mardi 16 novembre 2010

Nous ne cesserons de dénoncer dans ce blog, tout forme de racisme




Le Parlement danois vient de durcir les règles du regroupement familial. La Frankfurter Rundschau y voit un pas de plus dans une politique ouvertement agressive envers les étrangers, et qui pourrait se développer sur tout le continent.


Il était une fois un petit pays du nord de l’Europe qui était fier, connu et aimé pour sa générosité et son attachement aux valeurs libérales. C’était un exemple pour tous. Il s’agissait du Danemark. A présent, les Danois défraient la chronique par leurs positions xénophobes et se sont dotés des lois sur l’immigration les plus restrictives d’Europe, une véritable insulte à la pensée libérale.

Ils restent toutefois un modèle, même si leurs admirateurs ne sont plus du même bord. “Ce que nous avons décidé sera bientôt une référence pour les autres pays”, se félicite la droite danoise. L’expérience montre qu’elle pourrait bien avoir raison. Les appels à la limitation de l’immigration “non occidentale” se répandent en Europe comme un feu de forêt. Le Danemark fait figure de précurseur en exigeant des mariés étrangers (hors Union européenne) qu’ils soient au moins âgés de 24 ans pour pouvoir demander le regroupement familial au Danemark. Il leur faudra désormais cumuler des points.

Le barème est ainsi fait que les ressortissants du tiers monde qui n’ont pas fait d’études se retrouvent recalés. Et le gouvernement ne s’en cache pas: “Certaines personnes ne doivent tout simplement pas pouvoir rentrer chez nous”, a déclaré le Premier ministre danois, Lars Løkke Rasmussen. Le gouvernement a déjà placé la barre tellement haut pour les demandeurs de titre de séjour longue durée et les candidats à la citoyenneté, que les immigrés ne pouvant justifier de longues études n’ont pour ainsi dire aucune chance.

L'Islam qualifié de "peste" par des députés danois
Des exigences similaires s’appliqueront bientôt aussi à tous ceux qui voudraient faire valoir leurs droits à une vie de famille. Le Danemark n’accueille à bras ouverts que les partenaires dont il a besoin. Sinon les frontières restent fermées. Personne ne nie les difficultés liées à la mauvaise intégration de certaines populations étrangères.

Reste que les solutions prônées par les responsables politiques danois depuis quelques années ont largement envenimé le débat et permis des discours impensables dans la plupart des autres pays. Dans quel autre pays des députés pourraient-ils qualifier l’islam de peste et d’organisation terroriste, ou accuser les musulmans de tuer leurs filles quand ils ne les laissent pas être violées par leurs oncles?

Tout cela sans que le moindre cri d’indignation ne soit lancé pour réclamer leur démission? Les attaques les plus graves sont devenues tellement courantes au Danemark que la plupart des gens se contentent de hausser les épaules. Et le parti d’où s’élèvent ces accusations [le Dansk Folkeparti, le Parti populaire danois, sur lequel s’appuie le gouvernement pour avoir la majorité au Parlement] rassemble la base électorale du gouvernement conservateur.

Seuls deux partis se prononcent contre la xénophobie
Le modèle libéral est devenu un repoussoir. Comment en est-on arrivé là? Il n’y a pas de raison objective à cela. Les immigrés “non occidentaux” représentent seulement 6% de la population; les “ghettos” dans lesquels ils vivent sont de jolis quartiers boisés; le Danemark ne souffre ni du chômage [4,2% en septembre 2010] ni d’un taux de criminalité élevé.

C’est pourtant grâce à des campagnes de dénigrement répétées contre les étrangers que les populistes de droite sont montés en puissance. C’est également sur la question de l’immigration que les partis traditionnels ont déjà remporté trois élections.

Mêmes les sociaux-démocrates et les socialistes suivent le mouvement de crainte de nouveaux revers électoraux. Aujourd’hui, seul un parti social-libéral et un parti de gauche – réunissant à eux deux moins de 10% des voix – se prononcent contre la xénophobie généralisée.

Les caisses sont vides et les scandales nombreux
Cette situation est à l’origine d’une avalanche de nouvelles règles et législations visant toutes à compliquer l’existence des immigrés. Et chaque fois que le gouvernement semble avoir stigmatisé jusqu’à plus soif, il trouve le moyen de donner un nouveau tour de vis ailleurs: réduction de moitié des aides sociales pendant les sept premières années dans le pays; suspension des allocations familiales si les enfants se comportent mal.

Cette exclusion perpétuelle creuse le fossé entre la société danoise et les étrangers, notamment les jeunes issus de communautés refermées sur elles-mêmes, et peut se transformer en véritable haine. Comment peut-on s’intégrer quand on entend chaque matin au réveil que notre présence pose problème, se demandent les politiciens un minimum sensés?

Cela fait pourtant presque dix ans que le gouvernement laisse ainsi mijoter la “question de l’immigration” dans le pays. De nouvelles élections sont prévues pour 2011 et à l’heure où les caisses sont vides et les scandales nombreux, les chances de victoire de la coalition sont minces. C’est pourquoi elle joue encore une fois la carte de l’immigration, qui lui a déjà donné la victoire à trois reprises, au détriment de l’intégration et des valeurs qui faisaient autrefois la fierté du Danemark.

Hannes Gamillscheg
11.11.10

La directive européenne sur le droit de séjour, rappelle le quotidien, "interdit toute discrimination fondée sur ‘le sexe, la race, la couleur, les origines ethniques ou sociales, les caractéristiques génétiques, la langue, la religion ou les convictions, les opinions politiques ou autres, l'appartenance à une minorité ethnique, la fortune, la naissance, un handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle’." Le Jyllands-Posten précise que "plusieurs arrêts de la Cour européenne de justice ont interprété ces règles dans un sens très large et  que l'UE a récemment envisagé de donner plus de poids au principe de l'unité familiale lors de l'instruction des demandes d'asile".
Source: presseurop

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