Interpellation de Monsieur Jamal Ikazban à l’attention de Monsieur Benoît Cerexhe, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé de l'Economie, de l'Emploi, de la Recherche scientifique et du Commerce extérieur.
Concernant :
Mission économique multisectorielle à Tel Aviv – 06/12 au 10/12/09
Monsieur le Ministre,
J’ai pris connaissance du projet de mission économique multisectorielle à Tel Aviv en décembre prochain. Les informations récoltées m’apprennent que l’initiateur (le maître d’œuvre) de ce projet se trouve être Bruxelles Export. L’AWEX et Flanders Investment & Trade collaborent au projet.
Le projet apparaît déjà dans le plan d’action 2009 de l’AWEX, la période est encore à déterminer. J’en déduis qu’il s’agit dès lors d’un projet en gestation de longue date.
Du côté des informations recueillies sur le site de Bruxelles export, on apprend que : « La Direction du Commerce extérieur du Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale a le plaisir de vous annoncer qu’elle organise, en collaboration avec Flanders Investment & Trade et AWEX, une mission économique multisectorielle en Israël. Cette mission aura lieu du 6 au 10 décembre 2009 à Tel-Aviv » [1]
Cette mission s’adresse aux entreprises qui souhaitent établir des relations commerciales en Israël.
Dans la fiche de présentation de la mission, il est expliqué tous les avantages à investir en Israël.
La capacité de production y est performante et la main d'œuvre est qualifiée. Le pays dispose d'infrastructures modernes. La recherche et le développement y sont privilégiés. On y précise aussi qu’Israël devrait devenir sous peu membre de l’OCDE. En outre, le document évoque, je cite : " l'image véhiculée par les medias est souvent parcellaire. Ceux-ci ont en effet tendance à mettre en exergue et à exagérer les aspects négatifs et à passer sous silence les réalisations de ce pays dynamique dont l'économie n'a cessé de se développer depuis sa création en 1948. Les hommes d'affaires venant pour la première fois en Israël sont généralement surpris par la normalité de ce pays, où les pratiques d'affaires sont fort similaires aux nôtres et s'y sentent généralement en sécurité. " [2]
D’une part, je m’interroge fortement sur le bien fondé de cette mission au regard de la situation politique et la manière dont Israël a mené son attaque contre Gaza en décembre 2008 et janvier 2009.
Je me réfère au rapport Goldstone qui affirme que les deux protagonistes du conflit sont coupables de « crimes de guerre », voire de « crimes contre l’humanité ». Néanmoins, la lecture du rapport est accablante avant tout pour Israël.
Israël n’a pas respecté ses engagements d’ouvrir les points de passage à Gaza et a maintenu une politique de blocus contre la population, la privant des denrées de première nécessité.
Israël est certes reconnu comme un pays démocratique mais la réalité est tout autre. L’argument économique ne doit pas permettre d’oublier les exactions commises par Israël.
Comprenez, Monsieur le Ministre, que mon objectif n’est pas de stigmatiser une population, une religion ou un pays mais d’attirer votre attention sur le contexte sociopolitique et de vous rappeler qu’Israël manque de manière flagrante au respect du Droit international humanitaire et des Droits de l’Homme.
D’autre part, j’aimerais rappeler la situation qui prévaut actuellement au regard de la décision prise par notre Parlement le 29 mars 2002. Je vous rappelle en effet que la motion votée en séance plénière prenait « acte de l’engagement pris par le Gouvernement de ne plus entamer de nouveaux projets dans le cadre de l’accord de coopération avec l’Etat d’Israël » et « demandait expressément au gouvernement d’informer préalablement l’assemblée lorsqu’il jugera la situation au Proche-orient favorable à la reprise d’une coopération active ».
Le parlement n’a depuis cette date jamais été informé d’une quelconque modification de la situation permettant cette reprise effective de coopération.
Il n’est pas inutile de souligner en outre que la motion du 29 mars 2002 demandait également « une définition d’un cadre précisant les conditions de sa coopération internationale et intégrant des critères objectifs relatifs au respect des droits de l’homme, des valeurs démocratiques et du droit international ».
Dans ce double contexte, je soulève plusieurs questions :
- Qu’elle est, Monsieur le Ministre, votre position face à cette mission, votre souhait est-il de la soutenir ? Dans quelle proportion l’argent public risque-t-il d’être injecté dans la mission ?
- Ne pensez-vous pas qu’il s’agisse d’une position contradictoire par rapport à la décision motivée de suspension des accords de coopérations entre Bruxelles et Israël, prise en 2002 ? Estimez-vous le contexte plus favorable à la reprise d’une coopération active ? Si oui, sur base de quels critères et estimez-vous que le Parlement en a été préalablement et correctement informé ?
- Enfin, comment définiriez-vous votre priorité concernant la définition du cadre, des conditions de coopération internationale et des critères objectifs relatifs au respect des droits de l’homme et des valeurs démocratiques et du droit international, comme demandé par la motion prise le 29 mars 2002 ?
Je vous remercie pour vos réponses.
Jamal Ikazban
Membre (PS) du Parlement de Bxl-Capitale
28.10.09
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