Comme chaque année à pareille période, il nous faut assister incrédules, aux ravages des feux de forêts et de sous-bois, dans les habituels pays de l’Europe du Sud…
Que ce soit en France ou en Italie, en Corse ou en Espagne, au Portugal ou en Grèce, c’est à chaque fois la même chose : en quelques heures, un patrimoine rare et précieux est rasé de la carte et disparaît à jamais en fumée… remplacé par un paysage de désolation et de tristesse. Sans compter qu’au passage, parfois ces feux emportent biens immobiliers et vies humaines…
Il faut avoir traversé un tel environnement après un incendie, pour voir combien le décor verdoyant et la luxuriance de la nature avec sa faune et sa flore variées fait place à des couleurs de mort où tout est réduit en cendres. La vision de destruction apocalyptique en est cauchemardesque.
Faut-il rappeler que les forêts, avec les mers et les océans, participent à la production d’oxygène dont nous avons tant besoin dans nos villes polluées et de plus en plus surdimensionnées ? Rien ne peut remplacer la disparition de ces poumons verts et il faut compter des décennies voire quelques siècles pour retrouver parfois un équilibre ainsi saccagé.
Sans parler des coûts – financiers mais aussi patrimoniaux, écologiques, esthétiques,… – que représente la perte de tels espaces, que dire de celui des forces d’intervention pour tenter d’éteindre ces brasiers vite incontrôlables à l’aide de camions, hélicoptères, canadairs, etc… et sans mentionner celui des vies humaines, irremplaçables !?
Le hasard ou la sécheresse peut-être ? Bien sûr que non ! Le hasard ne frappe pas avec une telle régularité. Un regard par-dessus l’épaule nous indique que pas une année ce phénomène ravageur ne rate le rendez-vous. C’est presque devenu l’un des feuilletons télé de la saison estivale. Et quantité d’endroits sont soumis à pire sécheresse, sans que cela n’occasionne de tels incendies.
La question qu’il convient donc de se poser n’est pas tant de savoir qui est responsable de tel ou tel départ de feu, parce la plupart du temps, ces feux sont initiés par des pyromanes – qu’il faut traquer, arrêter et juger, cela va de soi – que de savoir à qui ces catastrophes écologiques profitent-elles, et si elles peuvent être évitées.
Pour ce qui est des bénéficiaires de ces drames, l’on ne s’étonnera même plus du résultat des enquêtes révélant bien souvent de sordides intérêts de promoteurs immobiliers acoquinés avec certains acteurs politiques… Quant à savoir si ces désastres peuvent être évités, la réponse est oui, assurément, oui !
Mais pour cela, il faut plusieurs conditions, dont la première est la prise de conscience des populations qui ne sont pas directement concernées par ces drames. Au pire, la forêt apparaît pour beaucoup comme un milieu sombre et hostile, abritant nombre de dangers inconnus, antre de peurs ancestrales, ne présentant donc que peu d’intérêt ; au mieux, elle est un milieu naturel, proche de l’ordinaire, voire banal et donc, remplaçable, renouvelable à souhait. Or, il n’en est rien. S’il est parfois dit ou écrit que les forêts d’Europe regagnent du terrain, c’est passer sous silence que ces forêts sont jeunes et n’ont donc pas la richesse des vieilles forêts ayant mis des années à parfaire leur exceptionnelle richesse en variété d’essences… Il faut plusieurs décennies pour qu’une forêt atteigne lentement sa maturité. Bien plus que les quelques décennies d’une vie humaine. La plupart des nouvelles forêts d’Europe sont composées d’essences communes, souvent issues de la famille des conifères, ce qui a eu pour conséquences d’entraîner des pluies de plus en plus acides, et d’appauvrir inexorablement les sols. L’Allemagne connaît bien ce redoutable phénomène et s’emploie activement à le corriger, tant que faire se peut. Mais ce travail est long et demande une infinie patience. Vertu devenue rarissime en ces temps aliénés à la vitesse et à l’efficacité.
Or, voilà plus de 25 ans, dans son livre intitulé Ouvrez donc les yeux aux Ed. Robert Lafont (1980), le vulcanologue français Haroun Tazieff soulevait déjà le problème des incendies de forêts. Il préconisait à l’époque ce qu’aucun pays n’a mis en œuvre depuis, à savoir : la gestion des forêts en prévision des incendies futurs. Il y proposait par exemple de tracer de larges coupe-feux de manière systématique et régulière à travers les forêts, diminuant ainsi le risque de propagation du feu et isolant les parcelles les unes des autres ; il y proposait aussi d’entretenir les sous-bois ; de débroussailler les sols ; d’aménager des accès pour les services de sécurité ; de baliser clairement les aires accessibles au public de celles qui ne le sont pas, et ainsi de suite… bref, il y proposait une véritable gestion active – proactive dirait-on de nos jours où la sémantique politique est devenue l’emballage qui cache le vide qu’elle contient – des forêts, afin de les prémunir contre les incendies qui les détruisent périodiquement.
... et l'incurie des gouvernements se rencontrent.
Depuis des années et tout particulièrement aujourd’hui, nos gouvernements européens sont placés devant un défi majeur : la hausse ininterrompue du chômage, spécialement chez les jeunes. Chacun de nos ministres y va de ses déclarations et de ses promesses électoralistes, mais dans les faits, aucun de ces gouvernements ne parvient à endiguer ce qui est un véritable fléau tant économique que moral pour ceux qui doivent le subir.
Quantité de ces jeunes – et moins jeunes – au chômage seraient peut-être bien contents de travailler en plein air, à de tels projets pour le bien de la communauté. Il ne manque – comme toujours – que le courage et la probité politiques de décisions adéquates.
Dans le même ordre d’idées, un reportage télévisé relatait dernièrement qu’une étude avait été réalisée en Europe au sujet des aires de détente le long des autoroutes. La Belgique était l’un des pays les plus mal placés dans le tableau. Et dans la foulée, combien de fois ne découvre-t-on pas des poubelles de rue débordantes, avec parfois des sacs pleins à leurs pieds ? Et faut-il parler de l’état des trottoirs et des caniveaux, de certains parcs, des bulles à verres, des domaines publics ?... Quantité de lieux où les citoyens ne peuvent que constater le laisser-aller flagrant qui prévaut, alors qu’une main d’œuvre pléthorique n’attend que la première occasion pour travailler…
Oui, mais tout cela coûte de l’argent, me dira-t-on. Mais le chômage coûte bien plus cher à la collectivité ! Comme le renouvellement de nos armements, ou l’envoi de troupes dans des guerres plus qu’équivoques. Ainsi du gaspillage éhonté de nos multiples niveaux de pouvoir, et de certains cabinets ministériels également... Quantité de projets relativement simples pourraient être proposés pour sortir de nombreux citoyens du chômage, les ramenant ainsi dans le circuit du travail et dont les cotisations reviendraient dans les caisses de l’État, sans parler de la dignité d’un emploi retrouvé…
Tout est là, à portée de main. Sans que cela ne nécessite de lourds et coûteux investissements. Sans avoir besoin de structures complexes à mettre en place. Sans devoir remuer ciel et terre, ni créer de commission d’enquêtes, d’études ou de faisabilité. Sans avoir à charger un cabinet d’experts et de bureaucrates qui ont la spécialité d’alourdir et de complexifier tout ce qu’ils touchent. C’est simple et probablement efficace. Encore une fois, il ne manque que le courage et la volonté politique de prendre de bonnes décisions… en lieu et place de vains discours, de promesses électorales et de programmes creux. Ou en lieu et place d’achat de 12,5 millions de doses du vaccin H1N1 pour une population totale du pays de 10,5 millions d’habitants !
Daniel Vanhove –
29.08.09
bravo pour cette remarquable analyse.
RépondreSupprimernous en attendons d'autre signer de ton nom ;)
Je viens de lire ton article... et merci beaucoup !
RépondreSupprimerDes idées positives pour multiplier les possibilités d'emploi... Ce n'est pas ce qui manque chez Egalité !
Nathalie