Lors du Sommet mondial 2008 de la FAO sur la sécurité alimentaire, le sujet qu’on refuse obstinément de traiter fut celui des bénéfices exorbitants engrangés par l’agrobusiness au plus fort de la crise alimentaire, alors que plus d’un milliard d’humains souffraient de la faim. Cette année, celui qu’on évitera sera celui de l’accaparement mondial des terres. Les investisseurs s’entendent avec les gouvernements pour s’emparer de dizaines de millions d’hectares de terres fertiles en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Les gouvernements qui font pression pour conclure ces accords, comme l’Arabie saoudite ou la Corée du Sud, voient dans l’externalisation de leur production alimentaire une nouvelle stratégie pour nourrir leur propre population sans recourir au marché international.
Les investisseurs privés considèrent les terres arables dans les pays émergents comme une nouvelle source de revenus garantis, étant donné le niveau actuel des prix alimentaires. D’une façon ou d’une autre, cette razzia sur les terres fait de la crise alimentaire une opportunité financière d’autant plus intéressante que celle-ci repose sur l’expansion d’une agriculture industrielle tournée vers les exportations. Plus de 100 milliards de dollars US sont en jeu et plus de 40 millions d’hectares ont déjà fait l’objet d’acquisitions, de l’Éthiopie à l’Indonésie. Les petits agriculteurs se voient privés de l’accès indispensable à la terre et à l’eau et les communautés locales auront encore moins accès à l’alimentation. Et pourtant, le plus souvent, ils ne sont même pas tenus au courant de ces accords ni impliqués dans des décisions qui vont affecter des terres qu’ils cultivent depuis des générations. Les conséquences de cette tendance sur le système alimentaire mondial sont absolument dramatiques.
Pour les organisations paysannes et les mouvements sociaux qui se rencontrent à Rome, cet accaparement des terres dans le monde est inacceptable. Il n’a rien à voir avec le renforcement de l’agriculture familiale et des marchés locaux qui, à nos yeux, est la seule façon de mettre en place des systèmes alimentaires qui soient effectivement capables de nourrir les populations. Les scénarios « gagnant-gagnant » qui vont être proposés au Sommet officiel de la FAO sont dangereux et irréalistes. Certes, les investissements sont nécessaires. Mais ce qu’il faut, c’est investir dans la souveraineté alimentaire, dans d’innombrables marchés locaux et dans les quatre milliards de ruraux qui produisent l’essentiel de la nourriture qui permet à nos sociétés de vivre, et non pas dans des méga-fermes aux mains de quelques méga-propriétaires.
Du 13 au 17 novembre 2009, des représentants des organisations paysannes et des mouvements sociaux qui sont directement impliqués dans les luttes contre cette nouvelle vague d’accaparement des terres seront à Rome.
Les ONG et les groupes militants qui font un travail de recherche et d’analyse sur ce problème seront aussi présents. Il s'agit d'une excellente occasion pour les médias de parler avec des personnes directement impliquées dans cette lutte. Le 16 novembre, Via Campesina et GRAIN présenteront un exposé détaillé et proposeront une action symbolique sur l’accaparement des terres (voir détails ci-dessous) :
Invitation à une conférence de presse et à une action symbolique :
• le 16 novembre 2009 à 10h00
• Lieu: Rome, Tente de la souveraineté alimentaire dans le parc en face de l’immeuble de la FAO
• Possibilités d’interviewer des gens directement impliqués dans la lutte.
• Programme organisé par Via Campesina et GRAIN
Orateurs à la conférence de presse : Renée Vellvé (GRAIN), Mugi Ramanu (Indonesian Peasant's Union), Ralava Beboarimisa (Collectif pour la défense des terres malgaches)
Modératrice: Nettie Wiebe (Via Campesina)
Contacts presse (anglais, français, espagnol) :
Devlin Kuyek (GRAIN) : devlin@grain.org
www.grain.org & www.farmlandgrab.org
Annelies Schorpion (Via Campesina) : a.schorpion@eurovia.org
www.viacampesina.org
La Via Campesina est un mouvement international rassemblant des millions de paysans, de petits producteurs, de sans-terre, de femmes rurales et de travailleurs agricoles du monde entier. Notre mouvement est composé de 148 organisations actives dans 69 pays d’Asie, d’Afrique, d’Europe, et des Amériques.
GRAIN est une petite organisation internationale à but non lucratif qui soutient la lutte des paysans et des mouvements sociaux pour renforcer le contrôle des communautés sur des systèmes alimentaires fondés sur la biodiversité.
Source: mondialisation.ca
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