dimanche 8 août 2010

Sarko, ou les outrances d’un petit potentat névrosé…




Déjà, le passé politique de N. Sarkozy avait de quoi susciter de sérieuses réserves. Certains journalistes ayant relevé les florilèges du Ministre de l’Intérieur de l’époque, nous rappellent régulièrement ses sorties fracassantes dès qu’il s’agissait de «nettoyer la France au karcher»  ou de la «débarrasser de la racaille» qui manifestement l’indispose, d’autant quand elle est de teint basané et de culte musulman. Pour un complexé de la taille, son accession à la plus haute marche du pouvoir ne pouvait que renforcer le sentiment de toute puissance du petit président. Mais de là à se lâcher comme il vient de le faire ces derniers jours, il y a vraiment de quoi être inquiet pour les valeurs démocratiques françaises qui ont souvent été source d’exemples pour les nations luttant pour leurs droits et leurs libertés, à travers l’éloquente devise: liberté, égalité, fraternité… D’autant, quand les sbires de son gouvernement – ces yes (wo)men dociles et obséquieux – s’exécutent et parfois même en rajoutent, laissant déborder leur racisme refoulé, affranchis par les audaces verbales de leur chef suprême. Voir ces flatteurs soumis obtempérer, trop craintifs de perdre les privilèges que leur suzerain pourrait leur retirer d’un simple claquement de doigts, est lamentable… Et il convient de ne pas succomber aux tapis rouges offerts aux quelques un(e)s qui rapportent «des médailles» à la nation, faisant croire que finalement non, la couleur de peau et l’origine culturelle ne seraient pas matières à problème du côté de l’Elysée ou de Matignon. Car à bien y regarder, il ne faut pas grand-chose pour que ces basanés «gagnants» d’un jour, soient fustigés dès l’instant où ils ne ramènent pas leur lot de trophées au pays. Il n’est qu’à se rappeler l’épisode des «bleus» lors de la coupe du monde, et les commentaires peu amènes qui les ont mitraillés dans tous les sens, vite fait !

Néanmoins, plusieurs ont bien compris que ce dernier coup de gueule du président à propos de la déchéance de nationalité possible de «certains» Français, n’était que l’arbre qui cache la forêt, pour tenter de masquer l’échec d’une politique économique, sociale, fiscale, sécuritaire, agricole, sanitaire, écologique, étrangère qui bafouille voire, qui s’écrase lamentablement… ce qui n’augure rien d’encourageant pour l’actuel locataire de l’Elysée en vue de l’échéance présidentielle à moins de deux ans. S’il fallait dès lors ratisser à la droite de la droite pour regagner quelques points dans les sondages, pourquoi s’en priver? Et peu me chaut qu’au lendemain de ces discours populistes du chef de l’Etat, il semble qu’une majorité de Français les approuvent; ils étaient aussi une majorité à refuser la suppression de la peine de mort il y a quelques années… Et comme l’écrit très bien Comte-Sponville: «La République c’est autre chose: il ne s’agit pas d’additionner des opinions, mais de forger une volonté!» (Extrait de L’amour, la solitude - Ed. Paroles d’Aube)

Par ailleurs, et au-delà du respect ou non de la Constitution française d’une telle loi, si la «racaille» dont il est question par cette mesure discriminatoire devait être déchue de sa nationalité pour «atteinte à la vie de tout représentant des forces de l’ordre», quel comportement N. Sarkozy et ses serviles ministres toujours prêts à dégainer dès qu’il s’agit de s’attaquer aux maillons faibles, comptent-ils adopter par rapport aux cols blancs et grosses fortunes qui depuis des décennies volent et spolient l’Etat – c'est-à-dire, l’ensemble de la collectivité – de manière éhontée, par l’évasion fiscale et le placement de leurs fortunes dans des paradis fiscaux que tout le monde connaît, mais où étrangement après des déclarations tonitruantes pour la galerie, rien n’a fondamentalement changé?... Les derniers épisodes du feuilleton Bettencourt en disent long sur la question… doublée de la nouvelle affaire de la succession du sculpteur César… sans parler des enveloppes et dessous de table finançant les partis politiques… les passe-droits… les complaisances… le népotisme… les juteuses commissions occultes lors de contrats d’armements… et tout le fatras scandaleux, occulté pour «raison d’Etat»… bref, tout ce qui constitue une évidente corruption au plus haut échelon de l’Etat, prestement dénoncée chez les autres quand il s’agit de tancer les républiques exotiques, mais soigneusement tue, maquillée et camouflée dans les couloirs et alcôves du pouvoir de nos prestigieuses et exemplaires démocraties… dont bon nombre d’entre elles mériteraient un sérieux coup de «karcher»!

Le président Sarkozy devrait pourtant prendre garde à ses déclarations: où commence et où s’arrête l’origine étrangère d’un individu? Et jusqu’à quelles générations faudrait-il remonter pour que celui-ci soit enfin et définitivement considéré comme citoyen français à part entière, sans risquer une déchéance de nationalité? N’est-il pas lui-même d’origine étrangère… et en tant que chef de l’Etat n’est-il pas lui-même en dernier recours, le chef de la police et de la gendarmerie, de même que le chef des armées, et ainsi, le responsable de la mort de plusieurs représentants des forces de l’ordre et des forces armées, envoyées dans des missions risquées, mal évaluées, impossibles?

Quelques jours après ses douteuses déclarations à propos des gens du voyage, celles sur la possible déchéance de nationalité de «certains» Français, illustrent une fixation presque maladive du président sur des populations déjà précarisées. Une telle obsession devrait éveiller des doutes quant aux capacités d’ouverture, de tolérance et d’apaisement d’un président que la fonction place, en principe, au-dessus de ces dérives et clivages toujours dangereux d’une société dont il est le représentant ultime.

Après ses inacceptables propos tenus à Grenoble la semaine dernière,  pendant que le couple présidentiel passe ses vacances d’été dans la luxueuse propriété de la famille Bruni-Tedeschi, à quels coups de butoirs Nicolas Sarkozy va-t-il s’atteler avant de les asséner une fois de plus à la démocratie française, dès la rentrée annoncée «chaude»?  Quand on veut s’ériger en donneur de leçons, la première des vertus n’est-elle pas de balayer d’abord devant sa porte, particulièrement quand on passe le meilleur de son temps au «Cap-Nègre»? A défaut de s’y employer, attention de ne pas recevoir un coup de karcher en retour, au moment où l’on s’y attend le moins…

Daniel Vanhove
Observateur civil
Auteur
06.08.10

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