mardi 15 décembre 2009

Union européenne : un essai à transformer

Un an après son offensive meurtrière contre la bande de Gaza, Israël commence à payer - politiquement - le prix des massacres qu'il a commis.

Les conclusions adoptées le 8 décembre par le Conseil des ministres des Affaires étrangères des 27 pays membres de l'Union européenne (UE), si elles s'inscrivent dans le droit fil des positions traditionnelles de cette dernière, tranchent avec la complaisance manifestée depuis des mois par les dirigeants européens à l'égard d'Israël. Ce dernier a organisé des pressions sans précédent pour atténuer l’excellent texte proposé par la présidence suédoise.
Il est bien regrettable que la France, une fois encore, ait joué un rôle de frein. On s’étonnera à cet égard qu’un haut fonctionnaire, l’Ambassadeur de France en Israël, ait pu émettre des «réserves importantes» sur le texte proposé sortant ainsi clairement de son rôle qui est d’appliquer et non de « préempter » les décisions politiques. Nous attendons que cela lui soit clairement signifié, d’autant que ce n’est pas sa première entorse à son devoir de réserve.
Malgré ces obstacles et la nécessité de dégager un consensus entre vingt-sept pays aux orientations très différentes, nous constatons que le texte adopté le 8 décembre prend le contre-pied des positions du gouvernement Netanyahou-Lieberman-Barak :
- Le Conseil des ministres des Affaires étrangères réaffirme enfin clairement que Jérusalem doit être la capitale et d'Israël et de l'Etat palestinien, rejetant explicitement l'annexion de Jérusalem-Est comme toute modification unilatérale des frontières du 4 juin 1967, y compris à Jérusalem. Il exige, en outre, la réouverture des institutions palestiniennes à Jérusalem et l’arrêt des pratiques discriminatoires vis-à-vis des Palestiniens.

- Si le Conseil prend note positivement du gel provisoire et partiel de la colonisation, il rappelle que les colonies, comme la barrière de séparation, la destruction de maisons et les expulsions sont illégaux au regard du droit international. Il appelle le gouvernement israélien à cesser immédiatement toute activité de colonisation à Jérusalem et dans le reste de la Cisjordanie.

- Concernant Gaza, le Conseil juge inacceptable le blocus, exige l’application du droit humanitaire international et demande au gouvernement israélien d’ouvrir immédiatement et inconditionnellement les frontières afin de permettre l’arrivée de l’aide humanitaire, le commerce de biens et le mouvement des personnes.

- Le Conseil réaffirme aussi son soutien à l’initiative de paix arabe, au plan de création d’un Etat palestinien proposé par le Premier ministre palestinien Salem Fayyad. Il souhaite le reprise des négociations sur le statut final des territoires palestinien et donc sur l’ensemble des dossiers : frontières, Jérusalem, réfugiés et eau, dans le respect des accords antérieurs.

- Sur ces bases, le Conseil entend développer sa coopération bilatérale avec l’Autorité palestinienne comme avec l’Etat d’Israël, dont il s’engage à soutenir la sécurité et l’intégration dans la région.

Ces prises de position marquées par un retour au droit ne sont pas le fruit du hasard. Elle résulte du mouvement d’opinion qui a suivi la publication du rapport Goldstone sur les "crimes de guerre, voire contre l'Humanité" commis à Gaza et son adoption par le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies, puis par l'Assemblée générale de l'organisation. Elle fait suite également à un rapport des diplomates européens en poste à Jérusalem dont nous souhaitons la publication dans la prochaine revue du Quai d’Orsay.

L'Association France Palestine Solidarité (AFPS) se félicite de ces pas en avant, dont elle attend qu’ils se traduisent dans la politique quotidienne de l’Union européenne. Elle sera particulièrement vigilante de ce point de vue. Elle insiste sur ce point décisif : le rôle majeur que peut et doit absolument jouer la communauté internationale dans une situation marquée par le blocage israélien et la paralysie palestinienne. On ne peut laisser les deux parties en tête à tête. C’est le rôle des Nations unies inscrit dans sa Charte que «d’imposer» la paix là où les parties, ou l’une des parties, s’y refusent.

Elle regrette que, dans la discussion de la déclaration européenne comme dans le vote du rapport Goldstone, l'Elysée et le Quai d'Orsay aient tirés en arrière et en prend bonne note pour son action. Elle confirme son soutien à la «Marche de la liberté pour Gaza» à laquelle elle participera. Cette déclaration importante, avec ses ombres et ses lumières, nous conforte dans l’idée que seule la mobilisation populaire la plus large, en premier lieu dans le cadre de la campagne «Boycott, désinvestissement, sanction» (BDS) visant à en finir avec l’impunité dont bénéficie Israël, peut permettre que la France pèse vraiment de tout son poids dans le bon sens.

14.12.09

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