jeudi 19 août 2010

ONU : du juge Goldstone... à Uribe


La nomination de cet homme qui méprise les droits humains, le droit international et la justice à la Commission Ban Ki-moon lui ôte toute crédibilité et garantit partialité et mise en scène.

Un homme entaché par la corruption et les scandales, lié aux cartels de la drogue, aux escadrons de la mort, responsable de l’assassinat de milliers de syndicalistes, de paysans, de militants des droits de l’homme, de journalistes...



Malgré un début crédible, le reste est truqué. Attendons-nous à ce qu’une fois encore la justice soit bafouée. Après la guerre de Gaza (l’opération "Plomb durci"), le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies a désigné le juge Richard Goldstone pour diriger une commission d’enquête indépendante de quatre membres pour investiguer sur les violations des droits humains et humanitaires commises par les deux côtés. Israël a fait tout son possible pour s’y opposer, en vain.

La Commission a conduit 188 entretiens, obtenant plus de 300 comptes rendus, rapports et autres documents, représentant plus de 10 000 pages, 30 vidéos et 1 200 photographies, la plupart obtenus de première main. Des sources secondaires sont venues les confirmer, au total fournissant la preuve évidente des crimes d’Israël.

Le 15 septembre 2009, la Commission conclut que :
«Il existe des preuves indiquant que de graves violations du droit humanitaire et des droits humains internationaux ont été commises par Israël durant le conflit de Gaza, et qu’Israël a commis des actions équivalant à des crimes de guerre et à de possibles crimes contre l’humanité».

«Bien que le gouvernement israélien ait tenté de présenter ses opérations comme étant essentiellement une réponse à des attaques de roquettes, dans l’exercice de son droit de défense, la Mission considère que le projet a été dirigé, au moins en partie, sur une cible différente: la population de Gaza dans son ensemble».

Les attaques de roquettes ont été le prétexte à une agression non déguisée bien planifiée. Les conclusions de la Commission sont irréfutablement accablantes, même si les criminels de guerre israéliens n’ont pas été punis, que la justice reste encore bafouée, mais pas pour toujours.

Quotidiennement, Israël commet des crimes contre l’humanité par ses assassinats ciblés, sa violence dans les rues, les arrestations massives, la torture, les incursions permanentes, le vol des terres, les dépossessions, et les autres violations du droit, notamment en tenant les Gazaouis sous un siège étouffant, en agressant les missions humanitaires qui veulent le briser, le plus récemment étant le 31 mai contre les membres de la Flottille de la Liberté, assassinant des militants ciblés de sang-froid dans les eaux internationales au prétexte de se défendre, un mensonge éhonté manifeste, les preuves étant écrasantes, concluantes et accablantes.

Deux Commissions des Nations-Unies enquêtent sur le massacre de la Flottille.
Le 2 juin, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies (CDH) a approuvé la formation d’une commission internationale composée d’avocats et de juristes en droit international et en droits humains, ses conclusions seront présentées en septembre lors de la session de trois semaines du Conseil à Genève.

La Commission comprend :
-   Desmond de Silva, avocat britannique et ancien procureur en chef pour l’enquête du Tribunal spécial pour la Sierra Leone sur les massacres qui s’y sont déroulés;
-   Karl Hudson-Phillips, ancien juge à la Cour pénale internationale et ancien ministre de la Justice et parlementaire de Trinité-et-Tobago;
-   Mary Shanthi Dairiam, de Malaisie, qui milite sur les questions d’égalité entre les sexes, notamment dans le groupe de travail sur l’égalité entre les sexes au Programme de développement des Nations unies.

En session extraordinaire, le CDH critique «l’agression scandaleuse d’Israël contre les navires humanitaires qui tentaient de briser le blocus de la bande de Gaza» la traitant de «piraterie, (d’) acte d’agression, (de) massacre brutal, (d’) acte de terrorisme, (de) crime de guerre, (de) crime contre l’humanité - délibérés, injustifiés, atroces, (et) brutaux», qualifiant les militants à bord de «pacifiques, innocents, nobles, non armés,(et) sans défense», laissant espérer que l’enquête et les conclusions de la Commission seront pareilles à celles de Gosdstone.

Seulement, le 2 août, le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon, nomme sa propre commission en faisant preuve, sans surprise, d’un parti pris en faveur d’Israël et ce, après avoir critiqué le CDH pour «avoir harcelé» Israël, selon une dépêche du 7 juin de Reuters qui le cite:
«Le secrétaire général est déçu par la décision du Conseil qui n’a choisi qu’un élément régional spécifique, étant donné l’étendue et la portée des allégations de violations des droits de l’homme à travers le monde», la déclaration omettant de citer Israël ou l’Autorité palestinienne par leur nom.

Dans le même temps, Alejandro Wolff, ambassadeur adjoint permanent des Etats-Unis aux Nations-Unies, accusait le Conseil d’«obsession pathologique d’Israël», disant, «Je pense que le rapport devrait commencer par parler pour lui-même», référence claire à la Commission Goldstone.

Le 11 juillet, sur Press TV, l’ancien coordinateur humanitaire des Nations unies pour l’Irak, Denis Halliday, et l’ancien inspecteur en chef des Nations unies pour l’armement, Scott Ritter, ont accusé Ban Ki-moon d’être l’instrument du Conseil de Sécurité (CS), ce qui veut dire évidemment, être l’outil impérial des Etats-Unis. Halliday pense que le CS l’a corrompu, a miné sa crédibilité, que cela s’est illustré à de nombreuses reprises, comme le prouve clairement sa dernière annonce.

Selon l’AFP, la Commission de Ban Ki-moon se compose de :
-   Geoffrey Palmer, ancien Premier ministre de Nouvelle-Zélande, président de la Commission;
-   Joseph Siechanover, ancien chef de la Mission Défense d’Israël pour les USA et le Canada, et conseiller général des ministères de la Défense et de l’Agriculture d’Israël;
-   Ozdem Sanberk, ancien ambassadeur et sous-secrétaire des Affaires étrangères de Turquie;
-   Alvaro Uribe, ancien président colombien, vice-président de la Commission, un homme entaché par la corruption et les scandales, qui a des liens étroits avec les cartels de la drogue et les escadrons de la mort paramilitaires de son pays, responsable de l’assassinat de milliers de syndicalistes, de paysans, de militants des droits de l’homme, de journalistes, et d’autres encore qui luttaient contre le terrorisme du narco-Etat de Colombie et ses liens avec l’impérialisme US.

James Petras l’a accusé de mener une «politique de la terre brûlée (contre) la campagne de Colombie», assassinant des milliers d’opposants à son régime. «Des régions entières de la campagne colombienne ont été dévastées - comme ce fut le cas avec l’opération américaine Phoenix au Vietnam, où les terres agricoles furent empoisonnées avec des herbicides. Plus de 250 000 hommes armés (alliés avec les escadrons de la mort) ont décimé d’immenses (régions) où (les combattants de la résistance des FARC-EP) exerçaient leur hégémonie.»

L’organisation Human Rights First l’a accusé, avec son administration, de traiter les militants pour les droits de l’homme «de sympathisants du terrorisme, insinuant qu’il existait des liens illicites entre les ONG des droits de l’homme et des groupes armés illégaux.»

L’ancienne rapporteur pour les Droits de l’homme aux Nations-Unies, Margaret Sekaggya, s’est rendue en Colombie en septembre 2009, et elle a écrit en mars 2010 sur la «stigmatisation (des militants des droits de l’homme) par les agents publics et des acteurs extérieurs à l’Etat; sur leur surveillance illégale par les services de renseignements de l’Etat; leurs arrestations et leurs détentions arbitraires; leur harcèlement judiciaire; sur les raids (contre eux) dans leurs locaux et le vol d’informations», tout cela ordonné par Uribe qui les qualifie de:
-   agitateurs au service du terrorisme brandissant comme des lâches le drapeau des droits de l’homme ;
-   trafiquants des droits de l’homme ;
-   charlatans des droits de l’homme ;
-   compères des bandits ; et de
-   front intellectuel (pour) les combattants de la résistance des FARC.

La nomination de cet homme qui méprise les droits humains, le droit international et la justice à la Commission Ban Ki-moon détruit toute la crédibilité de cette Commission, c’est la garantie pour une partialité et une mise en scène. Ses conclusions seront rendues mi-septembre. Les conclusions du Conseil des Droits de l’homme vont se trouver marginalisées, la prépondérance de la plus haute personnalité des Nations unies va assurément jouer, sacralisant un massacre de sang-froid.

Un signe d’espoir
Le 10 août 2010, le quotidien Ha’aretz informe que la Turquie organise sa propre enquête sur la Flottille pour «investiguer sur l’agression et le traitement subis par les militants». Cette commission comprendra des «responsables des ministères des Affaires étrangères, de la Justice, de l’Intérieur et des Transports, de même que de l’Agence maritime du pays».

La Turquie tient Israël pour responsable du massacre, le ministre des AE, Ahmet Davutoglu, déclarant, «Personne d’autre ne peut prendre la responsabilité de ces meurtres de civils dans les eaux internationales». Le président Recep Erdogan approuve, condamnant durement Israël pour le crime.

Un mot pour conclure
En mai dernier, le chef d’état-major d’Israël, le général Gabi Ashkenazi, avait promis de bloquer la flottille humanitaire pour Gaza, sans autre explication. Le 11 août, devant la commission Turkel d’Israël, il défend le massacre, le jugeant «proportionné et correct», louant le calme et la bonne moralité de ses commandos.

Le 12 août, il réitérait son avertissement, disant à une promotion de diplômés de la Navale qu’il bloquerait les prochaines flottilles: «Il ne fait aucun doute que vous réussirez à stopper les menaces qui s’annoncent».
Maintenant, nous savons ce qu’il a en tête.

Stephen Lendman
13.08.10
Traduction JPP pour info palestine

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