jeudi 15 avril 2010
Honte à la ville de Binche... quand sa police utilise des méthodes plus que douteuses!
Camping de Binche-plage : «Je ne comprends pas pourquoi les pauvres n’ont pas les mêmes droits que les riches» (Jeannine Tips, travailleuse sociale à Solidarités Nouvelles, au JT de RTL, mardi 13 avril 2010)
Le lundi 12 avril, un jeune couple s'installe dans le camping de Binche-plage. Comme beaucoup de jeunes, ils vivent d'un revenu de remplacement. Et comme beaucoup de jeunes, ils veulent vivre ensemble. Propriétaires d'une caravane, la location du terrain leur coûte 75 euros par mois. Cela leur permet de vivre quelque mois en couple et de faire des économies pour éventuellement louer une maison dans le futur.
Quelques heures après leur arrivée dans l'après-midi, des policiers de Binche arrivent. Sans ménagement, ils disent qu’ils doivent partir. Si la caravane n'est pas partie pour le mardi 13 avril à 9 heures du matin, la police s'en chargera. Ils feront enlever la caravane par remorque, et aux frais du couple.
Mardi matin, vers dix heures, six voitures et camionnettes avec quinze policiers en tenue d'intervention, débarquent sur le camping où vivent une trentaine d'habitants. Craignant que la police ne fasse ce qu’elle a dit - venir prendre de force leur caravane - le jeune habitant se place devant la voiture du commissaire Degueldre... qui le renverse au moyen de sa voiture de police. Le jeune est blessé à la jambe.
De nouveau, sans ménagement, les forces de l'ordre investissent le camping. Sous l'œil désabusé d'une dizaine d’habitants, le commissaire Degueldre, appuyé par huit policiers en tenue d'intervention commence... à prendre des photos: d'abord des caravanes appartenant à la commune de Binche, ensuite de celles marquées par une croix jaune. Il menace l'un des propriétaires de faire enlever sa caravane à ses propres frais. Et continue à prendre des photos des caravanes vides. Pendant ce temps, un hélicoptère de la police survole le camping pour surveiller cette opération. "Je ne crois pas ce que je vois", disent des habitants, choqués.
Les forces de l'ordre de Binche arrivent au but de leur intervention: la caravane du jeune couple. Après encore un photo, le commissaire déclare au jeune-homme qu'il doit se présenter au bureaux de police, ce qu’il refuse.
Sur ce, toujours sous la surveillance de l'hélicoptère, et encadré par huit policiers en tenue d'intervention, le commissaire se tourne vers une autre caravane pour prendre à nouveau des photos... avant de disparaître.
Harcèlement policier et abus du pouvoir
La police n'a aucun droit de faire enlever une caravane du jour au lendemain, ni de menacer son propriétaire de venir la retirer de force.Elle n’a pas le droit d'utiliser sa voiture pour renverser un habitant. Marquer les caravane d'une croix jaune est un acte illégal qui s'appelle «dégradation de mobilier». Menacer de faire enlever aux frais de propriétaire une caravane marquée d’une croix jaune est un abus de pouvoir. Le déploiement des forces de l'ordre pour prendre une vingtaine de photos de caravanes est totalement démesuré. C'est en 2008 que le bourgmestre de Binche, chef de la police, a annoncé aux habitants qu’il voulait fermer le camping. Tant le harcèlement policier que l'abus du pouvoir servent à stigmatiser les habitants devant l'opinion publique. Il n'ont qu'un objectif concret: que l’habitant prenne peur et quitte le camping.
En marquant d’une croix jaune des caravanes, le bourgmestre Devin, chef de la police, a porté atteinte à la dignité des habitants de Binche-plage et du même coup à la dignité des 4300 personnes qui habitent les campings en Wallonie.
Les habitants des caravanes ne sont pas des sous-hommes.
Face à la crise du logement, ces personnes-là ont trouvé une solution pour se loger et pour vivre dignement. Aujourd'hui elles méritent le soutien de la population pour obtenir le droit d'être considérées comme habitants à part entière.
Binche-plage mérite et a besoin du soutien de toutes les organisations sociales et démocratiques. Parce que cela fait deux ans que ses habitants se battent pour pouvoir rester dans leur caravane et ne pas se retrouver à la rue. Et parce qu’ils ne sont que trente. Et enfin parce que leurs droits démocratiques sont de plus en plus menacés.
Jeannine Tips
14.04.10
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