Venezuela : un an de gestion socialiste à SIDOR : face à la crise, aucun licenciement.
Le monde de l’acier est durement touché par la crise capitaliste. Les grandes puissances cessent d’acheter et le prix a été divisé par deux. Cependant, la première entreprise sidérurgique d’Amérique latine, SIDOR achève sa première année sous gestion socialiste et bolivarienne sans avoir touché aux droits des travailleurs, aux bénéfices sociaux et sans avoir licencié un seul de ses 11 000 ouvriers.
Tout est ocre dans la Guayana : le sol teint par la richesse du fer se retrouve partout et colore les routes, les édifices, les cheminées, les câbles électriques. Plus loin, le "Fleuve Père", l’Orénoque, reflété par les structures industrielles chemine, large, calme, alors que les fourneaux de SIDOR produisent sur ses rives une grande partie de la richesse nationale.
Un an et demi après sa nationalisation, une des entreprises de matière première les plus importantes du contient s’en tire plutôt bien malgré les sabotages internes et externes, les attentats sur ses infrastructures, le mépris médiatique et les récupérations politiques qui convoitent un des filons les plus rentables et les plus emblématiques du pays.
Son président exécutif, Miguel Álvarez Cádiz nous avertit, avant de donner un seul chiffre : “Le bilan de la nouvelle SIDOR ne peut être entrevu uniquement du point de vue mercantiliste, car si une chose est claire dans le Venezuela bolivarien, c’est qu’il y a une lutte entre deux oppositions idéologiques, une qui défend le néolibéralisme comme modèle, et l’autre portée par le président Chávez, qui défend l’intérêt social et collectif, et qui défend le socialisme et les richesses pour tous.”
La production sabotée
L’ingénieur Jesús Ramírez Vega, directeur de la Sidérurgie Industrielle de l’Orénoque Alfredo Maneiro (SIDOR) explique que dans l’état actuel des choses, l’entreprise a une capacité de production de 4,8 millions de tonnes d’acier liquide, grâce à la mise en réseau des 18 usines qui le fabriquent, mais que pour cette année, la production diminuera un peu, avec moins de 3,8 millions de tonnes.
La raison de cette diminution, selon le directeur exécutif Miguel Álvarez, est principalement dans le sabotage du centre électrique de l’usine MIDREX II, important centre productif où 74% du fer pur est produit, matière première pour les principaux produits d’acier du complexe industriel.
Le sabotage s’est produit à l’aube du 7 juin dernier, quand une subite explosion électrique a laissé sans courant une grande partie de l’usine. Le personnel technique du Corps d’Investigation Scientifique, Pénales et Criminelles (CICPC) de Puerto Ordaz qui a mené l’enquête a découvert que c’était un acte prémédité, et en a conclu qu’y avaient participé des experts en ingénierie électrique et des personnes connaissant parfaitement les plans du vice-ministère de l’énergie.
“Ce n’est pas un hasard” déclare Jesús Pino, coordinateur du Front révolutionnaire des Travailleurs Sidérurgiques (FRTS) “ceux qui ont fait ça connaissaient bien les points névralgiques de l’aciérie, et voulaient avec cet acte déclencher des conflits de grande ampleur dans l’usine”.
Les dégâts occasionnés ont obligé à suspendre la production de matière première pendant 28 jours, soit une perte de plus de 400 millions de dollars. Cependant, en même temps que le centre électrique était réparé, une nouvelle usine automatisée, avec de meilleures conditions de travail pour les ouvriers, moins exposés à la matière en fusion, a été installée en un temps record avec des “technologies locales”, sans participation de personnes extérieures à l’entreprise. La production a ainsi pu retrouver son rythme rapidement. “Cela n’a rien changé, ça ne nous arrêtera pas, l’entreprise continue de fonctionner. Sans cet incident, nous aurions largement atteint les objectifs fixés pour cette année.” explique Miguel Álvarez.
L’investissement le plus important de l’histoire
SIDOR est également l’usine sidérurgique la plus vaste au monde, qui utilise la technologie des “fours à arc électrique situés sur un seul site”. Ces technologies et autres spécificités dues à la taille du complexe ont bénéficié depuis la nationalisation des investissements les plus importants dans toute l’histoire de la sidérurgie.
Pour la seule année 2008, 158 millions de dollars ont été investis parmi lesquels 42% (67 millions) pour la construction et la mise en activité de la nouvelle usine HYL III, qui vient renforcer la production de fer pur comme matière première de l’acier. Avec cette nouvelle usine, la production de cet important matériau augmentera jusqu’à 800.000 tonnes par an.
Une autre usine importante, l’aciérie de Planchones, qui produit de larges lamelles de matière première pour l’industrie de l'acier, a reçu un investissement de 33 millions de dollars avec lesquels a pu être aménagé l'aire de distribution de la coulée continue. Ce qui garantit une meilleure production et des meilleures avancées technologiques.
En 2009, SIDOR a réalisé 35 réparations spéciales qui font partie du plan de maintien en bon état technologique de l’ensemble du complexe électronique et mécanique. Cependant, les réparations programmées, jusqu’au dernier mois ont atteint un chiffre de 996 pour l’ensemble de l’usine.
Les faibles investissements en maintenance et modernisation technologique quand SIDOR était encore entreprise privée, ont obligé le Gouvernement bolivarien, représenté par le ministre de l’Industrie Primaire et des Minerais, Rodolfo Sanz, à maintenir en augmentation constante l’investissement de production pour restaurer et améliorer la qualité du matériel. Au total, 173 millions de dollars ont été investit en 2009 et il est envisagé de porter cela à 250 millions pour 2010.
Investissements en ressources humaines
“En comparant SIDOR avec n’importe quelle autre aciérie d’Amérique, nous nous différencions complètement de la manière dont celles-ci ont abordé la crise économique. Pour elles ce fut simple : diminution des ventes, licenciement du personnel. Nous avons aussi dû diminuer notre production à cause des sabotages mais nous n’avons licencié personne, c’est cela une politique révolutionnaire” nous dit Miguel Álvarez.
Les nouvelles générations d’ouvriers de SIDOR profiteront aussi des avancées sociales de la compagnie
Les travailleurs de SIDOR ont maintenu leur situation sociale et leurs avantages sociaux ainsi qu’un investissement constant pour améliorer les conditions de travail au travers des unités de formation idéologique comme l’Université des Travailleurs Sidérurgiques, qui permet de se former en permanence, ainsi que le Mouvement des Travailleurs Socialistes, qui avec l’aide de l’Ecole de Cadres et le Mouvement des Femmes Sidérurgistes Manuelita Sáenz, forment un important moteur d’idéologie sociale qui n’existait pas auparavant.
La sécurité des ouvriers sidérurgiques est également prioritaire pour la nouvelle entreprise socialiste. Le nombre de délégués pour la prévention et de départements est passé de 79 à 153 afin de diminuer le nombre d’accidents de travail qui ont baissé de 15% par rapport à l’année antérieure. Le total d’accidents de travail pour cette année atteint à ce jour 16 accidents pour chaque millions d’heures travaillées.
L’acier est aussi pour le peuple
Le fer que SIDOR transforme en acier pour l’industrie nationale et mondiale tient compte des besoins du peuple qui auto-construit ses logements ou qui améliore ceux qu’il a déjà. Une des réussites sociales de cette année est que l’usine de sidérurgie a créé le plan stratégique “Ferresidor” mécanisme de distribution de fer, acier et matériaux de construction de tout type, à un prix 40% moins élevé que celui du marché.
“Nous avons ouvert le premier centre FerreSidor à San Felix, ici à Ciudad Guayana, avec un excellent résultat. Nous vendons des produits de tout type pour la construction domestique, pour l’élaboration et la réparation des logements” nous confirme Miguel Álvarez, qui ajoute que le plan a pour objectif d’établir pour 2010 un Ferresidor dans chaque État du pays.
Le second centre sera ouvert dans les jours prochains à Ocumare del Tuy, dans la vallée de Tuy de l’Etat Miranda. Ferresidor est une stratégie ouverte sur le plan national et articulée avec “Barrio Nuevo, Barrio tricolor” qui vise à permettre à la communauté de reconstruire elle-même ses logements et d’augmenter le parc disponible sur proposition du Président de la République.
T y F/ Candelario Obeso Caracas
30.11.09
Source : RNV / Courrier de l’Orénoque : http://www.rnv.gov.ve/noticias/inde...
Traduction : Grégoire Souchay pour : http://www.larevolucionvive.org.ve/
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