprocher beaucoup de choses aux Nations unies, pointer leurs faiblesses ou gloser sur leur inefficacité dans le règlement de quelques-uns des conflits les plus sanglants de la deuxième moitié du XXe siècle. Il n’en reste pas moins que depuis l’instauration du traité de prolifération nucléaire (TNP), signé par 189 pays à partir de 1970, une marche collective vers le désarmement nucléaire est engagée. Une marche fastidieuse, lente, avec ses traîne-savates, ses resquilleurs, ses traîtres et ses tricheurs, où certains dissimulent jalousement leur stock de barres énergétiques quand d’autres les partagent sans en avoir le droit. Mais, bon an mal an, le nombre ahurissant d’armes nucléaires encore en circulation diminue, pour atteindre 23 000 unités aujourd’hui.

Reste, comme le dit Jean-Marie Collin dans notre entretien, que de nouveaux candidats frappent de plus en plus fort à la porte du club des pays nucléaires, envieux de l’assise diplomatique et du pouvoir de dissuasion qu’offre la bombe. Sans compter l’épineux problème posé par la promotion tous azimuts du nucléaire civil voulue par les statuts du TNP et défendue avec application par la France, numéro un du business nucléaire civil mondial. Autant de perspectives qui mobilisent la société civile internationale, présente en nombre à New York, notamment à travers les délégations japonaises et françaises, dans un rôle de vigie attentive et exigeante. Par son action et celle des décideurs du monde, peut-être saura-t-on éviter qu’un Johnnie, le héros de Gary, ne doive périr d’une grève de la faim au nom des idéaux perdus des Nations unies.

Xavier Frison
06.05.10
Source: politis

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