Comment ne pas pointer ces jours-ci, l’étalage médiatique nous relatant sans relâche les souvenirs soigneusement triés dans ce qui sert de vitrine politique que l’UE se complait à donner aux yeux de ses citoyens ?
Pas une soirée ne passe sans que l’on ait droit aux images de « reportages exclusifs » et « d’émissions spéciales » relatant la chute du Mur de Berlin dans la soirée du 9 novembre 1989. Des « documents inédits » sont sortis de leur boîte, doublés de commentaires dithyrambiques mettant en exergue le sourd courage des uns et l’insensée bravoure des autres à vouloir franchir au « péril de leur vie » ce « Mur de la honte » coupable de couper la belle Europe en deux camps. Ces vies désormais citées en exemples font la part belle à ces héros d’hier… préférés de loin aux multiples anonymes qui aujourd’hui se débattent, exténués, et luttent de toutes leurs forces contre leur enfermement derrière des Murs qui continuent d’être érigés ici-et-là, dans la plus criminelle indifférence de ces mêmes médias et milieux politiques. Le plus sinistre exemple étant celui planté au cœur de la Cisjordanie, près de trois fois plus haut, trois fois plus large et trois fois plus long que celui dont nous aimons tant nous souvenir et célébrer la chute, voilà 20 ans…
Non que la chute du Mur de Berlin ne soit un moment historique important, mais nos sociétés repues et arrogantes, imbues de leur suprématie coloniale et de leur domination sur les pays pauvres sont ainsi faites : la larme à l’œil elles préfèrent entretenir quelque souvenir adroitement mis en scène qui ne leur coûte guère plus qu’un « hymne à la joie » bien orchestré, au courage de l’affrontement qu’exigerait une ferme opposition à Israël poursuivant impunément la construction de son odieux Mur pourtant officiellement condamné par la Cour internationale de Justice de La Haye. Sentence à laquelle la plupart de nos pays ont pourtant souscrit…
Il en va donc ainsi de nos sociétés-spectacles et de leurs princes si fiers de se pavaner et faire « la une » à la tribune des sommets mondiaux : bien à l’abri de tout risque, dans de lamentables gesticulations, nos représentants quittent les enceintes onusiennes pour manifester contre le discours d’untel ou la présence d’un autre, tancent de leur hauteur les peuples qui tentent de survivre vaille que vaille dans des résistances souvent tragiques, mais multiplient les minutes de silence et pleurnichent main sur le cœur devant des images bientôt surannées. N’est-il pas dit que le ridicule ne tue pas ? Pour ceux-là donc, inutile de se soucier : planqués comme ils sont derrière leur deux poids, deux mesures ils ne risquent rien… pour le moment !
Quant à nous, citoyen(ne)s, militant(e)s, la question à se poser dorénavant doit être : une société incapable de tirer les leçons de son passé afin d’agir sur le cours du présent a-t-elle encore un quelconque avenir ? Pour ma part, j’ai bien peur que, non !
Daniel Vanhove
04.11.09
Observateur civil – Membre du MCP (Mouvement Citoyen Palestine)
Coauteur de Retour de Palestine – 2002 – Ed. Vista
Auteur de Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes – 2004 –
& de La Démocratie Mensonge – 2008 – parus aux Ed. Marco Pietteur – coll. Oser Dire
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