C’est une première. Un président à la Commission européenne est réélu pour un second mandat. José Manuel Barroso vient d’accomplir cet exploit. Un exploit à son image, un exploit sans grand éclat.
D’ailleurs notre réputé éditorialiste du Devoir, Monsieur Serge Truffaut titre en ce samedi 19 septembre 2009 : « Réélection de Barroso - Terne président » [1]
Un Barroso sans éclat, un Barroso terne, un Barroso "caméléon" !
Je me suis dit que Monsieur Barroso valait tout de même un peu mieux et qu’il méritait qu’on s’attarde un brin à sa biographie. Qui est donc ce président ?
José Manuel Barroso est un personnage discret qui sait bien manœuvrer. Qui donc le connaît ? En tout cas, ici, en Amérique, peu de gens. Monsieur Truffaut dans son éditorial dit : « Les poids lourds de l’Union européenne (UE) — Allemagne, France et Royaume-Uni — peuvent dormir tranquilles : leur candidat à la présidence de la Commission européenne (CE), José Manuel Barroso, a été élu pour une deuxième fois consécutive. »
Il faut aussi dire que José Manuel Barroso est aussi « LE » candidat pour le groupe Bilderberg. La direction idéologique de ce terne président correspond exactement aux visions à long terme de ce groupe « d’élite économique ».
Ce politicien à la fois puissant et réservé est considéré par plusieurs comme étant un "caméléon". Il se confond dans la couleur du tapis, on ne le remarque pas beaucoup, mais il agit efficacement pour imprimer le mouvement de droite qu’il faut à la politique européenne.
Président de la Commission européenne depuis 2004, José Manuel Barroso — José Manuel Durão Barroso pour l’état civil (Durão désigne le nom de sa mère) – n’est pas vieux, il est né le 23 mars 1956 à Lisbonne (Portugal).
Sa carrière politique, si l’on peut dire, commence en 1974, pendant la Révolution portugaise des Oeillets qui entraîna la chute de la dictature initiée par Antonio Salazar, mort en 1970 et continué par Marcello Caetano marionnette politique de la PIDE (Police Internationale et de Défense de l’État, la police politique de la dictature portugaise). [2]
Barroso en 1974 se proclame "maoïste" et il prend la tête du mouvement des étudiants maoïstes portugais, le MRPP (Mouvement pour la Réorganisation du Parti du Prolétariat). Ce mouvement s’opposera ensuite, bizarrement, à l’accession au pouvoir du Parti communiste portugais. Certains ayant peut-être l’imagination trop fertile soupçonnent ce mouvement "maoïste" ( !) d’avoir été financé et manipulé par la CIA. Le monde de la CIA, est un monde de service secret qui nous dépasse tous. Il se pourrait bien que dans le secret, de petites "subventions" sous la table aient été acceptées pour "aider" le mouvement.
En tout cas, le MRPP a mis les bâtons dans les roues du parti communiste au Portugal et celui-ci n’a pas pu prendre le pouvoir. À cette époque, la CIA était très active pour empêcher tout ce qui pouvait être à gauche (pensons à Allende).
Un peu plus tard, Barroso quitte « l’extrême » gauche pour appuyer le socialiste Mario Soares. Sa progression vers la droite s’accentue et il se rend au centre droit en adhérant au mal nommé Parti Social Démocrate (PSD). Après des études universitaires en Suisse (en science politique), il devient chargé de cours, professeur et juriste. En 1985 il rentre au Portugal où est élu député et occupe différent ministère sous le gouvernement conduit par Anibal Cavaco Silva (il conservera ce mandat de député jusqu’en 2002, remportant six élections consécutives)
En 1999 il accède à la présidence du PSD.
Tout doucement, sans éclat, il devient clairement à droite, occidentaliste, chrétien sioniste et atlantiste.
Il adhère totalement aux politiques des néo-conservateurs américains dont il soutient toutes les dérives sur la scène internationale.
En mars 2003, il organise pour eux le Sommet des Açores qui rassemble George W. Bush, Tony Blair et José Maria Aznar afin de décider du déclenchement de la guerre en Irak contre l’avis de l’ONU.
Il est Premier ministre du Portugal de 2002 à 2004 dirigeant un gouvernement de coalition avec le Parti populaire (droite).
Il met à la disposition des services secrets US les aéroports et l’espace aérien portugais afin de faciliter le transfert secret en toute illégalité de quelque 700 prisonniers arabo-musulmans vers Guantanamo.
Polyglotte — il parle français, anglais, espagnol, portugais et un peu allemand — Le 22 juillet 2004, il est désigné pour succéder à Romano Prodi à la présidence de la Commission européenne. Il affronte le Belge Guy Verhofstadt, un fédéraliste convaincu et opposant de la première heure à la guerre en Irak (vous savez la vieille Europe qui s’opposait). Barroso est alors fermement soutenu par Tony Blair et par les dirigeants européens les plus conservateurs. Il recueille 413 voix sur 711 lors d’un vote spécial du Conseil européen et entame son premier mandat de cinq ans en novembre 2004.
Il engage l’Europe dans une politique économique ultralibérale et prône la libéralisation totale du grand marché mondial. Un vrai de vrai "mondialisateur" totalement au service du libre-marché, c’est-à-dire de la prédation économique totale.
Il favorise l’introduction des OGM en Europe malgré l’opposition citoyenne, prend régulièrement position en faveur du régime d’apartheid israélien, soutient activement le très contesté Traité modifié de Nicolas Sarkozy (dit Traité de Lisbonne)
On parle aussi ces temps-ci de l’importance de plus en plus marquée de l’OTAN en Europe. Barroso "milite" pour le projet d’une défense militaire européenne totalement intégrée à l’OTAN.
C’est un habile patineur, il tient des discours souvent incompréhensibles et contradictoires et ne cesse d’effectuer des revirements sur presque tous les dossiers sensibles. Cette caractéristique lui vaut donc le surnom de "caméléon".
C’est surtout grâce à ses excellents talents de patineur et sa grande faculté d’être caméléon qu’il a pu rallier cette majorité à sa cause (de Sarkozy son grand ami à Zapatero le socialiste). Il a donc été réélu le 16 septembre 2009 pour un second mandat de cinq ans à la présidence de la Commission européenne. Ses amis de droite aidés de quelques conquêtes lui donnent une confortable majorité de 382 voix sur 718. 219 eurodéputés (essentiellement Verts et Gauche radicale) votent contre lui, alors que 117 (pour la plupart membres du Parti Socialiste Européen) s’abstiennent, entraînant par le fait même sa réélection.
Le caméléon Barroso sait dire comme son interlocuteur afin de le séduire (voire de l’endormir) mais sans toutefois se laisser influencer par quiconque pouvant modifier la direction de ses politiques.
On pourrait croire que ses patrons et ou associés sont le groupe Bilderberg.
Serge Charbonneau
22.09.09 - Québec
Source: Le Grand Soir
Notes:
[1] http://www.ledevoir.com/2009/09/19/267722.html
[2] Les informations concernant la biographie de M. Barroso sont en grande partie extraites d’un biographie réalisée par Noël Blandin sur le site « La République des Lettres » http://www.republique-des-lettres.fr/10876-jose-barroso.php
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