mardi 28 décembre 2010

PARTICULIER CHERCHE DÉPUTÉ CULOTTÉ





Ali Aarrass est, tout comme moi, un enfant bipatride, victime des maltraitances de deux «mères-patries» indignes. Lui et moi avons une mère-patrie commune: la Belgique. Elle ne nous aime pas et nous traite avec indifférence parce que nos têtes ne lui plaisent pas. Dans mon cas, elle s’est quelque peu ravisée. Elle me tolère mais me surveille avec malveillance. Ali, lui, a eu moins de chance. Elle a détourné son regard au moment où il se faisait enlever. Mère-Belgique a laissé faire un rapt d’enfant commis par une marâtre espagnole pour le compte de Mère-Maroc. Ali est désormais aux mains de son autre mère-patrie qui le séquestre et le bat. Pourtant, Ali est gentil et innocent. Alors que moi, je suis et je reste turbulent...

Le vendredi 16 juin 2006, j’étais en prison. Non pas en Belgique mais à Dordrecht aux Pays-Bas à cause d’un mandat d’arrêt international émis par Ankara qui voulait ma tête de prétendu «leader terroriste». Malgré ces graves accusations, ce vendredi-là, je reçus la visite de 3 parlementaires belges: Josy Dubié, à l’époque sénateur Ecolo, et deux autres figures du mouvement progressiste belge, Pierre Galand et Jean Cornil, eux aussi à l’époque sénateurs mais du Parti socialiste. Il en fallait du courage à ces 3 parlementaires pour rencontrer un «énergumène» sur lequel «il faudrait fondre comme le faucon sur sa proie» comme disait à l’époque François-Xavier de Donnéa leur collègue MR du clos des Milliardaires. Il en fallait de l’insolence à ses 3 Don Quichotte pour se préoccuper d’un étranger au nom presque inquiétant qui tel un esclave avait été vendu par son propre pays sur le marché néerlandais au pays d’origine de ses parents. Si je suis aujourd’hui libre, c’est notamment grâce à eux. Ali Arraass, lui, n’a pas eu la même chance…

Ali n’est pas comme je l’ai été, au bord du précipice. Il est au fond! Mais il vit encore. Entendez sa voix!  Maintenant que Josy, Pierre ou Jean ne jouissent plus de leur tribune politique, ne nous faites pas dire que notre démocratie a perdu. Suivez l’exemple de vos 3 prédécesseurs, prenez la relève non pas pour porter secours à un terroriste avéré comme je l'étais injustement catalogué à l'époque, mais pour sauver un innocent, un vrai, des griffes de ses tortionnaires. Une simple rencontre suffira à lui redonner vie.

Amis députés, sauver Ali, c’est sortir notre démocratie du précipice. C’est laver l’opprobre jeté sur un homme non plus à terre mais désormais sous terre! Sauver Ali, c’est en définitive sauver notre dignité à tous.

Bahar Kimyongür
24.12.10

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