samedi 14 août 2010
Les Etats-Unis et l'Europe ne veulent plus "gaspiller" leur citoyenneté
Tous ceux qui n'ont pas encore pris la peine de jeter l'ancre aux États-Unis devraient se dépêcher. Il est probable que dans un avenir proche, devenir "Américain" en naissant simplement aux États-Unis soit impossible. Comme toujours en période de crise et d'après crise, tous les étrangers et les immigrants font l'objet d'un intérêt particulier du pays d'accueil de par leur utilité, inutilité ou nuisance. Les États-Unis entrent précisément dans cette période. Les républicains ont décidé, et ce très sérieusement, de disséquer la Constitution américaine qui délivrait jusqu'à aujourd'hui la nationalité à toute personne née sur le territoire américain jus sol ou par "le droit du sol". Autrement dit, tout enfant né, peu importe l'origine des parents, sur le territoire américain a automatiquement le droit d'obtenir un passeport américain le jour de sa majorité. Pour l'instant.
Tous les dirigeants du parti républicain au Sénat et à la Chambre des représentants ont appuyé l'initiative "des républicains de base" de commencer la procédure de l'annulation de l'amendement 14 à la Constitution qui avait légalisé, encore en 1868, le droit du sol. Les premières audiences pour l'annulation de l'amendement devraient commencer en septembre ou en octobre, après le retour du Congrès à Washington à la fin des congés estivaux.
Les républicains au Sénat sont convaincus (et en parlent en employant souvent des termes purement gynécologique, ce qui est très rare pour la politique américaine) que cette amendement n'est rien d'autre qu'une "intrusion par voies génitales" (invasion by birth canal). Les nouveaux-nés qui se retrouvent aux États-Unis par le biais de cette voie se transforment en "ancres": leurs parents s'y accrochent et obtiennent plus tard la nationalité via les enfants. La Fédération pour la réforme américaine d'immigration (Federation for American Immigration Reform) a estimé qu'à ce rythme là plus de 450 000 enfants d'immigrés illégaux "volent" la citoyenneté. Cela nécessite l'argent du contribuable, les ressources du pays... Dans l'ensemble, des dépenses supplémentaires et imprévues. Le sénateur Lindsay Graham a déclaré: "Ils viennent ici pour 'larguer' l'enfant. Cela s'appelle 'drop and leave'. Il faut empêcher cela".
L’adoption d’un amendement à la Constitution américaine (ainsi que son annulation) n'est pas une chose simple. Les Pères fondateurs des États-Unis étaient des gens très sages et connaissaient très bien leurs masses populaires effrénées. Pour cette raison ils ont incorporé à la loi principale des verrous et des serrures et l'ont intégrée dans des doubles et des triples coques. Pour que la population sous l'influence d’un mouvement d’humeur ou d'une personnalité inadéquate ne massacre pas la loi fondamentale de sorte que les futures générations le regrettent. L’adoption (ou l'annulation) d’un amendement doit être initiée et approuvée par les deux tiers des voix du Sénat et de la Chambre des représentants et, ensuite, adoptée par les trois quart de tous les États américains. De toute l'histoire constitutionnelle (en septembre, la Constitution aura 223 ans) près de 10 000 amendements ont été proposés. Mais seulement 27 ont été adoptés (et six autres ne sont toujours pas ratifiés). Les modifications concernent principalement les droits et les libertés des citoyens, les élections et la durée des mandats du président et des députés.
Pour la première fois, les Américains ont remis en cause la signification des "portes ouvertes" en 1882, lorsqu'ils ont introduit la restriction pour l'immigration des Chinois. À partir de 1917, ils ont commencé à exiger une connaissance élémentaire de la langue, en 1920 ils ont introduit pour la première fois un quota pour l'immigration et en 1924 ils ont commencé à exiger la délivrance des visas aux émigrants exclusivement dans les consulats américains. En 1965 l'adoption de la loi sur l'immigration et la citoyenneté a fixé les quotas globaux non plus pour les pays mais pour les hémisphères est et ouest en général, et les législateurs n’ont plus abordé ce problème dès lors.
L'adoption de la modification républicaine a autant de partisans que d'opposants. Mais à vrai dire, dernièrement, en raison de la crise économique, les premiers se font de plus en plus nombreux. Les États-Unis, d'une manière de plus en plus prononcée, changent leur politique à l'égard des immigrants qui, à une certaine période, ont constitué la nation entière. C'est l'introduction d'une sorte de "contrôle douanier" renforcé. En Arizona et en Virginie, par exemple, la police a déjà obtenu le droit de vérifier le statut des détenus, leur légitimité de séjour dans le pays, ce qui était inadmissible auparavant car cela ne se faisait qu'en cas de détention pour un crime. À vrai dire, en Arizona la loi a été reportée selon la décision du tribunal jusqu'à la vérification de sa conformité avec la Constitution. La logique d'une telle inadmissibilité était compréhensible pour tout Américain: pourquoi et de quel droit faudrait-il vérifier les papiers d'identité du premier venu s'il n'a commis aucun crime, et de plus dans un pays ne se trouvant pas dans une situation d'urgence ou de guerre?
L'humeur globale du pays et les "grandes élections" de novembre, les réélections de toute la Chambre des représentants et d'un tiers du Sénat, jouent en faveur des républicains. Beaucoup accusent Barack Obama de ne pas avoir tenu ses promesses préélectorales et voient les républicains comme des sauveurs. Dans les cas tels que la protection contre les immigrants illégaux, généralement on est sûr de gagner des points. Il est seulement question d'immigrants illégaux. Les titulaires d'un titre de séjour et d'un permis de travail aux États-Unis conserveront le "droit du sol". En tout cas, telles sont les affirmations des auteurs de l'initiative.
Par ailleurs, l'Ancien Monde n'est plus aussi accueillant à l'égard des immigrés. La France, les Pays-Bas et le Danemark s'apprêtent à mettre dehors "les clandestins" de forces.
Fin juillet, le président français Nicolas Sarkozy a déclaré à Grenoble que la Vè République allait démolir plus de 300 camps de tsiganes sur son territoire et déporter les tsiganes clandestins en Roumanie. De plus, les Français ont annoncé l'intention de priver de nationalité les immigrants qui ont commis des crimes sur le territoire français. Brice Hortefeux, le ministre français de l'Intérieur, a déclaré qu'une telle "confiscation de citoyenneté" allait s'étendre à tous les crimes graves. Toutes les organisations de défense des Droits de l'Homme se sont mises en campagne contre la France. Comme si elle était la première à avoir empiété sur la liberté de "la tribu nomade" européenne. Or l'Italie a fait à peu près la même chose il y a deux ans.
L'Allemagne s'apprête dans les 1 à 2 ans à venir à déporter 12 000 tsiganes au Kosovo. Ils ont immigré en 1999 après les bombardements de la Yougoslavie et de la guerre au Kosovo. Les enfants qui ont grandi depuis ne parlent même pas serbe ou albanais, seulement allemand.
La municipalité de Copenhague a également l'intention d'expulser de la capitale des centaines de tsiganes venus d'Europe de l'Est.
La Belgique commence également "une purge tsigane". Donc les Français ne sont pas les seuls à s'être dressés contre leurs gitans.
Par ailleurs, et peu de gens le savent, la France demeure le seul pays en Europe où le jus solis reste en vigueur à l’état pur. Dans tous les autres pays de l'Union Européenne il vaut mieux ne pas venir avec "la citoyenneté du sol". L'Irlande l'a annulée en 2005.
Aujourd'hui, dans tous les pays de l'UE, pour obtenir la citoyenneté par la naissance, il faut soit avoir un parent-citoyen du pays, soit y vivre au moins 8 ans (Allemagne), soit y avoir de la famille. Tous ont introduit des clauses plutôt strictes au droit d'obtention de leur citoyenneté.
Andreï Fediachine
11.08.10
Source: ria novosti
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