Les polémiques autour du port du foulard qui se multiplient dans les médias ont incité des femmes et des hommes, de tous âges et de toute philosophie ou religion, à constituer une plateforme d’action pour dénoncer ensemble et publiquement les implications et conséquences de l’interdiction du port du foulard à l’école en faisant entendre la voix des premières concernées et en déconstruisant nos préjugés. C’est ainsi que se met en place depuis quelques semaines le Mouvement pour les Droits Fondamentaux (MDF) qui, sur cette base, vise aussi à encourager et développer des mobilisations larges et unitaires, dans les rues et les écoles, autour des enjeux fondamentaux que soulève cette interdiction : contre les inégalités sociales et scolaires, les mesures d’austérité qui vont les accentuer, le racisme, le sexisme et les mesures liberticides ; pour une justice sociale et fiscale et un enseignement refinancé, gratuit, de qualité, public et pluraliste pour toutes et tous.
Le MDF appelle à un premier rassemblement ce mercredi 11 novembre de 14h à 17h, devant la bourse à Bruxelles.
Le 11 novembre est la journée des femmes en Belgique. En cette journée symbolique, le MDF veut poursuivre le combat de générations entières de femmes qui se sont mobilisées pour que toutes les jeunes filles aient accès à l’école comme lieu d’émancipation et pour que toutes les femmes aient le droit de disposer de leur corps comme elles l’entendent, ce qui implique notamment le choix de porter ou pas le foulard.
Aujourd'hui c'est une réalité : l'école est inégalitaire en Belgique
Ecoles de bonne réputation dans les quartiers riches pour les enfants studieux avec des parents instruits qui formeront l’élite sociale de demain.
A l'inverse, écoles-ghetto dans les quartiers pauvres pour les jeunes des milieux populaires, souvent primo-arrivants ou belges de la 3e ou 4e génération d’origine immigrée, avec des parents d’un faible niveau scolaire qui grossiront les rangs des sans emplois ou travailleurs précaires de demain.
Beaucoup de jeunes n’ont pas d’autre choix que l’école poubelle, avec de vieux locaux, du mauvais matériel, un encadrement insuffisant, des élèves en décrochage et des profs sous pression. C’est particulièrement le cas pour toutes les jeunes filles qui portent le foulard et qui sont carrément exclues de l’énorme majorité des écoles. Quand elles n’abandonnent pas carrément leurs études, elles grossissent ainsi les rangs de ces écoles-ghettos.
Le décret inscription est insuffisant pour en finir avec cet enseignement à double vitesse. Il n’a fait que le rendre plus visible. Les mesures d’austérité dans l’enseignement vont faire particulièrement mal aux écoles en difficultés qui manquent de moyens depuis longtemps. Et le projet d’interdiction des signes dits ostentatoires ou ostensibles qui, ne tournons pas autour du pot, vise avant tout les pratiques religieuses dont le port du foulard, accentue encore plus les inégalités scolaires pour les jeunes filles musulmanes.
Cette interdiction est décidée de façon arbitraire par la plupart des directeurs d’école. Le MR propose carrément de l’inscrire dans des textes de loi. Dès la rentrée prochaine, elle sera généralisée à toutes les écoles sous l’autorité de la communauté flamande et de la province de Hainaut qui viennent de prendre des décisions dans ce sens.
L’interdiction du port du foulard à l’école accentue les inégalités scolaires. C’est une mesure injuste et contraire à plusieurs missions d’un enseignement démocratique:
- elle nie les droits fondamentaux, comme la liberté de culte et d’expression ou le droit à la scolarité;
- elle est raciste parce qu’elle diabolise et attaque particulièrement la communauté musulmane minoritaire en Belgique plutôt que d’aider la rencontre des cultures en combattant les préjugés et en reflétant la richesse culturelle de la société, symbolisée notamment par la kippa, le foulard, le crucifix, le turban sikh ou le flambeau laïque;
- elle est sexiste parce qu’interdire le port du foulard à l’école n’aide pas à l’émancipation des jeunes filles mais, au contraire, leur rend plus difficile l’accès à un enseignement qui peut justement leur apporter des outils d’émancipation;
- elle est violente, tout autant que le foulard imposé, puisque, dans ces deux formes de contrainte, d’autres décident à la place des jeunes filles de la façon dont elles doivent s’habiller.
Interdire ou obliger le port du foulard est ainsi contraire à un principe fondamental du féminisme : la liberté des femmes de disposer de leur corps comme elles l’entendent:
- elle alimente la haine qui divise la population, les élèves et les professeurs, plutôt que d’encourager les solidarités, pourtant encore plus nécessaires aujourd’hui pour résister ensemble aux mesures d’austérité des gouvernements qui visent aussi l’enseignement;
- à moyen terme, elle exclut aussi les femmes en foulard de la vie économique et sociale puisqu’elle contribue très fortement à une réelle prise de conscience par les jeunes musulmanes des difficultés auxquelles elles devront faire face lors de la recherche d’un emploi ou lors du processus d’intégration professionnelle. Cette prise de conscience peut se traduire par un manque d’ambition scolaire et professionnelle. Ainsi, en plus de l’exclusion de fait, nait l’auto-exclusion qui est symptomatique d’un racisme bel et bien présent.
Pour qu’enseignement rime avec Droit, Egalité, Mixité, Ouverture, Citoyenneté, Respect, Autonomie, Tolérance, Intelligence, Emancipation
Tou-te-s les jeunes ont droit à une école et un enseignement de qualité et gratuit.
C’est pour cela que le MDF appelle à une mobilisation large et unitaire, autour du slogan « Marre des écoles poubelles: des écoles plus belles pour toutes et tous ! », ce rassemblement portera deux revendications, pour exiger ensemble :
1. le refinancement public de l'enseignement à hauteur de 7% du PIB, en allant chercher l’argent où il est : dans les poches des responsables de la crise, c’est-à-dire les grands patrons et les spéculateurs;
2. un enseignement public, pluraliste et démocratique, ouvert à toutes et tous, c’est-à-dire sans discriminations ni sociale ni culturelle ni idéologique, et donc sans interdiction du port du foulard
Une pétition (bientôt téléchargeable sur www.mouvdf.be.cx) circule également dans ce sens.
Autour de ces revendications, le Mouvement pour les Droits Fondamentaux appelle largement à signer une pétition (aussi téléchargeable prochainement sur www.mouvdf.be.cx) et à participer à un premier rassemblement ce mercredi 11 novembre, de 14h à 17h, devant a bourse à Bruxelles.
Communiqué du Mouvement pour les Droits Fondamentaux (MDF)
05.11.09
Infos et contact : mouvdf@gmail.com, 0474/31.26.67, www.mouvdf.be.cx
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